THUNDER

By IBGY-T

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Le tonnerre qui déchire ses nuits Ken Samaras / Dinah Duval Tome 1 : Thunder (terminée/ correction en cours)... More

Prologue
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Épilogue
Bonus 01
Bonus 02
Erreur 404
Bonus 03

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By IBGY-T

In our family portrait, we look pretty happy
Let's play pretend, let's act like it comes naturally
I don't wanna have to split the holidays
I don't want two addresses
I don't want a step-brother anyways
And I don't want my mom to have to change her last name

Family portrait

Il a pop up la question quelques minutes alors que j'étais sur le point de m'écrouler de sommeil dans sa chambre d'hôtel. Mes yeux se sont ouverts en grand à cause de la pression. J'ai pas pu dire non. Pas après la manière dont je l'ai jeté dans la gueule du Loup. C'est-à-dire Marc.

Je suis hyper stressée alors que la voiture avance dans l'allée.

J'ai suffisamment confiance en moi, pour ne pas être inconfortable si je me retrouve en soirée devant une foule d'étrangers. Je me considère comme quelqu'un d'assez agréable, et plutôt drôle. Je sais jouer de mes atouts pour me faire apprécier dans la plupart des cas. Là, où s'est plus délicat, c'est que malgré mes vingt-cinq ans, je ne suis jamais passée par le stress de rencontrer les parents.

Pour Chris comme pour Antonin, je connaissais leurs parents, bien longtemps avant de me mettre en couple avec eux. Et puis dans ce genre de cercle, les gens se fichent de savoir si t'es quelqu'un de bien. Ce qui les intéresse, c'est le statut social en gros le montant dans le compte bancaire. Clairement, pour ces gens, je suis un très bon parti.

Alors oui rencontrer les parents de Ken, me met dans un état de pression, presque de panique que je n'avais jamais connu.

-T'inquiètes pas, dit Ken en attrapant ma main. Mon père va t'adorer.

-Et ta mère ?

-Bah... il fait une pause. Je suis son seul fils.

Je mets un coup dans son épaule. Ken est extatique. Il profite de me sortir de ma zone de confort pour se foutre de ma gueule. Je ne vois pas en quoi c'est drôle. J'aime que les gens m'aiment. Oui, c'est ridicule. Mais je ne fais pas partir de ces personnes que l'opinion des gens indifférents.

C'est tout le contraire même.

Sans avoir besoin d'être le centre d'intérêt. J'aime qu'on me porte de l'attention. En réalité, c'est bien plus que ça. Je ne supporte pas qu'on ne m'aime pas. Je suis toujours prête à me plier en quatre pour qu'on m'apprécie. Je n'ai pas à le faire souvent, parce que justement, de manière générale les gens m'aiment.

Je mets ça sous le compte de ma petite taille et du fait que dans certaines conditions, je ressemble encore à une gamine de dix-sept ans.

Il est clair que je ne supporterai pas que les parents de Ken ne m'apprécient pas. Je veux qu'ils m'aiment. Plus que ça, je veux qu'ils m'aiment pour leur fils.

-Arrête de réfléchir, il glisse son pouce entre mes sourcils qui se froncent. Ils vont t'adorer.

Il porte l'une de mes mains à sa bouche alors que la voiture s'arrête devant un joli pavillon. Si j'ai bien tout compris. Les Samaras ont fait le choix de retourner dans le sud pour profiter de leur retraite. Le déménagement à Paris n'avait pas été fait de guetter de cœur. Dès qu'ils ont pu repartir, ils ont plier bagages sans un regard en arrière.

Ken me tient la porte du taxis, alors que j'en sors. Il dépose ses lèvres sur les miennes en un chaste baiser avant de monter les quelques marches et de sonner à la porte. Le visage de la jeune femme qui ouvre celle-ci s'éclaire dès qu'il tombe sur mon copain. De taille moyenne brune les yeux bleus, je n'ai aucun mal à reconnaître Sarah, la sœur ainée du jeune homme.

Elle ouvre plus grand la porte nous enjoignant de rentrer rapidement pour ne pas faire sortir la chaleur de la maison. Après avoir embrassé son frère, le regard bleu se pose sur moi. Elle m'analyse plusieurs secondes dans un mouvement de haut en bas puis de bas en haut. Je tente de sourire pour cacher ma gêne.

Polie sans trop en faire, polie sans trop en faire, polie sans trop en faire. Je me martèle le mantra tout en retenant ma respiration.

L'échange est interrompu par un petit bonhomme qui se glisse entre les jambes de la jeune femme tout en hurlant :

-Tonton Ken.

-Hey petit monstre.

Il attrape le gamin au vol et je disparais de son esprit. Il n'y a personne sur cette terre que Ken aime plus que son neveu Paul. Âgé de six ans, il voit Ken comme son héros du quotidien. Les deux passent d'ailleurs des heures entières sur skype plusieurs fois par semaine. Le lien n'est pas très dur à comprendre. Séparée du père de l'enfant, bien avant sa naissance, Sarah élève seule son petit garçon. Ken est donc l'une des rares figures paternels que Paul possède.

Détachant mes yeux de la scène de retrouvaille qui se joue entre les deux garçons. Je retourne à la réalité et au jugement sur le point de tomber. Plutôt que de laisser une timidité que je ne savais pas posséder prendre le meilleur de moi, je tends une main à Sarah tout en lui souriant.

-Pas de ça entre nous.

Elle balaye ma main, d'un revers avant de déposer une bise sur chacune de mes joues :

-Je suis tellement contente de te rencontrer. Depuis le temps qu'on attend qu'il se trouve quelqu'un celui-là.

Elle finit en jetant un regard dédaigneux à son frère, toujours concentré sur la discussion qu'il est en train d'avoir avec Paul.

-Ken, tu devrais montrer à Dinah votre chambre et y déposer vos affaires. Je vais prévenir les parents que vous êtes arrivés.

Il se tourne vers nous et nous éblouis d'un sourire avant de poser le petit garçon parterre et de récupérer nos sacs, déposés au sol. Il prend ma main et me fait grimper l'escalier en bois se trouvant sur le côté.

La maison n'est pas grande. L'étage n'est composé que de trois pièces. Deux chambres et une salle de bain. Ken pousse la porte d'une des chambres et dépose les sacs sur le lit. Les murs bleus pales de la pièce ont quelque chose de réconfortant. Les draps du lit sont en accord avec les murs. La fenêtre donne sur le jardin et au loin on peu voir la mer qui scintille. C'est un bel endroit pour finir ses jours.

J'ai à peine fini mon observation que Ken attrape mon visage et m'embrase. Ses lèvres sur les miennes sont chaudes, douces.

-C'était en quel honneur, je demande lorsqu'il s'écarte.

-Ma mère est pas super fan des démonstrations d'affection en public.

-Ça ne me rassure pas du tout ce que tu me dis.

-Elle est dure, mais je te promets qu'elle va t'aimer.

-Comment est-ce que tu peux être si sûr ?

-Parce que je t'aime.

Il embrase mon front avant de me prendre la main. Nous redescendons tranquillement les escaliers. Dès que j'ai posé le pied sur la dernière marche. Sarah apparaît face à nous. Elle nous fait passer au salon. Je prends place dans le canapé juste à côté de Ken.

Heureusement que Sarah est là. Elle fait tout son possible pour me mettre à l'aise en me posant des questions faciles, alors que son frère est à nouveau perdu dans une conversation avec Paul. Des brides que je peux entendre Ruben serait le meilleur chien de la pat'patrouille. Argument et contre argument à l'appui.

-Et du coup comment vous vous êtes rencontré ?

-Rien de bien original, en soirée.

-Comment est-ce que tu t'es retrouvée en soirée avec sa bande de sauvages.

-C'était une soirée EMA, je bosse pour eux en tant qu'ingé son.

La réponse de Sarah meurt dans sa gorge avec l'entrée d'un homme dans la pièce. La soixantaine, les cheveux gris, les yeux bleus. Son sourire est tellement large qu'il semble dépassé du visage. J'ai à peine eu le temps de me relever du canapé qu'il me serre d'une étreinte musclée.

-Tu dois être Dinah.

-Oui monsieur.

-Pas de ça entre nous, Appelle-moi Panagiotis.

-Panagiotis, je répète.

-C'est bien, c'est bien, il dit tout en me tapant les épaules.

Le sourire sur son visage semble s'agrandir un peu plus. Je savais pas que c'était possible de sourire autant. Il se tourne alors vers Ken qui s'est détourné de Paul pour dire bonjour. De la même manière que pour moi. Panagiotis attrape son fils dans ses bras et le serre fortement.

Ils ne se ressemblent pas. C'est une évidence à les voir l'un contre l'autre dans une embrassade supposée virile. Mais l'amour qu'il y a entre les deux m'émeut de la manière la plus sûre qu'il soit.

-Et bien mon fils, je te savais pas aussi doué avec les filles. Elle est magnifique.

Ken secoue la tête d'un air dépité avant de répondre :

-Je sais.

-Il n'est pas trop tard pour changer d'avis jeune fille.

-Je vais le garder un peu plus longtemps.

Panagiotis part dans un rire tonitruant qui fait trembler tout son corps.

-Et en plus, elle a de l'humour.

La bonne humeur dans la pièce redescend un peu, lorsque madame Samaras, de son prénom Corinne entre à son tour dans la pièce les bras chargés d'un plateau de verres. Elle râle un instant jusqu'à ce que son mari se saisisse du plateau et le dépose sur la table basse. Corinne s'arrête un instant sur son fils qu'elle regarde de travers avant de se tourner vers moi et de me tendre une main ferme que je saisis.

Faut pas déconner avec Madame Samaras, et à l'instant Ken n'est pas dans les bonnes grâces de sa mère.

-Bonjour, maman, dit Ken en s'approchant d'elle et en déposant un bisou sur l'un de ses joues.

-Ah maintenant, tu te souviens qui tu as une mère.

-Maman, son ton est plein d'une fausse contrition.

-Je suis sûre que ta copine, appelle sa mère plusieurs fois par semaine, la manière dont elle dit copine est un peu méprisante.

Corinne me lance un regard de travers, alors que Ken se tend. Elle ne m'aime pas. Mais elle sait que je dois me ranger de son côté. C'est qu'une bonne belle-fille fait jusqu'à ce qu'elle se fasse réellement adopter par sa belle-famille. Contre mauvaise fortune bon cœur askip. Je hais cette expression.

-Si je pouvais, je suis sûre que je le ferais, je réponds de ma voix de fille sage.

On peut être deux à jouer à ce jeu. Je suis venu dans l'intention de bien me tenir et de faire en sorte qu'ils m'apprécient réellement. Mais je ne serais pas Dinah Duval si Marc Duval ne m'avait pas appris à être insultante sans être impolie. Je ne fais pas le choix de l'insulte, mais au moins de la mettre mal à l'aise.

-Je n'ai pas de mère, je conclus sans perdre mon sourire.

-Oh, je suis désolée, elle commence à bredouiller inconfortable. Je n'avais pas idée que...

Le visage de Corinne se décompose. 1/0 pour moi. J'ai dit qu'on pouvait être deux à jouer à ce jeu.

-Vous n'inquiétez pas. Pas d'histoire tragique, j'ai été adopté par Marc, mon père, c'est seulement nous deux depuis toujours.

-C'est bien, c'est bien, intervient Panagiotis. On va passer à l'apéritif.

D'un geste de la main, il m'invite à reprendre place sur le canapé. Ken fait à nouveau le tour de la table basse pour s'asseoir à côté de moi.

J'ai droit à une coupe de Vouvray que je sirote du bout des lèvres. Les bulles et moi ça fait trois. Il manquerait plus que je sois malade toute la soirée. La discussion reprend doucement. Ken a droit à un interrogatoire digne d'une garde à vue, sur ses derniers mois dans la Capital et sur le début de la tournée.

-Ken nous a dit que tu faisais aussi de la musique, commence Panagiotis. Du rap ?

-Non pas de rap. J'expliquais à Sarah que je suis ingénieur son. J'ai également ma propre boite de production.

-Tu dois avoir pleins de contacts grâce à Ken désormais.

L'intonation mielleuse de Corinne sonne faux. J'ai de la peine pour les muscles de ses joues bloqués dans un rictus faussement engageant.

Je retiens un ricanement. Mon père est PDG du CEDAR groupe, si je lui demande poliment, il peut me faire rencontrer DJ Kaleb dans les trois jours. Clairement, Nekfeu ne tient pas la distance. Elysium n'a jamais été une question d'argent ou de célébrité. Elysium existe par ce que c'est ce qui fait battre mon cœur, c'est une partie de mon âme.

Corinne veut me déstabiliser. Je ne lui en veux pas. C'est une maman, elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger ses enfants. Et cette protection passe par le fait de s'assurer que je ne suis pas avec son fils, pour profiter de son argent et de sa célébrité.

-Non pas vraiment, mais je devrais peut-être en profiter.

Sarah s'étouffe dans la gorgée de Vouvray qu'elle venait de porter à ses lèvres. Du coin de l'œil, je vois Ken secouer la tête. Personnellement, je m'accorde un second point parce qu'elle était vraiment pas mal celle-là.

-Maman, Dinah n'a pas besoin de moi pour avoir du succès, Corinne secoue la tête marquant son désaccord. Elle a déjà produit beaucoup d'artistes, d'ailleurs, elle bosse sur le dernier album de Deen.

La surprise me fait perdre pendant un instant le fil de la conversation. Il savait. Bien sûr qu'il savait. Son groupe de pote, c'est pire que des tantines dans un salon de coiffure. Que des commères.

-Peut-être, mais les goûts de Deen ne sont pas vraiment des références.

Immédiatement, Panamiotes se redresse. Victoire par K.O pour madame Samaras. Elle est douée. Je suis obligée de m'incliner.

-On devrait passer à table.

Tout le monde m'observe alors que nous nous dirigeons vers la table de la salle à manger. Je crois qu'ils ont peur que je m'effondre en larme et que je tape du pied. Ou plus simplement que je me vexe. C'est pas le cas. Au contraire. J'aime bien Corinne. Et, elle finira par m'aimer. Je suis une meuf déterminée dans ce genre.

Et puis comment est-ce que je pourrais me vexer alors qu'elle n'a absolument aucune idée de ce que je fais comme musique.

Nous prenons place à table. Ken s'installe à côté de moi face à Paul. Alors que je me retrouve face à Sarah à la droite de Panagiotis qui se trouve en bout de table.

Il dégage le même charme que possède Ken. Ses regards sont pleins de sourires. Il est heureux d'être présent. Me rencontrer semble avoir fait sa soirée, et de la même manière, je réponds à ses sourires.

-Je faisais aussi de la musique quand j'étais plus jeune.

L'ensemble de Samaras autour de la table soupire. De toute évidence, je suis sur le point de vivre une anecdote entendu des dizaines de fois. Mon sourire s'agrandit.

-J'avais un groupe de rock. On aurait sans doute fait carrière si nous ne nous étions pas séparés.

-Et pourquoi vous vous êtes séparés, les soupires à la table redoublent.

-J'ai vendu ma guitare pour acheter une poussette pour mon petit miracle, son regard se pose sur Sarah qui lève les yeux au ciel.

-Si tu te demande personne n'a vendu de guitare pour m'acheter une poussette, s'exclame Ken.

Je me moque doucement de lui en rigolant. Finalement, les deux hommes se ressemblent. Pas physiquement, mais dans leur attitude, la manière de parler. Cette douceur qui transparaît de chacune de leurs expressions lorsqu'ils sont parfaitement à l'aise comme à l'instant. Et je peux parfaitement imaginer Ken, raconter à ses petits-enfants comment il a lancé sa carrière de rappeur, avec un brin de nostalgie dans le regard.

Corinne revient à la table armée d'un plat de lasagne qu'elle dépose face à Ken sur son pose-plat.

-J'ai fait ton plat préféré.

-Merci maman.

-Fayot, ajoute Sarah.

Les frère et sœur commencent une dispute à laquelle, seule la consternation de leurs parents répond.

-Et du coup, que fait ton père ?

-Il a une entreprise de multimédia.

-Et ça fonctionne ? Les temps sont durs dans ce pays dirigés par des rentiers.

-Je te l'ai déjà dit Pana, tu n'iras pas bloquer de rond-point avec tes copains les gilets jaunes, intervient Corinne.

-Si nous ne luttons pas maintenant, on se fera toujours bouffer, sa voix se durcit et pour la première fois, je vois une forme de colère de rage même dans le fond de ses yeux bleus.

-Je ne te laisserais pas aller à ces rassemblements pour que tu perdes un œil. Corinne se tourne alors dans ma direction. Votre père fait les manifestations gilet jaune ?

-Marc ? Oh non, l'imaginer dans une manifestation suffit à me faire rire. Il est bien trop précieuse pour ça. En revanche, je sais qu'il a fait quelques donations au mouvement et à Lutte ouvrière.

Ken se détourne de son assiette de lasagne pour me lancer un regard choqué.

-Ton père ? Je secoue positivement la tête. Marc, vote Lutte ouvrière ?

-Uniquement, parce qu'il s'est brouillé avec le parti communiste il y a quelques années.

-Ton père est communiste ?

-Marxiste pour être plus précise.

Il bouge la tête comme si l'information était trop importante pour qu'il puisse l'intégrer en une seule fois. Le temps qu'il se remette, je me replonge dans mon plat de lasagne. Elles sont très bonnes. J'aurais pu faire un compliment, mais je n'ose pas. Corinne m'intimide un peu petit quand même.

-Macron démission, Macron démission, chantonne Paul au rythme de la chanson gilet jaune.

Son intervention finit de détendre l'atmosphère.

-C'est bien mon fils, s'exclame Panagniotis.

Le petit garçon explose de rire sous l'approbation de son grand-père.

La nuit est tombée depuis longtemps quand on finit de manger. Je me suis portée volontaire pour faire la vaisselle et Ken m'aide en essuyant les plats avant de les ranger.

-Je t'avais bien que ton charme allait opérer sur mon daron, il commence en attrapant un bol. Maintenant, il va me harceler pour savoir quand est-ce qu'on revient les voir.

-Je l'aime beaucoup aussi, il est passionné comme toi, il dépose un bisou sur ma tempe. Vous ne vous ressemblez pas physiquement, mais tu as pris toutes ses expressions.

Le sang de Ken quitte son visage. Il se tend, plus que ça à l'exception de ses épaules qui bougent au rythme de sa respiration, il est parfaitement immobile. J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas, mais je suis incapable de savoir quoi. Plutôt que de lui forcer la main, je laisse le silence s'installer entre nous et observe sa posture. Alors que je suis sur le point de m'inquiéter de son immobilité, il dépose le bol qu'il avait toujours à la main et me regarde.

-Mon père, c'est pas vraiment mon père, c'est pour ça qu'on se ressemble pas, sa voix est tellement faible que je l'entends à peine

Ma main dérape et je me coupe à cause du couteau en céramique que j'étais en train de laver. Ken réagit avant moi, il attrape ma main et la place sous le jet d'eau avant d'observer la coupure. La plaie n'est pas très importante, mais elle saigne un long moment avant de s'arrêter. Ken se concentre dessus pour fuir mon regard.

-Ken ?

Il soupire avant de me regarder à nouveau et de reprendre :

-Je sais pas s'il sait que je sais. J'avais treize ans, quand je les ai surpris en train de se disputer. Je venais de me faire exclure du collège et ils étaient pas d'accord sur la marche à suivre pour me punir, c'est à ce moment là que j'ai entendu ma mère dire que de toute manière j'étais pas son fils et que c'était à elle de décider, il lui a répondu que je portais son nom et que c'est pas parce qu'elle était allé voir ailleurs que j'étais pas son fils.

-Ken ?

Cette fois, l'interrogation ne vient pas de moi. Panagiotis vient de rentrer dans la pièce. Les deux hommes s'observent, leur conversation silencieuse est indescriptible. Le père finit par ouvrir la porte-fenêtre et invite son fils à le suivre dans le jardin d'un geste de la main. Ken m'adresse un regard, d'un sourire, je tente de l'encourager.

Je sais pas quoi lui dire.

Il pas grand chose à dire dans ce genre situation, en tout ce n'est pas à moi de le dire. Je termine la vaisselle quand Corinne entre à son tour dans la cuisine. Quand elle remarque le manège qui se déroule dehors elle est sur le point de sortir.

Je peux pas la laisser affronter la tempête Nekfeu sans qu'elle puisse se préparer un minimum.

-Il sait.

-Qui sait quoi ?

-Il sait, je la fixe de manière à ce qu'elle comprenne où je veux en venir.

Son visage pâlit. Ses jambes ne la portent plus, elle est obligée de s'adosser contre le mur. Sa respiration s'accélère alors qu'elle ferme les yeux.

-Il va me détester.

-C'est votre fils, vous le connaissez mieux que moi. Mais l'homme que j'aime, l'homme qu'il est n'est pas capable de haine, surtout pas contre sa maman. La famille s'est sacrée pour lui.

Ses yeux s'ouvrent à nouveau. Elle pose une main délicate contre l'une de mes joues.

-Pana à raison, tu es magnifique.

Je n'ai pas le temps de répondre, elle sort à son tour dans le jardin. Mais si je ne peux pas entendre ce qu'ils se disent, je les observe. Je peux suivre l'avancé de l'état émotionnel de Ken. D'abord choqué, puis en colère, triste, puis une forme d'acceptation. Ses parents sont soudés face à lui, ils ne font qu'un. Ça doit aider.

Je ne prends même pas la peine de faire semblant de ne pas les avoir observé. Corinne entre à nouveau dans la cuisine, suivit de près par Panagiotis. Ses yeux sont rougis. Il dépose une main sur mon épaule avant de murmurer à mon oreille :

-Rejoins-le, il va avoir besoin de toi.

Je confirme d'un mouvement de tête et sort dans le jardin. Appuyé contre la table de jardin. Les yeux cachés dans ses mains, il pleure. J'ai mal. Le voir ainsi m'est insupportable. Je glisse mes bras sous les siens. Naturellement, sa tête tombe dans mon cou. Je frotte son dos de mes mains le suppliant d'arrêter de pleurer.

-Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?

Je demande quand il a enfin repris le contrôle de ses émotions. Je lui tends une cigarette qu'il accepte.

-En résumé, que c'était pas ma faute, qu'ils m'aiment, que je suis leur fils quoi qu'il arrive.

-C'est plutôt une bonne chose non ?

-Ouais, c'est juste que il soupire expirant la fumée de la cigarette. Il m'a toujours défendu face à elle. Quand elle m'a mis à la rue. Il m'a retrouvé, il m'a trouvé un endroit où crécher, bref, je comprends pas.

-Ils t'aiment, mais de manière différente. C'est bien toi qui dis « J'remercierai jamais assez maman pour sa sévérité, ça c'est d'l'amour ».

Un sourire s'affiche sur son visage. Il m'attire à lui puis m'embrase, je lui réponds immédiatement. La sensation apaise quelque chose au fond de moi.

-Elle s'est excusé d'avoir été aussi dur. Elle a dit qu'elle voulait pas que je fasse de vague, pour pas le déranger. Parce que j'étais la preuve vivante de la plus grosse connerie de sa vie.

-Comment tu te sens ?

-En colère ? Soulagé ? Je sais pas trop.

Je me mets sur la pointe des pieds pour l'embraser. Il soupire, se détend. Il a plus de sens maintenant. Sa jalousie a plus de sens.

Je croyais qu'elle était due à son histoire avec Inaya. En réalité dès l'origine, il avait une sorte d'antagonisme face aux femmes. Parce qu'il est le résultat d'une relation extra-conjugale. La première femme de sa vie a été infidèle. Celle qu'il admire plus que tout autre a été infidèle à l'homme extraordinaire qu'est son père. Comment les autres ne pouvait pas l'être également ? Et puis Inaya l'avait été. Les zoulettes qui ont suivit n'étaient pas des modèles de vertu. Sophie en étant la première des preuves. Et puis moi. J'ai débarqué avec mon besoin féroce d'indépendance, mon incapacité à répondre à mon téléphone. J'ai perdu avant d'avoir commencé à jouer. Sa jalousie se nourrit des stigmates de son passé. Peu importe mon comportement, il sera toujours prompt à imaginer le pire, parce que c'est la seule chose qu'il connaît.

Je sais pas vous, mais j'aime beaucoup ce chapitre.  Moment de vérité. Je réfléchis déjà au tome 2, oui Thunder est presque fini, ça me fait de la peine.  Je me suis beaucoup attachée au personnage de Dinah et même à Ken  (même si en vrai un gars jaloux comme ça je lui donne même pas l'heure). 

Du coup je vous pose quelques questions n'hésitez pas à répondre si vous avez le temps. 

Comment est-ce que vous pensez que l'histoire va se finir ? 

Qu'est-ce que vous pensez de Ken ?  (Franchement, vous avez le droit de lui tailler un costard)

Qu'est-ce que vous aimeriez voir (lire) dans le tome 2 en terme de personnage principal ? 

Beaucoup d'amour 

IBGY-T

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