La nuit était tombé, je marchais en pleurant silencieusement sans savoir où aller. Je ne voulais pas voir mon fils ni Sarah dans cet état. Je suis sortis de mon quartier sans savoir comment j'y étais arrivé tellement j'étais bouleversé. Je n'en pouvais plus de ce calvaire, ma vie était devenu un enfer. Je savais que j'allais m'en mordre les doigts de le recaler. Mais je voulais qu'il comprenne à quel point j'avais souffert sans lui. Maintenant, je regrette terriblement, puis je me dis que j'aurais mieux fais de passer outre.
En chemin, je me suis arrêté dans un bureau tabac pour en ressortir avec un paquet de cigarette. Ce soir, j'avais besoin de me calmer.
Je me suis installé sur un banc et ai allumé une cigarette. Je fixais la fumée qui s'envolait vers le ciel noir. J'en avais ras-le-bol de cette vie, j'étais fatigué, épuisé...J'avais tout perdu, Youssef, mes parents, ma raison... Ma vie était un échec total. Qui sait si Iyêd n'était pas là, que serais-je devenu? Mais voilà, j'étais sa maman et je me devais de rester là pour lui. Il n'avait que moi et je crois qu'à l'exception de Sarah, je n'avais aussi que lui. Justement, à ce moment, Sarah me sonna.
Moi: allo?
Sarah: Assia, tu es où? Ton gosse il pleure depuis tout à l'heure. Je n'arrive pas à le calmer.
Moi: c'est bon, j'arrive.
Je raccrochai et écrasai ma cigarette avant de me lever.
[...]
Sarah: tu en as mis du temps.
Moi: désolé. Il est où Iyêd?
Sarah: il dort, j'ai réussi à l'endormir.
Moi: ah, merci Sarah.
Sarah: tu pues la cigarette...Tu as fumé?
Moi: juste une, c'est tout.
Sarah: merde Assia! Déconnes pas, tu as un fils.
Moi: c'est la dernière fois, c'est bon.
Sarah: qu'est ce qu'il y a? Ça s'est mal passé?
Moi: c'est terminé...
Sarah: tu rigoles?
Moi: non, je suis sérieuse. Il m'a remballé sec.
Sarah: à cause d'Iyêd?
Moi: non, je n'ai même pas eu le temps de le lui dire. Il me rends juste la monnaie de ma pièce... Tu connais Youssef, il n'aime pas qu'on le recale comme je l'ai fais.
Sarah: j'ai envie de te dire de l'oublier, mais je sais que tu l'aimes et qu'il t'aime aussi.
Moi: je doute qu'il m'aime, lui.
Sarah: sérieusement, quel gars ferais la moitié de ce qu'il a fait pour toi. C'est un gars en or Youssef, même si il est parfois chiant et con.
Moi: de toutes façons, c'est trop tard. Je vais l'effacer de m mémoire, et je m'occuperai plus que de mon fils.
Sarah me regardait tristement. Je savais qu'elle aurait voulu que ça se passe autrement pour moi et Youssef. Elle savait à quel point je tenais à lui, mais j'avais pris ma décision. Si je continuais à faire une fixette sur Youssef, j'allais devenir plus malade que je ne l'étais déjà. Ça sera difficile de l'oublier, mais je ferais mon possible pour continuer à vivre comme si il n'y avait jamais eu de Youssef et Assia.
Moi: bon, je vais me coucher.
Sarah: ok, dors bien ma grosse *sourire*
Moi: *sourire* toi même.
[...]
Lendemain matin...
La nuit à été difficile, je n'étais parvenu à dormir qu'à l'aide de somnifères. J'avais besoin de sommeil pour ce que j'allais affronter aujourd'hui. J'avais longuement réfléchi et je m'étais enfin décidé d'aller voir mes parents. Je ne pouvais pas me cacher éternellement et tant pis si ça se passait mal. Ça ne pourrait pas être pire que ma situation actuelle.
Sarah fût surprise de ma réaction quand je lui en fit part au petit-déjeuner.
Sarah: et si il y a quoi que ce soit, tu m'appelles, d'accord?
Moi: t'inquiètes, prie juste pour que ça se passe bien *rire*
Sarah: arrête, ce n'est même pas drôle...
Moi: on se demande qui est dans le pétrin, là, toi ou moi?
Sarah: *rire* wallah.
Sarah: je serais toujours là pour toi, quoi qu'il se passe.
Moi: je sais hbiba.
[...]
Devant l'immeuble de mes parents, j'appréhendais un peu leur réaction, mais je devais me lancer et en finir. Je me dirigeais vers l'ascenseur qui, heureusement, fonctionnait. Avec la poussette d'Iyêd, ça aurait été compliqué de monter les escaliers.
Je sortis de l'ascenseur, et frappait à la porte, le cœur battant. C'est le moment que choisit Iyêd pour se mettre à pleurer.
Moi: chut bébé! Pleure pas, s'il te plaît c'est pas le moment!
Je cherchais sa tétine dans mon sac et lui mis dans la bouche. Il cessa instantanément de pleurer et se mit à téter avidement sa tétine.
J'allais frapper une seconde fois, comme personne ne venait mais la porte s'ouvrit à cet instant. Ma mère apparut dans l'encadrement de la porte. Elle mit la main sur son cœur en me voyant.
Mama: *surprise* Assia!
Je ne savais plus quoi dire face à elle. Son regard s'abaissa vers mon fils puis remonta vers moi.
Moi: mama, je peux entrer?
Mama: bien sûre benti, entre, entre.
Je sortis Iyêd de sa poussette et entra dans l'appartement. Je pris mon fils dans un bars et enlaça ma mère de l'autre.
Moi: tu m'as manqué mama.
Je sentais des gouttes tomber dans le creux de mon cou.
Moi: pleure pas mama, je suis désolé.
Je laissai libre court à mes larmes qui se mirent aussitôt à couler.
Moi: tu m'as manqué *pleure*
Mama: nous aussi tu nous as manqué. Où tu étais passé, pourquoi tu ne répondais plus au téléphone?
Moi: j'avais des soucis mama. C'est long à expliquer.
Mama: ils t'ont relâché?
Moi: oui. Mama, il faut que je te dise quelque chose.
Mama: dis moi benti.
Moi: mais tu m'interromps pas, hein?
Mama: non, vas-y. Je t'écoutes.
Moi: tu te souviens de ce qui s'est passé avec l'autre là, Karim, à l'hôpital.
Elle mit une main devant sa bouche en fixant Iyêd.
Mama: ah, non, non. Dis moi que ce n'est pas ce que je pense.
Moi: je ne savais pas que j'étais enceinte, je l'ai appris en accouchant.
Mama: *pleure*oh non, ce n'est pas possible.
Moi: *pleure* mama, ne pleure pas. Tu sais ça été difficile au début, mais maintenant, je l'aime mon fils même si je regrette qu'il n'est pas un meilleure père. Et puis c'est grâce à lui si j'ai pu sortir de l'hôpital.
Mama: *pleure* benti, tu ne mérites pas ça.
Moi: c'était mektoub, c'est le destin mama.
Mama: il s'appelle comment?
Moi: Iyêd.
Mama: comme ton grand-père...
Moi: oui
Moi: mais baba, j'ai peur qu'il le prenne mal.
Mama: mais non, je vais leur dire à ton père et Azzdin. Ils comprendront Assia, ce n'est pas ta faute.
Moi: j'avais honte.....c'est pour ça que j'ai changé de numéro. Je ne voulais pas revenir.
Mama: pourquoi hbiba, tu n'as rien fait de mal.
Mama: allez, donne moi ce bout de chou!
A suivre...