Dark... Darkrai... me cherche...

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Le choc du coup que je reçus me fit perdre connaissance. Ils avaient fini par m'avoir... Je m'en doutais, ça ne servais à rien de fuir. Les ténèbres me prennent, en tournant de l'œil, je crus apercevoir Darkrai...

J'ouvre lentement les yeux, je me trouve dans une pièce plutôt sombre et assez étroite, semblable à une grotte. Une seule des deux lampes sortant du mur est allumée. La faible source lumineuse diffuse discrètement sa lumière mais la regarder directement me brûle la rétine. Le Plafond n'est pas bien haut. Il est penché. Plus je m'approche de murs qui sont à ma droite et à ma gauche, plus le plafond descend. Le point le plus haut de la pièce n'est pas vraiment au centre. En allant se balader vers le mur de gauche, on y trouverait le ciel bien bas. J'en déduis que je suis dans les combles d'une maison. Les trois poutres qui empalent la pièce d'avant en arrière soutiennent ma théorie. Le sol est fait de parquet d'un bois sombre. Sa couleur et les formes du bois me font penser à de la terre battue semblable à celle des maisons du Moyen-âge. Les murs, recouvert de lambris, sont certes plus clairs que le reste de la pièce mais ils n'éclairent malheureusement pas plus.

Je suis assis en tailleur sur le plus grand lit de la pièce. Il touche trois murs, celui de droite, celui de devant et de derrière. Les draps, blancs, immaculés, sont mal faits ou défaits. L'autre lit est en partie caché par l'immense armoire faite en lambris elle aussi. Cette dernière se fond dans le mur. Ne sachant pas comment je me suis retrouvé ici, j'ai peur que le moindre de mes mouvements ne donne l'alarme. Peut-être y a-t-il quelqu'un caché par l'immense meuble. Je n'ose pas aller vérifier.

L'unique porte - si on ne compte pas celle du meuble - de cette salle se trouve devant moi. Elle touche l'armoire et le lit si bien que le passage en est restreint. Elle est en bois, elle aussi. Dans cette pièce, presque tout est en bois. Pourtant, aucune atmosphère boisée ne se fait ressentir, juste le silence, la poussière volant devant la lampe et un sentiment de calme. Un calme légèrement angoissé tout de même.

Le temps se fait long, je regarde un peu plus en détails le lieu où je siège depuis dix minutes peut-être. Ce lit possède deux coussins d'un bleu marine profond ; un drap blanc donnant un peu plus de visibilité à cette pièce ; une couette épaisse, blanche elle aussi ; et une house de matelas d'un vert sombre. Étrange palette de couleur. Je lève les yeux. Face à moi, accroché sur le mur d'en face, se trouve un tableau que je n'avais pas encore remarqué. Sa teinte dominante est le même vert que celui du lit. Il représente une scène surréaliste dans une forêt équatoriale. L'auteur a signé en bas à gauche de son œuvre d'un pinceau blanc. Le mot "Eve" y est inscrit et souligné. Le blanc saute aux yeux dans cette atmosphère sombre et après l'avoir remarqué, je ne vois que  ces quelques coups de pinceaux. Je lève les yeux au ciel en pensant à l'égo surdimensionné de l'auteur. Cette personne qui a placé cette peinture ici pour que son nom y soit vu le mieux possible à la manière des bandes fluo des cyclistes sur les routes de campagne. Et en les levant, je vis un autre détail qui m'avait échappé. Un velux se trouve dans le plafond. Malheureusement, cette ouverture vers la liberté est fermée par un volet roulant. Ce genre de modèle se contrôle par télécommande. je tourne la tête vers la gauche, cherchant cette clé électronique des yeux. Les draps défaits du lit de gauche se heurtent à mon regard. Je remarque une planche qui dépasse de derrière l'armoire. Depuis combien de temps m'épie-t-elle ? Elle me fait penser à un enfant qui se cache à l'angle d'un bâtiment pour observer ses camarades en secret. De plus, le bois qui la compose est clair, couleur peau.

Mon regard longe le mur de derrière. Un petit morceau de planche, peint d'une couleur foncée, est collé au mur et au lit, il sert de table de chevet. Un vieux radio-réveil est posé dessus, petit et discret. Au dessus de lui se trouve une autre lampe jaillissant du mur tel un dauphin, de l'eau. Un interrupteur blanc est placé juste en dessous. Entre les deux lampes - l'autre est allumée presque au dessus de moi - se trouve un miroir au style baroque. Il est ovale et le reflet est poussiéreux. Si cette dernière s'envole avec la chaleur, le petit et vieux radiateur, au sol, sous l'ovale reflet poussiéreux doit en être la cause.

Et puis, sous la lampe allumée. Un morceau de bois similaire à celui de l'autre lit s'y trouve. Il porte un mini réveil à cadran, violet, phosphorescent, aux aiguilles jaunes puis une télécommande.

Donc, en résumé j'ai passé un quart d'heure à la chercher alors qu'elle se trouvait juste à ma gauche... Je l'attrape, mais elle ne fonctionne pas, elle n'a pas de pile. Je jette un coup d'œil sous la table de chevet de fortune et un boitier s'y trouve. Peut-être qu'en le bidouillant je pourrais le faire fonctionner. Puis soudain, quelqu'un ouvre la porte et me demande si je veux bien le suivre. Cette porte n'était donc pas fermée... Je me lève enfin, l'homme ne parait pas menaçant et ne possède pas d'arme. Faisons-lui confiance...

Il fait quatre pas... se retourne. Il ne possède plus de visage ! Juste une matière sombre partant en fumée ! D'une force surhumaine et dans un hurlement ignoble il m'attrape et me cogne contre le mur ! Mes yeux s'ouvrent soudainement... Je vois une cellule sombre, au mur gris, possédant une ampoule pendant au plafond. Je m'assieds.

"Darkrai... dis-je à haute voix, pourquoi ? Pourquoi m'as-tu fait faire ce cauchemar ? Que voulais tu me montrer ?"

Je tremble encore. Le vivre est une expérience traumatisante, l'entendre est simple à faire. Demain, il vont m'exécuter... Alors j'ai prié. J'ai prié Cresselia, suppliant de me faire faire un doux rêve avant ma mort prochaine, et j'ai prié Darkrai, suppliant de me laisser pour cette nuit, l'approche de mon tout dernier voyage est un sentiment suffisamment traumatisant pour moi, inutile d'en rajouter. Puis, je me suis couché, j'ai fermé les yeux, et je l'ai vu... Darkrai.

Mes prières ont été rejetées... Mais la vision du dieu des cauchemars était fixe. Elle restait devant moi, sans laisser place au rêve qu'il m'avait sûrement préparé. Il me fit un geste de sa main de tissu noir, et instinctivement, je compris. "La porte est désormais ouverte. Il serait peut-être temps de s'enfuir, ne crois tu pas ? à moins que tu ne sois las d'affronter la vie."

J'ouvre de nouveau mes yeux. La porte est grande ouverte. D'un bond, je sors de ma cellule. Sur un des barreaux de la porte, un petit bout de tissu noir a été déposé. Je le prend, le regarde et remerciant Darkrai, je le met dans ma poche. La course poursuite continue. J'ai utilisé mon Joker, vous ne m'aurez plus, croyez moi. Et je m'enfuis de ce lieu, le cœur et l'esprit libre. Les dieux sont avec moi !

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