Icare

De chloe_andre

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*Histoire contenant l'équivalent des Tomes 1 et 2* Lucile, jeune professeure d'histoire pétillante, ne pensai... Mai multe

Avertissement.
Casting.
Prologue.
Partie 1 : La chute d'Icare.
1 : L'idée de Carole.
2 : Dix ans de prison.
3 : Un air de liberté.
4 : Un cachot irrespirable.
6 : Une nouvelle chute.
7 : Le mythe d'Icare.
8 : « Mon fils que j'aime ».
9 : Un rendez-vous amoureux.
10 : Un espoir éteint.
11 : Se détruire.
12 : Premiers mots.
13 : Espérer ou crever.
14 : Le monde secret d'Icare.
15 : Le cauchemar d'Halloween.
16 : L'artiste derrière les barreaux.
17 : Une visite et une surprise.
18 : L'amour de la liberté.
19 : Pleurer pour un meurtrier.
20 : Jalousie et mise en garde.
21 : La magie de l'hiver.
22 : Les criminels cachés de la prison.
23 : Réveil à l'hôpital.
24 : Les sales gosses.
25 : Promesses à un fou.
26 : Embrasser pour tuer.
27 : Un monde qui se vide.
28 : La peur derrière les barreaux.
29 : Aimer pour espérer, ou espérer d'aimer.
30 : Un monstre pour détruire un monstre.
31 : L'agonie d'un meurtrier.
32 : La dernière chance.
33 : Un nouveau monde sans repères.
34 : La fermeture du pénitencier.
Fin de la partie 1 - Petit mot de l'auteur.
Partie 2 : Le nouvel envol d'Icare.
35 : L'esquisse d'une nouvelle vie.
36 : Jamais seul face au monde.
37 : Premiers pas d'une nouvelle vie.
38 : Parce qu'on n'oublie jamais.
39 : Secrets et mensonges.
40 : Icarus versus Pegasus.
41 : L'absence d'un Icare.
42 : L'antre des démons.
43 : Etats d'âme d'un meurtrier.
44 : Un meilleur ami en or.
45 : La découverte de Carole.
46 : Aimer comme Icare aime le soleil.
47 : « C'est un homme bien car il te rend heureuse ».
48 : Un collègue trop curieux.
49 : Aveux d'une victime.
50 : La disparition.
51 : Une vie sauvée.
52 : Réadaptation et guérison.
53 : Soupçons erronés.
54 : Séparation.
55 : Souvenirs de prison.
56 : Les preuves.
57 : L'amitié avant tout.
58 : Confidences nocturnes.
59 : Le dépôt de plainte.
60 : La vie autour de soi.
61 : L'élan avant le nouvel envol.
62 : Règlement de compte.
63 : Arrestation.
64 : Retrouvailles avec son geôlier.
65 : Le corbeau.
66 : Les mensonges de chacun.
67 : Riche d'un fils.
68 : Lui et moi, ou personne.
69 : Dépasser ses peurs.
70 : Acceptation familiale.
71 : « Coupable ».
72 : Le silence et ses victimes.
73 : La vie et le pardon.
Epilogue : Le coeur d'Icare.
Fin de la partie 2 - Remerciements.
Bonus 1 : Petit mot final sur les personnages.
Bonus 2 : Les petits trucs que vous ignoriez.
Bonus 3 : Ces musiques qui ont inspiré l'histoire.
Nouvelle histoire.

5 : Première visite en prison.

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De chloe_andre

Lucile gare sa voiture sur un petit parking face à la librairie de son amie. La façade tout juste repeinte dans des tons rouges, des lettres en doré inscrivant le nom de la boutique, et voilà que l'endroit reprenait un peu de l'âme qui l'avait quitté des années auparavant.

La jeune femme entre dans l'échoppe, sous le son mélodieux d'un carillon. Un vieux plancher grince sous ses pieds et la poussière entre dans ses narines. L'intérieur composé de plusieurs rayons de livres rangés avec la minutie de Caro, c'est-à-dire un peu en vrac, s'entassent dans une atmosphère ancienne, que Lucile adore.

Elle aperçoit son amie qui discute avec un client à la caisse, alors elle déambule entre les différents étalages de livres, feuilletant quelques bouquins dont la couverture lui plaît, jusqu'à ce qu'une main se pose sur son épaule. La jeune femme échappe un petit cri de surprise tout en manquant de faire tomber l'ouvrage qu'elle tenait entre ses doigts.

— Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur, affirme Adrien, le collègue de la jeune femme.

Lucile rougit, encore surprise, avant de rire, vite imitée par le jeune homme face à elle. Elle le détaille un instant, observant un livre de physique chimie du programme de cinquième dans ses mains.

— J'étais complètement perdue dans ma lecture, explique-t-elle enfin. Pourquoi as-tu ce livre ? Le CDI du collège ne te plaît plus ?

— Oh ça... Un élève à qui j'avais prêté mon bouquin a malencontreusement renversé de la soude dessus. Il y a eu du dégât. Je dois donc en acheter un nouveau.

Lucile esquisse un sourire nerveux, perdant une seconde de trop dans les yeux marrons du jeune professeur face à elle.

— Et toi ? Un élève a renversé quelque chose sur un de tes manuels ? Qu'est-ce qui t'amène ? reprend Adrien.

— Oh pas grand-chose. Disons que Carole, la gérante, est mon amie d'enfance. Et elle a décidé, dans une de ses nombreuses idées folles, d'apporter quelques livres chaque semaine dans la prison du coin. Et comme d'habitude, elle compte sur mon aide.

— Dans une prison ? C'est... Original.

Lucile partage un peu le point de vue de son ami. Carole a des idées tordues des fois. Devinez qui avait créé une association en troisième pour la défense des crapauds traversant les voies d'autoroutes ? Carole. Et il y avait seulement trois membres. Carole, son amie (Lucile a regretté les longues réunions interminables sur l'aménagement de crapauducs) et un garçon, très étrange, qui vouait une passion démesurée pour les batraciens.


Les deux jeunes gens sont justement interrompus par la libraire qui arrive d'un pas dynamique vers eux, un immense sourire démesuré sur les lèvres, que Lucile traduit instantanément. Elle prie intérieurement pour que son amie d'enfance ne lance pas une phrase déplacée. Enfin, c'est un peu trop espérer.

— Bonjour Lucile, et bonjour...

— Adrien. Un collègue de Lucile, répond le jeune homme, qui est d'un naturel avenant.

— Enchanté Adrien. Carole, l'amie d'enfance de Lucile. Et gérante du magasin aussi.

Elle se tourne justement vers son amie avec un petit mouvement répété de sourcils. Les joues de Lucile s'empourprent légèrement, elle est sûre qu'Adrien a compris le sous-entendu. Pourquoi a-t-elle l'amie la moins discrète du monde au juste ?

— Alors Adrien, je suis vraiment heureuse de te connaître, et non pas que je voudrais te mettre à la porte, mais j'ai un rendez-vous extrêmement important à la prison, et je vais devoir fermer boutique. Enfin, ne t'inquiète pas, je n'ai pas commis de crime, prise d'otage ou arnaque auprès de mes clients. Rassure-toi, je suis une personne bien.

— Je vais payer le livre, je ne vais pas vous retarder.

— Nickel ! Oh, et tutoie-moi, si t'es un ami de Lucile. Son ami est mon ami, c'est la devise ! On se partage tout ! Ou presque hein.

Alors que l'homme rigole nerveusement, Lucile se sent affreusement gênée. Qu'a-t-elle fait pour avoir l'amie qui la met dans les situations les plus embarrassantes qui soient ?


Après avoir payé, Adrien s'apprête à sortir de la boutique, et Caro, qui s'approche de son amie avec les bras chargés de cartons de livres, trouve le moyen d'ajouter, avec sa discrétion qui lui est propre :

— Hé pas mal ton collègue ! Il a un mignon petit cul.

Adrien, sur le seuil de la boutique, se retourne vers les deux jeunes filles, et Lucile devient rouge pivoine. Elle a honte des fois de Caro. Très honte, même. 

Bien, son collègue a entendu qu'il a un mignon petit cul. Il ne lui reste plus qu'à l'éviter dans les couloirs comme les adolescentes de quatrième à qui elle fait cours, qui fuient un garçon au charme « irrésistiiiiiible ». 

Sans se dégonfler pour autant, Caro ajoute :

— Au revoir Adrien, à bientôt !

— Au revoir, répond ce dernier, un sourire amusé aux lèvres.

Lucile, à ce moment-là, veut disparaître. Cela coûte combien de faire changer ses papiers d'identité et s'inventer une nouvelle vie au Pérou ?




Dans la voiture, Lucile n'a pas ajouté grand-chose, son cerveau imaginant de multiples scénarios et recherchant le meilleur moyen pour semer Adrien dans les couloirs le lendemain. Il va y avoir une sacrée ambiance au collège !

Caro gare sa petite voiture vert pomme (cette fille fait tout dans l'originalité, c'est un devoir) sur le parking du centre de détention, manquant d'emboutir deux autres voitures.

— Pas trop stressée ? demande-t-elle à son amie qui doit être aussi verte que la carrosserie.

— Après avoir passé une demi-heure avec toi et ta conduite furieuse, tu me demandes si je ne suis pas stressée ? s'étonne Lucile, qui se sent vaseuse après avoir eu l'impression qu'elle finirait dans le bas-côté au moins quatre fois.

— Je parlais de la prison, ajoute Caro en lui bousculant l'épaule.

— C'est juste un dépôt de livres, non je...

— Non ! Ce n'est pas juste ça. On va dans leur bibliothèque, on apporte de nouveaux livres parmi ceux qui traînaient dans l'arrière-boutique quand j'ai récupéré le bâtiment, et on discute littérature pendant une petite heure ou deux avec les détenus. Ce sera cool !

Cool. Ce n'est pas le premier mot qui est venu à l'esprit de Lucile quand elle a appris qu'elle serait au milieu de criminels. Personne n'imagine ça cool. Depuis quand c'est cool de parler d'écrivains au milieu de meurtriers, tortionnaires et violeurs ? Depuis quand ?

— Fais pas cette tête, lance l'éternelle femme désinvolte. Ça va bien se passer, il y aura des surveillants avec nous. Enfin je pense. Au pire, dis-toi que si un te tue aujourd'hui, il sera déjà en prison. La justice sera encore plus rapide, et tu légueras ton héritage plus rapidement à tes descendants. Que tu n'as pas. Je serais toi, je me mettrai vite en couple avec cet Adrien, et copuler. Écoute les conseils de ta meilleure amie, tu ne trouveras pas mieux ailleurs.



Lucile essaie de masquer les tremblements dus au stress qui la secouent alors qu'elle se poste au portail du centre de détention avec sa meilleure amie. Pourquoi elle a abandonné son projet d'aide aux crapauds pour se focaliser sur le divertissement des prisonniers ?

Après un appel à l'interphone, une attente de quelques secondes, le grand portail s'ouvre. Les deux filles aux bras chargés de cartons s'avancent prudemment, avant qu'un homme dans une tenue bleu marine et aux cheveux bien grisonnants s'avance vers elles.

— Jean-Pierre, mais tout le monde m'appelle JP, se présente-t-il. Je suis le responsable des surveillants. Suivez-moi.

Les deux filles obtempèrent sans rechigner, intimidées par le lieu. JP leur fait passer cinq portes différentes pour entrer jusqu'au cœur de la prison, après avoir subi une fouille corporelle ainsi que du matériel amené. C'est tout juste si Lucile ose respirer. L'endroit la stresse énormément. Elle se dit que c'est strictement surveillé, mais en revanche qu'elle ne peut rien contre le comportement forcément violent des prisonniers.

Un homme à la trentaine bien entamée s'avance à la rencontre des deux jeunes femmes, des légères ridules au coin de ses yeux bleus apparaissant lors du sourire radieux qu'il leur adresse.

— Voici Jauris, un surveillant, continue JP. Tous les deux, on vous encadrera lors de l'atelier. Ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas toutes seules. Mais ne stressez pas, ce sont peut-être des détenus, ils restent des humains. Venez.

Les deux surveillants font traverser plusieurs couloirs aux jeunes femmes, sous le regard curieux de certains prisonniers qui passent par là. Lucile déteste être au centre de toute cette attention, elle devine que son malaise est palpable. Le gardien en chef a beau dire ce qu'il veut, elle ne peut cesser d'imaginer le passé judiciaire de chaque incarcéré qu'elle peut croiser sur son chemin.



La bibliothèque est une pièce assez grande, mais les étagères sont quasiment vides. Enfin, vide bientôt comblé par l'énergie de Carole qui déballe les vieux bouquins poussiéreux et un peu abîmés qui traînaient dans son arrière-boutique. Ils sont invendables, et au fond, c'est bien de leur trouver une utilité ici. Même si Lucile se demande si les prisonniers vont s'intéresser à ces livres, qui sont unanimement des classiques de la littérature française. Passée une dizaine de minutes de rangement, les deux femmes s'assoient sur des chaises, sous l'œil attentif de Jauris.

— Ne vous inquiétez pas, il y en aura quelques-uns qui viendront, des curieux... Ils restent méfiants. Je suis sûr qu'une fois qu'ils auront parlé un peu entre eux, vous aurez plus de monde pour mercredi prochain.

— J'espère, avoue sincèrement Caro.

En attendant, les deux femmes discutent avec les surveillants, deux hommes d'une gentillesse incarnée. JP adore faire des blagues, certes un peu vaseuses, mais cela fait toujours rire de par leur simplicité.


Puis à force de patience, quatre hommes arrivent finalement dans la pièce, et s'assoient à leur tour sur les chaises installées en cercle. Lucile sent une pression incontrôlée se répandre dans chaque terminaison nerveuse de son corps. Sa gorge en est affreusement sèche, et malgré la présence des deux surveillants, elle n'arrive pas à être à l'aise. 

Et si parmi les hommes face à elle, un maigrichon, un homme d'un certain âge et deux hommes imposants, l'un d'entre eux était un meurtrier, ou un violeur ? Heureusement, Carole et son tact légendaire arrivent à s'en sortir quelle que soit la situation :

— Bonjour, moi c'est Carole, et voici Lucile. Donc on va animer cet atelier, on a amené pas mal de livres. Vous pouvez regarder.

Finalement, Carole saisit un livre, et elle se met à parler avec passion, lisant les résumés et conseillant à chacun ce qu'il pourrait préférer. Lucile arrive peu à peu à se détendre, et parle avec le petit maigrichon du « Petit Prince ». L'homme se souvient l'avoir lu quand il était gosse, et il est heureux de retrouver le livre, qu'il a hâte de relire. En attendant, il discute avec Lucile sur les passages qui l'ont marqué. Carole s'occupe avec les autres hommes, car son caractère très amical l'aide à passionner instantanément son auditoire.


Après une bonne demie heure d'échange, Lucile relève la tête, et voit, quelques étagères derrière, un homme, qu'elle n'avait pas remarqué jusque-là. Il ne regarde pas les livres devant lui, mais l'atelier qui se tient à moins d'une dizaine de mètres plus loin. Lucile est pétrifiée, un mélange de crainte et d'admiration. C'est étrange.

Elle remarque tout de suite le regard poignant de l'homme, qui fait froid dans le dos. La sensation de danger qu'il provoque instantanément la glace. Il est terrifiant, et à la fois, elle ne peut détacher son regard sa silhouette grande et musclée. Elle détaille des bras tatoués de partout et laissés à l'air libre grâce à un t-shirt à manches courtes, des épaules bien dessinées sous les tissus du vêtement, ainsi qu'une barbe châtaine, comme les cheveux, qui recouvre le visage intriguant de l'homme. 

Et ce qui la frappe, c'est sa beauté, presque paradoxale au milieu de ses vêtements froissés et abîmés, et avec en toile de fond les murs à la peinture écaillée de la bibliothèque.

Mais surtout, elle découvre ensuite une pâleur anormale de la peau de l'homme. Ses lèvres tremblent d'une manière exagérée et ses mains s'accrochent étrangement aux étagères. 

Lucile a du mal à le quitter du regard, parce qu'elle ne saurait décrire exactement ce qu'elle voit. C'est un mélange inexplicable de force secouée par la souffrance et de beauté qui lutte contre la noirceur.


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