Ashika était très enthousiaste par cette visite et je fus soulagé qu'elle le soit. Elle avait semblé pensive pendant quelques heures, mais depuis le repas du midi, son regard s'était éclairci. Je connaissais assez ma fille pour savoir reconnaître ces petits moments d'absence qui la caractérisait si bien. C'est comme si elle plongeait corps et âme dans ses pensées, faisant fi du monde autour d'elle. Je ne lui en voulais pas pour ça, j'avais appris à faire avec. Cela m'étonnait juste que ce moment de réflexion arrive maintenant. Habituellement, ça arrivait quelques heures après l'intervention de sa mère. Mais là, ça avait pris un peu plus de temps. Sûrement grâce à la venue d'Aslander.
Ce dernier observait sa femme distribuée de gros paquets de linge à de jeunes mères. L'association dans laquelle nous nous trouvions prenait en charge les jeunes mères célibataires. Il y avait un photographe humain, d'un journal local qui prenait le tout en photo. Siobhane ne lui prêtait aucune attention, rassurant simplement les jeunes mamans avec sa voix douce et pourtant ferme.
_ Des enfants, grommela Aslander. Je sais à peine lui donner ce dont elle a besoin, alors des mioches ?
_ Regarde la mienne. Tu n'auras jamais mieux, ricanai-je.
Ashika, qui était contre mon torse, mes bras enroulés autour de son cou, leva son regard sur moi en faisant la moue.
_ Je peux continuer à être un peu la tienne aussi si tu veux, Ani, dit-elle à notre Empereur avec un grand sourire.
Aslander rit doucement et tapota la tête d'Ashika. Ma fille poussa ma main et alla rejoindre sans un mot de plus Siobhane.
Je jetai un coup d'œil à nos hommes qui évoluaient autour de nous. Nous étions à côté d'un vieux gymnase de la ville d'Arkan. Ce n'était pas l'endroit le plus sûr de cet endroit, mais il ne semblait pas y avoir de problèmes. Arkan me l'avait conseillé.
_ Vous n'avez pas contacté les télévisions, remarqua l'Herre de la ville.
Il s'arrêta à nos côtés et observa comme nous Siobhane. Siadhal, pour ne pas effrayer les jeunes femmes, s'était écarté, mais il ne semblait pas à l'aise. Il faisait les cent pas sous sa forme de prédateur. Je pouvais sentir d'ici sa nervosité, c'était pour vous dire.
_ Inutile de montrer à tout le territoire que nous sommes ici, remarqua Aslander. Comment se porte ta meute, Arkan ? Tout se passe-t-il bien de ton côté ?
_ Tu devrais demander ça à notre cher Koning, c'est lui qui décide de ça, ricana Arkan, moqueur.
_ Arrête donc de geindre. Ne t'ai-je pas offert un séjour au Fief tout frais payé ? minaudai-je.
_ Tu as effectivement avancé l'idée qu'une bonne partie de chasse nous ferait du bien.
_ Tes lycans ont pu savourer l'herbe de la Réserve.
_ Et je suis sûr que vous avez bien arrosé ça tous les deux, grogna Aslander. Et sans moi en plus.
Arkan rit avec nous et tapota mon épaule. Je lui rendis sa marque d'affection, heureux et soulagé de pouvoir compter sur lui à tout moment quand il s'agissait de ma famille, de ma meute ou même de notre Empereur.
Je levai les yeux au ciel avant de retourner mon regard sur la Reine et ma fille. Elles discutaient avec de grands gestes, accompagnées par deux autres jeunes femmes dont une enceinte.
Nylo n'était pas loin, avançant au rythme des femmes pour pouvoir agir à tout moment. Je ne comprenais pas forcément les menaces faites à l'encontre de Siobhane. Elles auraient pu être négligeables si seulement les Mages étaient reconnus pour ce qu'ils étaient vraiment. Et non pas pour des opportunistes.
En ce début d'après-midi frais, j'étais rassuré que tout se passe pour le mieux. Ce n'était pas que je devenais paranoïaque à cause de la nervosité de Siadhal et d'Aslander, mais un peu. J'étais avant tout un Krig. Si attaque il y avait, je devais intervenir pour protéger mon couple royal avant toute chose. Je n'étais pourtant pas convaincu par cette balade à la vue de tous. J'avais toujours craint que notre camp soit infiltré par les Terra Australis Incognita. Ces fils de chien ne comprenaient rien à rien et continuaient de faire des dégâts inutiles. Pourtant, je ne pouvais leur enlever le fait qu'ils géraient très bien leurs infiltrations chez nous. Il y en avait eu quelques-unes, mais plus depuis des années. Aslander s'était fait un devoir de faire une purge radicale. Si cela avait attisé l'esprit des Terra, cela ne les avait pas arrêtés du tout.
Je croisai mes bras sur mon torse, continuant de garder mon regard alerte sur tout ce qu'il se passait autour de nous. Nous étions entourés de trois rues, toutes donnaient sur d'autres intersections. Nos hommes patrouillaient dans tout le quartier. Rester en alerte était la clé pour ne pas se faire surprendre.
_ Papa ! m'appela Ashika.
Je l'observai et elle me montra un pull de loin. Je hochai la tête et elle pivota vers Siobhane sûrement pour lui dire qu'elle le prenait pour elle. Je ne pouvais pas l'en empêcher, après tout, si elle le voulait elle pouvait l'acheter. Elle avait tout le temps de l'argent sur elle. Comme ça, au moindre problème, la première règle était soit de m'appeler, soit de venir à moi par tous les moyens possible. Elle savait qu'une fois qu'elle serait avec moi, tout irait bien.
La première règle avait toujours été claire quand Ashika avait désiré sortir de la Réserve.
Sans une mère pour apprendre certaines limites, j'avais fait avec les moyens que je connaissais. Ce n'était peut-être pas les bonnes, mais au moins je savais qu'au moindre problème, Ashika me chercherait avant de faire ne serait-ce qu'une bêtise.
Je m'étirai un instant et écoutai un peu plus Arkan qui parlait d'un petit problème de budget qui était en train d'être réglé. Aslander était concentré et écoutait attentivement les demandes d'Arkan concernant certaines bourses d'études accordées aux jeunes lycans avec des talents particuliers. Le Herre était très à cheval sur le nombre de candidats potentiels. Et c'était pour cette raison que je lui offrais toute l'aide possible.
Je pivotai vers Nylo qui regardait vers le haut de l'immeuble sur notre gauche. Je fronçai les sourcils et fis un pas de côté. Le soleil arrêta de m'éblouir.
Au même moment, Cashel apparut poussant un long cri d'alerte sous sa forme d'aigle. Nylo cria à son tour et je me mis en mouvement avant de comprendre ce qui arrivait.
Avant de comprendre que l'homme qui tenait un flingue en haut de l'immeuble visait Siobhane et Ashika.
Siobhane eut le réflexe de protéger Ashika et la recouvrit de son corps. Quelque chose de flou s'agita autour d'elle et je sus qu'elle avait fait appel à ses pouvoirs.
Aslander fut sur mes talons, plongeant sur sa Reine.
Le premier tir fusa, m'arrachant un cri.
Si Aslander avait protégé Siobhane et Ashika de son corps, j'en avais fait de même pour lui.
Les cris et la panique gagnèrent les humains et humaines qui se trouvaient là et le mouvement de foule se fit plus fort.
Assez pour que je cache ma blessure d'une main et agrippe Ashika de l'autre. Aslander pressa Siobhane contre lui et la fit avancer tout aussi vite, protégeant sa tête de son bras.
_ Nylo ! hurlai-je. Voiture !
Arkan criait des ordres à ses hommes.
Je sentis mon Ritter se mettre en mouvement et la voiture fut devant nous en quelques secondes. Aslander poussa Siobhane à rentrer et balança presque Ashika à sa suite. Il voulut me faire monter, mais j'arrêtai son geste.
_ Grimpe dans cette voiture et casse-toi de là ! crachai-je.
Il me regarda pendant une longue seconde avant d'écarter brusquement ma main de ma blessure.
_ Papa ! cria Ashika, inquiète.
Un nouveau tir retentit, frôlant la carrosserie de la voiture, non loin de la main de ma fille.
_ Putain ! hurla Aslander.
_ Grimpez bon sang ! s'écria Siobhane.
De mon coude, je poussai Aslander à l'intérieur et claquai la portière. Je frappai une fois sur la vitre et la voiture décolla. Je pivotai sur moi-même et vis le deuxième tireur. Je secouai la tête et agitai ma main pour en éjecter le plus de sang possible. Je tirai mon flingue de mon pantalon et visai directement le second tireur.
_ Pas ma fille, connard, grondai-je.
Je poussai un long soupir et mon corps se figea lentement. Puis, je pressai ma détente. L'homme cria et glissa en avant. Son corps mou s'écrasa un peu plus loin.
_ Bien joué ! cria Arkan. Bouge de là maintenant !
Je secouai la tête et pivotai une nouvelle fois pour voir Siadhal sauter sur le premier tireur. Il le tira vers le toit, mais un rugissement retentit. Je secouai la tête et me mis à courir.
_ Prévient la Brigade ! ordonnai-je à Arkan.
Je défonçai la porte du premier bâtiment avec mon épaule et me mis à chercher des yeux l'escalier. Immédiatement, un de mes hommes pénétra dans la bâtisse et me pointa les cibles à abattre du doigt.
_ Krig ! m'appela un deuxième homme. Il vous faut des soins.
Je refusai sa proposition et me mis à gravir les escaliers. Je poussai une nouvelle porte, mon flingue à bout de bras. Je bondis sur l'escalier suivant qui menait au toit.
Je roulai à terre en défonçant une nouvelle porte. Siadhal était encore sous sa forme de puma et avait démembré le corps du tireur. De là où j'étais, je pus voir qu'il était gravement blessé au flanc. C'était dur à dire, mais il saignait plus que moi.
Je me redressai et sifflai une fois. Le puma se figea un instant avant de relâcher sa proie, tournant autour en feulant et en crachant. Siadhal savait très bien mettre une proie hors d'état de nuire, s'il avait tué cet homme, c'est que celui-ci l'avait gravement atteint.
Je savais comment Aslander aurait contrôlé Siadhal. Par ailleurs, ce dernier me connaissait assez pour ne pas m'attaquer maintenant. Seulement, les hommes qui allaient arriver bientôt ne seraient pas les bienvenues. Siadhal restait un animal sauvage qui était blessé.
_ Va-t'en ! crachai-je. Retrouve ton Maître !
Le puma couina de douleur avant de grogner. Il secoua sa tête et frotta son museau au sol. Quand l'un de mes hommes arriva dans mon dos, je poussai la porte du pied pour ne pas qu'il soit vu par la bête.
_ Bouge Siadhal ! Vire de là !
Le puma s'ébroua et détala. Il bondit sur le toit suivant et bientôt disparu. Il retrouverait facilement Aslander.
J'entendis la porte s'ouvrir avec fracas. Je tombai à genoux, le souffle court. Je grimaçai quand ma main pressa la plaie par balle. D'après ce que je sentais, elle était restée à l'intérieur. Et ce n'était pas n'importe quelle balle. C'était une balle perforante. Saleté de cochonneries. Si je bougeais trop, elle exploserait. Malheureusement pour moi, je m'étais déjà bien trop agité.
Quand mon homme voulut me toucher, je levai une main. Il me fallait au moins un chirurgien à portée de mains ou un guérisseur pour gérer ça. Heureusement pour moi, Ashika n'était pas dans le coin. Elle aurait utilisé son énergie pour moi et il en était hors de question.
_ Bouclez le périmètre ! ordonnai-je. Et trouvez-moi ces enfoirés !
J'entendis mon homme parler à la radio pour que tout le monde s'exécute. Je restai agenouillé là, attendant sûrement un miracle.
Cela prit plus d'une heure de faire venir la Brigade Noire, ainsi que les pompiers. Tous étaient intervenus dans les temps, certes. Seulement, ça m'avait paru être une éternité.
J'étais assis à l'intérieur d'une ambulance quand j'entendis la voix de Mazakeen.
Je fronçai les sourcils. Elle était censée être en congé pour encore quelques jours suite au décès de Sean. Qu'est-ce qu'elle foutait ici ?
La portière arrière de l'ambulance s'ouvrit brusquement. Je croisai son regard écarquillé. Ma chemise ensanglantée était par terre et le pompier qui me faisait mon dressage de pansement fut étonné d'être interrompu. Je posai ma main sur la bande et lui fis signe de sortir de l'ambulance.
_ Qu'est-ce que vous fabriquez vous ? s'écria Mazakeen. Vous y retournez et vous me le soignez.
_ Mazakeen, grognai-je.
_ Ferme-la, Krig, rétorqua-t-elle. Laisse-toi empaqueter que je puisse te fracasser moi-même la tronche après. J'ai deux cadavres d'humains sur les bras à cause de toi. Alors, ferme-la et laisse-toi faire.
Je voulus la retenir, mais elle ferma brusquement la portière et j'entendis sa voix claquer, donnant des ordres à ses hommes. En voilà une bonne entrée en matière.
Je pressai le pompier et je ressortis de l'ambulance quelques minutes plus tard. Je tenais mes côtes d'une main, sentant encore ma peau se refermer à certains endroits.
Groggy, je cherchai Mazakeen du regard. Je devais lui expliquer la situation. Le quartier était bouclé par les forces de l'ordre. Je vis même Aslander au loin, expliquant quelque chose au chef de la brigade de Mazakeen.
Il releva son regard sur moi et je lui fis un signe de la main. Il hocha la tête et fit un geste à son tour. Celui-là voulait dire : on en reparle plus tard.
J'espérais que Siobhane et Ashika étaient loin d'ici bon sang. Je me baladai torse nu au milieu d'une foule de flics quand enfin je repérais celle que je voulais.
Je me faufilai entre deux hommes armés et tapotai l'épaule de Mazakeen. Elle pivota et jeta un coup d'œil à ma blessure avant de me frapper à un endroit sécurisé. Je grognai.
_ C'est quoi ce bordel ? maugréa-t-elle.
_ Des Terras, soupirai-je. Ils ont voulu viser la Consort. Heureusement, Hachi et elle n'ont rien.
Le visage de Mazakeen devint livide. Je fronçai les sourcils.
_ Hachi était là ? Au milieu de tout ça ?
Elle me frappa de nouveau et cette fois-ci je couinai de douleur.
_ Mais qu'est-ce qui t'a pris d'amener Hachi ? cria-t-elle en continuant de me frapper le bras.
_ Hey ! Stop ! m'écriai-je en l'arrêtant. Elle va bien ! D'accord ?
Mazakeen s'écarta un instant de moi et cria quelque chose à un groupe d'hommes. Ils s'éparpillèrent et se remirent au travail. Elle pencha la tête, observant de loin Aslander et son chef.
_ On était là en reconnaissance. Histoire de faire de la pub à la Consort.
_ Vous la mettez à la vue des cinglés juste avant son mariage ? Grande idée ! Tu en as d'autres des comme ça ?
Je soupirai et secouai la tête, repoussant mes cheveux d'une main puisque l'autre était pris dans le bandage.
_ Si tu avais été là, tu aurais compris que c'était une simple sortie de courtoisie. Et nous avions des hommes.
_ Visiblement, ça ne les a pas arrêtés ! rétorqua Mazakeen, mauvaise.
Elle approcha son nez de ma blessure et le fronça. Je souris et tendis ma main vers sa joue. Elle tapa dans mes doigts.
_ Fais pas le malin !
_ Tu t'inquiètes ?
Elle haussa un sourcil et appuya rapidement sur ma blessure. Je soufflai de douleur avant d'écarter sa main en grognant.
_ Maudite bonne femme, grondai-je.
_ Ça fait mal, idiot ? Alors oui, je m'inquiète ! Qui a tué le deuxième homme, Archeon ?
Je fis la moue et levai la main qui allait avec le bon bras. Elle leva les yeux au ciel.
_ Ce truc est déchiqueté. C'est pas bon pour les infos ça.
_ Rien à foutre. Rien ne filtrera, chuchotai-je. Il s'agit d'une tentative de meurtre sur la Reine Consort. Tu crois vraiment qu'Aslander va ébruiter ça ?
La mine consternée de Mazakeen m'apprit qu'il y avait peut-être déjà un problème dans la balance.
_ Quelqu'un a filmé Siadhal en train de déchiqueter le gars, soupira-t-elle. Sûrement un drone qui vous espionnait. Ces bêtes-là ne sont pas visibles à l'œil nu si elles sont loin.
Je pivotai brusquement sur ma droite et vis ma fille arrivée en courant. Elle passa sous le bandeau de la police et joua des coudes. Je grognai. Mazakeen pivota à son tour et soupira.
_ Cette gamine a des tendances suicidaires. Comme son maudit père.
_ Hey gamine ! s'écria un flic. Reviens ici !
_ C'est bon, laisse la, Garcia ! lui indiqua Maze en agitant sa main.
Ashika ne ralentit pas sa course et me sauta dessus. Je la récupérai avec un bras et tanguai un peu. J'embrassai sa tempe. La main de Mazakeen pressa la nuque de ma fille.
_ Ça va, Hachi, ton père est un dur à cuire, tu le sais bien, souffla-t-elle à l'oreille de la gamine.
Je déposai ma fille au sol et repoussai ses cheveux toujours d'une seule main. Elle frotta son nez et m'observa un instant.
_ Ashika !
Mon ordre tomba dans l'oreille d'une sourde. La main de ma fille balaya mon torse et mon bras droit. La douleur fut vive pendant un instant avant de totalement disparaître. Elle poussa un long soupir avant de vaciller. Mazakeen la rattrapa pendant que je me dépêtrais de mon bandage.
_ Bon sang, Hachi ! Quand vas-tu écouter ton père ?
_ Et toi ? ricana Ashika. Quand est-ce que tu vas l'écouter ?
Mazakeen piqua un fard. Elle releva sa tête et croisa mon regard. Elle rougit un peu plus et cela me fit sourire. De sa main, elle écarta mon visage du sien en ronchonnant.
J'aidais ma fille à se remettre sur ses pieds et vérifiai qu'elle allait bien.
_ Ça va pa', je t'assure. J'ai juste faim.
Oui. Le pouvoir d'Ashika lui prenait beaucoup d'énergie et en général, elle mangeait énormément après une séance de soins.
_ Y a un fast-food à l'angle de la rue là-bas. Vous devriez pouvoir...
Je la regardai avec de grands yeux. C'était très rare que nous allions dans les fast-foods. Voire jamais à vrai dire. Je voulais qu'Ashika ait une vie saine, tout comme son alimentation. Tout ce que nous mangions à la Réserve provenait de nos terres. Que Mazakeen nous propose ça me surprenait étonnamment.
_ Pour de vrai ? souffla Ashika en sautillant sur place devant Mazakeen.
Je fis la moue. Maze me lança un coup d'œil vaguement coupable.
_ C'est moi qui offre. Rien de tel qu'une bonne dose de gras après ce genre de drame. N'est-ce pas ?
Je soupirai et secouai la tête.
_ Je vais prévenir Aslander. Tu as faussé compagnie à Siobhane, Hachi ?
_ Siadhal était pas bien, alors je l'ai soigné et Siobhane était occupée à autre chose du coup je suis venue, admit-elle en rougissant.
Je levai les yeux au ciel.
_ Laissez-moi prévenir Aslander et je viendrais. Tu es sure que tu as le temps, Mazakeen ?
Cette dernière parlait déjà avec ma fille, ne me répondant pas. Je soupirai et allai à la rencontre de mon Empereur.
_ Ta fille a encore fait des siennes, remarqua-t-il quand j'arrivais à son niveau.
Il fit un signe de tête au chef de la Brigade qui pivota vers moi. On se serra la main.
_ Vous avez été témoin de cette attaque, Krig. On va avoir besoin de votre témoignage.
_ Et cette vidéo ? soufflai-je.
_ Mon équipe gère ça, répondit Aslander. Elle n'ira pas plus loin sur la toile. Ils l'utiliseraient pour en faire une arme contre nous.
_ Ils ont visé Siobhane, soupirai-je.
_ La Reine Consort est-elle en sécurité ? souffla le chef de la Brigade.
C'était un mec bien, un peu vieux pour le poste qu'il avait, mais nous n'étions pas tous des lycans. Nous devions faire avec. Je regardai Aslander répondre. Oui, elle l'était. Avec ses hommes vu sa tronche. Il n'était pas content du tout et nous allions tous en entendre parler pendant des mois.
Moi, j'allais mettre au clair certaines choses avec mes hommes. Cette brèche dans la sécurité n'aurait même pas dû être de mise.
_ Je veux un rapport de ton équipe, Warren, grogna Aslander une fois le chef parti. Comment est-ce qu'ils sont arrivés jusqu'à nous ?
J'étais perturbé par tout ça. Il fallait que je réfléchisse à ce qui était arrivé et comment. Pourquoi viser Siobhane ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi de cette façon ? Avions-nous manqué quelque chose ?
_ Je te fais ça pour demain, acquiesçai-je.
_ Ta fille a fausser compagnie à ma Reine. Je te le confirme, elle n'a pas aimé.
_ Hachi ira s'excuser. Elle a simplement soigné Siadhal avant de déguerpir pour me trouver.
_ La règle numéro un, c'est ça ?
Je souris et hochai la tête. Aslander se pencha et vit Ashika et Mazakeen parler avec entrain. Elles étaient très complices. Depuis toujours. Je ne pourrais jamais assez remercier la jeune femme d'avoir fait tout ce qu'elle avait fait pour ma fille. Elle l'avait presque éduqué. J'en avais conscience.
_ Ton crush est là. Joue le tout pour le tout.
Je voulus taper Aslander, mais il était déjà loin, ordonnant beaucoup de choses aux équipes qui se trouvaient là. Il chercherait ceux qui avaient fait ça jusqu'au bout. Ceux qui avaient commandités cette attaque en avaient spécifiquement après Siobhane. Il ne pouvait laisser passer ça. Moi-même, j'allais prendre mes précautions à l'avenir.
Je rejoignis Mazakeen et Ashika. On se dépêcha d'aller dans un fast-food avant qu'Hachi ne tombe de faim. Je m'installai sur la banquette en face de ma fille, bloquant Mazakeen contre la vitre. Elle le vit et me tira la langue. Je savais qu'elle n'aimait pas ça.
Je n'avais pas eu de nouvelles de Nylo, mais j'étais presque sûr qu'il attendait que je lui dise de quitter Siobhane. Il n'était pas en confiance. La seule chose que je lui reprochais, c'était d'avoir laissé filer ma fille. Ashika était forte à ça. Trop intelligente qu'elle était.
Elle commanda un gros milk-shake, ainsi qu'une portion de pancakes. Mazakeen fit la même chose. Je ne pris rien, mais savais déjà que j'en piquerais une part à Maze.
_ Siadhal avait une blessure grave, soupira Hachi en attendant le retour de la serveuse. Il était vraiment en colère.
_ Tu l'as soigné, c'est tout ce qui importe, ma puce, dis-je en plaçant mon bras derrière les épaules de Maze.
_ Est-ce que ça va aller, Hachi ? s'enquit la jeune femme. Si tu veux en parler, tu peux le faire. Il ne faut pas que ça te reste sur le cœur.
Hachi s'agita sur son siège et hocha la tête. Ma fille se confiait énormément à cette femme. Était-ce une mauvaise chose ?
_ Je vais aux toilettes et je reviens ! nous prévint Hachi en bondissant de sa banquette.
Elle devait se retenir depuis un bout de temps.
_ Ça ira, rassurai-je Mazakeen. Elle est forte.
_ Ne la surestime pas non plus, rétorqua-t-elle.
Je fronçai les sourcils et je repoussai une mèche de cheveux de Maze. Elle se figea et leva à moitié son regard vers moi. Je me penchai légèrement et frôlai son oreille de ma bouche.
_ Tu étais inquiète pour moi, lui rappelai-je.
_ Pourquoi je ne le serais pas ? me rabroua-t-elle.
_ Tu étais en colère. Pour Sean.
Elle hocha la tête. Mes doigts frôlèrent sa joue et elle retint son souffle. J'étais rarement aussi tactile avec elle, même si je réclamais souvent son attention. Le sentait-elle ?
_ Prendre des balles pour les autres, c'est ton métier favori ? maugréa-t-elle. Ne crois-tu pas que je me fais assez de souci comme ça ?
_ J'aime que tu t'inquiètes pour moi, admis-je.
Elle me regarda avec beaucoup d'attention, ses joues légèrement rouges.
_ Et je sauterais toujours entre le danger et toi. Tu le sais.
_ C'est idiot. Tu as une fille. Une magnifique fille qui a besoin de toi.
_ Tu as besoin de moi, toi aussi, assenai-je.
Mon pouce glissa sur sa tempe et elle ferma doucement ses paupières. Sa main se crispa sur mon nouveau t-shirt.
Je déglutis et me penchai un peu plus. Maze ne recula pas et me regarda faire avec de grands yeux. J'allais frôler ses lèvres des miennes en plongeant mon regard dans le sien quand mon lycan me força à me redresser brusquement.
Le sifflement d'Ashika retentit, petite mélodie qu'elle avait en tête. Mazakeen s'écarta légèrement de moi et se racla la gorge.
Ashika s'assit en face de nous et nous observa pendant un instant.
_ Vous avez une tête bizarre, remarqua-t-elle. Qu'est-ce que vous avez fait ?
Mon rire résonna en même temps que le gros soupir de Mazakeen.
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Oupsi, un jour de retard, gomen gomen 🤭 Mais ça va vous avez eu quelque chose du côté d'Ada, donc je me sens pas trop coupable, mouaha 😇
Comment ça va vous ? La reprise a pas été trop compliquée ? Moi j'en ai encore pour une semaine et depuis quelques jours, je suis une véritable machine de guerre niveau écriture 🤓 Ça dépote pas mal !
Comme je vous l'avais dit, finalement tout ne se passe pas comme prévu et il semblerait que Siobhane ne soit pas si bien vu de certaines factions de lycans ! Vous avez eu un petit aperçu du pouvoir d'Ashika : elle gère la gamine mine de rien 😳
On se retrouve mercredi pour la suite avec Lilibeth et nous auront donc fait le tour des personnages... pour cette 1ère partie néanmoins 😈
Bisous 😽😻