A Corps Ouverts | Chris Evans

Από MissNenuphar

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« Tu me désires pour deux raisons : la première c'est que je suis professeur en salle de sport et de par mon... Περισσότερα

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Από MissNenuphar

  ♫ A$AP Rocky ~ Everyday ♫  

Parfois je me demande bien ce qui m'a pris de m'inscrire à ces satanés cours de fitness ! Je n'arrive pas à suivre : les pas s'enchaînent et se succèdent bien trop rapidement sans que je n'aie le temps de les reproduire. Je tente tout de même de faire de mon mieux ; la fille dans les vestiaires m'a mis en garde contre la première séance. « Tu ne dois pas te décourager la première fois ! Tout est dans la tête »

Mouais

Pour le moment, il me semble que tout se passe plutôt dans les muscles.

Je grince déjà des dents rien qu'en imaginant les courbatures qui se manifesteraient le lendemain matin.

Bien que le professeur de sport soit très charmant, je le maudis lui et son incroyable facilité à faire tous ces mouvements. Je maudis également sa carrure : pas un pet de graisse ne vient acclimater son corps athlétique. Et j'en suis presque jalouse.

- Ok maintenant on va passer au sol, prenez tous un tapis.

Je suis un peu perdue. Je regarde autour de moi et tente de reproduire ce que font les autres. Je place mon tapis au-dessus de mon step et m'y allonge dessus sur le dos. 

Mes voisines de sport commencent à lever les cuisses en équilibre. J'ai l'amère sensation que cette partie ne va pas me plaire. 

A vrai dire, je ne savais pas que le renforcement des abdominaux était prévu au programme. Si je l'avais su, j'aurais certainement choisi un autre cours. 

- Allez c'est parti, enchaîne le professeur hyperactif.

 Il ne manquait plus que ça ! Je suis exténuée et voilà que je vais devoir faire l'impossible.  

Je ne quitte pas le coach des yeux et tente de reproduire ses cinq séquences de tendu-relevé. Je tends mes jambes au maximum dans les airs devant moi, avant de les ramener contre mon abdomen, le tout en tâchant de ne pas tomber de mon Step. Je galère vraiment. Je suis partagée entre calquer les mouvements du prof qui s'agite de plus en plus à l'autre bout de la salle ou bien recopier les mouvements improvisés de ma voisine. J'ai l'air d'une vraie cruche, je ne fais probablement pas l'exercice correctement. 

Et pour couronner le tout, je sens mon ventre qui commence à chauffer sérieusement. Je souffle et inspire profondément, priant toutes les divinités du ciel pour ne pas craquer et partir en courant.

Heureusement que j'ai eu la bonne idée de me planquer tout au fond de la salle, me félicité-je entre deux efforts musculaires relativement douloureux.  

L'horloge devant moi indique qu'il reste un quart d'heure. Ce qui signifie que je vais encore souffrir pendant dix minutes si l'on fait abstraction des cinq dernières minutes dédiées aux étirements de fin de cours.

Je m'arrête un instant pour souffler. Je suis en nage. Les enchaînements de cardio de la dernière demi-heure m'ont littéralement achevés. Je n'ai plus aucune énergie. Et mes abdominaux inexistants ne veulent pas coopérer. Je ne parviens plus à tendre mes jambes tant mes cuisses tremblent de douleur.

Je sursaute quand je sens une main se poser sur mon cou. J'incline la tête et vois le coach s'accroupir pour se mettre à ma hauteur. Il me demande si je tiens le coup avec un grand sourire scotché sur le visage.

A ton avis, ai-je envie de lui répondre, sarcastique. 

Mais je ravale ma salive et lui dis simplement que c'est éprouvant. Il me refait son sourire colgate et m'incite à poursuivre mes efforts. Sa main vient se poser sur mon épaule en signe de d'encouragement. Ou plutôt est-ce simplement de la pitié pour le pauvre mollusque désarticulé que je suis. 

Je le vois ensuite repartir faire sa ronde entre tous les corps agonisants de la salle, adressant à chaque fois, un mot ou un sourire bienveillant à ses élèves.

- Bravo à tous, bon travail. Passez une bonne soirée.

Li-bé-ra-tion.

Le coach applaudit avec son sourire qui ne le quitte pas après avoir fini la séance d'étirement. S'en suit alors les applaudissements des élèves, composés majoritairement de filles. Des filles, qui soit dit en passant, ne sont vêtues que d'une simple brassière et d'un short raz la moule.  

Je me demande bien pourquoi, ironisé-je.

Je jette un coup d'œil à ma tenue et lâche un soupir. On dirait une grand mère, avec mon leggings grisonnant et mon t-shirt extra-large qui doit faire deux fois ma taille. A vrai dire, je l'ai emprunté à Ethan ce matin, persuadée qu'il n'y verrait pas d'inconvénient. Dans la vie de tous les jours, je suis tellement sportive que je n'ai pas réussi à mettre la main sur le moindre t-shirt en fibre synthétique dans ma penderie.

Exténuée et à bout de souffle, je me dirige rapidement dans les vestiaires où j'ai laissé mes clés de voiture et mon sac à main. Une conversation s'engage entre deux jeunes femmes de la salle. En bonne curieuse que je suis, je ne peux pas m'empêcher de les écouter.

- Il nous a tuées aujourd'hui ! dit l'une des jeunes filles, un peu essoufflée.

- Tant qu'il transpire autant que nous, moi ça me va, rigole l'autre fille, un peu plus âgée.

- C'est clair, c'est vraiment une bombe ce mec ...

La fille ne se cache pas de fantasmer, ce qui me fait sourire.

Toutes les mêmes, à s'agiter comme des pucelles quand un beau mâle en sueur se retrouve à moins de dix mètres de nous.

- Dommage qu'il soit maqué, j'en aurais bien fait mon quatre heures !

Elles explosent de rire avant de quitter les vestiaires définitivement.

Je me sens mal à l'aise pour le professeur. Je me demande s'il est au courant de tout ce qui se dit derrière son dos. Question rhétorique, la plupart des coachs sportifs ont quand même une assez mauvaise réputation en ce qui concerne le respect du professionnalisme en salle. Non pas que je veuille tout stigmatiser, mais la plupart aiment bien plaire et se sentir désiré. Ce que je peux comprendre, quand on est bien foutu et que des dizaines de jeunes filles en petite tenue se trémoussent devant toi sans te quitter des yeux.

Je prends mes affaires et vérifie que mon téléphone est bien dans la poche de mon sac avant de me diriger vers la porte de sortie des vestiaires. Je jette un coup d'œil à la réception pour voir si Cathy est toujours là. Au lieu de cela, j'aperçois le prof accoudé au bureau de la réception, en pleine conversation avec elle. Je ne peux pas m'empêcher de remarquer que les muscles de son avant-bras ressortent à mesure qu'il s'appuie un peu plus sur le comptoir. 

Oui, il est bien, foutu. On le sait, Pauline.

En passant, Cathy m'aperçoit et je lui lance un signe de la main avant de me diriger vers la porte de sortie. Le professeur se tourne et très poli, me souhaite une bonne soirée à son tour avec un grand sourire ainsi qu'un accent du sud bien prononcé.

Finalement, la journée n'aura pas été si infructueuse que ça. J'ai réussi mon entretien de stage. Ma tutrice doit me rappeler dans la semaine pour convenir d'une date et m'expliquer plus en détail le sujet de ma mission. J'ai aussi survécu à une heure de sport suffocante. Et j'ai même eu le temps de m'atteler à mes révisions pour mon premier partiel de lundi. A savoir, marketing et gestions des ressources. Aka. la matière que je déteste le plus au monde, et qui ne me servira en aucun cas dans ma profession future étant donné que je veux devenir professeur de mathématiques. 

Toujours est-il que je dois réviser cette foutue matière et faire de mon mieux pour obtenir la moyenne pour éviter les rattrapages. Le problème ? Je ne suis allée à presque aucun cours depuis le début du semestre. J'ai donc passé la majeure partie de ma journée à demander à droite et à gauche des compléments de cours. 

Ethan aurait certainement pu m'aider, car il se spécialise dans le commerce cette année. Il a probablement dû assister à un enseignement de ce genre. Le truc, c'est que la présence de mon meilleur ami à l'appartement relève de la pure utopie. Il est toujours fourré dehors. Et même quand il n'a pas cours, il est attelé à son cours de basket, de crossfit, ou de je ne sais quelle autre torture humaine qui puisse exister sur cette Terre.

En rentrant je ne prend même pas la peine de ranger mes affaires de sport et balance tous mes habits sales par terre. J'ai besoin d'une bonne douche. D'une douche glacée.

Ethan n'est pas encore rentré. Il doit sûrement être sorti avec des amis. D'habitude, il me laisse un petit post-it sur la porte du réfrigérateur pour me dire qu'il ne rentrera pas manger. Mais là, je ne vois rien. Je décide de m'assoupir un peu en l'attendant. Je suis crevée, et la douche a réussi à me débarrasser de toute les tensions accumulées de la journée. 

Avant de fermer les yeux, je me mets à m'imaginer à quoi est susceptible de ressembler ma deuxième séance de sport. Agonisante, sans le moindre doute. Je pense qu'il me faudra redoubler d'effort pour parvenir à maintenir un niveau de deux ou trois cours par semaine. Car pour l'instant, je sens les premières courbatures se manifester dans mes cuisses et le haut de mon abdomen. Et je peine à trouver une position confortable pour trouver le sommeil. 

Maudit prof avec sa gueule d'ange et sa foutue endurance !

(...)  

- Espèce de gros malade !

Un rire guttural s'échappe de sa bouche et j'ai du mal à garder mon sérieux quand je le vois à moitié à poil devant moi en train de faire l'idiot.

- La quatrième règle Ethan ! La putain de quatrième règle !

Il lève les yeux au ciel et prend un voix féminine pour réciter le passage qu'il est censé connaître par cœur et appliquer à la lettre. 

Nous avons mis en place cette sorte de charte pour ne pas porter atteinte à l'intimité de l'autre. 

• Règle numéro 1: "Je ne laisse pas Mathieu rentrer dans l'appartement sans l'accord de ma Pauline préférée."

Règle numéro 2: "Je ne ramène pas de conquêtes à l'appartement si mon ou ma colocataire n'est pas au courant et n'a pas eu le temps de prendre ses dispositions."

Règle numéro 3: "Je mets du pshhit dans les toilettes après chaque passage."

Règle numéro 4: "Je ne me promène pas à poil dans l'appartement, ou même en sous-vêtements, sous peine d'effrayer à vie son/sa colocataire."

Règle numéro 5: "Je ferme la porte à clé quand je me douche."

Règle numéro 6: "Je mets des écouteurs et je ferme ma chambre à clé quand je regarde un film pour adultes !"

La règle numéro 6 s'applique définitivement plus à Ethan qu'à moi. En fait, quasiment toutes les règles s'appliquent plus à lui qu'à moi. Car toutes ses règles ont déjà été transgressées au moins une fois par mon cher colocataire. 

Et quand je repense au jour où Mathieu est entré dans ma chambre alors que j'étais en sous-vêtement en train de m'habiller, je me dis que cette charte n'est pas de trop.

- Lève-toi ma vieille ! On sort ce soir !

Il me lance à la figure son caleçon et par en courant s'enfermer dans la salle de bain à double tour avant que je parvienne à me lever pour lui faire sa fête. 

Quelle enflure !

Je bondis hors du lit en grimaçant. Je ne me suis assoupie que quelques minutes, et pourtant, mes muscles ont déjà commencé à s'enquiloser.  

- Tu vas sortir sans moi. 

- Oh non bichette... Viens avec moi. 

Il sort sa tête par l'encolure de la porte et me fait sa moue de chien abandonné. 

- C'est les dix-neufs ans de Lisa ce soir...

Mmh. Je comprends mieux

Ethan est amoureux de Lisa depuis qu'il est entré au lycée. Et malgré le nombre incalculable de fois ou elle l'a recalé, il tient bon et persévère. 

- J'ai besoin de ton soutien moral, tu comprends ... 

Il ressort quelques minutes plus tard de la salle de bain, parfumé, avec un peu de gel sur la pointe de ses cheveux Il a même étrenné sa nouvelle chemise noire, et remonté les manches au niveau de ses coudes pour paraître plus décontracté. 

Je sais qu'il ne doit pas se sentir à l'aise avec ce genre d'accoutrement, car il est plutôt du genre à porter des débardeur toute l'année, qu'il vente ou qu'il pleuve. Mais je suis ravie qu'il ait fait cet effort vestimentaire. 

- Elle va craquer, j'en suis sûre. 

Je lui adresse un clin d'œil, à mesure que je m'approche de lui pour le détailler de plus près. 

Je l'observe attentivement. Il lève les yeux aux ciel quand je commence à déboutonner les premiers boutons de sa chemise qu'il avait fermé jusqu'au cou. 

- Eh oh, je suis pas là pour y aller à poil !

- Juste un dernier bouton. 

Exaspérée, je lui fais comprendre qu'il faut me faire confiance. Non pas que j'ai une expérience quelconque en la matière. Mais je pense savoir ce que veulent les femmes et ce qu'elles remarquent en premier. 

Il se laisse faire. Et le voilà fin près. 

Ethan souffle et je peux sentir la nervosité dans ses yeux. 

J'ai envie de le prendre dans mes bras pour le rassurer, mais je sais qu'il déteste ça quand il est nerveux. Je peux comprendre qu'il le soit. Après tout, il a passé presque cinq ans de sa vie à essayer de se faire considérer par Lisa. 

Il aurait pu choisir n'importe qui.  Ce ne sont pas les demandes qui lui manquent. Je repense à Marysa hier soir qui n'avait d'yeux que pour lui. Et même si à première vue, elle n'en avait que pour son physique, je me souviens de dizaines de filles qui se sont déjà amourachées de mon meilleur ami, et qui en ont eu le cœur brisé à plusieurs reprises. Paix à elle.

Il a tout décliné, n'ayant d'yeux que pour sa Lisa.

Je trouve ça très mignon, à vrai dire. Et je ne veux pas qu'il se décourage. 

Elle l'a toujours remballé poliment. Mais depuis quelques mois, j'ai eu l'impression qu'elle commençait à se laisser attendrir. Elle lui a donné un peu d'espoir, juste assez pour qu'il se sente pousser des ailes et refuse une énième tentative de drague d'une des filles de ma promo. 

Jusqu'au jour où Lisa s'est mis à sortir avec un certain Corentin. Je crois que c'est le capitaine de l'équipe de basket dans lequel Ethan joue, ce qui ne doit pas rendre les entraînements très joyeux. 

Je le vois rassembler ses affaires dans son sac à dos, et je m'émerveille quand je vois la sublime rose en or qui repose dans un petit écrin personnalisé à l'effigie de Lisa.  

- C'est magnifique Ethan !

Il hausse les épaules, avec sa naturelle modestie. 

Cette délicate attention lui correspond parfaitement. Et je suis certaine que la jeune fille ne va pas rester insensible à un cadeau aussi personnel. Du moins, je l'espère pour lui. 

Et c'est comme cela que je me suis laissée embarquer dans cette histoire; il a fallu qu'Ethan m'attendrisse pour que je me plie à ses exigences et finisse par l'accompagner à la soirée. 

Seulement, je savais que c'était une mauvaise idée d'y aller. Non pas que je ne veuille pas être là pour apporter mon soutien à Ethan, mais plutôt, parce que ce genre de soirée n'est pas vraiment ma tasse de thé. En fait je ne suis à l'aise dans aucune soirée dès qu'il y a un peu d'alcool et de la musique techno assourdissante. 

Enfin, si j'avais quelqu'un avec qui partager la soirée, le temps passerait certainement plus vite. 

Merci Ethan. 

Je me doutais qu'il ne resterait pas longtemps à mes côtés avant d'aller saluer sa secte sportive, comme j'aime bien la surnommer. Enfin, c'est plutôt moi qui n'ai pas voulu m'en approcher de trop près. Ils ont tous l'air déjà bien alcoolisés pour l'heure. 

Je regarde mon smartphone. Il est 22h50. Et je suis déjà crevée. J'ai les jambes en compotes. Je n'ai qu'une envie, rentrer me coucher et faire la marmotte jusqu'à pas d'heures le lendemain. 

Je suis une vieille avant l'heure, probablement, mais quand je pense qu'il me faut me lever à l'aube pour réviser et tenter de rattraper mon retard, j'ai le cœur qui palpite, et la boule au ventre. 

Le bar que Lisa et son copain ont privatisé pour la soirée et très cosy, malgré l'odeur insupportable du tabac qui me sèche la gorge et me donne la migraine. Je décide finalement de m'asseoir sur un des tabourets au comptoir au niveau du bar, ce qui sera certainement mieux que de rester planter là, à l'abri des regards. Je commencer à chercher des yeux Ethan au loin. 

Nous sommes une petite trentaine de personnes, donc je vais bien finir par l'apercevoir, lui faire les gros yeux, et le supplier de rentrer. C'est moi qui ai les clés de voiture, mais je ne peux pas me résoudre à l'abandonner ici. Après minuit passé, les métro ne desservent plus notre appartement. Et se faire cinq kilomètres à pied dans la nuit ne lui dira certainement pas grand chose. 

J'espère qu'il a réussi à lui parler, ou du moins à lui faire comprendre qu'il a toujours des sentiments pour elle. Aux premiers abords, Ethan peut paraître très intimidant, voire assez dur et ironique. Mais sous cette carapace, se cache un jeune homme très empathique, aimant et à l'écoute des autres. Il faut juste appendre à le connaitre. 

L'amitié qui me lie à Ethan est assez particulière. C'est comme un petit frère pour moi. Je ne vois que très rarement ma famille qui habite à l'autre bout du monde depuis quelques années, alors je vois en lui une sorte de deuxième famille, sur qui je peux compter à tout moment. 

Et même si nous passons notre majeure partie du temps à nous chamailler comme des gosses, je sais qu'il sera toujours là pour moi, comme je serai toujours là pour lui. 

Même s'il faut dire que cela fait une semaine que je l'accompagne ou que je subie toutes ses soirées pourries... 

Je compte les heures depuis que nous sommes arrivées dans ce bar. L'endroit a été modernisé et redécoré aux couleurs de l'équipe de basket ball. Rouge pourpre et blanc. Je me dis d'abord que Corentin a dû prendre un malin plaisir à reproduire les moindres détails de l'effigie des WhitePeppers - oui c'est le nom de leur équipe - puis je me souviens que Lisa fait partie de l'association des cheerldeaders de l'équipe; elle a certainement dû apporter sa pierre à l'édifice.

Depuis que je suis accoudée au comptoir, je me rends compte que je n'ai toujours pas commandé à boire. Le barman doit sérieusement se demander quel est mon problème. 

Cela s'appelle l'ennui profond. 

Je tapote sur mon smartphone pour voir si quelqu'un m'a répondu sur le groupe de la promo concernant les cours qui me manquent. 

Toujours aucune réponse. Alors que la moitié de la classe l'a vu. 

Je suis désespérée; il faut sérieusement que je pense à demander à Ethan ses cours. 

Pendant que je m'apitoie sur mon pauvre sort, je vois le barman s'affairer dans la kitchenette qui lui sert de comptoir et préparer une boisson. 

Il me tend gentiment un verre, et devant ma mine déconfite, se permet de rajouter:

- Ça vient du jeune homme là-bas. 

Oh pitié, le vieux cliché, marmonné-je en levant les yeux au ciel avant de me retourner. 

J'entends le raclement d'un tabouret juste à côté de moi. Je m'apprête à faire savoir à la personne concernée que je ne suis pas intéressée, quand je sens un doigt se poser sur mes lèvres pour m'inciter au silence. 

Quand je vois son visage, finalement, je me dis que j'aurais largement préféré avoir en face de moi un vieux relou qui me fait du rentre dedans plutôt que de me retrouver face à lui. 

- Mathieu. 

- Pauline. 

Qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ? me lamenté-je. Je lance des appels de détresse intérieurs en priant pour qu'Ethan réceptionne mes pensées négatives et vienne à mon secours, en vain. 

Pas d'Ethan à l'horizon. Ni de visages familiers. Juste ... la tête de Mathieu qui me scrute avec ses yeux gris inquisiteurs. 

- Tu passes une bonne soirée ? 

Il incline son siège vers le mien et m'incite à boire le malibu orange qui se présente devant moi dans un verre à cocktail. Le seul alcool qui ne me donne pas la nausée. 

Il a bien étudié la question. 

Pendant un instant, je me mets à m'imaginer qu'il ait pu glisser de la drogue dans mon verre. Puis je chasse cette idée complètement saugrenue de mon esprit et trempe finalement mes lèvres dans le cocktail. 

- Merci. Pour le verre. 

Il hausse les épaules et me lance son regard de beau gosse qui a le don de me mettre de mauvaise humeur. Je le méprise. Je pense qu'il le sait depuis toutes ces années. Alors pour quelles raisons perds-t-il son temps avec moi ?

- Tu es venue accompagnée ?

Je suis tentée de lui répondre à brûle pour point, avec ma sympathie légendaire. Mais je me ravise en me disant qu'Ethan n'apprécierait certainement pas que je m'en prenne à son meilleur pote sans raison apparente. 

J'inspire calmement avant de lui répondre. 

- J'accompagne juste Ethan... 

Sa bouche se tord en un sourire plus sincère que le premier qu'il m'a lancé plus tôt dans la conversation. Si l'on peut appeler ça une conversation.

- Mmh. Lisa je présume ... 

Je hoche la tête, un peu déçue. Je pensais être la seule dans la confidence. Mais visiblement, mon cher colocataire lui raconte beaucoup plus de choses que je ne le crois. 

Je me retourne quand j'entends que la musique assourdissante s'est enfin arrêtée. Pour le plus grand bien de mes oreilles. Je vois au fond de la salle qu'un micro a été installé sur la petite estrade en bois au fond du bar. Le copain de Lisa commence son petit discours d'amoureux hardi et lui souhaite tout le bonheur du monde. 

Comme c'est mignon. 

Tout les invités lui souhaite ensuite son anniversaire et vont l'embrasser chacun leur tour. Je finis par apercevoir Ethan qui réussit à se frayer un chemin pour l'enlacer et je suis émue d'assister à cette élan d'affection réciproque. 

La soirée n'est peut être pas si catastrophique pour tout le monde, me dis-je avec un élan d'espoir.

J'aimerais être une mouche dans ses moments-là. Et je vois que mon voisin de bar ne cache pas mieux sa curiosité que moi; malheureusement, je finis par les perdre tous les deux de vue. 

- Tu veux danser ? 

Depuis quand Mathieu est devenu si romantique ? Ironisé-je pour moi-même. 

N'est-il pas censée aller draguer les minettes plus jeunes que lui, et faire semblant de s'intéresser à quelqu'un d'autre que sa petite personne ?

Je secoue la tête. 

- Non, merci. Je passe mon tour. 

Je regarde le bar man, qui n'a visiblement pas perdu une miette du spectacle. J'aurais juré qu'un petite sourire narquois se dessine au coin de sa bouche. 

- Alors quoi, tu vas rester là toute la soirée, en attendant qu'un mec s'intéresse à toi ? 

Je le vois se lever de son tabouret pour me faire face et jauger ma réaction. Comme si son seul but était de me faire réagir. De la pire des façons. 

Cet élan de gentillesse était trop beau pour être vrai. Dix minutes, c'est le temps record qu'il a mis pour ne pas redevenir l'être exécrable que je côtoie si souvent. 

Comme à ma plus grande habitude, je décide de l'ignorer. Et résiste à l'envie grandissante de lui jeter le fond de mon verre à la figure. Mais je tiens bon. Je n'ai pas envie qu'il croit que son venin ne m'atteint. Car ce n'est pas le cas.  

- Oui t'as raison, ignore-moi. C'est ce que tu sais faire de mieux. 

Il plisse les yeux et finit par tourner les talons, me laissant seule avec mon désarroi et ma solitude. Mais comme on le dit souvent. Mieux vaut être seule que mal accompagnée. 

Et ce soir là, cette vieille rengaine a fini par prendre tout son sens.

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