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Époque cruelle dénuée de sens 
Dur de voir clair derrière les mascarades et les buées de sang 
J'me sens perdue comme au cœur d'une immense machine qui n'en a jamais eu et qui nous dénature 
Mauvais pressentiment quand je pense au futur 
Les yeux ouvert, l'horreur tente de me les crever mais le plus dur 
Reste à venir le jour où se sera trop tard

Entre les lignes : Clouée au sol


La fenêtre ouverte laisse entrée le vent de dehors. Le frais me fait du bien, et puis soyons honnête, il fait très beau pour un mois de janvier. Attirée par le soleil, je sors sur le balcon. Les yeux fermés, je profite des derniers rayons de la journée qui réchauffent ma peau. L'été me manque. Peut-être que je ne devrais pas l'attendre, pour mettre fin au vide qui menace toujours de m'engloutir. Peut-être que je devrais me pencher un peu plus. Faire passer mon corps par-dessus la barrière. Il n'y aurait plus rien. Je n'aurais plus peur. J'aurais enfin la paix. Je me penche un peu plus. Perdre l'équilibre.

Dans la poche arrière de mon jean mon téléphone se met à vibrer. Je descends de la barrière sur laquelle je suis montée pour savoir qui me dérange pendant mon introspection.

De Fram :

« Je crois que tu lui manques »

La photo attachée au message me fait sourire. L'équilibre n'est pas si mal finalement. Je rentre à nouveau dans l'appartement et termine rapidement de me préparer. Avant de verrouiller la porte d'entrée, je prends la peine de répondre à mon meilleur ami.

À Fram :

« Il me manque aussi, mais lui dit pas »

J'hésite un instant sur l'émoji à rajouter avant de trancher pour la petite tête jaune qui rougit. Depuis ma conversation avec Inaya, plusieurs choses ont changé. 

Déjà, j'ai décidé de ne plus emmerder Fram avec son enfant à naître. C'est un grand garçon, s'il a décidé de faire l'autruche, c'est lui que ça regarde. Alors même si la jeune femme m'a donné les photos de sa première échographie, j'ai décidé de ne pas les envoyer au jeune homme. S'il veut des nouvelles, il n'a qu'à en demander à la première concernée. Je crois que ça fonctionne. En seulement deux jours, il m'a envoyé plus de sms qu'en sept mois depuis qu'on se connaît.

Il n'est pas très malin. Je crame directement sa manière détourné de me demander comme ça se passe. Il s'intéresse beaucoup trop à ce que je fais de mes journées et soirées, pour que ce soit naturel. Le sms qu'il vient de m'envoyer en ait la preuve. Dans son esprit, il me donne des nouvelles de Ken, je dois lui en donner d'Inaya. Parle à mon cul ma tête et malade. Je ne céderais pas. Même s'il me demande de manière directe comment va la jeune femme.

La seconde chose qui a changé, c'est la dynamique dans ma relation avec Ken. Elle n'a jamais été aussi agréable. Peut-être que je me précipite. Ça ne fait que deux jours. Mais. J'ai réalisé que je ne peux pas lui demander plus que ce qu'il peut me donner. Ken est jaloux, c'est un fait que je dois admettre et qui ne va pas changer juste parce que je lui demande gentiment. S'il doit faire des efforts pour réfréner sa paranoïa, je dois en faire pour qu'il n'ait pas à être paranoïaque.

Comme il n'est pas là, il n'y a pas masse de choses que je puisse faire pour le rassurer sans qu'il me le demande. Mais désormais, je l'appelle. Beaucoup. À des heures improbables. Pour lui poser des questions improbables. Je fais des concessions pour que notre couple marche. Mais il n'y a pas de raison que je le fasse sans me moquer un peu de lui. 

THUNDERWhere stories live. Discover now