Mais Pansy avait le regard rivé sur un point derrière Hermione. Celle-ci se retourna doucement, commençant à prendre conscience de ce qui se passait.
Ce n'était plus la peine d'imaginer la réaction du blond, elle l'avait en face d'elle. Drago était là, le regard perdu certes, mais il était bien là.
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En rentrant dans la Grande Salle, à l'heure du dîner, Hermione sentit les regards se tourner vers elle et les conversations s'arrêter. Elle essaya d'en faire abstraction, et continua d'avancer la tête haute. Elle s'assit à sa table habituelle, à côté de Ginny et en face d'Harry. Ron était là aussi, mais il s'était un peu écarté. La rouquine posa une main sur celle de son amie, en signe de soutien.
- Tout va bien ?
Hermione acquiesça même si elle se sentait tout sauf bien. Elle risqua un regard vers la table des serpentards. Drago était là, au milieu de ses amis. Elle n'arrivait pas à savoir s'il avait compris. Tout-à-l'heure, il n'avait pas dit un mot et était parti avec ses camarades dans son dortoir.
Hermione soupira et se retourna. Les quatre gryffondors commencèrent à manger dans le silence.
- Et sinon, cette semaine ? Le bébé va bien ? demanda Harry.
Hermione releva la tête surprise que son ami veuille prendre des nouvelles de son enfant. Elle lui sourit reconnaissante.
- Eh bien oui, j'ai fait tous les examens qu'il fallait et il est en bonne santé, raconta la brunette.
- Il ?
Ginny, Harry et Hermione regardèrent Ron, étonnés qu'il adresse la parole à Hermione.
- Hum, non je... Je ne connais pas encore le sexe du bébé, lui répondit-elle doucement.
- D'accord, et... il soupira et regarda son amie dans les yeux. T'es sûre de vouloir faire ça Mione ?
Cette dernière cligna plusieurs fois des yeux et lui sourit, désolée.
- Oui, et même si je ne voulais pas, je n'ai plus le choix. Je suis déjà enceinte de trois mois et demi.
Ron sembla surpris puis il re-baissa la tête. À ce moment-là, l'espoir de retrouver l'amitié perdue avec Ron naquit dans l'esprit d'Hermione, et cela lui redonnait du courage. Elle inspira un bon coup et commença à manger même si elle n'avait pas particulièrement faim. Maintenant, il fallait qu'elle pense aux besoins de son bébé en plus des siens.
Mais, alors que le groupe d'amis se racontèrent leurs anecdotes de vacances, le repas fut interrompu par un cri. Un élève serdaigle de 3ème année rentra en courant dans la Grande Salle. Il avait le regard paniqué et les joues mouillées.
- Professeur McGonagall ! appela-t-il, la voix chevrotante.
-Mais enfin, qu'est-ce que c'est que tout ce raffut ?
La vieille femme se leva mais elle ne bougea pas. Puis, son regard changea du tout au tout lorsqu'elle vit quelqu'un d'autre entrer.
C'était Connor Maxwell, mais il n'était pas seul. Il tenait dans ses bras quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Drago se leva et s'avança pour faire face à Connor. Cependant, lorsqu'il vit qui il tenait dans ses bras et l'état dans lequel elle était, une violente nausée le prit et il fut obligé de se reculer et laisser passer le professeur.
Il lui fallût peu de temps pour reprendre ses esprits et faire le lien; le lien entre ce corps délabré et son père.
Connor s'avança jusqu'à la directrice et déposa le corps sans vie à ses pieds.
- Je l'ai trouvée comme ça, devant les portes, annonça-t-il.
Des chuchotements fusèrent, ainsi que des pleurs. Le nom de la victime ne tarda pas à atteindre les oreilles du trio d'or.
Sybille Trelawney.
Tout le monde était abasourdi à la vue de leur professeur de Divination. McGonagall renvoya tous les élèves dans leur dortoir, avec interdiction d'en sortir avant le lendemain.
Les élèves se bousculèrent, portés par la peur et le choc. Quelqu'un percuta violemment Hermione mais elle n'eut pas le temps de voir son visage.
La brune quitta Ron et Harry, troublée. Une fois dans son dortoir, elle écouta les discussions de quelques filles tout en se massant l'épaule sur laquelle elle avait reçu le coup. Puis, elle se déshabilla. En enlevant sa robe, elle vit un petit papier tomber de sa poche gauche. Elle le ramassa et lit quelques ligne, écrites à la va-vite.
"Rendez-vous à minuit, devant la bibliothèque.
Il faut que je te parle, c'est important.
DM."
Il ne lui fit pas longtemps pour comprendre que DM était Drago Malefoy. Hermione repensa à la bousculade et elle comprit que c'était ainsi qu'il lui avait mis le papier dans la poche. "Il y avait une manière beaucoup moins violente de me donner ce mot" songea-t-elle. Elle fourra le papier dans sa poche de pyjama et se coucha comme si de rien était.
Elle était plutôt nerveuse pour ce rendez-vous improvisé avec Malefoy. Ce n'était pas sans danger de sortir en pleine nuit après ce qui était arrivé à son professeur, surtout que McGonagall l'avait formellement interdit. Mais Hermione ne pouvait pas rester dans son lit, comme si de rien était. Malefoy voulait lui parler, et c'était urgent. Cela devait avoir un rapport avec son père. Et puis, il fallait qu'elle crève l'abcès à propos de leur bébé. Alors, elle attendit, les yeux grand ouvert jusqu'à 23h45.
Quand l'heure arriva, elle sortit de son lit le plus discrètement possible. Elle enfila un pull épais et attrapa sa baguette.
Les couloirs étaient déserts et obscurs. Un frisson lui parcourût le corps, et elle savait qu'il n'était pas dû au froid. "Par Merlin, qu'est-ce que je suis en train de faire" pensa-t-elle, les oreilles à l'affût. Elle marcha d'un pas rapide et silencieux. Lorsqu'elle arriva au lieu de rendez-vous; personne. La jeune femme regarda sa montre, et vit qu'il était minuit deux. Elle attendit contre le mur de pierre, tremblant de froid et de peur. Quand elle décida de rebrousser chemin, croyant à une mauvaise blague, quelqu'un lui prit le bras.
Elle commença à crier mais une main vint se plaquer sur sa bouche. La seule pensée qui lui vint fut "Ça y est, je vais mourir".
- Chut, c'est moi.
Elle aurait pu reconnaitre cette voix entre mille et se retourna vers Malefoy.
- Quelqu'un t'as sûrement entendu. Viens, on va autre part.
Le blond prit Hermione par la main et s'enfonça dans la pénombre. Cette dernière n'était toujours pas rassurée mais le contact de Drago lui redonna le courage de s'aventurer dans le noir. Il la mena dans une partie du château qu'elle ne connaissait pas et, au détour d'un couloir, elle vit une porte en bois différente des autres de Poudlard. Drago l'ouvra, rentra à l'intérieur et Hermione le suivit.
Lorsque Drago ferma la porte derrière eux, Hermione remarqua qu'ils étaient dans une sorte de salon, comme une chambre commune. Un feu de cheminée illuminait et réchauffait la pièce. Un canapé et des fauteuils étaient disposés en cercle, autour du feu.
- Où est-ce qu'on est ? demanda Hermione.
- La salle sur demande.
Hermione comprit alors pourquoi cette salle était si différente des autres. C'était une salle que Drago avait imaginé. Le serpentard alla s'installer sur le canapé, et Hermione l'imita. Ils restèrent silencieux jusqu'à ce que Malefoy entame la conversation.
- J'aime bien cette salle, c'est... chaleureux. Tu ne trouves pas ?
- Si.
Hermione ne dit rien d'autre. C'est vrai que cet endroit avait un caractère paisible mais la décoration de la pièce n'était pas la chose la plus importante à évoquer.
- Tu avais quelque chose d'important à me dire ?
- Oui, affirma-t-il. Je crois que je sous-estimais mon père.
Hermione fronça les sourcils et le laissa continuer.
- Quand j'ai vu le corps de Trelawney, ça m'a frappé. Quand j'étais au Manoir, mon père me faisait rencontrer des alliés à lui, et il m'autorisait même à assister à quelques réunions. Seulement, il y avait une pièce où je n'avais pas le droit d'aller. Je n'ai pas posé plus de questions que ça et je n'ai jamais essayé de découvrir ce qu'il cachait. Je le voyais aller et revenir et il en sortait souvent furieux. Je pense que...
- Qu'il gardait y Trelawney enfermée, finit Hermione.
Drago acquiesça mais Hermione secoua la tête.
- Ça n'a pas de sens. Pourquoi enlèverait-il un professeur de Divination ? S'il voulait se venger de la mort de Voldemort, il s'en prendrait à Harry ou à McGonagall.
- C'est ce que je pensais aussi. Mais mon père a autre chose en tête. Il faut découvrir quoi.
Hermione essaya de réfléchir mais elle n'arrivait pas à faire le lien.
- Je ne vois pas en quoi il aurait eu besoin du Professeur Trelawney, ni pourquoi il l'a tué.
- Trelawney devait savoir quelque chose. Et mon père a réussi à le savoir aussi. Il a dû la tuer pour pas qu'elle ne parle, expliqua Drago.
- Il l'aurait torturé ? Par Merlin...
Hermione mit sa main devant sa bouche, l'image du corps inerte lui revenant en mémoire. Même si elle n'avait jamais trop apprécié ses cours, elle ne pouvait que se sentir terriblement mal.
Malefoy, ne pouvant laisser Hermione dans cet état, prit sa main dans la sienne. La jeune femme, les larmes aux yeux se tourna vers lui. Puis, n'ayant plus la force de garder une distance vis-à-vis de lui, elle se jeta dans ses bras.
- Moi aussi, j'ai quelque chose d'important à te dire.