Captive

Chapitre 30

En rentrant à l'hôtel Abby avait espéré se retrouver seule, mais au moment de refermer la porte elle entendit un bruit provenant du salon. Elle déposa son manteau à l'entrée en se pinçant les lèvres puis entra dans le salon avec une boule d'angoisse à l'estomac. Son cœur se mit à palpiter dangereusement lorsqu'elle le vit installé en bout de table en train de nettoyer son arme. Il s'interrompit quelques secondes dans lesquelles il la toisa avec un air impassible qui la déstabilisa.

- Comment s'est passé ce rendez-vous ? Demanda-t-il d'une voix détachée en plaçant le chargeur dans l'arme d'un coup sec.

- Très bien et toi ? Est-ce que tu as découvert des éléments intéressants ?

Abby avait pris note des informations laissées par Roger qui laissaient entendre que Silas avait toujours un temps d'avance sur ses ennemis. De ce fait elle attendit sa réponse avec impatience pour tenter de déceler la vérité et le mensonge.

- Douze est le nombre précis de jeunes étudiantes qui ont été agressées par David Roth et qui ont été réduits au silence.

Il déposa l'arme sur la table en verre puis se carra dans la chaise sans la quitter des yeux.

- Grâce à son père qui s'est assuré de les menacer de briser leur vie si jamais elles osaient parler, poursuivit-il en continuant de la fixer comme s'il essayait de lire dans son âme.

- Que comptes-tu faire ?

- Je ne sais pas, dit-il d'une voix très évasive en haussant des épaules avec nonchalance. Je songe à le tuer pour qu'il puisse rejoindre son fils dans les ténèbres ou alors je me contente de le torturer jusqu'à ce que je n'y trouve plus d'intérêt.

Abby nota dans sa façon de s'exprimer qu'il cherchait volontairement à lui faire peur ou bien à rendre cette conversation pénible.

Elle s'approcha de lui en soutenant son regard pénétrant et qui avait pour objectif de la déstabiliser.

- Tu n'es pas obligé de me faire peur avec l'espoir insensé que je parte en vitesse.

- Tu aurais dû déjà le faire il y a moins de deux minutes, répliqua l'homme froidement.

- Ah oui ? Et tu m'aurais laissé faire ? Osa-t-elle le défier en continuant d'avancer.

- Abby, la prévint-il l'air menaçant.

- Tu pensais vraiment que cette information allait me faire fuir ? Tu croyais sincèrement que savoir pour tes parents me pousserait à partir ?

Elle combla les derniers mètres qui les séparait pour se planter devant lui.

- Ce qui m'a plutôt peiné et inquiété ce sont les mauvais présages de Roger.

- Ah oui lesquels ? S'enquit-il en pivotant la chaise de façon à mieux la confronter.

Abby déglutit en commençant à chercher dans les lueurs de ses yeux une réponse, un détail, n'importe quoi qui puisse la rassurer.

- Que tu ne te pardonnera jamais l'erreur que tu as fait et que tu cherches un moyen de te punir. Est-ce qu'il se trompe ou c'est la vérité ?

Ses mâchoires volontaires se mirent à convulser et un voile très sombre se posa devant ses yeux.

- Comment pourrais-je me pardonner d'avoir failli condamner une innocente ? Lâcha-t-il avec dégoût.

- Tu ne m'as pas fait de mal Silas ! S'emporta Abby en s'éloignant un peu pour arpenter le salon.

- J'aurai pu t'en faire malheureusement et cette pensée m'obsède jour et nuit.