Laura passa la porte du palais des Damnés en soupirant, saluant la vieille dame dans l'entrée qui s'occupait des enfants – la seule au courant. L'air grave, celle-ci hocha la tête, et Laura monta les escaliers.
Presque trois mois avaient passé depuis la résurrection de Daniel, et Laura les avait vus filer en combattant de toutes ses forces sur un champ de bataille chaotique. Lucifer grandement affaibli par les attaques enragées d'Ariana, leur Armée gagnait un peu de terrain, les Démons Originels commençant à se retrancher dans leur dernière défense – mais Lucifer allait bientôt être assez remis pour combattre à nouveau, et à ce moment-là, ils seraient perdus.
Parce qu'ils n'étaient plus que quatre, quatre Elus sur les six, et que l'Elue Inestimable avait succombé. Par amour, elle avait sauvé celui qu'elle aimait, au détriment du monde. Ce monde, par ailleurs, qui après ces semaines de guerre non-stop, allait mal. La moitié de la population de la terre avait disparu par toute sorte de cataclysme, et les humains s'inquiétaient seulement maintenant du fait que c'était peut-être leur faute, par toutes leurs conneries – même si ça n'avait que provoqué leur chute plus rapidement.
Laura passa la porte de la chambre royale, aménagée en chambre d'hôpital. Le grand lit, autrefois majestueux, était à présent recouvert de draps stérilisés, d'une couleur presque or, et des couvertures de la même couleur recouvraient le corps jusqu'au cou, laissant tout juste dépasser son visage. Ses deux bras étaient sortis, cependant, pour que toutes les machines puissent se connecter à son cœur, son sang ou sa respiration artificielle. Son visage, parfait et endormi, ne laissait rien transparaître de son état, mais le tube relié à son nez qui lui permettait de respirer le disait.
Elle n'était pas capable de vivre sans tous ces appareils, sans un contrôle constant de son cœur qui ne continuait à battre que grâce à la technologie, sans un contrôle constant de sa respiration qui ne se ferait pas sans qu'on lui insuffle l'oxygène directement dans ses poumons.
Un pincement au cœur prit Laura quand elle avisa Daniel, encore endormi sur son siège, à côté du corps inerte de l'Elue Inestimable. Il avait maigri, beaucoup maigri, et une barbe qui datait probablement de quelques semaines assombrissait son visage. Deux poches violettes cernaient ses yeux fermés, qu'il ouvrit en l'entendant entrer.
- Hey, souffla la jeune fille.
- Tu n'as pas besoin de ce regard plein de pitié, lâcha Daniel d'une voix vide d'émotion – au même niveau que ses yeux.
- Elle ne reviendra pas, Daniel. Tu peux maintenir son corps en vie autant que tu le souhaites, sans son âme, elle ne pourra pas se réveiller.
Elle avait appris que prononcer son nom n'était pas une bonne idée. Mais son meilleur ami était là, à se laisser mourir – il n'avait probablement pas mangé depuis la dernière fois qu'un d'eux était revenu. Même si tous semblaient s'éviter comme la peste, ce jour-là, Cam et Mélina pénétrèrent la pièce au moment où Laura serrait les poings.
- Tout le monde est là, on dirait, soupira Cam.
Son visage était couvert de sang, probablement pas le sien, mais ça n'aurait pas étonné sa sœur qu'il lui appartienne – qu'importe, après tout ? Il était Eternel. Son seul but était de protéger Mélina, au diable sa propre vie.
Cette dernière s'approcha du corps et vérifia tous les appareils, tenta d'apercevoir le moindre signe de vie chez elle, sans le moindre succès. Daniel serra la mâchoire et détourna le regard, les larmes faciles. Cam s'approcha alors de lui et le fit se lever dans un grognement.
- Depuis quand est-ce que tu n'as pas mangé et pris une bonne douche ? Quelqu'un va rester s'occuper d'elle, OK ?
Et il se laissa faire, comme toujours, après une seule courte hésitation. Il ne bougeait que très rarement, mais au fond de lui, il savait qu'elle n'était plus là et ne pouvait pas revenir en son absence.
Pourtant, j'étais bien là. Dans un autre monde, certes, celui des Ames, mais j'étais là, avec lui pendant ces quelques derniers mois – et c'était peut-être ce qui le retenait dans cette pièce, cette dernière trace de ma présence. Alors je les accompagnai tous dans la salle à manger, laissant à Daniel son moment dans la salle de bain pour prendre sa douche – et une vieille dame vint dans la chambre pour s'occuper de mon corps, même si elle allait probablement simplement continuer son livre en faisant mine de croire en mon retour.
Je n'avais aucun souvenir de mon sacrifice, tout juste de ma bataille contre Lucifer – dont il était visiblement sorti très affaibli. J'avais mis plus d'un mois à reprendre conscience, dans une forme vaporeuse et quasiment transparente. J'étais alors sur le champ de bataille, à l'endroit même où le corps de Daniel s'était trouvé, puis le mien. Les guerriers tombés m'avait observé, affolés, parcourir le champ de bataille dans l'espoir de voir mon âme-sœur.
La première personne que j'avais vue avait été Laura, et ça n'avait pas été des plus agréables moralement. Elle m'avait traversée le corps – ce fut à cet instant que je compris ce qu'il s'était passé. Je n'avais pas mis longtemps à découvrir qu'ils gardaient mon corps, caché au palais des Damnés, sans que quiconque soit au courant de ma mort. Daniel était dévasté et refusait de combattre, Mélina se démenait pour sauver la moindre personne qui en avait besoin – au risque d'elle-même souffrir – et Cam et sa sœur s'étaient jetés dans le combat pour arrêter de penser.
J'avoue avoir légèrement influencé leur esprit pour qu'ils pensent tous venir ici, en même temps – Julian allait arriver. J'avais mis longtemps, très longtemps, à recouvrer une partie de mon énergie, et j'étais à présent quasiment capable de toucher les objets dans le monde réel. Je devais réussir à faire comprendre aux autres que j'étais toujours là, même si j'étais incapable d'être là physiquement. Avec mon pouvoir me connectant aux deux mondes – le mort et le vivant – j'aurais dû être capable de me faire voir d'eux, Daniel le premier. Mais leurs esprits étaient totalement fermés, figés dans la pensée de ma mort, de tout faire pour ne pas y penser.
Julian pénétra la pièce, observant avec surprise tous ceux avec qui il avait partagé son lit et sa nourriture manger ensemble.
- C'est rare de tous vous voir ici, dit-il en s'installant, suspicieux. Est-ce qu'il se passe quelque chose de particulier ?
Cam secoua la tête, Laura se bornant à l'ignorer – et ça me fit mal. Ils avaient, tout le deux, grandement avancé avant que je meurs, mais ma meilleure amie ne voulait plus vivre ce qu'elle avait vécu en me perdant.
Voyant que Laura allait attraper le petit pot de sel, je pris alors mon courage à deux mains, réunis assez d'énergie au bout de mes doigts, et fis tomber le sel sur la table, qui se renversa. Laura, les doigts en suspension dans les airs, le fixa sans comprendre, et je l'encourageai, criant presque dans cette pièce où personne ne pouvait m'entendre. Cam grogna, l'attrapa et le lui tendit.
- Cam, souffla Laura. Le sel, il... il a bougé tout seul.
- Dis pas de conneries, Laura. Ça ne bouge pas tout seul, un objet.
- Tu ne sais pas, contra Julian en haussant les épaules. Dans ce monde, n'importe quoi peut faire n'importe quoi.
Désespérée, je vis Laura acquiescer. Tout le reste de la journée, je tentai tout ce qui était possible pour me faire remarquer, mais aucun d'eux n'aurait pu penser une seconde que j'étais là – ils me pensaient tous très loin. Je vis avec tristesse la nuit passer, tous mes amis à mon chevet, et observai le jour se lever, incapable de dormir – j'étais morte, pourquoi en aurais-je eu besoin ?
Le lendemain matin, Cam fut le premier à se réveiller, sans compter Daniel qui ne dormait jamais vraiment. Le démon sourit tristement en saluant celui-ci.
- Je vais y aller, chuchota-t-il.
- Tu n'attends pas les autres ?
Cam secoua la tête.
- Personne n'en a envie. Courage, Irvine, d'accord ? Tiens bon, ça...
La porte s'ouvrit, et je sentis les larmes inonder mes yeux. A l'instant, chaque personne dans cette pièce fut réveillée, debout, prête à accueillir nos nouveaux arrivants comme ils le devraient – mais ce n'était pas des ennemis. Moi-même étais debout, à quelques centimètres du sol, entre la porte et mes amis, légèrement sur le côté, de sorte à voir les deux. Je vis Daniel se lever de lui-même pour la première fois depuis trois mois, et, sous le choc, laisser échapper un hoquet qui ressemblait presque à un sanglot. Devant nous se dressaient deux petits anges de deux ans et demi à présent, un petit garçon aux cheveux bruns méchés de bleu, une petite fille blonde aux longs cheveux.
Je sentis des larmes immatérielles couler sur mes joues – malgré tout, j'étais encore capable de ressentir des choses.
- Mes petits Anges...
La reine des Nymphes apparut derrière eux.
- Je suis désolée, souffla-t-elle. Notre île a été submergée, et les Nymphes voulaient se battre. Mais quand les petits ont senti que quelque chose n'allait pas... J'ai gardé le secret, mais...
Elle observa mon corps étendu sur le lit, le regard triste, et Shana se mit à pleurer et se dirigea vers son père, qui vit avec douleurs ses traits similaires aux miens. Mais Keith se tourna vers moi et m'observa avec une curiosité à peine cachée, et j'écarquillai les yeux, figée un instant.
- Maman ? dit-il d'une petite voix.
Shana s'arrêta en chemin et se tourna vers moi, se mettant à pleurer de plus belle. Keith se mit à courir laborieusement vers moi, puis sa sœur fit de même, et la seconde d'après ils se précipitaient sur moi. Ma petite fille voulut sauter pour me serrer contre elle, mais elle attrapa le vide et tomba au sol – Keith comprit trop rapidement qu'il avait mon âme en face de lui.
- Je suis désolée, dis-je en séchant mes larmes et en souriant.
Je dis mine de m'accroupir, même si en réalité je flottais légèrement. Shana se releva, devant moi, et regarda son frère, qui tendit une main vers moi. Je frôlai ses doigts, mais il ne pouvait pas les sentir – je n'étais pas capable de toucher au vivant.
- Qu'est-ce que vous faites, mes Amours ? demanda Daniel en s'approchant, observant le vide devant les deux petits.
Keith, baissant sa main, se tourna vers son père.
- Papa, tu vois pas Maman ?
- Quoi ? Qu'est-ce que... ?
- Maman elle est là, sanglota Shana. Maman elle est pas partie comme je pensais et comme Keith il avait dit.
Daniel observa devant lui, me dévisagea de la tête au pied sans me voir, et je retins de justesse mes larmes. Il était là, brisée, il me regardait plein d'incompréhension, mais il était debout, pour la première fois depuis si longtemps.
Keith tapa son crâne de son doigt comme pour désigner son esprit, et il tendit la main vers Daniel, qui l'observa. Plissant les yeux, il attrapa sa petite main en se tordant légèrement, et Keith souffla :
- Tu dois ouvrir ton esprit. Tyia le dit toujours.
Tyia était la mère des Nymphes, celle qui était chargée d'élever les nouveau-nées. Daniel fronça les sourcils mais sourit à son fils, qui semblait lui diffuser des ondes positives. Puis mon Ange releva les yeux, lâchant la main de Keith, et plongea ses iris violettes dans les miennes, les yeux écarquillés et remplis d'une douleur immense, d'une tristesse qui inonda ses yeux de larmes.
- Ariana ?
Sa voix se brisa, et il tomba à genoux. Shana s'approcha pour lui faire un câlin et sangloter dans ses bras bruyamment. Keith les rejoignit, montant sur les genoux de son père, mais ce dernier continua à me regarder comme s'il n'y croyait pas une seconde.
- Mon Amour, c'est toi ?
- Je crois bien, répondis-je d'une voix tremblante.
- Daniel, paniqua Cam, qu'est-ce que tu racontes ?
Laura aussi s'était mise à pleurer.
- Elle était là. Depuis le début, elle se tenait à côté de nous, elle tentait de nous atteindre alors qu'on se foutait en l'air.
Cam observa dans ma direction, plissant les yeux, mais Daniel s'adressa à moi.
- J'imagine que je ne peux pas... te toucher, souffla-t-il.
Je secouai la tête, lui adressant un sourire timide.
- Je ne suis pas matérielle.
- Aria, pourquoi je ne te vois pas ?
Keith passa sa tête par-dessus l'épaule de Daniel, toujours sous le choc.
- Tonton trop fermé sur la mort. Tu dois ouvrir esprit, maman est ici !
Il lui sourit, et Cam, troublé, observa de nouveau vers moi, écarquillant les yeux en voyant des images de moi, une vision trouble – mais c'était un début.
- Putain, Aria.
- Salut, Cam, sanglotai-je.
Je me relevai doucement, mais Daniel resta à terre, ses magnifique iris cherchant à trouver la vérité, doutant de m'avoir réellement devant lui.
- Trois mois, Ariana, souffla-t-il. Est-ce que ça fait vraiment trois mois que je suis là, comme un con, à ne pas te voir ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Je ne suis réapparue qu'après un mois, peut-être un mois et demi. Tout est assez flou, trouble dans mon esprit, mais... Je me souviens de cette tristesse, cette rage et ce désespoir qui m'a envahit quand j'ai su que tu étais parti.
Il grimaça et se releva en gardant Keith dans ses bras, Shana restant debout.
- J'ai compris au même moment, quand ce flux d'énergie et d'émotion m'a envahit, que j'étais capable de te sauver. Et je n'aurais pas pu ne rien faire, Daniel.
- Tu m'avais promis ! Tu savais que tu étais bien plus importante, mon Amour.
Je haussai les épaules, et il s'avança jusqu'à quasiment me toucher – quasiment me traverser, Keith me souriant de ses bras.
- Oh sérieusement, Daniel. Ose me dire que tu y as cru une seule seconde, à cette fausse promesse. Tu aurais fait la même chose, quitte à réveille les Enfers.
- Les Enfers ne sont pas si terribles, ironisa-t-il.
Je lui souris, et il ferma les yeux, semblant savourer ma présence psychique tout en regrettant ma présence physique. Je me reculai alors, et quand il ouvrit les yeux, il m'adressa un sourire qui réchauffa mon cœur et le rassura.
Je me tournai vers Julian, qui leva la main en un salut qui se voulait in-intéressé – mais l'émotion transparaissait dans sa voix.
- Yo, Ariana.
- Julian.
Il hocha la tête et se rapprocha encore de Laura, qui m'observait toujours avec des larmes plein les yeux. Je contournai alors Daniel pour m'approcher d'elle et incliner la tête légèrement.
- Tout va bien, Laura. Honnêtement, je pensais avoir besoin de beaucoup plus de temps pour vous réunir, et encore plus pour vous faire comprendre que j'étais là. J'avais prévu une baisse de trois quarts des habitants de la Terre – et à ce que j'ai entendu, on n'a perdu que la moitié.
- Je ne suis pas sûr que ça me réconforte, Aria, dit-elle sceptique, mais amusée.
- Je suis celle qui est dans le monde des Morts, et c'est moi qui dois te réconforter ?
Elle sourit, mais se ternit rapidement.
- Je suis tellement désolée, Ariana.
- Ne le sois pas, souris-je en reculant. J'ai fait mon choix, et il faudra que je fasse avec. Je trouverais un moyen de revenir – je trouverais comment me rattacher au vivant. Je ne suis pas morte, ne faites pas comme si je l'étais. Je suis juste incapable de rallier mon corps, ou même d'en occuper un autre.
Je contemplai mon corps aux allures de robot avec tous ces fils branchés à lui. C'était une sensation étrange à laquelle je ne me faisais pas – s'observer comme dans un miroir, mais savoir que c'est la représentation matérielle de ce qu'on est.
Je pris une grande inspiration et me tournai vers mes amis.
- Est-ce qu'on pourrait me faire un petit topo sur l'avancée de la mission ? Daniel en a bien besoin aussi.
Celui-ci grommela quelque chose et posa Keith, demandant à la Nymphe de les emporter tous les deux. Ils protestèrent pour la forme mais se laissèrent tirer hors de la pièce.
- Lucifer se remet tout doucement de sa confrontation avec toi, qui l'a sacrément fait morfler, commença Cam. Il n'est ni au courant de ta mort, ni du fait que Daniel a survécu, ce qui est un gros avantage pour nous, il faut être honnête.
- Comme Lucifer avait disparu, enchaîna Julian, on s'est servi de lui comme excuse à ta disparition : tu combats actuellement contre lui. Quant à Daniel, on a simplement dit qu'il était blessé – même si les questions étaient moins nombreuses.
- Côté portail, on a réussi à le localiser précisément, finit Laura. Il se trouve à l'intérieur du palais des Démons Originels – Lucifer a fait construire sa demeure à son endroit pile, autour du portail désactivé. Et l'autre mauvaise nouvelle, c'est que Liam le garde. En fait, personne n'a réussi à passer la barrière d'ennemi avant le château – et même s'ils y étaient arrivés, Liam attend de pieds fermes.
- Il se joint à la bataille parfois, en dernière ligne, mais se mec a toujours été poltron, cracha Cam.
Je grimaçai. Ça ne s'annonçait pas vraiment bien, mais nous avions avancé, rien qu'un peu.
- Autre détail, ajouta Mélina d'une petite voix, tant que les murs du palais protègent le Portail pour Elfmantia, il ne sera pas possible de l'activer.
- Nickel, ironisai-je. Dans ce cas, on a juste à neutraliser Lucifer, à mettre Liam hors d'état de nuire tout en capturant son énergie et son aura pour ouvrir le Portail, et enfin, il faut détruire totalement le palais des Démons Originels pour libérer la magie.
Daniel hocha la tête, enfonçant son dernier couteau dans ses rangers. Il se releva, dénoua ses épaules, et me fixa avec un sourire fatigué mais déterminé. Cam était déjà presque sur la porte avec Mélina, et Laura attrapait son arme à quelques mètres de là, Julian sur ses talons.
- Vous me suivez ? demandai-je avec un sourire grandissant malgré moi.
- C'est une question sérieuse ? se moqua Cam. Oh, mais seulement à condition que tu ne sois pas trop à la traîne, Aria.
- Je vole, débile. Je pourrais tous vous semer en une dizaine de secondes.
Je lui fis une grimace, auquel il répondit par un haussement de sourcil. Nous passâmes devant les Nymphes et les enfants, qui nous saluèrent tous d'un mouvement de main.
- Quelqu'un a un plan ? demandai-je en contemplant le soleil qui traversait mon corps.
- Toujours, répondit Daniel avec un sourire carnassier.