Chapitre 2

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« Il est grand temps de rallumer les étoiles »

-Guillaume Apollinaire

Malgré son attitude réservée, Cléophée était enchantée de découvrir Paris. Plusieurs années auparavant, elle avait trouvé des informations sur cette ville dans la grande bibliothèque de Céfir et, depuis ce temps, elle rêvait de visiter ce lieu si captivant. Passionnée par l'histoire, la jeune Syrès avait beaucoup étudié l'origine des êtres vivants depuis les toutes premières espèces sur la Terre. Elle connaissait bien l'histoire du peuple Syrès, depuis l'engloutissement du Continent de Mu jusqu'à aujourd'hui. Par la suite, elle avait étudié les humains, qu'elle trouvait captivants. Elle avait beaucoup lu sur leur évolution, du temps des Égyptiens, des Romains, des Grecs, jusqu'à la Renaissance et les premières colonisations de l'Amérique. Pourtant, elle n'avait pas pu en découvrir plus dans les livres, dont l'histoire s'arrêtait au XVe siècle. Elle avait également posé plusieurs questions à sa mère, qui avait longtemps vécu parmi les humains. Celle-ci s'intéressait peu à l'histoire, mais lui relatait souvent comment ils vivaient, leurs coutumes et leurs habitudes de vie. Bess lui avait d'ailleurs raconté tous les contes de fée des frères Grimm, assise devant le foyer de leur demeure à Céfir. Cléophée avait de très bons souvenirs de cette époque.

Malheureusement, les années avaient passé et la jeune Syrès ne voulait plus seulement lire des histoires ; elle voulait les vivre.

En début d'après-midi, alors que Morad achetait leurs billets, Amiel avait pris Cléophée à part et lui avait chuchoté :

- Fais-tu vraiment confiance à cet individu ? Je ne sais pas pourquoi, mais il a un côté sombre et ténébreux qui me fout les jetons.

Amiel avait beau avoir habité toute sa vie à Céfir, il avait les mêmes expressions que sa mère, Stéphanie, qui, elle, était tout à fait humaine et la meilleure amie de Bess.

- Maman le connait, répondit Bess.

- Et elle n'a pas l'air de l'apprécier. Tu devrais peut-être t'informer un peu plus sur lui...

- Mon intuition me dit qu'on peut se fier sur lui.

- Ton intuition ? La même qui a nous a emmené sur le haut de la montagne la semaine passée ? Et qui nous y a coincés à la tombée de la nuit ?

- Arrête de faire ton rabat-joie, le coupa Cléophée, qui sourit tout de même au souvenir qu'il avait évoqué.

Cléophée aimait prendre des risques, tandis que son cousin représentait la raison et la sécurité. Ensemble, ils formaient le yin et le yang, le doux équilibre. Jamais personne ne remplacerait leur complicité. Cléophée n'avait d'ailleurs aucune amie fille. Elle était incapable de supporter leurs minauderies. C'était comme un concours parmi les Syrès de son âge pour savoir qui arriverait à gagner l'amitié de la princesse. C'est pourquoi Cléophée les évitait et passait tout son temps avec Amiel...ou les livres.

La jeune fille ignorait pourquoi, mais elle avait l'impression qu'elle pouvait faire confiance à Morad. Bien qu'il l'intimidât quelque peu à cause de son air assuré et imposant, elle se sentait en sécurité avec lui. De plus, une forte attraction physique l'attirait vers lui et lui donnait envie de se blottir dans ses bras. Elle devait être folle, car elle lui aurait confié sa propre vie même si elle ne le connaissait pas.

Amiel n'avait pas vraiment l'air d'apprécier Morad, mais il se tut car celui-ci revenait avec leurs billets.

Ils embarquèrent sur un bateau-mouche, comme on le surnommait, et naviguèrent sur la Seine. Cléophée mit un moment à se détendre, mais lorsqu'elle s'aperçut que c'était sans danger, elle se permit d'admirer la vue. Comme Morad l'avait mentionné, ils aperçurent beaucoup de bâtiments historiques, dont une grande cathédrale.

La Saga des Syrès : Dévastation ( tome 3) (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant