La Prophétie des Surnaturels ~ 2. Élue

9. Je retire ce que j'ai dit : l'hiver, c'est nul aussi

           

-          A l'aide ! Je vous en supplie, à l'aide !

Des maisons, il y avait des maisons. Si loin...

Je courais, je trébuchais, je me relevai... Continuellement, dans une sorte de boucle infernale. Je tirais Daniel, qui laissait derrière lui une traînée de sang monstrueuse.

Lorsqu'il avait été mordu, mon hurlement avait freiné les monstres, qui avaient reculé pour mieux me jauger. Finalement, j'avais empoigné Daniel pour faire quelques pas en arrière, lentement, très lentement... Les démons étaient plus rapides que moi. S'ils avaient voulu, ils auraient pu me poursuivre, m'achever et s'occuper de Daniel.

Mais le jour avait alors pointé le bout de son nez, d'abord avec un simple rayon, puis par le soleil qui commençait alors son ascension vers le ciel. Les bêtes étaient parties se cacher d'un même accord, sachant que d'ici le lendemain soir, elles auraient deux proies toutes prêtes

Mais je ne comptai pas me laisser faire. Je devais trouver la prochaine saison. Après quelques heures de marche – de traînage –, j'avais enfin aperçu des maisons. Des toits, très, très loin, mais des toits. Ce qui signifiait qu'il y avait des gens, et donc des potentiels médecins, ou peut-être juste des personnes possédant du matériel médical.

Je finis par atteindre le bout du désert. Je fis un pas, passant du sable à la terre, et puis après un ou deux mètres, cette terre devint de la glace, et je me mis à trembler.

J'entrai dans une rue bordée de maisons. De maisons fermées. J'apercevais parfois des visages à travers les fenêtres, mais personne ne venait m'aider, malgré mes hurlements.

La fin arrivait. Ils ne pouvaient pas m'aider, et tout me paraissait déjà lointain.

Je m'effondrai, m'excusant intérieurement pour Daniel, suppliant la Mort de nous laisser tranquille encore un peu.

*  *  *

Point de vue de Laura West

J'ouvris difficilement les yeux. Je me sentais faible, très faible, et mes souvenirs de la veille étaient flous. J'étais descendue vérifier l'état de Julian, dans la soirée – et puis, peut-être qu'avec lui j'avais moins de chance de me faire prendre, non ? J'étais terrifiée, à vrai dire.

« J'entrai dans le gymnase après avoir toqué deux fois, attendu puis toqué une nouvelle fois. Julian courrait de partout, faisait des tours de gymnase, sautillait... Il se tourna vers moi et m'adressa un grand sourire, lui et ses cheveux châtains presque trop longs, maintenant, lui et ses yeux noisette pétillants...

-          Laura regarde ! Je ne les sens même plus ! Enfin, si, mais je n'éprouve plus de douleur, et je peux courir partout avec !

On aurait dit un gamin, et malgré moi, je souris.

-          Tu as essayé de voler ? demandai-je en m'approchant. Tourne-toi, je dois voir ton dos.

Il rougit et se détourna de moi.

-          Oui, mais ça n'était pas fameux. Je crois même que j'ai fait un trou dans le sol quand je suis tombé.

Je fis bouger ses ailes, en quête d'un gémissement ou n'importe quoi d'autre.

-          Tu n'as pas mal quand je fais ça ?

-          Non. Enfin, pas plus que si tu me bougeais le bras.

-          Aucune douleur nulle part ?

-          Non, tout va bien, souffla-t-il avec un grand sourire en pivotant légèrement.