A Corps Ouverts | Chris Evans

By MissNenuphar

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« Tu me désires pour deux raisons : la première c'est que je suis professeur en salle de sport et de par mon... More

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By MissNenuphar

♫ Dermot Kennedy ~ Power over me ♫


Métro boulot dodo.

Voilà ce à quoi se résume ma vie depuis deux semaines.

Je n'ai plus envie de sortir, je n'ai plus envie de rien.

Même la nourriture qui a pour habitude de me donner le confort nécessaire à mes phases de déprime ne parvient pas à me combler.

D'ordinaire, j'ai tendance à beaucoup me confier à mes meilleurs amis quand quelque chose ne va pas, mais aujourd'hui je ne m'en sens même pas la force ni l'envie. Ils ne pourraient pas comprendre. Personne ne pourrait comprendre.

Cette sensation d'abandon, de désillusion totale qu'engendre son absence. 

Je sais qu'il faut que je l'oublie. Que j'aille de l'avant, car je passe sûrement à côté de plein d'autres « choses » comme me l'a si gentiment rappelé Mathieu la dernière fois qu'il est passé voir Ethan à l'appartement.

Comme je m'en serais doutée, cet imbécile jubile de me voir dans cet état. Je croyais avoir été claire sur ses innombrables allées et venus à l'appartement, mais visiblement il ne prend pas mon autorité au sérieux. A moins de déménager, je ne vois pas vraiment comment lui échapper. C'est le meilleur ami du mien. Je crois qu'il faut que j'apprenne à vivre avec lui et passer outre toutes ses médisances car je ne veux pas poser d'ultimatum à Ethan. Pas si je dois le perdre.

Seule dans ma chambre, je me poste devant le miroir de ma penderie et blêmis devant ce reflet qui ne me ressemble pas. Mes cheveux sont entremêlés et gras, comme si je ne les avais pas lavé ni coiffé depuis une semaine. Mes cernes recouvrent presque le tiers de mon visage, comme si je n'avais pas dormi depuis des lustres. Ce qui est le cas.

Mais aujourd'hui, tout allait changer, il le fallait.

Après avoir pris une bonne douche brulante pendant plus d'une demi heure, je fais l'effort d'appliquer un peu de crème sous mes yeux pour tenter de réduire l'effet violacé des poches et camoufle le tout avec un peu d'anticernes.

Je m'habille à la hâte, tâchant tout de même d'enfiler autre chose que ce vieux survêtement et ce sweat shirt à l'effigie des One Direction que j'ai porté quasiment toute la semaine. J'enfile alors un large t-shirt over size et un jean noir taille haute pour camoufler mes formes.

Cela fait presque cinq ans que je n'y suis pas retournée. Cinq ans que je pensais ne plus jamais devoir y remettre les pieds de ma vie. Mais Ethan ne m'a pas laissé le choix. Mes parents non plus, visiblement. Même à plus de dix mille kilomètres de là où je vis, ils arrivent toujours à contrôler le peu de libre arbitre qu'il me reste. Je n'en veux pas à Ethan de les avoir prévenu de l'instabilité de mon état de santé psychique. Il est simplement inquiet pour moi. Mais je suis sure qu'il ne s'agit que d'une phase et que dans quelques semaines tout reviendra à la normale.

Du moins, je l'espère.

Chris me manque, c'est un fait. Je me suis livrée à lui, et sur le moment, cela m'a fait un bien fou. Mais aujourd'hui j'en pâtis énormément. Cela a ravivé en moi des souvenirs beaucoup plus cuisants que je ne pouvais me l'imaginer et il m'est impossible de les faire taire pour de bon. 

Et depuis son départ en vacances, on ne peut pas dire que les choses se soit améliorées.

Après une bonne demi heure de route dans les bouchons du trafic marseillais, je me gare à la hâte dans le parking souterrain et passe les portes automatique de la salle d'accueil toujours aussi hostile et impersonnelle.

J'ai toujours cette sensation familière au plus profond de moi que j'y vais pour faire plaisir à ma famille et ne pas les inquiéter. Mais ces sessions n'ont qu'un seul but, me faire perdre mon temps et mon énergie.

- Docteur Capuano.

Je salue la psychologue qui m'a suivi pendant presque une année entière et suis rassurée par son visage si familier qui tranche avec l'anonymat du bâtiment. Elle n'a pas changé d'un pouce, n'a pas une ride de plus sur le visage et est toujours affublée de ces lunettes rondes beaucoup trop grosses pour son petit visage.

- Pauline, je suis contente de te revoir, bien que j'aurais aimé que cela se passe sous de meilleures circonstances.

Elle m'invite à prendre place sur son canapé qu'elle a visiblement troqué pour un beaucoup plus confortable en cuir noir, agrémenté de plusieurs coussins décoratifs.

Elle s'assied face à moi et prend son carnet de note. Elle me propose de commencer par lui raconter ce qu'il s'est passé dans ma vie ces cinq dernières années.

Je lui raconte sans la moindre appréhension mon aménagement avec Ethan et lui parle longuement de ce que notre amitié signifie pour moi. J'évoque également l'obtention de ma licence en mathématiques, la rencontre avec mon amie Kimberley, de toutes ces soirées, ces moments passés avec eux où j'ai eu l'impression de faire partie de quelque chose de grand et d'important, même si je suis de caractère très asociale et casanière.

- Tu as fait un excellent travail sur toi-même, je suis très fière de toi ! me congratule-t-elle, sincèrement. Tu as beaucoup évolué !

Le docteur Capuano est beaucoup plus qu'une psychologue quelconque à mes yeux car c'est elle qui m'a permis d'avancer dans ma vie après cet incident que je préfèrerais oublier à tout jamais. C'est elle qui m'a permis d'avoir le courage de remettre un pied devant l'autre afin d'avancer, et mes amis ont fait le reste. 

Il est certain que me retrouver ici m'insupporte au point de me dire que je ne suis pas capable de participer à mon propre bonheur, mais je sais que je peux tout de même lui faire pleinement confiance. Non pas à cause du serment d'Hippocrate, mais car elle a su installer au cours de ces années cet espace sain dans lequel je peux me sentir moi-même tout en étant prise au sérieux. Et puis parler à un étranger à première vue est beaucoup plus facile à gérer. On se sent moins jugé, moins catégorisé. Mais aujourd'hui, je redoute ma séance, car justement, elle n'est plus vraiment une étrangère à mes yeux.

- Très bien. Elle abaisse ses lunettes sur son nez et pose son calepin quelques instants. Tous ces événements que tu me décris sont des choses très positives et qui ont certainement dû participer à ton épanouissement en tant que jeune femme, que ce soit dans ta vie personnelle et professionnelle. Comment se passe ce stage d'ailleurs ? 

Te sens-tu épanouie ?

Les questions viennent les unes après les autres et j'y réponds sans le moindre problème. Je vais droit au but, sans cogiter, car les réponses sont sincères et me parviennent naturellement, mais je redoute ce moment depuis le début de la séance. Je redoute ce moment car je ne me sens absolument pas prête d'évoquer ne serait qu'un instant son nom. L'objet de mon traumatisme depuis toutes ces années. Mathieu.

La sonnerie de sa ligne fixe me fait sursauter dans ma réflexion et elle s'excuse avant de couper définitivement son téléphone pour ne plus être dérangée.

- Désolée, c'est mon fils qui a encore oublié ses clés, s'exaspère-t-elle.

Je lui souris, compatissante.

- As-tu fais de nouvelles rencontres récemment ? 

Je triture mes ongles quand la nervosité me gagne et le docteur ne manque pas de le remarquer.

Dois-je lui parler de ... Chris ? 

C'est un sujet auquel je n'avais pas pensé aborder. Non ce n'est pas une bonne idée...

- Pauline, ceci est un espace sain et de confiance. Il n'y a que toi et moi. Rien de ce que tu me dis ne dépassera ces murs, tu peux en être sûre. Et si tu ne te sens pas prête à en parler aujourd'hui, nous pouvons aborder un autre sujet.

- Je me suis réinscrite dans mon ancienne salle de sport, lancé-je sans plus réfléchir.

- Très bien, le sport est très recommandé pour se défouler et penser à autre chose. J'imagine que cela doit t'aider à te sentir mieux. Arrives-tu à prendre confiance en toi grâce au sport ? Quel sport pratiques-tu ?

- C'est du fitness avec pas mal de cardio. Je marque une pause, tâchant de contrôler ma respiration qui commence à s'emballer. J'ai fait une rencontre là bas. Nous sommes... amis, je crois.

Je me tâche bien de garder pour moi qu'il s'agit de mon instructeur.

- Tu crois, tu n'en es pas sûre 

Elle fronce les sourcils et me laisse le temps nécessaire pour reprendre mon récit en main.

- Je le crois, du moins, j'espère qu'il me considère comme telle, car j'ai beaucoup d'estime pour lui. Il est très à l'écoute.

Mes joues rosissent malgré moi quand j'en parle, c'est plus fort que moi. 

- Fais-tu confiance à cette personne avec qui tu t'es lié d'amitié ?

A ce moment, mes yeux me brulent et une larme menace de rouler sur mes joues. 

Je m'essuie les yeux, regardant le sol pour éviter le regard énigmatique de mon docteur et lui réponds, vulnérable.

- Oui, je lui fais confiance.

Elle hoche la tête, pensive, mais ne dit rien.

Un blanc s'installe dans la pièce mais cela ne m'embarrasse pas le moins du monde. Je prends ce temps comme une opportunité pour réfléchir sur moi-même et ordonner mes idées qui se bousculent dans ma tête.

Quelques secondes plus tard, elle brise le silence, remontant ses lunettes sur le sommet de son crâne. La couleur de ses yeux me rappelle un peu la couleur de ceux de Chris et je me renfrogne dans mon siège pour tâcher de ne pas penser à lui. De toute façon, il suffirait que quelqu'un ait le même parfum ou bien le même accent que lui pour me faire penser à lui.

- Pensez-vous que je ne devrais pas ? Lui faire confiance ? précisé-je.

- Penses-tu que c'est le cas ?

Eh voilà que l'on en revient à la fameuse rengaine du questionneur questionné.

Je hoche les épaules, pensive.

- Je vais te dire exceptionnellement ce que j'en pense, Pauline, me dit-elle d'un ton interdit. Je pense que le fait que tu accordes ta confiance à ce jeune homme que tu as rencontré il y a peu de temps est une bonne chose. Cela prouve que tu es capable de te sentir assez en confiance avec un homme, amicalement ou romantiquement parlant, peu importe, et qu'il te fait sentir assez en sécurité pour que tu lui accordes cette faveur. 

Qualifierais-tu cette relation d'aussi platonique que celle que tu entretiens avec ton ami.. Ethan, c'est bien cela ?

Je rougis et n'ai pas besoin de répondre à cette question pour qu'elle lise en moi comme dans un livre ouvert. 

- Plutôt non platonique unilatéralement parlant, lui réponds-je ironique, ne m'attardant pas plus sur le sujet. 

Elle esquisse un sourire, et par chance, le bip de sa montre indique que notre session est terminée.

Je rassemble mes affaires rapidement et remercie le docteur pour cet échange, même si je ne suis pas persuadée que cela ait une quelconque influence sur ce qui va m'arriver dans les prochains jours.

Elle me raccompagne jusqu'à la porte et m'interpelle une dernière fois:

"Je te dis ça en tant que personne, et non plus en tant que psychologue, Pauline, mais pour que tu puisses te sentir en vie, et retrouver un sens à ta vie, si tu veux un conseil, fais quelque chose d'inhabituel. Quand on te demandera quelque chose à laquelle tu as l'habitude de dire non, par peur, par facilité, par dédain, change de discours. Et surtout, reste occupée."

Cette phrase résonne en moi comme les paroles d'une chanson que l'on se répète en boucle et que l'on est incapable de sortir de notre tête, à moins de la chanter jusqu'à la fin.

Faire quelque chose d'inhabituel ? Dire oui à tout ? Qu'est ce que le docteur a-t-elle bien voulu dire par là ? 

Fumer un joint ? Faire du saut en parachute ? Faire cadeau de ma virginité à cette saleté de ...

Je secoue la tête quand je me rends compte que ce n'est que du baratin de psys, ni plus ni moins et que malgré toute sa bonté et son devoir de m'aider, elle vient de me faire perdre deux heures de mon temps, sans parler des soixante euros probablement non remboursés par ma mutuelle.

"On se revoit dans un mois Pauline, à bientôt". 

Elle me serre la main et me sourit chaleureusement.

(...)

Ce soir c'est l'anniversaire d'Olivier, alors Ethan et sa clique ont décidé de lui organiser une petite fête surprise avec l'aide de sa copine.

La petite fête aura lieu à son domicile familial sur les hauteurs de la Ciotat, d'après ce que j'ai compris.

Même si c'est relativement prêt de chez moi, je n'y suis jamais allée. Mais je me doute qu'il ne doit pas s'agir d'un petit appartement de cinquante mètres carrés avec balcon et ascenseur mais plutôt d'une villa avec piscine et vue sur la mer en contrebas. En général, les Ciotadens sont des gens plutôt aisés. 

Je me souviens que Chris a des amis là-bas qu'il est allé voir il y a de cela quelques semaines avec sa femme, grimacé-je.

D'ailleurs que fait-il en ce moment ?

Cette question, je me la pose chaque heure de chaque jour depuis bientôt une semaine et demi. Et je n'ai toujours aucune réponse.

En même temps comment pourrais-je le savoir ? Dans le cas où il serait du style à poster toutes les demi heures du contenu sur les réseaux sociaux, je ne suis ni amie avec lui sur Facebook et son Instagram est privé.

Refuser un énième évènement devient la banalité pour moi, un moyen d'exprimer mon confort dans la routine de ma vie. Et puis c'est à ce moment que je comprends où la psy voulait en venir.

Faire quelque chose d'inhabituel. Dire à Ethan que je vais l'accompagner ce soir de mon plein grès serait quelque chose de certainement très inhabituel en ce qui me concerne. Et je n'ai guère envie d'y aller. Mais j'ai besoin de montrer à Ethan que je veux faire des efforts pour lui, alors après tout, pourquoi pas. Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose de mieux à faire de mon temps..

" Tu es sûre que ca va ?" Ethan porte sa main à mon front et fait mine d'estimer ma température pour vérifier que je n'ai pas de fièvre quand je lui fais part de mon souhait de l'accompagner ce soir.

Quelques heures plus tard, me voilà avachie sur ce foutu canapé en mousseline verte hyper confortable, dans cette maison digne de la villa des cœurs brisées, à me demander une énième fois ce qui m'a pris d'accepter de venir.

Ah oui... la psy et ses bons conseils...

- Non les gars on va vraiment jouer à ce jeu débile ? rechigne la copine d'Olivier quand son copain nous propose d'entamer une partie d'action ou vérité.

Enfin une personne censée ici.

Ethan hausse les épaules, l'air innocent.

- Si tu as autre chose en tête, je suis tout ouïe.

Dormir. Hiberner jusqu'à l'année prochaine me semble un bon moyen pour oublier le fait que Chris n'est pas avec moi en train de me soutenir moralement.

J'attends patiemment mon tour, complètement à l'ouest, n'attachant aucune importance aux précédents gages effectués.

- Ethan ! Action ou vérité ?

J'anticipe sa réponse en commençant déjà à me creuser la tête de ce que je vais bien pouvoir lui demander de faire.

Kim est à ma droite sur le canapé et triture ses doigts dans ses mains.

Je suis tentée de lui lancer le défi d'embrasser Kim mais je ne veux pas qu'elle se sente piégée ni même mal à l'aise. Tandis que je fais mine de réfléchir, je croise son regard pendant une demi seconde et obtiens la réponse dont j'ai besoin.

Pas de signe de détresse ni de gros yeux ou de « je vais te tuer si tu fais ça » dans son regard. J'en déduis que c'est le bon moment pour le faire.

J'espère juste qu'il ne se dégonflera pas, lui qui a pour habitude de relever n'importe quel défi.

« Bon on n'a pas toute la soirée » balance Mathieu et sa légendaire patience que j'ignore sans trop de mal.

- Embrasse quelqu'un. N'importe qui.

Je vois dans son regard qu'il s'attendait à bien pire venant de moi. Mais je veux le laisser choisir et ne pas griller Kim devant tout ce monde.

Je vois qu'il s'apprête à prendre la joue de son voisin de gauche et approche son visage dangereusement du sien.

Je m'éclaircis la gorge, apportant un peu plus de précision à ma requête.

- De sexe féminin.

Son sourire forcé me conforte dans l'idée qu'il est de suite moins à l'aise que s'il avait du embrasser un de ses potes, ce qu'ils doivent probablement faire à longueur de journées dans les vestiaires du club de basket.

J'esquisse un sourire en me disant que je n'ai probablement pas la moindre idée de jusqu'où ils doivent aller.

Il regarde derrière lui et observe les quelques personnes qui dansent derrière le comptoir de la cuisine.

- Tu touches à ma sœur, je te coupe les couilles, le prévient Olivier, faussement menaçant.

Il revient à la raison et se dirige vers notre canapé. Je suis surexcitée et n'arrive pas à réaliser que mon plan est réellement en train de marcher.

Mais au lieu de poursuivre son chemin jusqu'à Kim, il s'arrête sur moi et m'embrasse.

Je n'ai pas le temps de le repousser qu'il est déjà parti s'assoir se désinfecter la bouche avec un verre de vodka. Je m'essuie la bouche à mon tour, complètement dégoutée.

Je n'ai pas les mots.

- Ben quoi ? Comme si j'avais beaucoup de choix ! se justifie-t-il devant ma mine horrifiée.

- Mais merde qu'est ce que t'es con !

A peine je reprends mes esprits que Kim s'est déjà levée et a traversé la moitié du salon en direction de la porte de sortie.

- Kim, attends ! tâché-je de la rattraper.

Je tente de me frayer un chemin parmi les invités qui, pour une fois, sont beaucoup plus éméchés que moi.

« Kim » hurlé-je.

Elle a déjà traversé la moitié de la pelouse de la propriété quand je parviens à sa hauteur, essoufflée par mon manque d'endurance.

Elle croise les bras, des larmes ont séchées ses joues et son mascara a déjà commencé à assombrir le creux de ses paupières.

- Kim je suis désolée, si j'avais su qu'il allait... Jamais je n'aurais dû...

Elle secoue la tête et se laisse prendre dans mes bras.

- Ce n'est pas de ta faute Pauline... C'est moi. Qu'est ce que j'ai pu être conne de penser ne serait-ce une seconde...

Je prends son visage entre mes mains et lui assure qu'il n'a pas osé l'embrasser par pudeur et respect vis à vis de sa dernière relation.

- Mais tu lui as dit pour mon copain, non ?

Je hoche la tête, baissant les yeux. J'aurais préféré lui assurer avoir omis ce détail la dernière fois que j'ai abordé le sujet avec lui, mais ce n'est pas le cas.

- Peut être qu'il n'a pas réalisé...

- Ne trouve pas d'excuse... Je ne lui plais pas, c'est tout...

- Je n'en sais rien, Kim. Mais ce dont je suis sure, c'est qu'il te respecte trop pour t'imposer ce baiser sans ton consentement, la rassuré-je sincère.

... Tu ne veux pas rester un petit peu plus ? je la supplie, en vain.

Elle secoue la tête, véritablement pennée. C'est ma faute, jamais je n'aurais du rester aussi générale dans mon gage et lui imposer directement Kim. Jamais je n'aurais dû aller à cette foutue fête. Tout ça, c'est la faute de cette psy qui dicte les choix de ma vie bien plus que je veux me l'admettre.

- Tu pourras m'excuser auprès des autres s'il te plaît ? Leur dire que je ne me suis pas sentie bien ?

J'hoche la tête, et la prends dans mes bras une dernière fois avant de la voir disparaître dans la nuit tombante.

Je retrouve mon groupe d'amis toujours dans le même état que je l'ai laissé, avachis sur les canapés, un verre d'alcool à la main. La copine d'Olivier est, quant à elle, allée se chercher un verre tandis qu'Ethan n'a visiblement pas raté une miette de ce fiasco et je vois à son air interrogateur que je vais devoir m'expliquer.

- Kim est partie. Elle ne se sentait pas bien. Je crois qu'elle a mangé un truc pas frais avant de venir. 

Je fais la grimace pour paraître plus crédible et il n'en faut pas plus à Ethan pour laisser tomber l'affaire et gober tout ce que je lui dis.

Mais ce n'est pas le cas d'Olivier qui a vu clair dans mon piètre jeu d'actrice. En même temps, quel espèce d'imbécile ne verrait pas ce qui se trame sous ses yeux aussi clairement. Tout le monde. Sauf le principal intéressé visiblement.

Je les laisse jouer entre eux, n'ayant ni l'envie de continuer la partie, ni celle de prétendre de m'y intéresser et m'allonge de tout mon long dans ce canapé si confortable. Je pianote sur mon écran et envoie un message de réconfort à ma meilleur amie, lui demandant de m'envoyer également un message quand elle sera rentrée.

Je n'aime pas la savoir seule, dans cet état. Et encore moins conduire de nuit sur cette satané route sinueuse et étroite qu'est la Gineste.

Lassée par une soirée encore plus insignifiante qu'elle ne devait l'être de base, je fais défiler l'actualité de ma timeline sur mon écran de téléphone et tape machinalement dans la barre de recherche le nom et prénom de mon entraineur préféré pour me faire encore un peu plus de mal.

A peine la première lettre rentrée dans le moteur de recherche de que sa tête s'affiche déjà dans la petite icone de profil.

Mon doigt survole le petit lien "Demander en ami" en haut à droite de son profil et s'arrête dessus, indécis.

Ethan passe derrière moi à ce moment même et me fait sursauter. Je verrouille mon écran par instinct, le cœur battant.

- Eh bien y en a qui n'ont pas l'esprit très tranquille, on dirait !

Je fais l'innocente mais je sais très bien qu'il sait.

- Dis moi, je peux te parler une seconde ? me demande-t-il l'air pensif.

Je hoche la tète sans un mot et le suis dans le hall d'entrée. Je m'assoie sur la première marche d'escalier qui mène au premier des trois étages de la villa et l'observe.

Ethan s'appuie sur la rampe et prend un air sincèrement contrarié.

- Désolé pour le bisou tout à l'heure. Je te jure, j'aurais largement préféré tester mes talents naturels sur Kim, mais je ... Je ne voulais pas qu'elle pense que je voulais la séduire ou quoi que ce soit maintenant qu'elle n'est plus avec son copain...

Mais comment fonctionne l'esprit masculin ? Sérieusement ?

Outre ma question rhétorique, une énorme étincelle jaillit en moi pour la première fois depuis des lustres et me met assez de baume au cœur pour mettre de côté mon désarroi permanent.

- C'est ce que tu voulais faire ? La séduire ?

Je fais les yeux ronds, surexcitée.

- Non, bien sûr que non, je ne me serais jamais permis !

Je me lève devant lui et prends ses épaules entre mes mains pour les secouer, désespérée par tant de non dit et de faux semblants.

Kim le kiffe et lui la considère d'une telle force qu'il la respecte trop. Qu'attendent-t-ils tous les deux ? Pourquoi rendre une relation si difficile alors que cela coule tellement de source ?

- Elle a envie de penser à autre chose, pas de quelqu'un qui lui rappelle chaque cinq minutes que c'est une petite chose qu'il faut préserver et consoler après la rupture avec son copain...

- De toute façon c'est mon ami Pauline ! rétorque-t-il, contrarié.

- Oh s'il te plait Ethan. C'est ton amie par procuration ! Tu es ami avec Kimberley simplement parce que je suis amie avec elle..

- Ce n'est pas...

Je lève les yeux aux ciels et appuie ma main sur sa bouche pour le faire taire.

Il se gratte la tête, et je sais qu'il n'a ce toc uniquement quand quelque chose le tracasse véritablement.

Cela fait plus d'une semaine que j'essaie de le sonder pour voir ce qu'il pense de Kim en dehors des rapports habituels qu'il entretient avec elle. Une semaine que j'essaie en vain de grapiller la moindre information qui pourrait m'aider à savoir si oui ou non quelque chose est envisageable. Car je ne veux pas donner de faux espoirs à mon amie. 

Mais cela a assez duré, j'en ai assez de passer par quatre chemins. Avec Ethan c'est noir ou blanc, jamais entre deux mesures, et ce n'est qu'en le confrontant à la réalité que j'obtiendrais la réponse dont j'ai besoin.

Cela ne sert à rien de la faire espérer pour rien.

- Tu lui plais, Ethan, je lui avoue enfin, soulagée d'un énorme poids. Maintenant, à toi de voir si c'est réciproque ou non.

Je vois à son air surpris qu'il était loin de se douter de mon aveu et je me demande si j'ai fait le bon choix.

- Je te laisse y réfléchir, l'apostrophé-je pour ne pas le brusquer, plutôt rassurée de le voir aussi indécis et de ne pas me manger un non catégorique.

Je m'excuse auprès de lui et monte à l'étage, prétextant d'avoir besoin de me rafraichir un coup aux toilettes. En réalité, j'ai vraiment besoin de faire une pause pour souffler et me libérer quelques minutes de cette pression sociale qui gravite autour de moi.

Je m'enferme dans la salle de bain de l'étage et m'assois sur le rebord de la baignoire, soulagée que le brouhaha résonnant au rez-de-chaussée ne soit plus qu'un bruit étouffé et distant.

Je déverrouille mon téléphone par la même occasion. Horrifiée, je m'aperçois que ma demande d'amie a été acceptée alors que je ne me souviens même pas être allée jusqu'au bout.

Mon cœur palpite à mesure que je fais défiler les photos qui me sont désormais accessibles. Une fenêtre s'ouvre et Facebook me propose de faire un "coucou" à mon nouvel ami.

Même Facebook a plus d'humour que moi.

A mesure que mes doigts passent en revu les photos que je connais déjà, je tombe sur des photos plus personnelles. Plus dénudées. Plus...
Oh mon dieu.

Je n'arrive pas à en croire mes yeux.

Il s'agit certainement d'un photo shoot qu'il a fait pour un magazine de sport. Les portraits sont sublimes. Il est à couper le souffle. Sa beauté est encore plus magnifiées à travers le logiciel de montage et me frustre à un point inimaginable. La plus belle reste celle où il est de face, suspendu à une corde qui l'oblige à contracter ses muscles pour se hisser à la force des bras. Il porte un blouson en cuir suffisamment déboutonné pour deviner qu'il ne porte rien dessous. Son teint est mat, beaucoup plus mat que ce qu'il est d'habitude, mais le début de l'esquisse de ses pectoraux n'ont pas eu besoin de plus de retouche car ils sont exactement de la façon dont je m'en souviens. Gonflés. Sculptés dans du marbre brut. 

Sa barbe de deux jours est taillée à la perfection, et ses cils sont démesurément long pour être ceux d'un homme. Je me demande si ses cils on été retouchés.. Je n'ai jamais vraiment fait attention à leur longueur à vrai dire. Et ces yeux.... Oh ces yeux...

Une bulle de conversation s'active et mon cœur rate un battement. Mon adrénaline tombe aussi rapidement qu'elle est apparue quand je vois que ce n'est pas lui.

C'est Kim qui m'ordonne de vivre ma vie au lieu de la consacrer sur les réseaux sociaux, ce qui m'arrache un sourire.

Elle a raison, après tout. Ce n'est pas en regardant ces photos satanistes que je vais avancer dans la vie. Il faut que je l'oublie. Pas que je passe mon temps à fantasmer sur ce lien qui n'existe que dans mon esprit.

Je brûle d'envie de lui raconter la petite conversation que je viens d'avoir avec Ethan mais je ne peux pas. Du moins pas tant qu'il ne m'aura pas donné une réponse claire et précise.

Je m'arme de tout mon courage et ferme l'application pour éviter d'en voir davantage et réduire à néant tous mes efforts pour l'oublier. Je me dirige dans la chambre d'Olivier, là où j'ai laissé ma veste et celle d'Ethan. Il est minuit, et à vrai dire, je commence déjà à fatiguer. Avec un peu de chance, il comprendra le message subliminal que je lui adresserai en remuant discrètement sa veste devant lui.

C'est bien ma veine aujourd'hui, me dis je, quand je croise Mathieu déjà affairé à chercher la sienne sous la montagne de vêtements empilés les uns sur les autres de façon aléatoire sur le lit de notre hôte.

Je m'apprête à rebrousser chemin sans faire de bruit pour qu'il ne remarque pas ma présence mais il m'interpelle et ferme la porte derrière moi. 

Je devrais avoir peur car je sais de quoi il est capable, mais je suis tellement remontée contre lui, tellement déterminée à lui tenir tête, que je sais pertinemment que je ne minimiserais pas mon self contrôle s'il entreprend quoi que ce soit qui me contrarie.

Après tout, mon docteur, m'a bien conseillé d'essayer de nouvelles choses et de m'affirmer. Peut être qu'un bon coup de poing dans sa gueule me libèrerait d'un gros poids dans ma poitrine, qui sait ?

- Ethan a eu son bisou, il s'avance vers moi, l'air espiègle. J'en veux un moi aussi ...

Surprise, je laisse échapper un rire qui ne me ressemble absolument pas tant il est aigüe. Sans un mot de plus, je le contourne en l'ignorant et viens récupérer ma veste que j'aperçois sur le sommet de la pile. Il est complètement torché, donc je ne lui en tiens pas compte.

- Tout le monde a le droit de te rouler des pelles mais pas moi ?

- Il ne m'a pas ... 

Je fais la grimace quand je repense au baiser d'Ethan aux penchant incestueux. D'ailleurs, qu'entends-il par "tout le monde" comme si j'embrassais de nouveaux mecs tous les jeudis du mois ?

Devant mon air pensif, il se permet de rajouter:

- Oh fais pas l'innocente. Je vous ai vu avec Chris il y a deux semaines !

Je fronce les sourcils, ne sachant pas quand il aurait pu nous surprendre.

- Dans la cours extérieure. Son corps pressé contre le tien. Sa bouche partout sur toi. Ca ne te dit rien ?

Un flash back des plus réalistes me pétrifie de nostalgie que j'en oublie presque dans quel pétrin je suis. Dans quel pétrin nous sommes.

- Tu veux me faire taire ? Sourit il d'un air faussement enjoué. Embrasse-moi et je n'en parlerai pas.

J'hallucine. Il me fait chanter. Quoi qu'en y réfléchissant, je ne suis même pas étonnée. C'est bien lui : quand il n'obtient pas ce qu'il veut, il se la joue déloyal.

- T'as vraiment envie que j'aille tout raconter à sa femme ?

Il ne ferait pas ça, si ? Je veux dire, n'est-il pas censé être son 'ami' après tout ? Désormais plus rien ne me surprend et je commence à paniquer sérieusement à l'idée qu'il puisse aller jusque là. Sa femme et puis quoi ? La salle de sport et la possibilité qu'il perde son boulot qui lui tient tant à cœur ? Que penserait la direction si elle savait qu'il flirte avec une des ses élèves dans les locaux même de son boulot ?

- Un baiser et tu te la fermes pour de bon, on est d'accord ?

Je n'ai pas d'autres choix que de céder. Avec un peu de chance, il ne s'en souviendra pas le lendemain.

Il acquiesce en souriant en coin.

Je m'assure que la porte soit bien fermée afin que personne ne soit témoin de cette ... scène. Ce que je m'apprête à faire est bien loin des valeurs qui m'ont été inculquées, mais je sais de quoi il est capable ; je l'ai déjà vu à l'œuvre. Je ne veux pas briser la carrière et la vie de Chris, tout simplement. Mon choix est vite fait.

Je ferme les yeux et l'embrasse rapidement sur les lèvres, sans m'y attarder, priant pour que cela lui suffise.

- Oh allez Pauline, je sais que tu peux faire mieux que ça.

Je suis sur le point de riposter quand je le vois hausser les sourcils sur le ton du défi.

Il sourit bêtement quand il voit que je renonce à lui tenir tête et que j'approche mes lèvres des siennes à nouveau. Je déglutis avant de l'embrasser, et tente de me persuader que c'est la dernière fois que cet être perfide me fait chanter.

Je l'entends gémir. Sa voix rauque m'encourage et il me rend mon baiser en plaçant sa main dans mon cou.

Il faut que je me persuade de faire abstraction de tout son être. Il faut que j'arrive à me dire qu'il ne s'agit pas de Mathieu. Qu'il s'agit simplement d'un gars, au physique avantageux, qui me fait des avances déplacées.

Je sens sa main se placer derrière mon dos pour me coller contre lui.

Je l'embrasse en prenant soin de ne pas penser à ce que je fais. Je sens ses lèvres qui me caressent doucement, à mesure qu'il halète de plaisir.

Je sens ses muscles à travers son t-shirt et je tente de me concentrer uniquement dessus.

A la sensation de son corps musclé sur le mien.

J'inspire un bon coup avant de rompre le baiser, jugeant qu'il en a assez profité.

- Tu me détestes, hein Pauline ?

Il se mord les lèvres pour me défier, me faisant réagir de la pire des façons.

- Oui, en effet. Je ne te le cache pas.

Je croise mes bras, n'aspirant qu'à une chose désormais, rentrer chez moi, me brosser les dents et dormir pour oublier cette erreur de parcours.

- Pourtant tu aimes mon corps, je le sens.

Je ne réponds pas à sa petite provocation inutile.

- Allez Pauline, tout ça c'est pour toi.

Je hoquète d'horreur quand je le vois ôter son haut pour se retrouver torse nu devant moi.

Mais qu'est ce qu'il fout ?

Mon regard se pose sur son torse dénudé, instinctivement. Puis reviens sur lui, sans ciller.

Il est bien foutu. Je dois bien l'admettre.

Je n'ai jamais vu des muscles aussi bien dessinés. Ses biceps sont énormes, même au repos. Ses veines saillantes parcourent la totalité de son avant-bras. J'ai horreur de ça, d'habitude. Mais voir ça de mes propres yeux dans un moment de ma vie où je suis aussi vulnérable me pousse à me demander jusqu'où je suis capable de me retenir.

Je vois sa main se balader sur son torse et je ne peux pas m'empêcher de suivre sa progression.

- T'as envie de moi.

- Non, Mathieu, je te déteste, riposté-je fermement.

- Tu peux me détester autant que tu veux, je ne suis pas là pour que tu m'apprécies. Je suis là pour que tu profites de moi. Je suis à toi.

J'ouvre la bouche, complètement stupéfaite par ce qu'il vient juste de me balancer.

Il se rapproche de moi, dangereusement.

Je me recule et pose involontairement ma main sur son torse pour garder une certaine distance entre lui et moi, et il ne trouve rien de mieux que de gonfler au maximum ses pectoraux pour observer ma réaction à travers ses cils.

Douloureusement, je finis par m'avouer à moi-même que ses pecs me rappelle beaucoup trop ceux de Chris. Et ça me met incroyablement mal à l'aise.

- Depuis que j'ai envie de te dépuceler Pauline...

J'étouffe. Trop c'est trop.

Je suis sur le point de le gifler. Il n'a pas le droit de me parler de la sorte. Je ne suis pas sa chose.

Mais au lieu de le gifler, je le contourne en l'esquivant, récupère la veste d'Ethan et tourne les talons.

Il m'attrape le bras pour m'empêcher de partir.

- Lâche-moi ou je crie !

- Je te laisse, Pauline, j'ai juste un dernier truc à te dire.

Il me plaque contre la porte sans que je n'aie le temps de me débattre.

Je sens son corps à moitié nu se presser contre ma poitrine.

Sans plus attendre, il approche sa bouche de mon oreille et me chuchote :

- Je ne veux pas sortir avec toi Pauline. Je sais que tu me détestes. Je veux juste que tu prennes ton pied, une fois avec moi...

Le son roque de sa voix éraillée que j'ai tant l'habitude de détester finit par me procurer des frissons au creux des hanches. Je fais tout mon possible pour les réprimer. Je ferme les yeux pour me calmer et faire abstraction de sa voix suave qui chuchote à mon oreille.

Il poursuit :

- J'ai envie qu'on s'envoie en l'air tous les deux. Je sais que je peux te faire du bien. Je sais que je peux te donner ce que Chris ne peut pas.

Sur ce, je le vois s'éloigner de moi, avant de ramasser son t-shirt, et de quitter la pièce, une bonne fois pour toute.

J'ai le souffle court. Les yeux écarquillés, complètement choquée par la tournure des événements.

Sur le chemin du retour, je suis toujours abasourdie par la proposition indécente de Mathieu.

Et même si, pour le moment, il se contente du baiser que je lui ai donné, qu'est ce qui me dit qu'il ne va pas tout de même balancer Chris ? Voilà que je me mets à paniquer pour de bon.

Il faut que je prévienne Chris. Il ne va certainement pas être ravi, et j'avoue que j'aurais aimé que le sujet de nos retrouvailles porte sur tout autre chose, mais il faut qu'il sache jusqu'où son soi disant pote est prêt à aller pour obtenir ce qu'il veut.

Le lendemain matin, je profite de mon dernier jour de repos de la semaine pour traînasser un peu au lit et me mettre à jour sur mes dernières séries en cours.

Ethan est affairé dans le salon à passer l'aspirateur et faire un peu de rangement. Une vraie fée du logis. Il faudrait peut être que j'aille l'aider... pensé-je, me sentant coupable.

J'enfile mes chaussons et décide dans un premier temps d'aller jeter les poubelles et les derniers cartons. En remontant dans l'allée, je passe par la boite aux lettres et récupère le courrier.

Rien de très intéressant. Des publicités. 

Ah ! Mon bulletin de paye, m'extasié-je comme une gamine. Même si le stage ne paye pas des miles et des cents je suis contente d'avoir un semblant de rémunération et soulager mes parents de la pension qu'il m'envoie chaque mois.

Une enveloppe kraft blanche attire également mon attention. Je connais cette écriture penchée et fine. Mais je ne veux pas m'emballer avant d'en avoir ouvert son contenu.

"Hey Pauline !

Un petit coucou de Corse où il fait beau et chaud ! Te ramollis pas trop pendant que je ne suis pas là, Benjamin m'a dit que tu rates la moitié de tes entrainements..."

Quel traître celui-là alors ! pensé-je en souriant, surexcitée qu'il ait pensé à ma petite carte postale personnalisée.

"...D'ailleurs, j'ai une proposition à te faire si ça te dis, je t'en parle la semaine prochaine à la salle !..."

Mon estomac se tord et mon esprit part dans tous les sens en me demandant bien de quoi il peut bien s'agir.

"Ah au fait, j'ai bronzé, truc de fou, tu ne vas plus me reconnaître ! ;)

Allez bises ma Pau Pau et à bientôt ! 

(...)

Lundi, je fais en sorte de terminer un peu plus tôt le boulot et décide d'aller à la salle même si je n'ai pas d'entrainement aujourd'hui; juste histoire de participer à son cours et le revoir.

Je ne sais pas si c'était une bonne idée, mais quand je l'aperçois sur l'estrade, une bouteille d'eau à la main, mon cœur bondit dans ma poitrine comme si c'était la première fois que je le voyais.

Il me m'a donc pas menti.

Il est sublime, encore plus beau que dans mes souvenirs. Son teint hâlé est à couper le souffle. Son bronzage le rend encore plus sexy qu'il ne le devrait et toute la salle est certainement de mon avis quand je vois déjà quelques jeunes femmes en train d'essayer d'obtenir son attention.

Quand son regard croise enfin le mien, je suis incapable de bouger. Mon cœur se brise en mille morceaux à mesure que tous les souvenirs que nous avons partagés ensemble que j'ai voulu enfouir au plus profond de moi refont surface en un instant.

Dans ma tête, je me suis déjà jetée dans ses bras et ai entouré mes cuisses autour de sa taille. Ma tête s'est nichée dans le creux de son cou, apaisée par son parfum si familier. Ses bras m'enlacent et me soutiennent fort contre lui si bien que j'ai du mal à respirer, ce dont je ne me plains pas.

Nos retrouvailles se passent largement de mots. Son contact, sa présence est bien assez suffisante pour combler le manque qui m'habite et qui m'a hanté pendant ces quinze derniers jours.

Dans la réalité, eh bien... ce n'est pas exactement la même chose ...

Je détache mon regard du sien, perturbée par la violence avec laquelle ces fantasmes refoulés défilent sous mes yeux et pars rejoindre ma place au fond de la salle en manquant de me prendre une altère dans la cheville et de m'étaler de tout mon long.

Je le vois se mordre les lèvres pour ne pas exploser de rire.  

Il se moque l'enfoiré !

Ca fait un mal de chien mais je ne peux pas m'empêcher de lui sourire à mon tour d'une fausse moue boudeuse et lui fais discrètement un doigt d'honneur.

Il ouvre grand sa bouche et feins l'indignation avant de poser sa main sur sa poitrine ironiquement, à l'endroit même où bat son cœur.

La jeune fille devant moi se retourne et avant même qu'elle ait le temps d'intercepter mon regard, je fais mine de pianoter sur mon téléphone.

Il faut que je lui dise. Il faut que je lui dise tout. Le chantage de Mathieu. Son comportement complètement inapproprié vis à vis de moi. Mais surtout, je veux lui dire à quel point il m'a manqué.

J'attends impatiemment la fin de son cours pour l'intercepter et lui parler.


•••♦♦♦•••

NDA

Salut Salut ! :D

Bon, comme vous pouvez le voir, Pauline n'est pas vraiment pas au top de sa forme depuis que Chris est parti.

Il ne manquait plus que Mathieu pour en rajouter une bonne couche...

Comment vont se passer la suite de leur retrouvailles à votre avis ? Croyez-moi, nous n'êtes pas prêt ;') ça risque d'être épique ! 

( petit indice -> cela implique une douche x)  mais chuuut j'ai rien dit ^^)

J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d'année et je vous souhaite mes meilleurs vœux pour 2021,

Marie ♥ 

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