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Sur mes terres je fais la loi, pas besoin d'élever la voix
J'ai l'instinct d'un félin, moi, j'ai l'instinct d'un félin

Félins

Le grand noir à dread avec qui Ken est en train de parler se décale de ma voiture. Il s'approche de moi et je reconnais Doum's. J'ai vraiment mis les deux pieds dans le rap game. La toute de suite je kiffe ma vie. Il se penche et pose un bisou sur ma joue avant de murmurer à mon oreille :

- Toi ma belle, t'es bien plus sexy que dans toutes ses descriptions.

- Merci, je commence. Enfin, je crois, l'hésitation dans ma voix le fait rire et il me tapote le haut du front comme si j'étais un chien.

Il me laisse avec Ken, et je regrette immédiatement sa présence. Je déverrouille la portière de ma voiture (je commence à me dire que je vais changer de voiture), et monte dedans sans rien dire. J'aurais aimé que cela soit suffisant, mais ce n'est pas le cas. Ken monte à son tour avant que j'aie le temps de verrouiller les portières. Je m'agace, mais ne dis rien. J'ai pas envie de lui parler, mais alors vraiment pas du coup, je peux pas m'opposer à sa présence dans ma voiture. J'ai l'impression d'être kidnappée une seconde fois dans la journée. La première fois, j'étais à peu prêt consentante. Ce n'est pas du tout le cas, là tout de suite. Je suis fatiguée de ma journée, il est presque minuit, je veux juste dormir.

Le trajet commence par un silence de mort, comme je supporte pas le silence, je lance la première playlist qui me tombe dessus depuis mon téléphone sur les enceintes de la voiture. Je monte le son pour être sûr qu'il ne puisse pas me parler. Je sais que mon comportement puéril lui donne envie de rire. Qu'il a un fin sourire sur son visage et ça me donne envie de le taper très fort. On arrive presque chez moi lorsqu'il coupe la musique.

- Je sais pas quoi te dire, commence-t-il.

Je sens la colère bouillir, la maintenant il n'a rien à dire. Mais hier soir, il en avait tellement qu'il pouvait pas se retenir ? Ça me rend fou cette histoire.

- J'aurais pas dû dire ce que j'ai dit, c'était...

- Ferme là Ken, je l'interromps.

J'ai pas envie d'entendre ses excuses, parce que justement, ce n'est que cela, des excuses. Le mec est un enfoiré point. Je vais pas me rendre malade pour lui. Je passe à autre chose. Je rentre la voiture dans le parking de mon immeuble. Une fois garée, j'en sors précipitamment. Je récupère mon sac dans le coffre et me dirige vers l'ascenseur. Je sais qu'il me suit, mais je ne me retourne pas. Je ne lui donnerai pas ce plaisir.

- Dinah.

Il entre dans l'ascenseur juste avant qu'il ne se ferme et prend mon visage entre ses mains. Il me pousse contre le fond de l'ascenseur.

- Ok, j'ai merdé, je suis désolé, murmure-t-il en approchant son corps du mien. J'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe entre toi et moi et ça me fait flipper, mais me repousse pas s'il te plaît, il finit en posant ses lèvres sur les miennes.

Il me faut un moment pour comprendre ce qu'il se passe, naturellement mon corps se détend au contact du sien. J'ai aucune maîtrise la-dessus et ce n'est que lorsque je sens ses mains descendre sur mes fesses que j'ai la force de le repousser. La gifle que je lui mets sur la joue claque au même moment que le ding annonçant l'arrivée à mon étage. Il me rattrape dans le couloir et cette fois, je le pousse beaucoup plus violemment.

Alors que je plonge ma main dans mon sac, pour en sortir mes clés. Lorsque la porte s'ouvre, c'est à son tour de me pousser à l'intérieur de me faire entrer dans l'appartement. Le geste n'est pas violent, mais j'en fais tomber mon sac.

Le pas de ma porte franchis, je reprends confiance en moi. Nous sommes sur mon terrain, c'est chez moi et il n'a rien à faire ici.

Ken à l'air semble gêner. Il retire sa casquette et se passe la main dans les cheveux. Je suis gentille, mais pas stupide, je ne veux rien avoir à faire avec ce type. Je me recule en direction du canapé alors qu'il s'approche de moi, je ne veux pas qu'il s'approche de moi. Ma colère commence à fondre pour être remplacée par du dépit voir du dégoût. Je reprends le contrôle de mes émotions. Face à moi, je le trouve minable. Je vaux tellement plus que ça, il n'est pas question que je me rabaisse à son niveau.

- Pourquoi est-ce que t'es là hein ? Je te l'ai dit, je ne veux pas te parler.

- Je voulais m'excuser. Je voulais que tu sache que j'en pensais pas un mot, il se rapproche à nouveau. Y a un truc entre nous, je peux pas le décrire, mais j'avais jamais ressenti ça.

- Non, t'as pas le droit de dire ça, je lui réponds. Pas après ce qui s'est passé hier.

- Tu peux pas nier le lien entre nous, ça devait être juste l'histoire d'une nuit mais tu sais aussi bien que moi qu'il y a plus.

- Je veux que tu quittes cet appartement. Et à partir de maintenant on va faire comme si on ne se connaissait pas.

- Dinah.

- Dégage.

Si j'ai maîtrisé ma colère, je peux rien contre la peine que je ressens. J'ai du mal à retenir mes larmes. Je sais qu'il peut le voir, je sais aussi qu'il hésite à se rapprocher de moi. L'expression de mon visage doit le décourager, car il me lance un dernier regard avant de quitter mon appartement. J'attends que la porte claque avant de me précipiter dans la salle de bain. J'enlève la totalité de mes fringues avant d'entrée dans la douche. Je sais plus depuis quand je fais ça. Pleurer sous la douche. Mais c'est plus qu'une habitude, c'est un réflexe. Comme si pleurer dans un endroit apaisant rendait mes larmes plus légitimes.

Une fois sorti de la salle de bain, je me glisse dans mon lit espérant que le sommeil me fera oublier cette fin de soirée merdique. Je tente de retenir mes dernières larmes lorsque la porte de ma chambre, s'ouvre. Je sens le lit s'affaisser, mais je ne dis rien, j'ai reconnu ses pas, son odeur.

- Ne pleure pas, murmure Alice en me prenant dans ses bras. C'est un con, si tu veux, on peut brûler tous les cds qu'on a acheté de lui, si tu veux.

Je rigole doucement avant de lui répondre :

- C'est un con, mais il fait toujours de la bonne musique. Ce serait du gâchis. 

- Ouf, je suis soulagée que tu dises ça. J'aurais écouté quoi moi dans ma voiture si on avait brûlé ses cds ?

Cette fois, mon rire est plus franc, et je suis heureuse d'avoir une meilleure amie, sarcastique, envahissante, mais surtout toujours présente.

- Comment est-ce que tu as su ?

- Ton copain Framal m'a envoyé un DM sur insta. Il a vu Ken monter dans ta voiture de son balcon, le silence s'installe quelques secondes avant qu'elle ne reprenne. Je retire ce que j'ai dit sur lui, il est ok t'as besoin de quelqu'un comme ça dans ta vie.

Je ne lui réponds pas, mais je souris. Alice ne reconnaît jamais qu'elle a tord, lorsqu'elle le fait, c'est que vraiment, c'est important. Ça me rend heureuse parce que Framal a une place importante dans ma vie. Je veux que les deux s'entendent parfaitement.

Le chapitre est un peu court je sais mais celui de demain sera plus long, promis.

Plein d'amour

IBGY-T

THUNDERWhere stories live. Discover now