Puissance 1 000 (Terminée)

By aepompom

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Elle était son assistante dévouée corps et âme, mais transparente. Elle l'a surpris dans une position inconfo... More

Prologue
Action ...
... Réaction
Diversion
1er matin
Nouvelle mission
Préparation
Transformation
Tel est pris ...
... Qui croyait prendre
Enfin savoir ....
Atterissage
Echappatoire
Surprise...
Fin ?
Retrouvailles ?
Arrêt sur image
Reprendre le flambeau
C'etait pourtant si bien parti ...
Premières stratégies
Baisser la garde
Chute libre
" Stagiaire Eté "
And the winner is ...
Signera, signera pas ... ?
Associés
Lancement des festivités
Volutes et Conséquences
Folie douce
Fer rouge ...
Douche froide
Plan d'attaque
Règlement de compte à O.K Corral
Retrouver son axe
Tout mettre à plat
Epilogue

Boulettes en 3 variantes

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By aepompom

Quelque part entre le 3ᵉ étage et le rez-de-chaussée, je décrétai que nous nous passerions finalement du resto.

Une simple visite express chez l'italien pour embarquer des plats à emporter ferait amplement l'affaire, et me permettrait de retrouver au plus vite son petit cul parfait... et tout nu, si possible, sur la première surface accueillante de mon appart. Je savais que notre conversation n'était pas terminée mais sa vie sexuelle avec son cher petit mari pouvait bien attendre encore un peu. J'avais autant envie de m'y coller que de me faire arracher une dent sans anesthésie, paniqué d'un coup à l'idée que parler de lui ne lui colle des regrets gros comme la Lune à propos de ce qu'on venait de faire. J'avais tellement l'habitude d'avancer d'un pas pour en reculer de dix avec Lise que je refusai de tendre le bâton pour me faire battre. Du moins pas tout de suite.

Au pas de course, on débarqua donc, enfin, dans ma rue. Plus que quelques mètres et Lise serait enfin toute à moi. Jusque-là, elle m'avait suivie sans me questionner, me tenant juste plus fermement la main au fur et à mesure que l'on se rapprochait de chez moi, comme si elle craignait que l'un de nous ne change d'avis.

Ah Ah !! Comme si c'était encore possible ...

Le trajet en ascenseur fut étrangement silencieux, mais pas gênant. Collés l'un à l'autre, sa tête contre mon épaule et mon nez dans ses cheveux, nous attendions tranquillement que les étages défilent. Toute impatience ou nervosité avait subitement disparu au moment même où la cabine s'était refermée sur nous. 

Deux minutes plus tard, je claquai discrètement ma porte d'entrée, puis invitai d'un geste Lise à aller s'installer au salon. Quand je la vis prendre possession de mon canapé comme si c'était le sien, ramenant ses pieds déchaussés sous ses fesses le plus naturellement du monde, j'expirai bruyamment un soupir que j'ignorai jusque-là retenir, puis contournai le bar qui séparait la pièce de vie en deux espaces distincts et entrai dans la cuisine. Le temps de nous servir à boire et d'attraper des couverts, je la rejoignis enfin sur le canapé. 

Ne sachant pas si elle préférait commencer par manger ou parler, je lui laissai le choix

- Bon, tu veux commencer par quoi, Thiago ou les bolo ?

Alex, pour la rime pourrie : twelve points !

Lise fit cependant mine de prendre ma question très au sérieux, ramenant son index sur sa lèvre supérieure et arquant le sourcil gauche en signe de réflexion intense. Mettant ses mains en balance entre nous, avant de lever celle de gauche, elle développa sa pensée à voix haute. 

- Hum ... Attends ... Laisse-moi voir ... D'un côté, tu me proposes de savoureuses boules brésiliennes ...

Elle baissa alors la gauche pour lever la droite

- Et de l'autre, ... de délicieuses boules italiennes .., pas facile ce choix, d'autant que les deux sont bien chaudes ...
Tu choisirais quoi, toi, à ma place ?

Je la fixai, les yeux écarquillés, à la fois choqué par sa réponse, et émoustillé par cette histoire de boules, à deux doigts de lui proposer les miennes en 3ᵉ option. L'image s'afficha si bien d'ailleurs dans mon esprit que ma voix descendit tout de suite d'une octave. Je plongeai alors mon couvert dans les pâtes le temps de me reprendre.
Ou de faire semblant du moins.

- Viens là ...

Lise s'exécuta sans sourciller, tendant le cou et se léchant les lèvres à l'approche de ma fourchette garnie de spaghettis dégoulinants. 

- Ouvre bien grand la bouche ma puce !

A son tour, Lise me fixa d'un air étonné

- Ma puce ??? Les boulettes vous rendraient-elles sentimentales Monsieur Miller ?

Un frisson remonta rapidement mon dos et m'arracha un clin d'œil involontaire

- T'as même pas idée, bébé. Allez, ouvre grand cette jolie bouche affamée pour moi, que je te donne une bonne rasade de sentimentalisme à ma façon

Chassez le naturel ...

Ce qu'elle fit aussitôt, non sans m'avoir d'abord lancé un regard brûlant et affiché un sourire adorablement ... cochon. Maintenant franchement excité, je ratai d'un bon centimètre sa bouche et laissai s'échapper une petite goutte de sauce qui se mit à descendre lentement, très lentement, le long de son menton. Mon cerveau bugga aussitôt, associant immédiatement la coulée de tomate à un tout autre jus, beaucoup plus personnel. 

Le dîner fut plié, avant même la première bouchée.

L'image avait dû apparaître tout aussi distinctement à Lise car, avant même que je ne comprenne comment, je me retrouvai plaqué dans le fond du canapé, pantalon défait et queue en bouche. Elle avait pris d'autorité les commandes, aussi excitée que moi si je me fiais aux gémissements qui remontaient de sa gorge et à son air de félicité. A moins que ce soit le mien qui se reflétait sur son visage, allez savoir. Je prenais un pied d'enfer et elle aussi, sans le moindre doute ni pudeur inutiles. Lise savourait ses" Miller's Balls", tantôt du bout des lèvres, tantôt au creux de ses joues, mais toujours avec gourmandise et application. Sa langue bouillante titillait si bien l'objet de sa convoitise que l'affaire fut rapidement entendue et j'essuyai finalement avec dévotion une petite goutte blanche s'étant échappée de ses lèvres un instant plus tôt.

Exacerbant avec violence un instinct viscéral de propriétaire.

Après quelques minutes indispensables à la récupération laborieuse de mes trois neurones encore en vie, j'envoyai les boulettes "Premières Variations" migrer vers le micro-onde pour un réchauffage express (et une ingestion plus rapide encore) puis Lise s'attaqua enfin au gros morceau de la soirée : les boulettes " Variations N°2 "

Je me ré-installai légèrement tendu dans le canapé, ses jambes sur les miennes, ma main droite massant délicatement son pied le plus proche.

Quand elle attrapa mon regard bien au fond du sien, elle attaqua son récit

- Je connais Thiago depuis toujours. Nos mères venaient du même village près de Salvador et étaient amies, inséparables même depuis leur enfance, comme seules des amitiés nées d'un isolement social important peuvent se forger. Ana Clara, la mère de Thiago avait un an de plus que ma mère et quitta la première leur campagne pour la ville et l'université afin de suivre des études d'infirmière. Sa fac, la plus importante de tout l'État de Bahia, avait mis en place à l'époque un programme d'échanges avec plusieurs universités européennes. C'est comme ça qu'elle rencontra le père de Thiago dont elle tomba amoureuse, puis enceinte, pendant sa dernière année.  La nouvelle, plutôt imprévue, fut bien accueillie par le futur papa. Mais nettement moins par son père à lui qui débarqua un jour fou de rage à l'université et embarqua son fils de force pour le mettre dans un avion et rentrer chez eux. Ana Clara ne revit jamais ni le père ni le fils. Ni n'entendit plus parler d'eux. Elle rentra dans son village une fois son diplôme en poche, enceinte jusqu'aux dents et plutôt enragée contre les hommes en général et contre son ex-amoureux en particulier.

Deux ans plus tard, ma mère allait elle aussi s'amouracher d'un bel étranger rencontré pendant un concert. Le coup de foudre fut immédiat. Et réciproque. Mon père avait alors 41 ans, et suffisamment de maturité et de recul pour savoir qu'elle était la femme de sa vie. Ma mère était beaucoup plus jeune, naïve et un peu apeurée par leur passion dévorante qui n'était pas appelée à durer puisqu'ils vivaient chacun d'un côté de l'océan. Lui ne se démonta pas, prolongea son séjour, rencontra sa famille, ses amis, tout son village, demanda même sa main à mon grand-père qui ne se prononça pas, estimant qu'il n'avait pas à décider pour sa fille. Ma mère refusa finalement l'avenir qu'il lui offrait, paniquée à l'idée de quitter son pays et sa vie pour, peut-être, un feu de paille.
Et mon père rentra en France, dévasté et seul.

Mais ma mère ignorait alors qu'elle attendait un bébé. Contre l'avis de tous, et surtout de mon grand-père qui s'était pris d'affection pour mon père, elle refusa de le prévenir et rien n'aurait changé si elle n'était pas morte lors d'une coulée de boue gigantesque qui décima des dizaines de villages alentour quand j'avais 4 ans. Mon grand-père contacta alors mon père qui fit tout pour me ramener avec lui. Mais il ne me coupa pas de mes racines et chaque année je retournai au Brésil, chez mes grand-parents, pour les grandes vacances. Mon père m'accompagnait autant qu'il le pouvait, se raccrochant ainsi un peu avec désespoir au souvenir de ma mère. Eté après été, je retrouvai alors toute ma famille maternelle, ainsi que Thiago qui vivait toujours là avec sa mère. Notre amitié ne souffrait pas de l'éloignement. Au contraire, plus on grandissait, plus elle me semblait plus vivace, comme un rocher, toujours plus gros, toujours plus dur, auquel je venais me raccrocher plus fermement chaque année. Plus d'une fois nous avons supplié sa mère de le laisser venir avec nous en France, mais immanquablement elle refusait, s'enfermant alors systématiquement, et pour plusieurs semaines, dans un mutisme complet qui nous laissait perplexe Thiago et moi.

Quand l'histoire avec Sandro a mal tourné, je n'ai pas réfléchi plus que ça, et suis partie rejoindre ma famille au Brésil. J'avais besoin de mettre autant de kilomètres que possible entre lui et moi, tout en retrouvant le soutien indéfectible de mon meilleur ami. Il n'avait jamais aimé Sandro et j'avais cru bêtement que c'était de la jalousie de sa part. Il avait juste été plus perspicace que moi, même s'il ne l'avait jamais rencontré. Je soupçonne cependant mon père de lui avoir taillé un costard ou deux lorsqu'il avait Thiago au téléphone ...

Bref. Mes grands parents étaient morts l'année précédente, et la perspective d'habiter seule leur maison pleine de souvenirs était inenvisageable. Alors je suis allée vivre chez Thiago à Salvador. Armé de sa cape de meilleur ami, il me concocta un programme aux petits oignons pour me changer les idées et me remettre d'aplomb, physiquement et émotionnellement. Mais le soleil, la chaleur, la musique, la promiscuité et le besoin physique de réconfort eurent raison des contours flous et fragiles de notre amitié.
Et ce qui devait arriver arriva.

Pendu à ses lèvres, je ne pipai mot, même lorsqu'elle se leva pour se diriger très naturellement vers la cuisine, nos verres vides depuis longtemps dans les mains. Je la regardai avec fascination, et en silence, s'affairer en maîtresse des lieux dans cet espace qu'elle ne connaissait pourtant pas deux heures plus tôt et commençai étrangement à développer des pensées qui allaient avec : "Était-elle plutôt thé ou café au petit-déjeuner?" "Aimait-elle ma déco ?" "Est-ce que le plan de travail était à la bonne hauteur pour la prendre entre la poire et le fromage ? " "Quel était son fromage préféré d'ailleurs ? " ...

Les yeux scotchés sur le bois massif qui m'appelait à la débauche, je ne réalisai que Lise avait quitté la cuisine qu'en sentant le canapé s'affaisser près de moi et un verre plein apparaître miraculeusement dans ma main. Pourtant Lise ne semblait pas m'avoir grillé à divaguer puisqu'elle enchaîna sans même avoir touché à sa boisson.

- Je vais t'épargner le reste de mon séjour car je ne pense pas que tu aies vraiment envie de tout savoir.

Sage précaution en effet ...

- Sache seulement que Thiago a su me faire aimer mon corps pour la première fois et découvrir que le sexe n'était pas toujours violent et brutal. Qu'il pouvait l'être si c'était l'envie du moment, mais que la tendresse, la douceur et la patience pouvaient être tout aussi appréciables. Qu'il ne fallait rien se refuser ou s'interdire si la personne avec laquelle nous étions partageait les mêmes envies.

J'étais mitigé. 

Son résumé sibyllin déclenchait finalement plus de questions qu'il n'apportait de réponses et mon cerveau se mit à turbiner à 8 000. Trop de scénarios scabreux me traversaient l'esprit à cause de son satané "rien se refuser ou s'interdire" ...

Le silence me reconnecta au moment présent. Lise s'était arrêté de parler, attendant patiemment que j'atterrisse de nouveau près d'elle. Elle me prit alors simplement la main, entrelaça nos doigts et Dieu me garde d'un tel aveu, je me suis mis à planer. Avant de l'embrasser comme un désespéré. 

Putain !

Quand je sentis mon cœur se calmer légèrement, je pus enfin la laisser respirer. Un peu.

- Alex ... ça va ? 

Est-ce que ça allait ? Non ! bien sur que non ! Plus cette journée avançait, (à croire qu'elle n'aurait jamais de fin d'ailleurs), plus je découvrais des sensations et des sentiments bien trop forts et soudains pour que je puisse les analyser et me les approprier sereinement. Et pour redescendre en pression, je ne connaissais qu'un moyen efficace à 100%

- Euh non ... j'aimerais bien faire une petite pause si tu veux bien. 

Lise hocha simplement la tête, attendant la suite. 

- Bon, tu vas peut-être hurler, mais là, je crois que j'ai besoin de marquer mon territoire. Alors si tu n'es pas d'accord avec l'idée de baiser d'ici 30 secondes graaaaaaand maximum, dis-le-moi tout de suite que j'aille faire le tour du pâté de maison au pas de course.

Au petit sourire mutin qu'elle m'adressa, plus encore qu'à sa main qui s'était déjà glissée dans mon caleçon pour me mettre plus à l'aise et dégager les abords de la piste, je savais que j'avais sa pleine et entière coopération. Il ne me restait plus qu'à la faire pivoter puis descendre le long de mon Rafale au garde à vous, faire décoller l'appareil puis la laisser onduler sur moi, encore et encore ...

Quand je pris conscience en pleine action que nous faisions l'amour pour la troisième fois de la soirée sans capote, j'attendis que la panique me submerge et me fasse faire une connerie. Comme la repousser violemment et me barrer le plus loin possible de ses ovules. Mais bizarrement rien ne vint... jusqu'à ce que je réalise que l'idée de voir des mini-nous galoper au parc les dimanches après-midi me filait une trique de tous les diables.

J'étais définitivement foutu... et j'adorai ça !

Alors j'empoignai les hanches de ma belle et repris le mouvement avec toute la vigueur dont j'étais capable, tout à coup extatique à l'idée de planter mon petit drapeau dans sa matrice,

Un petit coup de bite pour Lise, un grand pas pour la dynastie Miller-Caminsky!

Je me laissai tranquillement aller à ma béatitude post-coïtale quand Lise se mit debout et partit s'asseoir sur l'autre canapé.

A mon air surpris, elle me rassura aussitôt. Enfin plus ou moins.

- Si je reste près de toi, je vais jamais finir mon histoire !

Vous entendez le rugissement du roi de la savane en ce moment ? Non ? Vous êtes surs ? Lise si, apparemment.

- Alex ! 

Bien bien, si on ne peut même plus pavaner en son humble domaine ...

Je remontai résigné ma fermeture éclair avant de faire mine d'en jeter la clé au loin.

- Motus et bite cousue ma mie !

Bon au moins la mie en question riait franchement à ma blague, c'était toujours ça de pris.

- Je t'en prie, continue, raconte-moi la suite, je trépigne ...

- Ok ... Donc, j'en étais où ? Ah oui à notre amitié améliorée.

- Bon tu peux quand même sauter certains passages qui n'apportent rien à l'histoire hein ?

Elle acquiesça, pas fâchée le moins du monde, avant de reprendre.

Car c'était de ça finalement qu'il s'agissait. D'une amitié améliorée. Bien que ce fut pourtant la meilleure idée du monde, ni lui ni moi ne tombâmes amoureux. Ce qui était plutôt bien fait car quelque temps plus tard, Thiago rencontra une fille et eut envie de vivre un truc avec elle. J'étais au Brésil depuis plus de 3 mois, requinquée et prête à reprendre ma vie à Paris, aussi je suis repartie la semaine suivante. Un mois plus tard, je commençai chez toi.
Mais Thiago, lui, n'allait pas bien. Depuis des années, le refus catégorique de sa mère d'évoquer son père le rongeait, et à l'âge où lui-même devenait un homme, le besoin de savoir qui, en partie, était à l'origine de ce qu'il était, se faisait de plus en plus dévorant. Il finit par rompre avec sa copine quelques semaines plus tard, incapable de prendre du recul quand ils allaient dans sa famille à elle, très nombreuse, envahissante au possible mais surtout très fusionnelle et soudée. Trop loin de son modèle familial à lui, trop proche de celui dont il rêvait, la rupture était inéluctable. Ça me fendait le cœur de ne rien pouvoir faire pour l'aider et de le voir s'enfermer dans sa tristesse et sa rage jour après jour, exacerbées par le comportement incompréhensible de sa mère.

Trois ou quatre mois après ma démission de chez toi et mon retour au Brésil, Thiago se disputa très violemment avec sa mère et lui posa un ultimatum. Où elle lui parlait enfin, ou il coupait les ponts. A force de ne rien savoir, et de tout fantasmer, il avait développé des théories fumeuses, voire délirantes au sujet de son père. Il était tour à tour un grand mafieux, un homme déjà marié, en prison, un lointain cousin, un ministre ou un président d'une République, mort ...

Au pied du mur, sa mère finit donc par lâcher deux infos, les premières en plus de 20 ans. Il s'appelait Maxence et il était français.

Thiago était fou, et se mit à chercher sur internet pendant des jours et des jours. Mais c'était bien trop peu pour trouver quoique ce soit, surtout après tant d'années. Le désespoir remplaça sa joie. Et la mienne. Alors j'eus une idée. Je me suis souvenue de ton fouille-merdes d'avocat, Schmitt, et je l'ai contacté. Il m'a donné son tarif, je me suis séparée d'un rein, et il a commencé à bosser pour nous. Mais même pour lui et ses nombreux et illégaux talents, certaines infos étaient inaccessibles. La nationalité étrangère de Thiago était son point faible. Alors, aux grands maux les grands remèdes, sur ses bons conseils, ...

- Tu la lui as offerte !

- C'est ça. J'étais la seule à pouvoir l'aider en l'épousant et la question ne se posait même pas. C'était mon meilleur ami depuis toujours et j'avais personne dans ma vie. Du moins je t'avais volontairement écarté de l'équation car le simple fait de penser à toi à l'époque me rendait dingue. J'avais passé beaucoup de temps à analyser ce qui s'était passé entre nous et j'avais mis tout ça sur le compte d'une folie passagère. J'avais vu trop de femmes défiler dans ton bureau ou s'afficher avec toi dans les pages people des magazines pour me persuader que tu ne pouvais que t'être joué de moi et que tu étais très probablement retourné à tes petites affaires sitôt mon avion envolé...

- Tu t'étais bien plantée sur ce coup-là Lise !

Elle parut réfléchir à la question. Avant de revenir se blottir sur mes genoux, mes bras se refermant aussitôt autour d'elle.

- Certes, mais vois le bon côté des choses, si je ne m'étais pas mariée, je n'aurais pas eu besoin de faire venir Thiago en France et je ne serais peut-être jamais revenue ...

Son dernier aveu me laissa un goût étrange dans la bouche. Un truc de gonzesse qui lit trop de romans me traversa bizarrement l'esprit. Une histoire de destins écrits, d'évènements chaotiques mais nécessaires pour arriver au happy-end. 

Au happy-end ??? Mais comment même cette expression avec laquelle Léo m'avait saoulé des années, pouvait seulement émerger de mon cerveau de mâle de base ???

Et pourquoi quand je parlais de happy-end avec Lise, je commençai à m'emballer autant qu' un mec ridiculement nerveux à deux doigts de faire sa demande ?

Et puis n'était-elle pas rentrée en France à cause de la maladie de son père ?

Trop de bordel se percutait dans ma tête. Et la discussion n'était toujours pas finie. Aussi j'encourageai d'un grognement Lise à terminer enfin !

- Notre mariage a eu l'effet escompté. Ton avocat a pu reprendre les recherches et filer les pots de vin qui manquaient aux bonnes personne, j'imagine. Le fait que je sois devenue chef d'entreprise entre temps aussi, même si j'aurais préféré que ce ne soit pas le cas car mon père serait toujours en vie. Bref.
Le jour de mon rendez-vous à la banque, quand tu m'as fait ton petit tour de passe-passe, il venait tout juste de le retrouver. Maxence était en fait son deuxième prénom, c'est pour ça qu'on avait fait chou blanc jusque-là. Ça et l'énorme incendie en 1995 qui avait ravagé une partie des locaux de la fac de Salvador, dont la plupart des archives papier. Comme rien n'avait encore été numérisé, c'était comme si son père n'était jamais venu étudier au Brésil en 1987.

Schmitt a donc réussi à retrouver sa trace dans le Bordelais. Le grand-père de Thiago possédait des vignes, et le château qui allait avec. C'est pour ça qu'il était devenu fou en apprenant que son fils aîné s'était amouraché d'une petite paysanne brésilienne sans le sou et l'avait mise enceinte. Les plans qu'il avait établis pour son fils, tout comme le mariage prévu avec la fille d'un propriétaire voisin, tombaient à l'eau. A moins qu'il ne règle le problème lui-même en venant récupérer son rejeton semeur de spermatozoïdes par la peau des fesses.
Maxence fut donc rapatrié manu militari au domaine familial et le mariage grandement avancé.

Cette histoire me trouait le cul. On était plus au moyen-âge. Pourquoi ce gars ne s'était pas rebellé ? Et pourquoi avait-il accepté de se marier contre son gré?

Lise me donna la réponse dans la foulée.

Le père de Thiago ne voulait pas de ce mariage. Sa "fiancée", elle, avait été élevée depuis son plus jeune âge, comme ça arrive encore parfois dans certaines vieilles familles, dans l'optique d'épouser celui qu'on lui désignerait et de devenir une épouse et une mère modèles, transmettant pour une nouvelle génération les valeurs, les traditions, et surtout, les terres familiales. Maxence ne pouvait donc pas compter sur son soutien pour aller à l'encontre de leurs familles respectives. Et son père avait su appuyer sur le talon d'Achille de son fils. En lui assurant que la honte qui ressortirait d'un tel affront finirait par tuer pour de bon sa mère déjà très fragile depuis la naissance de son dernier enfant. Maxence adorait sa mère qui vivait sous le joug de son despote de mari depuis des années et qui pourtant n'était qu'amour et douceur avec ses enfants quand son conjoint ne savait manier que la ceinture et la critique acerbe.

Ironie du sort, Maxence n'eut jamais d'autre enfant car sa femme tomba malade et mourut jeune. Il ne se remaria jamais, dirigea le domaine jusqu'à sa retraite, puis en laissa la gestion à ses neveux et nièces. Quand ton avocat le contacta, il avait lui-même entamé des démarches pour retrouver son fils ou sa fille. Tout est bien qui finit bien donc.

Dans ma tête, le dénouement ultime tournait en boucle.

- Donc vous n'avez plus besoin de rester mariés ?

Lise secoua la tête avant de m'expliquer que la procédure de divorce était déjà en cours. Thiago avait le mal du pays, et son père voulait essayer de réparer les choses avec son fils et sa mère sur place. Lise avait sa société en France maintenant. L'histoire se finissait bien et rien ne justifiait que leurs liens matrimoniaux restent en place.

Oh putain ! Tout pouvait basculer maintenant

Je l'observai, encore et encore, bloqué sur les différents chemins qui s'ouvraient à nous, sentant que c'était le moment de prendre une décision. Mais j'avais besoin d'un petit coup de pouce, une assurance tous-risques en quelque sorte. Je n'eus pas longtemps avant de recevoir le signe divin.

Tout au long de son récit, elle n'avait pas arrêté de jouer machinalement avec l'énorme bracelet qu'elle portait toujours depuis son retour de Londres. Elle le faisait tourner à n'en plus finir, légèrement nerveuse. Et puis tout à coup, elle le retira. Sans un mot.

L'instant suivant, toute ma vie fut définitivement planifiée.

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