La Saga des Syrès : Dévastati...

By NadegeFil

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Depuis des siècles, Morad erre sur Terre à la recherche de celle qu'il a perdue. Elle lui avait promis qu'ell... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Épilogue

Chapitre 5

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By NadegeFil

« Il faut toujours viser la lune car même en cas d'échec

on atterrit dans les étoiles. »

-Oscar Wilde

Au-dessus des Champs-Élysées, des ombres denses de couleur vert forêt s'élevaient. Elles étaient si immenses que la rue au complet était plongée dans la pénombre malgré le soleil éblouissant de la journée.

Puis, le même phénomène se poursuivit au-dessus de tous les arbres de Paris, plongeant la ville dans les ténèbres.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Paige.

- Ce sont les Imit'his, répondit Morad en scrutant le paysage.

Encore une fois, son flegme laissa Cléophée ébahie.

- Les esprits des arbres ? s'étonna-t-elle.

Amiel avait daigné ouvrir les yeux et observait la scène, horrifié.

- Pourquoi font-ils cela ? demanda-t-il. Ils n'entrent jamais en contact avec les humains.

- Ils se révoltent, répondit Morad comme si c'était évident.

Amiel, Cléophée et Paige le dévisagèrent, pensant d'abord qu'il blaguait, mais devant son air grave, ils durent reconnaître qu'il était tout ce qu'il y a de plus sérieux.

- Lorsque j'étais enfant, commença Morad, une vieille prophétie prédisait qu'un jour, les humains ne respecteraient plus la nature et que celle-ci se réveillerait et entrerait en guerre contre eux, provoquant l'apocalypse, c'est-à-dire la fin du monde humain.

Cléophée, catastrophée, posa la main sur sa bouche pendant que Paige écarquillait les yeux d'horreur et qu'Amiel ouvrait la bouche, consterné.

- Les Syrès ont toujours été respectueux envers l'environnement, ajouta Morad. Je sais qu'à Céfir, vous prenez soin de la nature et des arbres, alors vous n'avez rien à craindre. Par contre, nous devons partir d'ici le plus rapidement possible.

- Et laisser les humains mourir ? s'indigna Cléophée. Nous devons les aider.

Morad la fixa, puis affirma :

- Pour l'instant, nous ne pouvons rien faire pour eux.

Cléophée s'apprêtait à protester lorsqu'une forte bourrasque la happa. Ce n'était pas une bourrasque ordinaire. Elle se sentit brusquement poussée et, avant même d'avoir pu s'accrocher à quelque chose, elle bascula par-dessus la rambarde en poussant un cri perçant. Les secondes qui suivirent, elle se sentit tomber dans le vide, puis une main l'attrapa, et une force l'aspira, lui coupant le souffle. Tout tournoya autour d'elle puis, alors qu'elle était sur le point de suffoquer, elle fut libérée et tomba...dans l'eau. On lui tenait toujours le poignet et on la tira vers le haut où elle put enfin reprendre une grande bouffée d'air. En ouvrant les yeux, la jeune fille fut un instant éblouie par les rayons du soleil qui se reflétaient comme des étoiles sur l'immensité de l'eau. Puis, elle aperçut Morad, aussi trempé qu'elle.

- C'est la première fois que je rate mon arrivée, pesta-t-il. Je visais la passerelle. Ta chute de la tour Effel m'a quelque peu déconcentré.

Il lui lâcha le poignet et commença à nager vers une passerelle à quelques mètres d'eux, quasi-imperceptible à l'œil nu. Elle était composée de cristal transparent, et se dressait au beau milieu de l'océan. Elle paraissait si longue que Cléophée n'apercevait pas son extrémité.

- Ne me lâche pas ! S'écria celle-ci, qui recommençait à caler et à se débattre pour rester à la surface.

- Qu'est-ce qui te prend ? lui demanda Morad en attrapant son bras.

Il l'aida à se hisser sur la passerelle.

- Je...je ne sais pas nager, balbutia Cléophée en se remettant debout.

Morad, qui pensait avoir tout entendu au cours de sa vie, la dévisagea, les yeux grands comme des soucoupes, ce qui fit rire la jeune Syrès.

- L'apocalypse te laisse de marbre, mais le fait que je sois incapable de nager te saisit ?

- Tu es une Syrès et tu ne sais pas nager ? C'est une blague ?

Sa compagne secoua la tête de gauche à droite.

- Je t'ai dit que je détestais l'eau. Lorsque j'étais enfant, je ne voulais pas m'en approcher. Mes parents ont essayé de m'y forcer, mais je piquais de grosses crises et ils ont abandonné. Et en grandissant, je me suis mis à éviter de m'approcher des cours d'eau, alors je n'ai jamais appris à nager.

- C'est...inhabituel, fit Morad en repoussant ses cheveux vers l'arrière.

- Où sont Paige et Amiel ? demanda soudain Cléophée, s'apercevant tout à coup qu'ils n'étaient pas là.

- J'essayais de t'empêcher de t'écraser en bas de la tour Effel, répliqua Morad. Je ne pouvais pas tout faire en même temps. Je retourne les chercher.

Il disparut à ce moment, ce qui lui fit un drôle d'effet. À peine trente secondes plus tard, il était de retour avec Paige et Amiel. Ils atterrirent tous les trois sur la passerelle. Amiel eut un haut-le-cœur et mit quelques instants à s'en remettre.

- Plus jamais... fit-il en haletant.

Paige, qui paraissait avoir mieux subi la téléportation, leur annonça de but en blanc :

- Nous avons eu de la chance de nous trouver en haut de la tour Eiffel. La Seine est sortie de son lit et Paris ressemble à...Venise. Les rues ont été englouties au grand complet. Seuls les édifices les plus hauts ont été épargnés.

La Semi-Syrès semblait abattue. Elle vivait dans cette ville depuis déjà un bout de temps et de voir Paris dévastée de la sorte l'affligeait énormément.

- Comment est-ce arrivé ? interrogea Cléophée.

- Les Omi's, répondit Morad. Les esprits de l'eau se sont également rebellés. Ils contrôlent les cours d'eau. Je suppose que vous avez vu l'eau du fleuve s'élever dans les airs, puis s'abattre d'un seul coup.

- Exactement, acquiesça Amiel. C'était assez spectaculaire. Horrible, mais spectaculaire.

Horrible n'était pas un mot assez puissant pour décrire ce qui s'était passé. Paige était traumatisée ; elle avait vu disparaître, les voitures, les piétons, les autobus...Elle n'entendit pas Cléophée demander :

- Que pourrait-on faire pour aider ces gens ?

- Pas grand-chose. Ils ont eux-mêmes choisi leur destin.

La jeune Syrès resta pétrifiée par le manque d'empathie de Morad.

- Tu te fiches peut-être de leur sort, mais pas moi ! éclata-t-elle.

- Je suis seulement réaliste, répondit-il en lâchant un soupir.

- Ramène-moi là-bas !

- Non.

Morad et Cléophée se défièrent du regard.

- Dans ce cas, je pars, annonça-t-elle en se retournant.

Elle commença à marcher dans une direction inconnue en suivant la passerelle.

- Il n'y a que moi qui puisse permettre de sortir d'Atlansìa, déclara Morad.

Ils se trouvaient à Atlansìa ? Cléophée s'immobilisa et scruta les environs pour la première fois depuis qu'elle était arrivée. Une grande étendue d'eau cristalline dominait le paysage, passant par les différents tons de turquoise et de saphir à l'endroit où c'était plus profond. L'interminable passerelle de cristal semblait flotter sur l'onde. Elle aurait pu paraître presqu'invisible si le soleil ne l'avait pas fait briller comme un diamant. En regardant vers la gauche, elle conduisait jusqu'à une immense maison sur pilotis tandis que dans l'autre sens, elle se rendait jusqu'à un regroupement de petites demeures construites de la même façon. La passerelle se poursuivait bien au-delà de cette vue paradisiaque jusqu'à une ville lointaine dont Cléophée ne percevait que le sommet des édifices.

Malgré son aversion pour l'eau, la jeune Syrès dut reconnaître qu'Atlansìa était magnifique.

- Comment part-on ? demanda-t-elle. Nous devons aider les humains.

Morad lui adressa un petit sourire taquin et répondit :

- Avec moi. Mais pour l'instant, personne ne part. Vous êtes en sécurité, ici.

Cléophée s'apprêtait à riposter lorsqu'Amiel la coupa :

- Ça suffit, Cléo ! Morad vient clairement de te sauver la vie, alors tu devrais te taire et le remercier. Nous repartirons à Céfir lorsque nous serons remis de nos émotions.

Morad fit un signe de tête d'approbation, et Cléophée se sentit soudain abandonnée. Son ami, qui l'avait toujours épaulée depuis leur enfance, même lorsqu'elle faisait des bêtises, venait de la rembarrer, devant Morad en plus. Elle se sentait humiliée !

- Arrête de bouder, ajouta Amiel, tu sais que le mieux pour le moment c'est de rester ici. Nous ne savons même pas si les esprits de la nature ont attaqué ailleurs dans le monde.

- J'ai bien peur que oui, répondit Morad d'un air désolé. Owel vient de m'envoyer un message télépathique. Il dit que les villes humaines voisines de Northwel n'existent plus. Les esprits ont protégé la cité, mais pas le reste.

- C'est affreux ! s'exclama Paige. Il doit bien y avoir quelque chose à faire pour empêcher cela.

- Peut-être...admit Morad. Owel a convoqué d'urgence les souverains de toutes les cités Syrès à Northwel. Je dois m'y rendre demain afin de discuter de la situation.

- C'est impossible pour les autres Syrès de faire le voyage en aussi peu de temps, affirma Amiel.

- Effectivement, c'est pourquoi Bess et moi allons les escorter jusqu'à Northwel. Je partirai très tôt demain matin.

- Je viens avec toi, annonça Cléophée, qui était resté silencieuse pendant leur échange. J'ai le droit de m'y rendre, moi aussi. Je suis la princesse de Céfir.

Morad l'observa en silence, puis hocha la tête.

- Pour l'instant, nous devrions nous reposer, proposa-t-il. Je vous emmène chez moi.

Un quart d'heure plus tard, ils se trouvaient dans le salon de Morad autour d'un thé chaud. Aucun d'entre eux ne parlait ; tous semblaient perdus dans leurs pensées. Cléophée avait communiqué avec ses parents et les avaient avisés qu'ils étaient en sécurité à Atlansìa et, même en pensées, elle avait entendu sa mère exploser de rage en apprenant où sa fille se trouvait. Lorsque celle-ci lui avait appris que Morad lui avait sauvé la vie, elle s'était calmée...un peu.

- Il y a deux chambres au deuxième étage, dont la mienne, les informa Morad. Au rez-de-chaussée, il y a une chambre d'invitée avec grand lit.

- Paige et moi prendrons la chambre d'invités, répondit Amiel en coulant un regard langui vers Paige, qui avait l'air enchanté.

Cléophée retint un soupir, puis se leva.

- Je vais me coucher, annonça-t-elle.

Morad se leva également.

- Je vais te montrer la direction, lui dit-il en se dirigeant vers la sortie. Bonne nuit à vous !

Cléophée lança un regard noir à Amiel pour lui signifier qu'elle n'était pas satisfaite de sa décision, puis emboîta le pas à Morad. Elle le suivit dans un grand corridor dont les murs étaient peints d'une teinte de turquoise claire. Le plancher était en marbre blanc veiné et de grandes fenêtres donnaient la vue sur une ville lointaine qui n'avait rien en commun avec celles des humains. Morad les conduisit dans un grand escalier spiralé et ils atteignirent enfin le troisième étage.

- C'est ici, l'informa Morad. Il y a une chambre attenante à la mienne avec sa propre salle de bain.

- D'accord. Merci.

Cléophée s'apprêtait à entrer dans la pièce, mais Morad la retint par la main et plongea ses yeux émeraude dans les siens.

- Nous devons parler, dit-il.

- Demain, répliqua-t-elle sèchement. Je suis fatiguée. Bonne nuit !

Et elle lui ferma la porte au nez.

Avec un sourire aux lèvres, elle trottina jusqu'à la salle de bain, en passant devant une grande baie vitrée offrant une vue incroyable de l'étendue d'eau au clair de lune. Elle s'arrêta un instant et fixa la plus scintillante des étoiles dans le ciel en poussant un soupir.

- Parfois, on regarde le ciel, on fixe une étoile, et on pense à une personne. C'est ça, le manque.

Cléophée bondit au son de la voix et faillit s'étaler par terre. Elle plaça une main sur son cœur ; il battait si fort qu'elle eut l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine.

Morad était juste derrière elle.

- Pour une Syrès, tu n'as pas l'ouïe très développée, remarqua Morad. Je pensais que tu m'avais entendu arriver.

Il s'était probablement téléporté, car Cléophée avait pris soin de verrouiller la porte de la chambre. Elle se rendit compte, un peu trop tard, que c'était parfaitement inutile.

Elle avait tendance à tomber facilement dans la lune et à être distraite.

- Je veux être seule, dit-elle en s'efforçant de retrouver son calme après la peur qu'il lui avait faite.

La jeune fille continuait à fixer le ciel. Elle perçut le mouvement de Morad derrière elle et sut qu'il se rapprochait.

- Pourquoi es-tu si taciturne ? lui demanda-t-il en posant une main sur son épaule. Est-ce à cause de notre discussion de ce matin ?

En effet, depuis ce moment-là, elle se sentait d'humeur morose.

- Je...peut-être, avoua-t-elle.

Morad la retourna doucement afin qu'elle se retrouve face à lui.

- Je sais à quoi tu penses, lui dit-il, et je veux te préciser que j'ai fait mon deuil de Donoma il y a des années. Je ne peux oublier tous les bons moments que j'ai vécus avec elle, mais le passé est le passé. Je suis prêt pour autre chose.

Cléophée écarquilla les yeux, hébétée.

- Tu peux lire dans les pensées ? s'étonna-t-elle.

- Oui, mais pas dans les tiennes, répondit-il très sérieusement.

- Ah non ? Et pourquoi ?

- Je l'ignore, mais je peux ressentir tes émotions. Et je perçois de la mélancolie depuis ce matin, au lieu de l'euphorie qui t'habite habituellement. Hier, tu étais excitée à l'idée de visiter Paris, et aujourd'hui, tu semblais avoir la tête ailleurs. N'ai-je pas raison ?

- Je pensais que tu étais fâché contre moi à cause de l'évocation de Donoma.

Son compagnon eut un petit sourire triste.

- Je ne le suis pas, mais je risque de le devenir si tu continues à être aussi irascible. Tu n'as pas à être jalouse d'elle, Cléophée. Ni de Paige. Amiel et elle ont eu un coup de foudre. Ça arrive de temps en temps.

Cette faculté à discerner ses émotions la mettait mal à l'aise, et elle baissa la tête, troublée. Morad lui releva le menton et fixa les iris incroyablement bleus de la jeune fille.

- N'hésite jamais à me faire part de tes craintes, lui dit-il. La communication est importante, encore plus entre nous.

Était-il en train de lui dire que leur relation venait de dépasser le stade d'amis ?

- C'est drôle, avoua Cléophée, j'ai l'impression de te connaître depuis plus longtemps que deux jours. C'est comme si nous étions...

Elle s'apprêtait à dire que c'était comme s'ils étaient faits l'un pour l'autre, mais elle aurait ressemblé à une jeune adolescente éprise d'un inconnu, si elle reprenait le terme « adolescente » de sa tante Stéphanie. Celle-ci l'agaçait souvent en lui disant qu'elle ressemblait à l'adolescente qu'était Bess plusieurs années auparavant, et Cléophée devina que ce n'était pas un compliment, du moins pour Bess.

Morad attendit que la jeune Syrès termine sa phrase, mais celle-ci resta silencieuse.

- C'est comme si nous étions destinés à nous rencontrer, compléta-t-il à sa place. Je suis certain que ce n'était pas un hasard si Amiel et toi êtes entrés dans le bistro où j'étais attablé quelques jours plus tôt.

Cléophée hocha la tête et étouffa un bâillement qui n'échappa pas à son compagnon.

- Je t'ennuie ? fit-il avec une lueur de malice dans le regard.

- Non ! s'exclama-t-elle, ce qui le fit sourire, car les yeux de la jeune fille peinaient à rester ouverts.

Il l'attira doucement vers le lit et l'aida à s'allonger.

- Je vais te border, plaisanta-t-il en s'assoyant à ses côtés.

Cléophée ferma les yeux en sentant une caresse dans ses cheveux et sombra dans un sommeil agité.

Cette nuit-là, elle ne rêva ni de Donoma, ni de Morad. Elle voyait les Imit'his s'élever, sortir de leur corps physique, les arbres, et, mêlés aux esprits du vent, les Eldre's, ravager tout sur leur passage, tout ce qui était humain. Les O'mis provoquaient des raz-de-marée, engloutissaient les villes les unes après les autres, et les esprits du feu, les Flem's, réveillaient les volcans depuis longtemps endormis. L'enfer était sur terre !

- Non ! murmura Cléophée dans son sommeil. Ne faites pas ça !

- Cléophée ! entendit-elle d'une voix lointaine. Réveille-toi.

La jeune Syrès émergea de son rêve, essoufflée et toute en sueur. Morad l'observait, inquiet.

- Ça va ? lui demanda-t-il. Je t'entendais parler. Tu semblais...paniquée.

- Je...j'ai vu ce qui allait se passer sur Terre, répondit-elle en se redressant. Ils vont tout détruire...

- J'en ai bien peur.

- Nous devons faire quelque chose.

Morad l'observa d'un air grave.

- C'est pour cette raison qu'Owel nous a convoqués à Northwel. Tu devrais essayer de te rendormir. Il est encore tôt.

La jeune Syrès regarda en direction de la fenêtre. Le ciel était encore sombre, mais le crépuscule commençait à teinter l'horizon. Puis, ses yeux se posèrent sur Morad, qui était vêtu d'un long peignoir indigo. Cléophée, quant à elle, avait dormi habillée. Elle n'avait pas de vêtements de rechange. Tout était resté dans l'appartement de Paige, qui devait désormais ressembler à un aquarium.

- Je n'ai plus sommeil, dit-elle en rencontrant les yeux de Morad. Je suis incapable de dormir en songeant à ce qui ce passe actuellement dans le monde des humains.

- D'accord ! fit-il. Dans ce cas, tu trouveras des vêtements dans la penderie. J'ai déjà eu une invitée qui avait ta taille et elle a oublié quelques morceaux.

- Je ne voudrais pas...

- Ne t'en fais pas. C'était il y a plus de cinquante ans. Ils sont probablement démodés, mais je ne crois pas que tu fasses de défilé de mode de toute façon.

Cléophée n'était pas d'humeur à rire, mais émit tout de même un infime sourire. Morad s'apprêtait à se lever, mais la jeune fille posa la main sur la sienne.

- Veux-tu rester avec moi ? lui demanda-t-elle. Je n'ai pas envie de demeurer seule avec mes sombres pensées.

Morad hésita quelques instants. Il ne voulait pas forcer leur relation et préférait prendre son temps, mais les yeux de Cléophée brillaient d'effroi, et il accepta. Elle lui fit un peu de place, et il s'étendit à ses côtés, sans toutefois la toucher. Il sentait sa chaleur, son odeur, et dut prendre sur lui pour ne pas se rapprocher trop près. Cléophée, quant à elle, aurait bien aimé l'enlacer pour y trouver du réconfort. Elle s'efforça de respirer normalement et fixa le plafond.

- Tu dois préférer les maisons de Céfir, remarqua Morad. Tu peux y voir l'extérieur.

- Oui, mais on se lasse rapidement des stalactites de cristal. Chaque jour, ils sont identiques, tandis que le ciel change constamment. Parfois les étoiles brillent intensément et d'autres fois, elles se fondent dans la nuit.

- As-tu déjà vu une étoile filante ? lui demanda Morad.

Filante ? Cléophée n'avait aucune idée de ce que c'était.

- Non, répondit-elle en espérant qu'il allait l'éclairer sur ce phénomène.

- C'est un météoroïde qui traverse l'atmosphère et qui laisse une traînée lumineuse dans le ciel. Le phénomène se produit en un clignement d'yeux. On se demande même parfois si on a rêvé.

- Ce doit être magnifique.

- Un jour, je t'emmènerai à l'extérieur et nous dormirons à la belle étoile. Tu en verras certainement une.

Un sourire éclaira le visage de Cléophée et elle en oublia pendant un moment son cauchemar. Morad avait envie de la consoler en lui disant que tout irait bien pour les humains, mais il savait que ce serait un mensonge. Ils auraient besoin d'une aide divine pour se sortir de cette situation. 

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