Captive

Chapitre 35

La nuit obscure ne permettait pas de distinguer les voitures garées sur le parking et pourtant elle continuait de progresser vers la berline noire avec assurance.

Le brouillard que l'on pouvait distinguer en fines particules rajoutait à cette nuit particulièrement glaciale un aspect anxiogène. Malgré toutes ses pensées noircies par le moment présent la femme marcha jusqu'à la voiture et la déverrouilla pour s'installer au volant. Si d'apparence tout semblait calme voire trop calme, Margaret Layce ajusta son rétroviseur intérieur sans se douter un seul instant qu'elle serait confrontée à ça.

Une image immaculée se greffa à la noirceur terrifiante du parking et elle n'eut pas le temps de hurler que déjà une main recouvert de cuir se posa sur sa bouche.

Son premier réflexe fut de poser ses doigts sur son arme de service, mais celle-ci avait déjà disparue de son étui.

- Vous n'êtes visiblement pas une femme de terrain madame Layce.

Cette voix rocailleuse et modifiée fit accélérer son cœur si vite qu'elle s'entendit hoqueter.

- Doucement, restez calme, ajouta-t-il si calmement qu'elle avait l'impression que son visage se glaçait. Je ne voudrais pas vous blesser inutilement.

Il retira sa main et même si elle reprenait peu à peu de l'oxygène Margaret Layce suffoquait.

- Posez vos mains sur le volant s'il vous plaît.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Parvint-elle à demander en s'exécutant.

Elle leva lentement son regard vers le rétroviseur intérieur et la peur devint plus forte au moment où ses yeux trouvèrent le masque.

- Je veux simplement discuter avec vous.

Après des années de service Margaret Layce n'avait jamais été si peu sûre d'elle à cet instant alors que l'odeur de la mort semblait proche.

Pourtant, une petite voix dans sa tête essayait de lui rappeler que c'était peut-être sa dernière chance de discuter avec lui.

- Comme à notre première rencontre, ajouta-t-il. Vous n'avez pas oublié j'espère ?

Margaret secoua la tête vivement en baissant les yeux sur ses mains tremblantes.

- C'est vous qui avez tué Trevis Blair ? Osa-t-il demander.

Un bruit de cuir se leva dans le petit habitable et elle s'imagina ses poings se serrer et enfermés dans ces gants noirs.

- Pensez-vous sincèrement qu'il s'agit de mon œuvre ? C'est tellement d'une simplicité ennuyeuse.

Elle trouva la force de relever le regard vers le rétroviseur et tenta de maintenir un contact visuel mais son masque sans visage était si terrifiant et dégageait des ondes maléfiques.

- Alors vous voulez parler de mademoiselle Rivera, conclut-elle en prenant le risque de faire surgir le monstre.

S'ensuivit une sorte de grognement d'avertissement derrière le masque.

- N'oubliez jamais une chose à mon sujet et que vous avez brillamment relevé. J'ai toujours un temps d'avance et je termine la partie d'échec avant même de laisser mon adversaire jouer.

Margaret cessa de respirer en forçant son regard à rester ancré dans le sien.

- Comment vous...

- Je suis nulle part et partout à la fois, la coupa-t-il sur un ton toujours aussi calme. Se servir de cette jeune femme afin de m'attraper est de loin la plus mauvaise idée que la police de Seattle a eu jusqu'ici.