THUNDER

By IBGY-T

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Le tonnerre qui déchire ses nuits Ken Samaras / Dinah Duval Tome 1 : Thunder (terminée/ correction en cours)... More

Prologue
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Épilogue
Bonus 01
Bonus 02
Erreur 404
Bonus 03

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By IBGY-T

Et ce qui perle sur mon front 
Gouttes de pluie, gouttes de froid 
Donne des ailes, donne dont 
L'envie de m'éloigner de toi 
Et mes larmes, et mes armes 
Sont ma peine, ma peine plus que la haine 
Et mes larmes, mes larmes 
Dieu que j'ai mal

Je m'en vais

Il me sert fort contre lui. M'emprisonne de ses bras. Parce que c'est une prison. Son amour pour moi, mon amour pour lui. Sa respiration calme, chatouille mon cou. Je respire son odeur, alors qu'il est endormi contre moi. Je profite du silence, du calme, de la chaleur de son corps. Quand je me relèverai tout ça aura disparue. J'ai peur. C'est pour cela que je repousse le moment.

Délicatement, je passe ma main sur son visage. Je tente d'ancrer ses traits dans mon esprit. Mais la mémoire est frivole, ses traits finiront par disparaître.

Qu'est-ce que moi sans lui ?

Mais rester serait pire. C'est pour ça que je m'en vais. Je le sens, le moment est arrivé. Maintenant, sinon je ne partirais pas. Je dois partir.

Par moment dans la vie, on fait des choses qu'on n'a pas envie de faire. On les fait parce qu'on doit le faire, parce qu'on a besoin de les faire. Alors non, je n'ai pas envie de quitter la sérénité qui m'étreint quand il me tient.

J'ai peur.

Où est-ce que je vais aller, qu'est-ce que je vais faire ? Je n'ai pas les réponses à ses questions. Une simplement certitude. Celle que je dois partir. À contrecœur, je me relève le plus doucement possible. Je ne veux pas qu'il se réveille. S'il se réveille, la crise qui en découlera sera moche, violente. Je n'ai pas besoin de ça.

C'est lâche.

Mais je ne suis jamais considérée comme quelqu'un de courageux. Encore que. J'ai eu la force de lui dire tout ce que je pensais. Il n'y a plus de non-dit entre nous. Pour la première fois, j'ai été parfaitement honnête avec lui et c'est aussi la fois où je pars.

Je me rhabille de le couloir, à la lumière des lampadaires de la nuit. Les volets sont encore ouverts.

Ça n'aurais pas dû se passer comme ça. Dans mon imagination, on passait des années à se chamailler pour un oui ou pour un non. Dans mon imagination, on passait des semaines enfermés dans ma maison en Indre et Loire à construire son troisième album. Il entrait dans ma zone, dans ma bulle et c'était parfait.

En rassemblant le reste de mes affaires, je tombe sur sa chaîne. Elle est cassée, mais le crucifie ainsi que la bague son toujours en place. Lui rendre la croix est la chose normale à faire. Mais la bague. Je peux pas la garder. Se serait un retour en arrière. Avec le psy, on a parlé pendant des heures de Chris, de notre relation, de ma culpabilité.

J'ai laissé Chris d'arrière moi. Je ne peux pas garder la bague.

J'ai donné cette bague à Ken. Comme un engagement, une promesse. En la laissant aujourd'hui, c'est une autre promesse que je lui fais. Celle de n'aimer personne d'autre comme je l'aime. En déposant la croix ainsi que la bague sur le plan de travail, j'espère qu'il le comprendra de cette manière.

Au pire, il pourra la revendre. C'est un vrai diamant de trois carats, il peut en tirer au moins trente mille euros.

J'enfile ma veste et sort de l'appartement avec ma valise déjà faite. Le uber que j'ai commandé est devant l'immeuble quand je passe la porte. Le conducteur me dit bonsoir, d'une voix douce. Je secoue positivement la tête en réponse.

Je ne sais pas à quoi, je ressemble, mais sans doute pas à grand chose. Le conducteur lance plusieurs regards dans son rétroviseur pour m'observer. L'insistance des coups d'œil me fait regarder à mon tour derrière moi.

-Qu'est-ce qui se passe ?

-J'veux pas vous faire peur mademoiselle, mais y a une voiture qui nous suit depuis tout à l'heure.

Je me retourne plus franchement vers la plage arrière. Deux voitures derrière nous, je reconnais la berline de Ken. Noire, discrète. Pour un mec qui se dit pro-écolo, ce choix a toujours été un mystère. Sans doute un reste de l'époque où il n'avait pas une tune.

Mon cœur bat vite. Je ne veux pas de la confrontation. Ce sera violent, douloureux. Alors non, il n'est pas question que je m'impose ça. J'en ai pas besoin et il ne mérite pas que je fasse l'effort.

-Est-ce que c'est possible, de me déposer dans le garage, plutôt que dans la rue.

-Bien sûr madame. Si vous avez besoin d'aide, je peux vous déposer dans un commissariat.

-Non, rien de grave, juste une rupture un peu trop douloureuse.

-Ah, la jeunesse

Il me jette un sourire pour me rassurer. Je lui réponds autant que possible. Il s'agit plus d'une grimace.

Le trajet jusqu'à chez moi est bien plus rapide que ce que j'avais espéré. J'ai peur. Une fois que nous entrons dans le garage, j'indique au chauffeur l'endroit où se trouve ma voiture. Dans sa très grande générosité, il m'aide à déplacer ma valise de sa voiture à la mienne. En remerciement, je lui annonce que pour sortir du garage, il suffit de se présenter devant la porte. La clé n'est nécessaire que pour entrer. Je lui promets également de laisser un commentaire positif ainsi que quatre étoiles sur l'application.

Je l'observe partir en premier, avant de rentrer dans ma voiture. Je ne sais toujours pas où est ce que je vais aller. L'Indre et Loire, c'est mort parce que c'est le premier endroit où ils vont venir me chercher. Et puis même il me faut un lieu où je puisse continuer le travail sur moi.

J'ai peur que la peine que je ressens face à la trahison de Ken, ne m'entraîne à nouveau au plus bas. Et en même temps, j'ai cette presque certitude que ce ne sera pas le cas. J'ai bien trop de fierté pour accepter de me laisser abattre par un homme. Même si c'est Ken.

Toutes à mes réflexions, je démarre la voiture et commence à sortir de ma place de garage. Je remonte tranquillement l'allée quand en sens inverse la berline entre à son tour dans le parking. Immédiatement, la panique m'assaille. Plus encore quand je le vois sortir de sa voiture.

Il ne porte qu'un bas de pyjama et ses nikes, qu'il aime tant, alors que les semelles sont décollées. Ses cheveux sont dans tous les sens, son regard à l'affût. Alors qu'il s'approche de la voiture, j'ai le réflexe d'activer le verrouillage automatique des portes.

Une de ses mains s'abat sur la vitre de la portière alors que l'autre s'acharne sur la poignée. Son regard n'est pas juste à l'affût, il est comme fou.

-Dinah ouvre cette portière.

Je secoue la tête en signe de négation priant pour que la porte du garage s'ouvre plus vite. Comment est-ce que ça peut s'ouvrir aussi lentement, c'est ridicule.

-Dinah ouvre la portière. Tu peux pas me quitter, je secoue à nouveau la tête. Ouvre la portière s'il te plaît. Tu veux que je te supplie ? Je t'en supplie ouvre la portière. Ne me quitte pas, pas comme ça. Pas sans me laisser une chance.

Des larmes commencent à coller sur mes joues. Je les essuie d'un revers de la main, le regard fixé sur la porte de garage qui continue de s'ouvrir de la manière la plus lente qu'il soit. Face à mon refus de le regarder dans les yeux, sa main s'abat encore plus fortement contre la vitre. La force du coup me fait sursauter.

-Je t'aime Dinah. À en mourir. Si tu pars ça va me détruire, tu peux pas partir. Je t'en supplie ne part pas. Je ferais ce que tu veux. J'arrête tout, le rap, le label, tout. Si tu veux partir, je pars avec toi. Ouvre la portière. Ce que tu veux, mais ne me quittes pas.

La lumière clignote toujours orange. Merde, je crois que c'est le diable qui a inventé cette porte. Désormais, se sont des torrents de larmes qui s'écoulent de mes yeux. J'ai chaud et froid en même temps. J'ai surtout désespérément envie d'ouvrir cette portière, mais je peux pas.

Si je reste, c'est moi que ça va tuer.

Ça aussi, c'est une certitude.

À l'instant où la petite lumière passe au vert, je démarre la voiture en trompe. Sur le boulevard, je reprends ma respiration. Un court instant seulement. Il est là. Derrière la voiture courant comme un dératé au milieu de la route. Contrairement à ce qu'il dit, malgré son grand cœur, il a un bon cardio. Il est rapide. L'énergie du désespoir, ils disent. A tel point qu'au feu rouge, il finit par rattraper la voture, il frappe contre le pare-brise arrière. Contre ma propre volonté, je jette un regard dans le rétroviseur et nos regards se croisent.

La peine que je lis dans le sien est insoutenable. Indescriptible. D'une intensité que je ne savais pas exciter.

À nouveau quand la lumière passe au vert, je mets un coup d'accélérateur. À nouveau, je regrette de lancer un coup d'oeil dans le rétroviseur. Je regrette parce que je le vois s'effondrer en plein milieu de la route. Le visage caché entre ses mains, je sais sans le moindre doute qu'il pleure.

Je n'ai pas ce luxe. Je dois garder l'esprit clair pour pouvoir conduire. Alors je balaye encore une fois mes larmes, puis je fixe la route, sans même savoir dans quelle direction elle me mène.

J'ai toujours eu des certitudes dans la vie. Qui allaient des plus simples, comme je suis une bonne musicienne, au plus tordu, comme Harry aurait du finir avec Hermione et pas Ginny. J'étais certaine d'avoir déjà eu le cœur brisé, j'étais certaine de savoir ce qu'est la peine. J'étais certaine d'en avoir eu suffisamment pour toute une vie et plusieurs générations après moi.

Je me trompais.

Je ne savais pas ce qu'est un cœur brise, ce qu'est la peine avant d'avoir croisé son regard. Je ne savais pas avant d'être d'en l'obligation d'arrêter ma voiture sur une aire d'autorité minable, pour vomir ce qu'il reste dans mon estomac.

Ma bile.

Adossée contre la voiture, épuisée par l'effort physique que cela demande, je réalise.

C'est une autre certitude qui met fin à cette histoire. Celle qu'il ne me reste plus rien, sauf ma peine. Et je m'y accroche de toutes mes forces.

Parce que grâce à elle, je sais que je suis en vie. 



Epilogue vendredi, et chapitre 1 du tome 2 demain (oui je tais encore son nom)

Love 

IBGY-T

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