Captive

Chapitre 7

Abby avait annulé sa séance avec la thérapeute pour rentrer plus tôt. La dernière chose qu'elle avait envie aujourd'hui c'est de parler de son histoire avec cette femme un peu trop enjouée de l'entendre lui narrer sa captivité. Garret Smith était venu la voir pour lui faire savoir que sa sécurité serait renforcée à cause de l'affaire en cours. Bien qu'il puisse s'agir de meurtres affreux, Abby n'était pas d'accord avec Garret concernant l'identité du tueur. Lui pensait qu'il s'agissait de l'homme au masque sans visage mais Abby avait la certitude qu'il ne s'agissait pas de lui.

- Mademoiselle Rivera ?

Elle sursauta en étouffant un cri, la main posée sur son cœur qui venait de subir un choc.

- Je suis désolé, je ne voulais pas vous faire peur.

L'homme du café se tenait si proche qu'elle eut un vertige et vacilla légèrement. Elle l'avait deviné grand, mais pas à ce point et sa grandeur maculée de puissance la secoua intérieurement car il lui faisait penser à son geôlier.

- Que faites-vous ici ? Devant chez moi ? Lui demanda-t-elle en tentant de calmer sa respiration erratique.

Il plissa son regard donnant à ses yeux une couleur aussi sombre qu'un corbeau. Dans la lumière plus blafarde du jour on pouvait distinguer très nettement ses traits ciselés et cette cicatrice sur la courbe de son nez. Son visage marqué par la dureté laissait penser que cet homme avait une histoire compliquée et elle se surprit à rougir lorsqu'elle sentit le poids de son regard devenir plus intense.

- Je pensais vous revoir au café, mais vous avez disparue. J'ai demandé votre adresse à l'inspecteur Trevis Blair qui me l'a donné.

Après son explication il se tourna vers sa maison.

- Est-ce que je peux entrer ?

- Je n'invite personne chez-moi et encore moins un homme.

- Je serais l'exception à la règle car c'est très important mademoiselle Rivera.

Sa réponse donnait encore l'impression qu'elle n'avait pas vraiment le choix. Un sourire effleura sa bouche dure qui disparut aussitôt. Abby déglutit en baissant furtivement les yeux puis les releva.

- Juste une minute, accepta-t-elle en grimpant les marches du perron.

Sa présence derrière elle était lourde et l'enveloppait comme une énergie sombre et troublante.

" Qu'est-ce que tu fais ! " s'écria-t-elle intérieurement.

Trop tard.

Elle poussa la porte et il était si proche qu'elle n'eut d'autre choix que d'entrer et de le laisser en faire de même. Abby se retourna pour aviser l'expression de l'homme et fut surprise de constater qu'il était au seuil de l'entrée, les mains dans les poches et sans bouger.

- Vous pouvez entrer, lui dit-elle en supportant difficilement les lueurs très mystérieuses dans ses yeux.

- Un gentleman se doit d'attendre d'être invité, précisa-t-il en franchissant le seuil de l'entrée.

Le petit hall devint alors exigus et avec cette impression que les murs se rapprochaient d'elle sans pouvoir les arrêter. Son cœur lui lança un coup d'électricité qui l'empêcha de reprendre sa respiration.

- Si vous êtes venu ici pour me convaincre que l'affaire criminelle en cours a un rapport avec moi alors dites à Garret que je lui ai déjà répondu, lâcha Abby avant de ne plus pouvoir le dire.