Je me suis réveillée toute engourdie. J'avais mal de partout, je me suis frotté les yeux, et les ai ouverts lentement.
La première chose que j'ai pu voir était un beau ciel bleu avec un soleil rayonnant. Puis, j'ai baissé la tête, et je me suis rendu compte que j'avais dormi dehors, et pas n'importe où ! Dans un cimetière ! Tout à coup, les événements de la veille me revenaient à l'esprit, et j'ai aussitôt regardé à ma droite. J'ai hurlé. J'avais dormi dans un cercueil, collé contre le corps de Henry Ravenswood ! J'ai bondi hors du trou et j'ai repris mes esprits complètement dégoûtée.
Comment avais-je pu m'endormir alors que mes enfants courraient un grave danger ? Que faire à ce moment ? Retourner au manoir, c'était sûr et certain ! Mais... pas les mains vides.
J'avais trouvé une idée : l'autre fois à la librairie, j'avais remarqué un étage réservé aux livres mystiques et de spiritisme, peut-être pouvais-je y trouver quelque chose d'intéressant. Alors j'y ai couru. J'ai ouvert la porte en branle-bas de combat, faisant sursauter la libraire. J'ai foncé vers l'étagère étiquetée " fiction/paranormal ". Fiction... Ce que pouvaient penser les gens raisonnables ... Je ne l'étais plus depuis que j'étais rentrée dans ce maudit Phantom Manor...
" Mythes urbains ", " Monstres et Fantômes : Légendes ou Réalité ? ", " Le mal incarné : La vie surnaturelle. "
Je commençais à m'impatienter. J'avais peur de ne rien trouver. Mais, j'ai levé les yeux, et, posé en haut d'une pile de vieux grimoires anciens sur le dessus de l'étagère, un livre s'intitulant
" Tuer un mort " m'a interpellé. C'est exactement ce qu'il me fallait !
Je l'ai attrapé, sur la pointe des pieds, et j'ai commencé à le feuilleter. Sur chaque page, des choses étaient inscrites, mais, ce n'était qu'une suite de lettres sans queue ni tête. C'était indéchiffrable.
— Madame !
Je me retournais, furtivement. C'était la libraire qui m'avait appelée.
— Madame, ce livre n'est pas à vendre. Je m'apprêtais à jeter tous ces vieux livres.
Je l'ai regardée, les yeux dans les yeux. Puis, sans réfléchir, j'ai foncé vers la sortie.
— Non ! Ce livre n'était plus destiné à la vente ! Sous ordres du shérif ! Ni à être ...volé, beuglait la libraire pendant que je m'enfuyais.
Je suis rentrée dans les toilettes du Last Chance Cafe et me suis cachée dans les WC. J'ai ouvert le livre à une page un peu au hasard.
" Tuer un Vampire. "
Je n'en avais pas besoin.
" Soigner un possédé . "
Non plus.
" Tuer un esprit démoniaque. "
Parfait !
Sur la page, il y avait une annotation. " Le retour de Gracey arrive ". Cela m'importait peu.
Je lisais les premières lignes, lorsque quelqu'un a tambouriné à la porte.
— Madame Robinson, c'est le Shérif Johnson. Ouvrez.
Oh non ! Il me fallait un autre endroit. J'ai lu, avant de m'enfuir par la petite fenêtre de la pièce, ce que je devais faire pour assassiner Henry.
" Un fantôme peut disparaître si vous lui montrez la raison pour laquelle il est resté sur Terre sous sa forme spectrale. Cette chose est souvent reliée à une émotion, une peur que le fantôme ressentait de son vivant. Ce peut être aussi une question, jamais résolue, mais, c'est très rare."
Je n'avais aucune idée de ce qui avait laissé Henry sur Terre...
Des coups plus forts retentirent à la porte.
— Je vais perdre patience, sortez de là, vous êtes accusée de vol !
Je me suis hissée dehors, par la fenêtre entrouverte. Mais, j'aurais du m'y attendre, deux autres Shérifs m'attendaient à chevaux derrière le bâtiment.
Je me suis retrouvé pour la deuxième fois en l'espace de deux jours au commissariat. J'étais cette fois, menottée par une main à une table en fer.
Le shérif est entré dans la pièce, un carnet à la main.
" Madame Robinson, vous êtes accusée de vol à l'étalage et refus d'obtempérer, a-t-il commencé.
Il s'est assis devant moi, posant son calepin et ses dossiers dans un claquement sur la table.
— Monsieur le shérif ! Laissez-moi sortir !
— Vous allez me parler et me dire seulement la vérité, m'a-t-il coupé.
J'ai croisé mes bras, commençant à m'énerver.
— Écoutez, mes enfants sont enfermés dans ce manoir démoniaque. Il faut que j'aille les retrouver !
Il faisait comme s'il ne m'avait pas écouté.
— Pourquoi avoir volé un livre sur...
Il a feuilleté ses papiers pour retrouver le titre du grimoire.
" ... Tuer un mort ... "
Il me regardait, inquiet.
— Mme. Robinson, il ne faut pas jouer avec ça, c'est dangereux...
— Vous en savez plus que ce que vous me dévoilez hein, lui ai-je lancée froide. Depuis le début où je vous demande votre aide, vous n'avez pas bougé un doigt et vous n'avez pas mis un pied à Phantom Manor.
Il s'est tortillé sur la chaise, visiblement mal à l'aise.
— C'est pour ça aussi que vous avez mis sous silence l'affaire de l'ami de ce Steve non ? Que connaissez-vous de plus que moi sur le manoir ? Que me cachez-vous ?
Il relevait la tête, m'a regardé, puis a rabaissé les yeux vers ses papiers.
— Alors, lui ai-je mis la pression, qu'avez-vous vécu là-bas ? Vous y êtes déjà allé ?
Il s'est levé en rage et a crié :
— RIEN ! JE NE CONNAIS RIEN ET JE N'AI RIEN VU !
Il m'a fixé avant de me décrocher les menottes.
— Allez secourir vos enfants, a-t-il soupiré, en espérant qu'ils soient toujours en vie.
Je me suis levée, me suis massé le poignet et j'ai souri effrontément.
— Oui, vous ne savez rien alors, ai-je ricané.
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Debout, j'ai fixé Phantom Manor pendant un petit bout de temps.
— Tu ne m'auras pas facilité la tâche, ai-je dit en parlant à la bâtisse comme si elle était une personne à part entière. Mais je vais te vaincre.
J'ai tapoté le grimoire que j'avais en dessous du bras. Je voulais en finir. Tuer Henry. Mais je ne savais pas encore ce qui le retenait sur terre. Mélanie aurait peut-être su, mais elle était probablement retenue par son père. À moins qu'elle ne s'est échappée.
J'ai pénétré pour la troisième fois dans le manoir, arrivant dans l'entrée. J'ai passé les pièces sans prendre la peine de regarder les tableaux. Je marchais vite, pressée.
En arrivant dans la grande salle, j'ai décidé de monter les escaliers, que je n'avais pas gravi jusque-là. À l'étage, j'ai pu remarquer qu'il y avait de petites taches sur les tapis. Je me suis abaissée pour voir ce que c'était. J'ai effleuré le sol avec mon doigt, puis, l'ai ramené vers mes yeux.
Le bout de mon doigt était recouvert de liquide rouge qui me dégoulinait le long de la main. Du sang. Du sang frais.
Je passais la première porte. Une chambre. Rien d'intéressant à y voir. Encore et Toujours de vieux meubles victoriens. J'avais juste remarqué qu'il y avait une grande peinture d'Henry et sa femme à leur mariage. Nous pouvions voir que Martha était enceinte. Sur le cadre, il y avait gravé une date : 1842. Sûrement la date de l'événement.
Je me suis assise juste en face de la peinture.
" Un fantôme peut disparaître, si vous lui montrez la raison pour laquelle il est resté sur Terre sous sa forme spectrale. Cette chose est souvent reliée à une émotion, une peur que le fantôme ressentait de son vivant. Ce peut être aussi une question, jamais résolue, mais, c'est très rare."
C'est ce que disait le grimoire. Mais que retenait Henry sur terre ? Quelle était son œuvre inachevée ? Et où trouver des réponses aux questions.
De petits bruits me firent sursauter. J'ai parcouru la chambre du regard et mes yeux se sont arrêtés sur un bureau secrétaire. C'est de là qu'ils provenaient. Je me suis rapprochée, et je l'ai ouvert. Mélanie, toujours dans le miroir était à l'intérieur.
— Gwenda, s'est-elle exclamée. J'ai perdu votre fille j'en suis navrée... Après que mon père vous ait enfermée tout là-haut, je suis sortie du miroir et j'ai essayé de protéger Sarah. Mais il avait ramené Mme. Leota. Il lui a donné l'ordre de m'enfermer indéfiniment dans ce miroir et que si elle n'exécutait pas son ordre, il l'exploserait au sol et ferait du mal à votre pauvre enfant...
— Ne vous excusez pas, lui ai-je répondu.
J'ai attrapé le miroir et je l'ai regardée.
— Mélanie, j'ai lu que pour faire disparaitre un esprit, il fallait le confronter à l'une de ses peurs, de ses émotions, ou à l'une des questions qui n'ont pas eu de réponse avant de mourir. Pour vous, qu'est-ce que c'est ?
Elle a réfléchi en pinçant les lèvres, puis m'a finalement répondu :
— J'en ai une petite idée... Un mystère non résolu de mon vivant...
— Et pour votre père, lui ai-je posé.
— Je pense qu'il n'y a qu'un seul lieu pour avoir une réponse claire et nette, m'a-t-elle répondu.
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J'ai foncé vers la trappe qui menait à l'étage, j'ai escaladé ma pile de meubles - ce qui a été deux fois plus difficile avec le miroir dans la main -, et je suis entrée dans la petite pièce secrète d'Henry Ravenswood.
J'ai balancé en arrière les papiers inutiles, les carnets vides sans rien trouver. Puis, j'ai mis la main sur un petit cahier noir.
— Oui ! Je m'en rappelle, s'est écriée Mélanie, il note tout dans ce petit carnet ! Je me rappelle avoir lu un passage glaçant sur l'assassinat de Barry Claude.
Je l'ai ouvert, à une page un peu au hasard.
" 8 Septembre 1866.
Cette tache m'épuise, je n'en peux plus. Il est mauvais ! Il me rend mauvais ! ".
J'en déduisais que c'était le journal d'Henry. Il parlait sûrement de son travail à la Big Thunder Mountain.
" 10 Octobre 1866.
Je continue de me transformer... De me noircir. À cause de lui. Je ne voulais plus y aller. Mais je suis obligé. C'est mon rôle. Et Martha ne me pardonnerais jamais si je le laissais.".
J'ai continué à lire d'autres paragraphes comme ceux-ci, et tous parlaient d'une chose qui rendait Henry mauvais, contre son gré. J'ai sauté plusieurs pages pour arriver à ces paragraphes :
" 3 Décembre 1870.
Un groupe de gitans se sont installés à Thunder Mesa et j'ai rencontré cette belle gitane. Elle s'appelle Leota. Elle est très jolie. Je l'ai embauchée au manoir en prétendant qu'il me fallait une voyante ou magicienne je ne sais pas trop, mais en vérité, c'est pour en faire mon amante.".
" 6 Mai 1871,
Cette chose opère maintenant toute la journée. Elle semble me quitter lorsque je m'isole ici. Je ne veux plus y aller ! Ça me rend fou ! Je voulais mettre fin à ses jours. Pour mon bien, pour le bien de tout le monde, mais, je ne pouvais pas... c'est quand même ... enfin. Martha m'aurait tué... ".
— Tient, tient, tient, a fait une voix derrière moi, nous voilà donc à présent tous réunis. Henry était juste derrière moi.