Biohazard - Disparus [ Tome 1...

By Agiade

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Alors qu'il se rend dans une ville voisine en covoiturage, Léopold, un jeune homme dit cynique et arrogant, s... More

Jour - 1 : Ou comment tout s'arrête.
Jour I : Ou comment les masques tombent.
Jour II : Ou comment la nature déclenche les instincts.
Jour III : Ou comment la plage devient radeau.
Jour IIII : Ou comment les choses semblent se calmer.
Jour IIIII : Ou comment tout commence.
Jour IIIII / I : Ou comment rien ne s'arrange.
Jour IIIII / II : Ou comment tout bascule. (Aube)
Jour IIIII / II : Ou comment tout bascule. (Zénith)
Jour IIIII / II : Ou comment tout bascule. (Crépuscule)
Jour IIIII / III : Ou comment nous perdons le contrôle.
Aparté
Quarantaine - Jour 1 : Ou comment semble débuter la fin.
Aparté
Quarantaine - Jour 14 : Ou comment les jours passent.
Quarantaine - Jour 24 : Ou comment l'agitation nous gagne.
Aparté
Quarantaine - Jour 27 : Ou comment tout dérape
Leur combat ( Partie 1/2 )
Leur combat ( Partie 2/2 )
Harmony
IMPORTANT - Note de l'auteur - IMPORTANT
IMPORTANT - Annonce auxiliaire - IMPORTANT
Nouvelles
Avant-Goût
Prélude - Tome 2
1. La Plaine ( Partie 1/3 )
1. La Plaine ( Partie 2/3 )
1. La Plaine ( Partie 3/3 )
Illustration
2. La Cuvette (Partie 1/3)
Petite Annonce
2. La Cuvette (Partie 2/3)

Épilogue : Leopold

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By Agiade


J'ai un problème viscéral avec les femmes.

J'entretiens avec elles un mélange paradoxal de mésestime instinctive et d'obsession hormonale.

Leur façon conflictuelle d'appréhender les relations, leur naturelle prédisposition à envenimer le moindre souci en un drame Kubrickien et cette façon horripilante qu'elles ont de coller aux hommes toutes les raisons de leur malheur alors qu'elles passent leur vie à se tirer dans les pattes comme des chiffonnières ne m'ont jamais inspiré que du dédain et de la méfiance à leur égard.

La femme est un être profondément hypocrite et opaque par nature.

Aucun slogan féministe ou autres abruties aux seins nues ne me fera changer d'avis sur la question.

D'un autre côté, leur grâce toute féline et les sensations d'un autre monde qu'elles sont capable de partager avec nous viennent ajouter quelques grammes de l'autre côté de la balance. Leur sensibilité est également un trait que j'envie, tant il m'est difficile de ressentir de véritables émotions empathiques ou altruistes au regard d'une situation donnée. J'admire également leur instinct, presque animal, faisant d'elles de remarquables individus pour ne pas se mettre dans la merde inutilement, chose qui m'arrive bien trop souvent à mon goût.

C'est ainsi, sur le terreau de cette ambivalence, qu'est né un rapport à mi-chemin entre une haine compulsive et un amour irrépressible à leur encontre.

Je me souviens d'un jour quand j'étais jeune. Je veux dire, je suis toujours jeune, évidemment, mais je parle d'un temps où je l'étais vraiment. Une époque où, à défaut de connaître la vie et ses vices, je trompais les autres d'une fausse assurance propre à l'adolescence. J'avais quatorze ou quinze ans. Cet âge idiot où l'on croit que parce que trois poils nous poussent sous le menton, on peut rivaliser de sagesse avec ceux qui ont plus d'expérience que nous. Je me rappelle des joutes verbales perdues d'avance avec mon père, où mon seul but était d'énumérer des adages pompeux dérobés à quelques sombres théoriciens du dimanche qui m'inspiraient et m'impressionnaient depuis leurs forums perdus dans les méandres de la toile internet.

Malgré les défaites cuisantes dans mes argumentations avec les adultes, j'excellais dans cet art du subterfuge face aux autres personnes de mon âge.

Ce jour-là, fort de cette fourbe maîtrise et galvanisé de confiance en moi par les multiples conquêtes déjà à mon actif, je me souviens du premier râteau monumental que je me sois pris. Dupé par la manière bovine que la fille que je convoitais à l'époque avait de hocher la tête à tout ce que je disais, je m'étais laissé emporter par la certitude d'une victoire facile. Aussi, son refus n'en fut que plus douloureux. Les raisons invoquées ne firent que rajouter de l'alcool sur la blessure ouverte dans mon amour propre. 'Je ne suis pas sûre de pouvoir te donner ce que tu veux de moi, Léo, je ne me sens pas prête pour ce genre de chose.'

Ma réputation me précédait déjà.

La leçon que j'en ai tiré cependant, au lieu de me ramener les pieds sur terre, fut tout autre.

Repérer les prudes, pour mieux les fuir.

C'est sûrement l'une des raisons de mon animosité quasi-instinctive à l'encontre d'Harmony, et ce depuis les premières minutes de notre rencontre.

La frustration du rejet, ça fait donc bien longtemps que je ne l'ai plus ressentie. Son intensité inhibe presque totalement le peu de culpabilité que je ressens actuellement en pensant à Cynthya.

Elle l'a elle-même avoué, elle est consciente de qui je suis. Indirectement, elle m'a bien fait comprendre qu'elle sait quel genre de type je suis et quel genre de relation j'entretiens avec la gente féminine.

Peut-être ne m'en tiendra-t-elle pas rigueur.

Peut-être pourrais-je toujours profiter de l'intimité que je partage avec elle depuis notre séjour dans le lazaret.

Je lui en parlerai la prochaine fois que l'occasion se présentera, si elle se présente.

Quant à la blonde...

J'aviserai.

Je sors de ma courte introspection et desserre mes poings contractés par le malheureux évènement qui vient d'arriver. Au-delà de l'échec, c'est avant tout à moi-même que j'en veux. Pour m'être laissé emporter. Pour ne pas avoir su garder mon sang-froid dans l'application de mon jeu de rôle.

Je ne comprends toujours pas pourquoi, ni comment j'ai pu me laisser submerger par l'envie de l'avoir contre moi.

Ce désir irrépressible de sentir ses lèvres contre les miennes m'agace.

Je ne comprends pas, d'autant plus que je parierais ma main droite – et dieu sait à quel point elle m'est chère – que cette idiote aussi en mourrait d'envie.

Je trouve presque burlesque l'idée qu'une telle attirance ait pu naître entre elle et moi. Dans la vie réelle, il est évident qu'une pareille chose ne serait jamais arrivée.

Jamais.

Sans doute s'agit-il d'une de ces réactions incontrôlables qui arrivent quand deux personnes qui se détestent profondément se voient forcés à être physiquement l'un sur l'autre.

Je souffle de dépit.

Je devrais sûrement rejoindre les autres à l'heure qu'il est, mais je ne me sens pas prêt à affronter de nouveau les aberrations de notre situation et ce sentiment d'impuissance qui m'immerge quand je me rappelle à nouveau que je ne peux rien faire pour m'en débarrasser.

Hèl affirme que c'est moi qui nous ai tous envoyé ici, dans le crétacé. J'aurais aimé qu'il me donne le mode d'emploi d'un tel pouvoir plutôt que d'épiloguer longuement sur les enjeux et les conflits de notre présence ici. Si je pouvais vraiment voyager dans le temps, ça ferait une bonne heure que je me serais tiré d'ici sans aucun remord ni regret.

Je me promets mentalement que dès que l'occasion se présentera et que si j'en apprends plus sur cette singularité au point de pouvoir l'utiliser à volonté, je me tirerai de ce trou.

Ils n'ont qu'à régler leurs problèmes eux-mêmes. Leur guerre, je n'en ai rien à cirer, et leur groupe d'affranchis marginaux, je m'en cogne comme de mon premier bavoir.

Je marche lentement jusqu'à rejoindre l'endroit où se reposent les deux dinosaures. Une nouvelle fois, leur majestuosité me scie les jambes. C'est incroyable. L'un des deux, celui de droite, me transperce du regard avec ses yeux de la taille d'un melon.

Je m'abaisse au niveau de sa tête couchée sur le sol et plante mes prunelles dans les siennes.

Son souffle est grave et sourd. Sa respiration est lente.

« Toi non plus, je parie que tu n'as rien demandé pour être ici. » Je dis en soupirant.

Je suis bien conscient qu'il ne me comprend pas et que ma question restera à jamais sans réponse, mais ça me soulage d'extérioriser mes pensées.

Je pose ma main sur son museau et m'émerveille de sa texture unique, à mi-chemin entre la finesse d'un cuir de crocodile et le rugueux de la peau d'un requin. Un tic reflexe secoue son épiderme et se propage dans son corps au-delà de son énorme cou. Je me retiens d'effectuer un léger mouvement de recul.

Une idée stupide me traverse l'esprit.

« Ça te dérangerait si je te monte ? »

J'ai fait de l'équitation pendant des années, du horseball pour être plus précis. Ce ne sera pas demain la veille avant que je n'aie une autre occasion de chevaucher l'encolure d'un pareil titan. Aussi inconsciente soit-elle, je me laisse rapidement tenter par cette envie. La bête a l'air calme, je ne la vois pas ruer pour m'éjecter si j'enjambe son cou le temps d'une minute.

Je me redresse doucement et contourne avec bienveillance l'encéphale géant de l'animal en faisant attention de garder ma main en contact avec lui. Il me suit du regard sans broncher.

Sa nuque, aussi large qu'un tronc de jeune séquoia, ne semble pas dangereuse pour mon entrejambe, aussi je ne perds pas de temps pour l'enfourcher comme la selle d'une moto.

La créature ne réagit pas et se laisse faire. La sensation est exceptionnelle. Je sens le sang couler dans son corps au fur et à mesure que le réacteur de son cœur pompe par grandes pulsations son fluide vital jusqu'à sa tête.

Je monte un paralititan. Jouissif.

« Brave bête... » Je fais, en tapotant le coté de son encolure comme j'ai autrefois eu l'habitude de le faire aux chevaux.

Mais directement après avoir senti cette tape amicale sur sa peau, le monstre s'agite. Avant que je n'aie le temps de faire quoi que ce soit, je constate avec frayeur que mon piédestal vivant commence à s'élever dans les airs. Je n'ai pas le temps de me retirer que je suis déjà plusieurs mètres au-dessus du sol.

« Oula ! Doucement ma jolie ! » Je laisse échapper en m'agrippant comme je peux pour ne pas chuter.

Je regrette immédiatement ma fausse bonne idée et mes délires de cavalier santonien. Le sauropode semble bien décidé à se redresser et ignore totalement mes tentatives pour le calmer.

Il pousse un faible rugissement comme unique réponse à ma tentative de communication.

Je manque de tomber à la renverse quand il se penche pour se remettre debout sur ses pattes. Je tente d'enrouler mes bras et mes jambes autour de son cou, mais pris de vitesse, je me rends compte avec effroi que je suis en train de glisser et de perdre ma prise.

Je tombe.

Je commence à plonger à l'envers le long du membre comme sur un tobogan infernal.

C'est comme ça que je vais mourir ? Aussi bêtement ? Après tout ça ?

Je contracte tous mes muscles et ferme les yeux dans l'attente du choc. Le col de ma monture est maintenant pratiquement à la verticale et je sens mon corps partir en arrière.

Si je ne suis pas mort à cause de la chute, les pieds massifs du mastodonte finiront le travail.

Je sens un gros choc au niveau de mon dos, qui m'arrache un râle de douleur.

Mais je ne suis pas au sol.

Instinctivement, j'ouvre les yeux et comprends que je suis toujours sur sa nuque. Je me colle de toutes mes forces au cuir du dinosaure. Je n'ai pas le temps de comprendre pourquoi je suis toujours dans les airs ni sur quoi mes fesses reposent que sa tête traverse violemment la couverture végétale de la canopée. Bientôt c'est à mon tour de me fracasser contre le mur de branches qui s'écrasent contre ma peau comme des millions de petits rasoirs acérés.

Je ferme les yeux pour me protéger tant bien que mal de cette agression et ne les rouvre qu'une fois être passé au-dessus des cimes.

L'humidité étouffante de la jungle disparait immédiatement au profit d'un air presque frais et d'une brise très agréable. Encore sous le choc, je tente de comprendre comment est-ce que j'ai bien pu rester sur le cou de mon destrier de fortune. Eclairé par la lueur maintenant complète de la lune, je découvre avec stupeur l'objet incroyable sur lequel je repose.

Une selle.

Je crois rêver.

Pourtant, c'est bien ce qui semble harnaché autour de l'encolure du sauropode. De larges sangles en font le tour pour solidement tenir une sorte de siège en cuir épais surmonté d'un dossier d'une cinquantaine de centimètres de haut. Des glissières confectionnées dans le même matériau descendent de part et d'autre de la selle parallèlement au membre de l'animal et mes jambes s'y sont naturellement emboitées à la suite de ma chute.

Passé la surprise d'être encore en vie, je me rends alors compte d'une évidence notable. Je m'adresse à la bête, dont la tête semble comme en lévitation quelques mètres plus haut.

« Tu m'étonnes que tu n'aies pas bronché, ces gars-là te montent déjà ! » Je m'exclame.

Et c'est seulement là que je me rends compte d'où je suis réellement.

J'en ai le souffle coupé.

Sûrement à plus de dix mètres au-dessus du sol, j'ai encore les pieds enfouis sous l'épais manteau végétal qui s'étend jusque très loin à l'horizon pour se perdre dans des reliefs montagneux.

Pour la première fois depuis mon arrivée dans le crétacé, je peux admirer l'incroyable environnement dans lequel je suis plongé et dans lequel j'évolue.

Epoustouflé par ce spectacle et par le lieu improbable d'où je peux l'admirer, je reste ainsi de longues secondes à m'émerveiller.

C'est magnifique.

Au loin dans le panorama, des lumières scintillantes survolent la jungle par dizaines.

Je fronce les sourcils.

Ce ne sont évidemment pas des lucioles préhistoriques.

Comment est-ce que toute cette histoire va-t-elle bien finir ?

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