La tirade

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(Inspiré du spectacle : Absurde, bête, méchant)

Une personne monte sur scène, habillées d'un vêtement simple. Elle avance jusqu'au milieu de l'estrade et étrangement, ne salue pas le public. Elle gonfle lentement les poumons et ouvre lentement les bras comme pour dire :"bonsoir" mais d'un coup se retint et dit :

Vous vous attendiez sûrement à ce que je vous dise bonsoir.

Bonsoir ou bonjour, selon le moment de la journée.

Mais à quel moment de la journée sommes-nous ?

Le soir ou le matin ?

Oh pardon,

Le soir ou le jour, restons correcte

On ne dit pas bon matin.

Nous sommes sous terre, dans une cave, entourés de quatre murs !

Sans fenêtre laissant passer la lumière, entourés de pierre, de porte et de verre grillagé

à tel point que la lumière ne peut passer.

Pourquoi grillager des fenêtre si c'est pour ne plus voir la lumière.

Si l'on cherche à ce point à se protéger avec du grillage,

Pourquoi mettre une fenêtre si elle ne laisse plus aucun rayon de soleil passer.

Nous sommes là, dans ces quatre murs.

Moi à parler à vous, et vous à m'écoutez moi.

L'un d'entre eux est un faux.

Vous l'avez devant vous, et moi derrière moi.

C'est le rideau de scène.

Derrière cet immense drap se trouvent les coulisses et le reste du souterrain.

Mais que nous importe le souterrain puisque nous sommes ici.

La personne marque une pause et regarde autour d'elle.

Ces quatre murs ne sont pas les seuls à nous entourer.

Il se trouve que le sol et le plafond nous enferment également.

Mais bizarrement, si on lève les yeux,

On ne voit ni ciel, ni plafond.

Juste deux murs qui se rejoignent.

Pourtant séparés l'un de l'autre par la scène et les spectateurs.

Face à face pour l'éternité, jusqu'à leur démolition.

Ils arrivent à cacher au dessus de nos tête,

le lien qui les unit et qui les rapproche.

En l'absence du plafond,

Les deux empilements de pierre

Se rejoignent en une voûte

Pour former celui qui n'est point ici.

Ainsi tels des acteurs de théâtre,

Ils trompent votre vigilance et vous font croire des choses absurdes.

Comment cela je reporte tout à moi.

Mais je ne suis pas comédien(ne)

Juste philosophe qui doit vous annoncer le début du spectacle

Certains diront que je prends mon rôle trop à cœur

D'autres diront que c'est du temps dont je prends trop.

Je pense que je leur donnerais raison.

Mais je m'égare, je devais vous dire bonjour ou bonsoir.

Mais impoli(e) que je suis, je ne l'ai point fait.

Même si pourtant, je vous parle dans un langage peu courant :

Je ne dis "pas" je vous dis "point".

Je prends le temps d'articuler et de poser mes points.

Alors je vais au moins vous dire au revoir.

Car je vais quitter la scène pour laisser place au autres.

La personne baisse la tête et le haut du corps, de ses mains fait comme si elle soulevait un tissue (comme celui d'une robe pas exemple)

Pourquoi est-ce que je fais ce geste ?

Je n'ai pas de robe, et mon pantalon me colle à la peau.

Il pourrait presque être l'un de ces habits américains d'un je ne me souviens du nom.

Non, je ne suis pas fort(e) en langue, enfin surtout en anglais.

L'espagnol, l'allemand, l'italien je me débrouille.

Même les langues qui ne sont langues officielles d'aucun pays.

Langue qui ne sont parfois même pas parlées :

Gameen, Kenya, langage Ogre, Néossylique...

Et dans toutes les langues que je viens de citer,

Le mot "au-revoir" m'est inconnu.

Comment, le public s'est lassé, et il n'y a plus que moi dans cette pièce ?

Me voilà donc seul(e), au revoir mur, au revoir rideau, au revoir porte et fenêtre grillagée, au revoir cave ; je m'en vais.

Petites histoires pour s'endormir...Where stories live. Discover now