Puissance 1 000 (Terminée)

By aepompom

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Lise est l'assistante idéale pour Alex : redoutablement efficace, aussi discrète qu'une souris, et physiqueme... More

Prologue
Action ...
... Réaction
Diversion
1er matin
Nouvelle mission
Préparation
Transformation
Tel est pris ...
... Qui croyait prendre
Enfin savoir ....
Atterissage
Echappatoire
Surprise...
Fin ?
Retrouvailles ?
Arrêt sur image
Reprendre le flambeau
C'etait pourtant si bien parti ...
Premières stratégies
Baisser la garde
Chute libre
" Stagiaire Eté "
And the winner is ...
Signera, signera pas ... ?
Associés
Lancement des festivités
Volutes et Conséquences
Folie douce
Fer rouge ...
Douche froide
Plan d'attaque
Règlement de compte à O.K Corral
Retrouver son axe
Tout mettre à plat
Boulettes en 3 variantes

Epilogue

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By aepompom

5 ANS PLUS TARD

(LISE)

La sonnette de l'entrée me perturba à peine depuis mon poste de repli sur le canapé.

Alex mijotait un truc. Encore.

Depuis des jours je le voyais farfouiller partout à la recherche de je ne sais quoi. Parfois il arrêtait même ce qu'il était en train de faire pour noter quelque chose dans un petit carnet que j'avais l'interdiction formelle d'approcher. Mon instinct me soufflait que c'était un truc énorme et je mourrai littéralement de curiosité.

D'autant que je n'avais pas le moindre indice. Hormis le fait qu'il était de plus en plus nerveux. Et plus il était nerveux, plus moi je gambergeais
Et paniquais.

Car Alexandre Gabriel Miller était tout ce qu'on voulait : beau gosse un brin narcissique, brillant et égocentrique, sûr de lui et soupe au lait, légèrement directif, pour ne pas dire autoritaire, toujours entier et passionné, parfois hésitant aussi.

Mais jamais, ô grand jamais, il n'était nerveux.

La sonnette retentit pour la seconde fois et dans l'air crépita un petit je ne sais quoi qui me fit dresser les poils des avant-bras. En levant les yeux, je m'aperçus qu'Alex avait subitement disparu, embarquant les enfants avec lui, plongeant de fait la pièce dans un silence très inhabituel pour un samedi matin.

Me frayant non sans mal un chemin parmi les trop nombreux jouets jonchant le sol du salon, j'allai voir qui était ce visiteur insistant.

Un coup d'œil par le judas et je tournai la clé, accueillant avec un sourire le postier tenant un colis dans ses mains. Le format ressemblait fortement à celui de ma box chérie que je recevais chaque mois, mon petit plaisir presque coupable que je me faisais depuis des années, contenant des produits cosmétiques et tout un tas de petits gadgets et goodies surprise totalement inutiles mais qui me procuraient une joie indicible presque enfantine. Léon me le tendit avec un sourire drôlement suspect et un air un brin coupable, me rappelant les enfants quand ils venaient de faire une bêtise. D'autant qu'il m'avait déjà livré ma box quelques jours plus tôt et je savais pertinemment qu'il n'y en avait pas d'autre prévue ce mois-ci.

Je le remerciai avant de lui souhaiter un bon week-end et refermai la porte sur son visage familier et bienveillant.

Est-ce qu'il venait de me faire un clin d'œil complice ???

De retour dans le salon, je me réinstallai en tailleur sur le canapé, ma position favorite du moment, et posai la boite sur mon ventre, vraiment intriguée. Des chuchotements se faisaient entendre depuis la chambre de ma fille mais rien de très audible ni compréhensible. Je me reconcentrai alors sur le colis et commençai à dépiauter l'emballage.

A la vue de la boite, je ne pus retenir un cri de surprise. Le couvercle était bien recouvert d'un dessin de l'artiste habituelle mais, si son coup de crayon était reconnaissable entre mille, son illustration était différente de toutes celles que j'avais pu voir jusque-là. Un homme se tenait dans l'encadrement d'une porte, un petit garçon sur une hanche et une petite fille au bout de l'autre main. Chaque enfant tenait un ballon sur lequel était noté quelque chose que je n'arrivais pas à déchiffrer. Des notes de musique apparaissaient ici et là ainsi qu'une plage un peu plus loin. Rien n'avait l'air d'aller vraiment ensemble, du moins la cohérence du message m'échappait, et pourtant l'ambiance générale qui s'en dégageait venait de faire accélérer les battements de mon cœur.

Je posai le couvercle à côté de moi, et détaillai l'intérieur de la boite.

Le rituel mensuel était reproduit à l'identique. Un ensemble de choses était caché sous une feuille en carton épais sur laquelle était cette fois uniquement notée la date du jour, le tout relié par un ruban rouge. Je défis fébrilement le nœud qui retenait le tout, sans comprendre ce qui me mettait dans cet état bizarre.

Le dos de la carte contenait un mot, écrit de la main d'Alex

Ma puce,

Tu as réussi l'exploit de faire du célibataire endurci et fier de l'être que j'étais, un amoureux transi et un père comblé. Chaque jour auprès de toi, et de vous, est un jour que je chéris et que je n'échangerai pour rien au monde.

Mais il te reste encore un tout petit geste à accomplir pour faire de moi le plus heureux des hommes.

Tu trouveras dans cette boite des morceaux de toi, et de nous, que j'ai plus ou moins secrètement conservés toutes ces années et auxquels je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Chacun symbolise un moment important, une étape, un souvenir inestimable de notre histoire qui, je l'espère, continuera à s'écrire le plus longtemps possible.

La première fois, j'avais rien compris et tout fait foirer... Et aujourd'hui ?

Je t'aime

Alex

Je respirai un bon coup pour éviter de me jeter sur le contenu de la boite comme une morte de faim et laissai mes yeux découvrir une à une les preuves d'amour d'Alex, chacune épinglée à un autre petit ruban de soie rouge daté et annoté.

Tout y était. Toute la construction de notre histoire s'affichait devant moi sous la forme de souvenirs qu'Alex avait conservés soigneusement. Il avait tout gardé, comme un petit rongeur qui stocke ses provisions dans son terrier en prévision d'un hiver rigoureux. Et je découvrais après plus de 5 ans auprès de cet homme des preuves accablantes de son sentimentalisme exacerbé et de son amour évident pour moi.

Je pris délicatement dans mes mains une première photo, celle de la robe que je portais le soir du gala de charité et penchai la tête pour lire les quelques mots notés sur le ruban

(01/05/15 - le jour où tu m'as pris à mon propre jeu)

Puis c'était une copie de l'enquête qu'il avait faite sur moi avant mon embauche qui attira mon regard, bizarrement vide, et j'inclinai la tête à nouveau

(17/04/14 - le jour où un abruti de stagiaire m'a finalement rendu service en bâclant son travail, me donnant ainsi du temps pour te perdre et te retrouver)

Ici un rouge à lèvres que je reconnus immédiatement

(01/05/15 - celui que tu portais pour notre premier baiser)

Là, un billet Eurostar Paris-Londres mille fois froissé

(21/11/2015 - le jour où tout a basculé)

Plus loin, les premières échographies de Charlotte et Oscar

(16/03/016 et 21/12/2018 - les plus beaux cadeaux que tu m'aies fait (mais pas les plus peinards :-)

En dessous encore, une pochette reconnaissable d'une compagnie aérienne de luxe

(12/12/2020 - ceux dont nous allons avoir besoin tout à l'heure)

Je l'ouvrai frénétiquement pour découvrir 4 billets open en business (2 adultes et 2 enfants) pour Salvador, départ le soir même, et les reposais aussitôt après avoir découvert ce qu'eux-mêmes cachaient. La main sur le cœur et les larmes aux yeux, je contemplai un superbe, et très ancien, solitaire, que je le savais tenir de sa grand-mère, simplement glissé dans le ruban qui fermait le tout.

Et sous la bague, écrits à même la boite de l'écriture fine d'Alex, deux mots :

Épouse-moi

Le même petit ruban qui accompagnait chaque souvenir était accroché au bijou et indiquait la date du surlendemain.

Totalement sous le choc, je levai enfin les yeux et découvrai Alex et les enfants dans l'encadrement de la porte, exactement comme sur le dessin de la boite. Mais cette fois-ci je lisais parfaitement ce qu'il y avait écrit sur chaque ballon

Dis oui maman

************

(ALEX)

Il y a 5 ans, quand nous avions découvert que nos retrouvailles avaient entraîné la conception de Charlotte, j'avais foncé sans réfléchir chez le bijoutier le plus proche acheter une bague de fiançailles hors de prix. Dans la foulée, j'avais privatisé le meilleur restaurant de Paris et fait ma demande en grande pompe devant nos familles et tous nos amis.

J'avais dû essuyer tout un discours sur la fin des cavernes et des néandertaliens qui les occupaient. La féministe en elle refusait de devoir se marier pour pouvoir mettre au monde un enfant dans la bienséance. J'avais bataillé sec mais perdu cette manche. Même ma mère l'avait soutenue et j'avais dû remballer ma bague et mes projets maritaux moyenâgeux.

Mais j'apprenais toujours de mes erreurs.

Dans l'intimité cette fois, je lui avais proposé qu'on vive ensemble. Le débat fut houleux, Lise tenait plus fermement à son indépendance que je ne le croyais, mais quand j'eus tapé du poing sur la table en lui rappelant que cet enfant était également le mien, que j'étais fou amoureux de sa mère et que je voulais partager chaque moment avec eux ou elles, elle s'était enfin adoucie.

Magie des hormones ou de mon argumentaire ? Mystère. Mais un mois plus tard, nous nous battions encore comme des chiffonniers pour choisir cette fois la peinture de la chambre du bébé dans notre nouvelle maison, combat d'autant plus âpre que Lise refusait de connaître le sexe avant la naissance, malgré mes suppliques, bouderies, marchandages et autres minauderies foireuses. Et je ne parlais même pas du choix du prénom, qui fut le prétexte à des joutes verbales épiques et sans fin (et que oui, j'avoue, j'adorais provoquer).

Ce que Lise ignorait, c'est que j'avais une botte secrète que je gardais précieusement. Quand un petit minois féminin pointa le bout de son nez quelques mois plus tard, et que la sage-femme nous demanda comment nous souhaitions l'appeler, les yeux plantés dans ceux de Lise, je chuchotais dans un souffle "Charlotte" en hommage à sa mère, renvoyant dans ses 22 le tiède compromis auquel nous étions péniblement arrivés le matin même. Ce que je découvrais alors dans son regard valait bien tous les combats que j'avais dû mener dans ma vie pour en arriver à ce moment parfait.

Tout était toujours question d'instant, de contexte et de présentation des choses. C'est pourquoi j'avais particulièrement soigné la mise en scène aujourd'hui et utilisé à bon escient sa passion irrationnelle pour sa petite boite mensuelle.

Mon fils gigotant comme une anguille sur ma hanche me ramena à l'instant présent. Aucun de nous 4 n'avait bougé ou presque, les enfants ressentant, sans forcément la comprendre, l'intensité exceptionnelle du moment. Quand Lise releva vers nous son visage baigné de larmes, je poussais un soupir de soulagement. Elle couina un oui, secoua vigoureusement la tête dans tous les sens, renifla tout aussi élégamment, et tenta de s'extirper avec grâce et vivacité du canapé. Mais autant pour les deux premiers sa grossesse s'était à peine fait ressentir, autant pour le petit dernier en cours de fabrication la gravité ne jouait pas en sa faveur. Elle pesta et injuria le canapé, roula-boula jusqu'à l'accoudoir sur lequel elle put prendre appui et se releva tout à fait cette fois-ci. Son regard m'ordonna aussitôt, et sans équivoque, d'éviter toute remarque, même d'y penser seulement et elle vint à petits pas tranquilles se lover contre nous, refermant ainsi la petite bulle de bien-être familial sur notre quatuor.

La boucle était bouclée.
Plus heureux qu'en cet instant, je n'arrivais même pas à le concevoir.

Charlotte rompit le cercle la première, courant vers sa chambre pour en revenir aussitôt avec la valise cabine de sa mère qu'on y avait cachée un peu plus tôt, lui intimant bruyamment de se dépêcher d'y mettre tout ce dont elle avait besoin pour une semaine de vacances et un mariage.

A l'air étonné de sa mère, je compris qu'elle n'avait pas encore réalisé que cet événement que j'attendais depuis si longtemps allait réellement avoir lieu le surlendemain. Je vis sa crise de panique affluer, et reposai aussi vite et en douceur que possible Oscar sur le tapis du salon pour rattraper de justesse sa mère avant son impact avec le parquet. Il faut dire qu'au bout de 5 ans, j'étais devenu un expert en détection d'évanouissement imminent et de récupération du paquet concerné dans la foulée. La future Mme Miller au creux de mes bras, je fis les quelques pas me séparant du canapé pour aller l'y déposer doucement, et profitai de son moment d'absence pour raccompagner les enfants dans leur chambre.

A mon retour dans le salon, Lise émergeait doucement, la boite posée en équilibre précaire sur son ventre. Elle tenait fébrilement la bague dans sa paume, faisant jouer les rayons du soleil sur les différentes facettes. Arrivé à son niveau, je fis les choses un peu plus dans les règles cette fois, posant un genou à terre et récupérant délicatement le bijou.

- Lise Caminsky, accepte-tu de m'épouser, enfin ?

Ma petite baleine tenta de se redresser avant de renoncer et renifler bruyamment dans sa manche. Le glamour ne s'était clairement pas invité à la fête, mais je n'aurais rien changé à ce moment si j'avais pu. Elle et moi en pyjama, dans le calme bien trop suspect d'un samedi matin de décembre, nos enfants à quelques pas fomentant dieu sait quelle nouvelle connerie, le feu dans la cheminée éclairant d'un éclat doré ses yeux gris dans lesquels je me plongeais jour après jour depuis plus de 5 ans, son sourire ...

- J'ai bien cru que tu te déciderais jamais, Miller !

L'espace d'un instant, je restai comme deux ronds de flanc, la bouche grande ouverte et l'air très probablement ahuri. Avant de me ressaisir pour récupérer le bijou et l'empaler sur son annulaire gauche aussi sec, en ricanant.

- L'avantage de cette grossesse c'est que tu n'es pas pret d'enlever ta bague de fiançailles, ma petite baleine. A moins que tu ne me demandes de sucer avec application cette petite knacki qui te sert de doigt depuis quelques jours ...

Et avant qu'elle ne m'insulte, je me ruai sur sa bouche pour avaler tous les vilains mots qu'elle s'apprêtait tres probablement à me balancer pour les remplacer par une délicieuse soupe d'amour.

Romantisme quand tu nous tiens ...

Voilà. Ça, c'était nous, un moment de grâce très vite chassé par le retour à la surface de nos deux caractères de merde.

Lise rompit notre baiser, me traitant de goujat au passage.

- Oui mais ton goujat personnel Mme Miller !

La réponse ne se fit pas attendre. En même temps je savais exactement où piquer pour obtenir une réaction. Le sujet était sensible

- Madamr Miller-Calinsky ! Et j'ai pas encore dit oui « Monsieur Miller-Caminsky »

Mon futur "nouveau" patronyme me fit frétiller de la tête à la queue, comme à chaque fois qu'elle le prononçait. J'en étais juste dingue.

Pathétique, non ?

Mais par habitude et un gout immodéré pour la "non-paix" des ménages, je décidai de la titiller un petit coup juste pour voir.
De mon plus beau ton mielleux.

- Je sais pas trop ma puce, c'est quand même très moderne cette appellation. J'ai encore besoin d'y réfléchir je crois.

Un grognement suivi d'un gargouilli inhumain en provenance de ma petite poule pondeuse s'interposa dans notre échange, nous ramenant immédiatement à des considérations plus immédiates et terre à terre.

- Une graine pour mes petites graines ?

Le rire de Lise s'envola haut et fort, chassant immédiatement notre débat stérile très loin. Et rameutant dans son sillon deux mini nous affamés et très excités par le voyage qui nous attendait.

22 heures plus tard, un soleil insolent nous accueillait à la descente de l'avion, chassant étonnamment vite les désagréments d'un vol long courrier avec deux enfants ingérables et une femme enceinte sur-émotive et inutile. Nous n'avions pas fait deux pas dans la salle d'attente que le meilleur ami de Lise nous embrassait comme du bon pain, elle surtout, mais rien de tel qu'une bonne grossesse en cours et un solitaire à l'annulaire pour marquer un territoire. Ca, et une Mme Tiago encore plus possessive que moi avec son mari. En même temps, connaissant l'oiseau et son coté caliente, c'était plutôt prudent de sa part.

Tout ce petit monde s'entassa dans un minibus (de luxe, ne déconnons pas non plus) loué pour l'occasion et prit rapidement la route vers le village de Lise. Malgré le confort du véhicule et l'état plutôt correct de la route, mon estomac faisait des bonds à n'en plus finir. La première partie de mon plan avait fonctionné. Personne n'avait vendu la mèche, Lise avait dit oui, l'avion avait décollé à l'heure, l'escale n'avait pas posé de problème particulier et nous étions pile dans les temps pour la suite. Tous nos invités étaient arrivés depuis 24h, donnant un coup de main final à l'organisation de la cérémonie. Tout allait donc parfaitement bien et pourtant j'étais stressé à mort.

Et si Lise finalement changeait d'avis ? Et si, imaginons le pire, elle décidait carrement de rester vivre au Brésil ? Après tout, elle y était aussi chez elle. Est-ce que j'aurais le courage et l'envie de me battre pour garder les enfants auprès de moi, à 9000 km de leur mère ? Est-ce que...

Des lèvres douces butinant mon cou m'arrachèrent à mon angoisse

- Je t'entends stresser Miller, détends-toi et dis-moi ce qui se passe.

Je tournai la tête vers Lise et plongeai dans son regard gris si expressif. Bien que voilé et faisant écho à son teint fatigué, il restait vif et intelligent, rieur et mutin. Comme un baume miraculeux agissant sur mon moral et ma panique, il ramena instantanément mon rythme cardiaque à sa vitesse de croisière.

Ca faisait longtemps que nous n'avions plus de secrets l'un pour l'autre, lui mentir maintenant n'aurait pas eu de raison d'être.

Passant mon bras sur ses épaules et ramenant sa tête dans le creux de mon cou, je lui fis part sans filtre de mes interrogations.

- Je me demande si je ne t'ai pas un peu forcé la main. Je me rends compte maintenant que tu n'as pas vraiment eu ton mot à dire sur ce qui se passe depuis 24h. Si je suis sûr de moi, plus que je ne l'ai jamais été, j'ai peur d'un coup que tu ne sois pas dans le même délire.

Son rire me prit par surprise, sa bouche revenue entre temps contre mon cou faisant vibrer tout mon corps par ricochet.

-Est-ce que tu m'as déjà fait faire quelque chose contre mon gré Alex ?

Cette fois-ci, ce fut à moi de partir dans un fou-rire nerveux.

-Tu veux dire à part cette fois où je t'ai forcée à m'accompagner à ce gala de charité ? Ou encore cette autre quand je suis devenu ton associé mystérieux ? Pour ne citer que les deux premières qui me viennent en tête.

Lise se recula vivement, attrapant mon menton dans sa main pour ramener mon visage à hauteur du sien.

- Qui te dit qu'au fond, même ces deux fois-là, je n'étais pas consentante ?

Sa réponse me laissa sans voix. Aurais-je été naïf à ce point avec elle depuis tout ce temps? Tout à coup les évènements revêtaient un éclat nouveau.

Sur une simple phrase, et sans un mot de plus, ma femme venait de remettre les pendules de ma vie à l'heure.

Une poignée d'heures plus tard, elle avançait doucement, pieds nus sur le sable chaud, dans sa fameuse robe rose du Gala (légèrement remaniée en raison des circonstances), précédée de nos deux petits démons tout de blanc vêtus, aussi sérieux et fiers que leur père qui attendait, serein, au bout de l'allée improvisée. Un silence religieux accueillit ensuite nos oui d'éternité et le baiser nettement moins catholique et totalement indécent qui le suivit.

Des années plus tôt, l'irruption de ma discrète assistante en plein ébat gênant avait mis un putain d'uppercut dans la gueule de ma parfaite petite vie, déclenchant une suite d'évenements improbables et de revirements rocambolesques et inattendus. Et ô combien, finalement, représentatifs de notre futur couple.

Et ce soir, après avoir vénéré comme chaque jour que Dieu fait les 9 mots gravés sur son poignet un soir de débauche londonienne visionnaire, je lui dévoilerai les miens, gravés sur mon cœur, exacte réplique inversée des siens :

" Alex Miller, amoureux de Lise Caminsky. Pour la vie."

Mon évidence et ma réalité.

Et ma plus belle certitude.

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