Arabella

By foxscamp

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Arabella, seize ans, n'avait jusque là aucun problème avec le fait de vivre dans l'ombre de ses deux grands f... More

Prologue
Chapitre premier
Chapitre second
Chapitre troisième
Chapitre quatrième
Chapitre cinquième
Chapitre sixième
Chapitre septième
Chapitre huitième
Chapitre neuvième
Chapitre dixième
Chapitre onzième
Chapitre douzième
Chapitre treisième
Chapitre quatorzième
chapitre quinzième
chapitre seizième
chapitre dix-septième
PART II
Chapitre Premier
Chapitre Second
Chapitre Troisième
Chapitre Quatrième
Chapitre Sixième
Chapitre Septième

Chapitre Cinquième

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By foxscamp

non - édité

Les urgences étaient rapidement arrivées. On avait fait vomir Zac bien qu'il était probable qu'il ait déjà rejeté de lui même tout ce qu'il avait ingurgité avant de perdre connaissance puis il fut transféré vers l'hôpital le plus proche. Bella n'avait pu le suivre que jusque dans le hall du bâtiment, la chambre dans laquelle ils l'avaient placé n'étant pas libre d'accès aux visiteurs pour le moment.

La rouquine resta un moment dans l'hôpital afin de reprendre ses esprits. Elle était sous le choc. Elle savait que Zac était particulier, insatisfait, frôlait la misanthropie, était poursuivi et que sa relation avec sa famille était assez mauvaise pour le pousser à vivre ailleurs, mais jamais elle ne se serait imaginé que le suicide était pour lui une option. S'il s'agissait bien d'une tentative de suicide. Mais le flacon vide qui gisait dans la salle de bain était un détail évident.

Elle refusait d'admettre qu'il puisse être aussi désespéré. Et surtout, elle refusait d'admettre qu'elle avait échoué à l'épauler. Mais il était si distant. Si difficile d'accès. Elle avait beau faire son possible pour entrer dans la bulle qu'il s'était créée et qui le protégeait, elle faisait toujours tout de travers.

Bella fut tirée de ses pensées lorsque son téléphone se mit à vibrer dans son sac. Elle se dépêcha d'attraper son cellulaire et vit le nom « maman » s'afficher sur l'écran. C'était un message lui demandant où elle était. La rouquine répondit qu'elle était en chemin vers la maison puis se leva avant de quitter l'hôpital. Les infirmières l'avaient renseignée sur les heures de visite et si tout allait bien, elle pourrait revenir voir Zac le lendemain vers 18H.

Une fois chez elle, Bella monta rapidement les escaliers et s'étala sur son lit. Elle se redressa, se déshabilla entièrement à l'exception de son T-shirt puis glissa sous sa couette qui lui parut gelée. Elle tremblota quelques minutes, recroquevillée, s'insultant de tous les noms, se traitant d'incapable puis s'endormit le ventre vide.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ses volets étaient fermés, il faisait noir. Sur le réveil électrique à sa gauche était affiché 04 :56. Sa mère ne l'avait donc pas réveillée pour manger. Bella se leva et se dirigea vers la salle de bain. Elle soupira à la vue de son visage bouffi et de sa mine dépitée. Ses cheveux partaient dans tous les sens. Encore une fois elle s'insulta, se fit à elle-même la grimace puis entra dans la douche.

Dix minutes plus tard, lavée et changée, elle retourna dans sa chambre se recoucher. Le sommeil ne vint pas immédiatement. Zac était revenu occuper ses pensées. Les images de la veille tournaient en boucle dans son esprit. Elle le revoyait, gisant sur le sol et elle se souvenait de ses propres mains tremblantes qu'elle observait, impuissante. Elle espérait qu'il se reposait et qu'il était tranquille, là-bas, à l'hôpital. Loin de ce qui pouvait généralement l'atteindre. Loin de ses problèmes et à l'abris de tout. Elle espérait qu'on s'occupait mieux de lui qu'elle n'avait pu le faire. Comme elle se haïssait de l'avoir laissé en arriver là. Comme elle s'en voulait de ne pas avoir vu plus tôt.

Après une heure à ruminer, Bella sombra de nouveau dans un sommeil profond. Elle avait beau dormir des heures, c'est comme si Zac avait drainé toute son énergie. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait cette sensation. Ce garçon, ce n'était pas une connaissance. Pas un ami. Pas un proche. C'était une source de stress et d'inquiétude permanente. C'était ce qui éveillait chez elle la curiosité et le besoin de toujours tout savoir. C'était quelqu'un qui l'a manipulait contre son gré. Qui l'attirait sans qu'elle n'arrive à comprendre pourquoi. Mais elle n'arrivait pas à s'en détacher. Elle refusait de se dire « laisse tomber, il ne t'attire que des ennuies et des problèmes ». Quelque chose d'inexplicable la poussait à toujours revenir vers lui. Etait-ce l'ennui ? Peut-être était-il son seul moyen d'échapper à la routine. Peut-être qu'il lui donnait l'impression d'être quelqu'un.

Quoiqu'il en soit, elle n'avait aucun contrôle sur elle-même et elle détestait ça.

* * *

Le lendemain, Bella se leva de mauvaise humeur. Ou plutôt vraiment dans les vapes. Elle eut du mal à sortir de son sommeil et se cogna plusieurs fois contre les meubles de sa chambre avant de réussir à atteindre son armoire. Elle avait saisi un sweatshirt et une paire de jean bleu délavé et troué puis elle avait filé à la salle de bain.

Lors de son petit-déjeuner, c'est à peine si elle payait attention à sa mère et à Josh. Ce dernier la dévisageait alors qu'il mâchait lentement ses céréales, comme hypnotisé et perplexe face à l'absence de sa sœur.

_ Tu es malade ? demanda sa mère, la mine inquiète.

_ Hein ? Non ? Je vais bien.

_ Tu as pris quelque chose ? insista-t-elle.

_ Mais ? Non, enfin, maman. Bon j'y vais, je vais être en retard. A ce soir.

La rouquine débarrassa sa vaisselle, embrassa le front de sa mère et de son petit frère puis s'éloigna vers la porte d'entrée. Elle s'apprêta à sortir lorsqu'elle se souvint qu'elle irait sûrement voir Zac ce soir.

_ Ah, je rentrerai probablement un peu tard ce soir, ne m'attendez pas pour manger.

Sur ces mots, elle se dépêcha de partir avant que sa mère ne commence à lui poser trop de questions.

Elle prit le bus aujourd'hui. Et à peine arrivée devant son lycée, elle sentit quelqu'un lui saisir le poignet. Bella fit volte face et se retrouva face à Mary. L'adolescente avait mauvaise mine, elle semblait triste, désespérée presque. La rouquine sentit les battements de son cœur accélérer comme si elle s'attendait à recevoir une mauvaise nouvelle.

Mais il n'en fut rien, Mary prit la jeune femme dans ses bras et la serra tellement fort que Bella en eut presque mal aux côtes.

_ Merci d'avoir appelé les urgences.

_ Comment tu sais que c'était moi ?

Mary relâcha son amie et s'écarta légèrement.

_ Je suis allé à l'hôpital dès que j'ai su. Je n'ai pas pu le voir, bien sûr. Mais les infirmières ont cru que tu étais sa petite amie et m'ont dit que c'est toi qui les avais prévenu par téléphone. Au début j'étais confuse, mais elles t'ont décrit physiquement donc il n'y avait plus de doute.

_ Oh. Tu... Tu leur as dit que j'étais juste son amie ?

_ Euh, non, si tu veux c'est pas vraiment ce qui m'a semblé le plus important sur le moment. Enfin bref. Je suppose que tu as prévu d'aller le voir ce soir. Je viendrai aussi et si tu veux je passerai avant pour te laisser plus de temps après.

_ Ah, euh, comme tu veux.

Mary lui sourit, le regard empli de tendresse. Elle avait l'air tellement pure et gentille. Malheureuse également. Oui, c'était presque de la tristesse dans ses yeux.

_ Tu sais, quand je t'ai dit de rester loin de lui, c'était en parti pour ça. On le connaît. On sait qu'il est difficile à gérer et qu'être proche de lui, c'est presque... un fardeau. Parce qu'il refuse de nous laisser l'aider. Même à nous, il ne parle que très peu... Au fond, il est peut-être pas si égoïste qu'on le croit. Peut-être que c'est nous qu'il protège aussi, en restant distant. Pour ne pas qu'on s'attache à lui. Mais c'est impossible, pas vrai ?

Bella l'observa, confuse. Elle avait du mal à voir où elle voulait en venir.

_ J'étais jalouse de toi.

Mary avait prononcé ses mots en souriant, presque gênée. La rouquine fronça les sourcils et pencha la tête. Elle ne comprenait pas.

_ C'était un peu avant que tu arrives. En fait, j'ai longtemps été amoureuse de Zac. Comment lui résister ? Il est plaisant à regarder, il est différent, il te donne l'impression d'exister, de ne pas être une personne parmi d'autres. On a tellement tendance à croire qu'il méprise tout le monde, qu'il nous prend tous de haut, que quand il s'intéresse à nous... ça fait du bien, non ? D'avoir quelqu'un d'aussi... spécial et de soudainement avoir l'impression qu'on en vaut la peine.

La jeune fille marqua une pause puis posa son regard sur ses converses noires dont les lacets trainaient au sol.

_ Il ne s'est jamais vraiment confié à moi... Je crois qu'il m'a juste prise sous son aile parce qu'il me voyait un peu marginale comme lui, et que la plupart des gens ne m'aimaient pas à l'époque. J'étais toute seule, et il est venu vers moi. Je le respectais beaucoup, tu sais, ça peut sembler stupide, mais c'était mon héros. Quand je me levais le matin, je savais que j'allais les rejoindre, lui, Jeremy et Ricky, je savais que c'était fini le temps où je mangeais seule à la cantine. Sauf que j'ai développé les mauvais sentiments pour lui. Un jour j'ai eu le courage de me confesser. Il a gardé une main dans sa poche et de l'autre il m'a serré dans ses bras puis m'a juste dit qu'il était désolé. Et il est parti. J'ai beaucoup pleuré, parce qu'il m'avait vraiment rejetée. Mais il est pas très doué avec les mots. Il aurait pu me jeter après avoir couché avec moi comme il le fait souvent avec la plupart des filles qui lui confessent leurs sentiments, mais il ne l'a pas fait. Je sais qu'il tient à moi et qu'il ne voulait pas me blesser. Il me voit plus comme une petite sœur qu'autre chose.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, Bella avait les larmes aux yeux. Elle se sentit mal pour Mary, presque coupable de s'être rapprochée de Zac devant ses yeux sans savoir quoique ce soit.

_ Puis t'es arrivé dans nos vies. Et t'as changé beaucoup de choses chez Zac. Ça peut te paraître ridicule, et cliché, mais il a vraiment changé. Au début on pensait qu'il jouerait avec toi comme il le fait avec toutes. Mais crois-moi, c'est pas le cas. Je le connais. S'il se servait de toi, excuse-moi de dire ça, mais il aurait eu ce qu'il voulait depuis longtemps, et tu ne serais pour lui déjà plus qu'un souvenir. Sauf que non. Je sais pas comment ça va se passer entre vous. Je suis pas sûre qu'il sache ce qu'il fait... Mais après ce qu'il s'est passé hier, je te le demande vraiment... aide-le. T'es pas très douée pour montrer tes sentiments non plus. Mais fais-le pour lui. Je suis quasiment sûre que t'es la seule qui pourra l'aider.

_ Mes sentiments... ?

_ Arrête de te mentir sans arrêt...

Suite aux mots de l'adolescente, la sonnerie retentit et Mary soupira. Elle profita de cet instant pour s'extirper de la conversation sachant pertinemment qu'Arabella allait finir par l'énerver si elle continuait à faire la sourde oreille face à ses propres pensées. Elle s'était répétée tellement de fois qu'elle détestait Zac qu'elle s'en était convaincue elle-même. Mais au fond, elle savait que quelque chose clochait et que tout cela était incohérent. Ce qu'elle ignorait sûrement, c'était que son cerveau faisait de la psychologie inversée presque à son insu. Tout ça parce qu'elle avait peur.

* * *

C'était l'heure.

Bella était dans le bus en direction de l'hôpital. Ses mains étaient moites et son cœur battait beaucoup plus fort que d'habitude. Elle se souvint de la fois où elle avait trouvé Zac dans la ruelle et qu'il lui avait interdit d'appeler les urgences malgré son état. C'est pour dire à quel point elle appréhendait de le voir. Elle avait peur qu'il lui en veuille. De l'avoir aidé. De s'être mêlée de sa vie. Mais elle ne pouvait quand même pas rester sans rien faire. Qui sait ce qui aurait pu arriver si elle ne l'avait pas trouvé. Si elle n'avait pas appelé une ambulance. Elle n'osa même pas l'imaginer car une telle pensée lui aurait donné des hauts le cœur.

La rouquine descendit du véhicule et s'efforça de respirer de façon régulière. Elle entra par les portes coulissantes du bâtiment et se dirigea vers l'accueil. Le personnel fut efficace et lui indiqua rapidement le numéro de chambre du patient même si une infermière avait insisté pour l'accompagner. L'adolescente savait que Mary préférait le voir avant elle alors elle s'assit devant la chambre et attendit que la jeune fille fasse son apparition dans le couloir, ce qui ne fut pas long.

_ Je ne vais pas rester longtemps, lâcha Mary sans même saluer la rouquine.

Bella acquiesça. Elle était nerveuse et n'arrivait pas à se détendre. Les mots ne sortaient même plus de sa bouche c'est pourquoi elle se contentait de s'exprimer avec des gestes brefs comme un hochement de tête ou un sourire crispé.

Aucun son n'atteignait les oreilles de la rouquine, elle se demandait même s'ils se parlaient à l'intérieur de la chambre ou s'ils avaient laissé un malaise s'installer. Une quinzaine de minutes plus tard, Mary sortit de la pièce. Son expression était neutre, elle garda le silence pendant quelques secondes. Après ce moment qui parut une éternité aux yeux de Bella, son amie posa sa main sur son épaule et la serra légèrement.

_ On se voit demain au lycée.

Bella fit un mouvement de tête, encore une fois, puis observa la jeune fille s'éloigner, ce qui la stressa encore plus. Elle était seule. C'était son tour. Elle avait horreur de ça... Ressentir ce moment comme une confrontation... Elle se leva machinalement, souffla longuement, réajusta son t-shirt puis toqua à la porte avant d'entrer.

* * *

Lorsqu'elle posa son regard sur le lit, elle fut surprise de ne voir personne dedans. Elle leva les yeux vers l'autre recoin de la chambre et aperçu Zac de dos, assis sur une sorte de grande marche à côté de la fenêtre qui donnait sur le jardin de l'hôpital. Bella s'approcha du jeune homme sans pour autant lui permettre de la voir.

_ Tu devrais pas être couché ?

_ Je suis pas malade. Ni handicapé.

Sa réponse sèche surpris Bella qui déglutit, de plus en plus nerveuse.

Elle vint s'asseoir sur le piédestal, faisant elle, face à la chambre, ne croisant donc toujours pas le regard de l'adolescent.

Elle ouvrit la bouche plusieurs fois pour parler mais aucun mot de sortait. Sans qu'elle ne puisse le contrôler, les larmes lui montèrent aux yeux. Lorsqu'il l'entendit renifler, Zac lança un bref regard dans sa direction avant de claquer sa langue contre son palais, presque agacé.

_ Pourquoi t'es ici... Demanda Bella dans un craquement de voix.

_ Comment ça, pourquoi j'suis ici, j'suis ici parce que t'as appelé les urgences, abrutie.

_ Tu sais très bien c'que je veux dire, rétorqua sèchement la jeune fille en pivotant brusquement vers le jeune homme. Pourquoi j'ai eu besoin d'appeler les urgences ?

Zac ne répondit pas. Il ne prit même pas la peine de la regarder et laissa son regard se perdre sur les patients qui se promenaient dans le jardin. Il était tendu, les sourcils froncés, ses bras liés autour de ses genoux. Bella cessa de chercher le moindre contact visuel avec lui et secoua la tête, à son tour exaspérée.

_ Est ce que tu réalises que des gens s'inquiètent pour toi ?

_ Oh pitié, souffla Zac, de plus en plus agacé.

_ JE m'inquiète pour toi, imbécile. Mais tu dis jamais rien. Je me retrouve ici, à te rendre visite à l'hôpital et je peux même pas savoir pourquoi ? Tu me trouves trop stupide ? J'en ai marre de jouer aux énigmes avec toi.

Zac ne prononça toujours pas le moindre mot. Il ne bougea même pas d'un pouce. Bella sentit les larmes commencer à couler sur ses joues, elle se rapprocha du jeune homme et à peine eut-elle posé sa main sur son épaule qu'il lui attrapa fermement le poignet pour briser ce contact inattendu.

_ S'il te plait, parle moi... implora Bella.

Zac la regarda droit dans les yeux pendant quelques secondes, lui serrant toujours le poignet, mais malgré le fait qu'il faisait mal à la jeune fille, elle n'y prêta pas attention, trop préoccupé par les yeux éclatés de l'adolescent. Ils étaient rouges, à croire qu'il n'avait pas dormi depuis des années. Les hématomes sur son visage n'arrangeaient pas le coup. Il était... pitoyable et le cœur de Bella se serra à la vue de son état.

Elle cru rêver lorsque les yeux du jeune homme lui semblèrent devenir humides mais il détourna le regard trop vite pour qu'elle en soit sûre, lâchant son emprise sur la rouquine au passage.

_ Tu sais c'que c'est que de pointer une arme sur quelqu'un ?

Bella, surprise par sa question, fixa le jeune homme qui regardait de nouveau par la fenêtre, fuyant les yeux de la rouquine.

_ Tu crois que tu vas avoir assez de courage pour appuyer sur la gâchette mais au final tu réalises que t'es qu'un lâche et que t'es même pas foutu de te débarrasser de ce qui te pourri la vie depuis des années.

_ C'est encore ces types qui te cherchent ?

Zac lâcha un rire qui n'avait rien d'amusé et secoua la tête.

_ Je te parle de mon père, Bella.

Le souffle de la jeune fille se coupa.

_ Il te fait du mal ? Physiquement ? Moralement ?

_ Bah, si tu savais.

_ Les marques que t'as sur le visage, c'est...

_ Qui veux tu que ce soit. Tu croyais que j'allais me battre pendant mes heures de trou peut-être ?

Bella était perdue, ses pensées s'emmêlaient et ne créaient plus aucune suite logique.

_ Il y a trois ans j'me suis retrouvé ici à cause de lui. Dans un coma de quelques jours. Il était parti en vrille pour un rien, comme d'hab... Il y a une semaine j'ai de nouveau failli y passer parce que ce pauvre con voulait plus me lâcher la gorge. Donc j'ai voulu en finir. Deux jours après j'ai pris le flingue qu'il cachait dans sa table de chevet, j'étais décidé. Mais au moment où j'ai pointé le viseur en sa direction il m'a sourit et il m'a dit « t'es bien trop lâche pour faire ça » puis il est allé s'asseoir dans le salon. Il avait raison, et je le savais avant même de piquer ce flingue.

_ Pourquoi tu le dénonces pas à la police ? Et ta mère ?

Zac sourit et posa son regard sur la jeune fille.

_ Ce serait trop facile, ça, tu crois pas ? Ma mère osera rien faire, il la manipule comme une pauvre marionnette, elle bougera pas le petit doigt même au dépend de la vie de son seul fils. Et qui me croirait ? Moi, un pauvre bon à rien, même pas diplômé du lycée, avec des histoires de drogue reconnues par la police de la ville face à lui, un homme d'affaire reconnu et entouré de l'élite, d'avocats et protégé par ses petits privilèges de bon américain blanc et riche. Sans lui ma mère est foutue. Elle a pas une tune, sa famille non plus, elle fera rien et il le sait. J'suis fait comme un rat.

_ Mais t'es chez Ricky. T'as fui, tu peux recommencer à zéro.

_ Pour combien de temps ? Il me suit partout, il croit que je suis sa putain de propriété. C'est un taré, il fait ça parce que ça lui fait du bien. La violence, le pouvoir, se sentir supérieur. Et moi, n'étant même pas majeur, tu veux je fasse quoi ? Que je trouve un job ? Il se débrouillera pour m'empêcher d'être employé. Je suis né pour l'occuper à me pourrir la vie.

Bella fut soudainement submergée par les regrets. Elle avait toujours cru aux histoires racontées par les gens de son lycée. Que Zac se battait pour le plaisir. Que son visage défiguré était toujours le résultat de stupides conflits de rue. Mais depuis tout ce temps, il fuyait. Quand il était venu se réfugier chez elle il fuyait. S'il passait son temps dans cette ruelle, c'est parce qu'il fuyait. Et s'il n'allait pas en cours, c'est parce que son père l'aurait facilement trouvé là-bas. Tout ce temps, Zac passait sa vie à fuir un père abusif et elle n'en savait rien. Pire encore, elle le méprisait sans rien savoir de tout cela. Elle avait honte car elle ne valait pas mieux que le reste des gens de son école.

_ Je suis désolée... chuchota la jeune fille.

_ De quoi ?

_ De m'être trompée, et de ne pas avoir été là et...

_ Woh, je t'arrête de suite. J'ai jamais demandé à ce qu'on me prenne pour une victime. Et j'ai jamais imploré ton aide.

_ Mais pourquoi tu refuses de me laisser t'aider ?

Zac haussa les épaules et fit la moue.

_ C'est mes problèmes, pas les tiens.

_ C'est là que tu te trompes, Zac. C'est aussi mes problèmes. Je sais pas pourquoi, parce que tu passes ton temps à me rejeter, mais tout ce que tu dis ou fais à un impact sur moi, et je suis fatiguée de devoir te forcer à me parler. Et je me déteste, parce que j'arrive pas à m'empêcher de te haïr pour ça. Parce que quelque chose me pousse à toujours vouloir savoir ce qu'il se passe dans ta tête. C'est plus fort que moi, et ça me rend dingue. Alors t'as pas le droit de me faire ça. T'as pas le droit de me laisser de trouver gisant sur le sol de ta salle de bain. Je supporte pas l'idée que t'aies pu te sentir assez seul pour penser à faire un truc pareil. Tu l'es pas, il faut que tu me parles. Ou si c'est pas à moi, à Ricky, ou Mary, je sais pas, à qui tu veux, mais t'es pas seul. Pourquoi t'arrives pas à te rentrer dans le crâne que tu comptes pour certaines personnes ? Je sais pas ce que je suis à tes yeux, Zac, j'arrive pas à savoir, mais essaie de comprendre que tu es important... pour moi.

Elle avait l'impression que son cœur allait éclater sa cage thoracique et eut un énorme mal de crâne tant la pression du silence que Zac laissa s'installer lui pesa sur les épaules.

_ Ça devrait pas être le cas, répondit Zac froidement.

_ Mais ça l'est ! Et t'es un putain d'hypocrite en agissant comme ça parce que tu sais exactement l'effet que t'as sur moi, tu le sais même encore mieux que moi-même, alors arrête de me repousser !

_ Et si j'ai pas envie que tu me colles comme ça, hein ? Cracha Zac en se levant.

_ Alors pourquoi tu te réfugies chez moi quand t'as nul part où aller ? Pourquoi tu m'as autant parlé de toi au parc la dernière fois ? Pourquoi tu joues de l'effet que t'as sur moi ?

_ Tu t'es pris une putain de balle dans l'épaule à cause de moi, rétorqua Zac en haussa le ton.

Bella se leva à son tour et poussa le jeune homme tandis que sa vision commença à être de nouveau brouillée par les larmes.

_ T'es qu'un menteur ! T'as aucun compte à me rendre parce que tu sais très bien que c'est moi qui me suis précipité vers toi cette nuit là !

_ Sauf que sans moi, le type qui t'a tiré dessus se serait jamais retrouvé devant chez toi !

Bella plaqua de nouveau ses mains sur le torse de l'adolescent en tenta de le pousser en arrière mais c'est à peine si le jeune homme fut propulser d'un centimètre.

_ Alors c'est pour payer ta pseudo-dette envers moi que tu me laisses l'honneur de te fréquenter ?

_ J'ai jamais dit ça, bordel, et calme toi.

_ Qu'est ce que tu veux de moi à la fin ? Qu'est ce que je suis censée faire pour que tu me considères un minimum ?!

_ Mais pourquoi tu t'acharnes pour moi, Bella ? Pourquoi t'as besoin que je te valide ? J'ai rien à t'apporter, putain.

_ Mais je rêve, c'est ça ta technique pour me faire fuir ? T'es tellement de mauvaise foi, j'arrive pas à le croire.

_ Arrête d'essayer de vivre à travers mes problèmes. Pourquoi tu tiens absolument à t'encombrer d'un mec comme moi juste parce que ça te change du quotidien ?!

_ J'te déteste. J'te déteste plus que tout, tu me tues, j'en peux plus, tu comprends ?!

La rouquine continua à pousser hystériquement l'adolescent jusqu'à ce qu'il se retrouve le dos contre le mur de sa chambre. Zac saisit violemment les bras de la jeune fille qui se débattait, aveuglée par les larmes.

_ Arrête !

Puis ce fut le silence complet. Seuls les pleurs saccadés de la jeune fille étaient audibles dans la pièce. C'était à se demander comment aucun membre du personnel n'était intervenu. Bella posa son front sur le torse de l'adolescent tandis que ses joues mouillèrent rapidement le t-shirt de ce dernier. Zac soupira et tapa l'arrière de son crâne contre le mur, énervé contre lui-même. Il lâcha les poignets de la rouquine qui ramena ses mains près de son visage et s'accrocha au vêtement du brun. Ses pleurs devinrent de moins en moins violents au fil des minutes mais ne semblèrent pas près de cesser.

_ Je suis désolé.

Lorsqu'elle entendit ces mots, Bella sentit son cœur se serrer et resserra son emprise sur le t-shirt du jeune homme qui observait le plafond.

_ Je suis désolé de te faire pleurer aussi souvent.

Zac baissa la tête et passa sa main sur la joue de la jeune fille afin de sécher ses larmes mais elles ne cessaient de couler. Il se résigna et se contenta de passer ses bras autour des épaules de l'adolescente et de la serrer contre lui. Bella se calma et finit par arrêter de pleurer, néanmoins ils ne bougèrent pas pendant plusieurs minutes encore. La rouquine ignorait comment les choses allaient se dérouler à partir de maintenant. Elle ne savait pas non plus comment interpréter cette étreinte, mais pour le moment elle était bien. Sereine. Elle espérait que ce moment dure toujours et qu'ils n'auraient jamais à faire face aux complications qui les entouraient, ni aux problèmes de la vie de Zac.

_ Bella, l'infirmière va pas tarder à revenir...

La rouquine recula brusquement et fit à peine trois pas avant d'ouvrir la porte et de sortir de la chambre de Zac qu'elle abandonna derrière elle sans prendre le peine de lui adresser le moindre mot. Une fois dans le couloir, elle se dirigea vers l'ascenseur et appuya sur le bouton tellement de fois qu'un patient qui ne faisait que passer la dévisagea presque inquiet. Les portes s'ouvrirent enfin et elle entra dans la cabine avant de se laisser glisser au sol, les bras serrés autour de ses genoux. Cette visite avait drainé toute son énergie. Elle avait l'impression qu'elle allait s'endormir ici-même, et espérait se réveiller dans son lit quelques heures, jours ou même semaines plus tard. Mais il n'en fut rien. Bella sortit de l'ascenseur et rejoint l'arrêt de bus d'un pas lent, le regard zombifié. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait faire.

Cette situation tellement injuste. À présent elle en était sûre. Ce n'était pas pour s'occuper qu'elle fréquentait quelqu'un comme Zac. Il n'y avait pas de "quelqu'un comme Zac". C'était lui et c'est tout. Elle refusait de l'abandonner. Tandis qu'elle pensait trainer avec lui pour sa propre expérience personnelle, maintenant elle en était sûre, c'est pour lui qu'elle continuait à le suivre de la sorte. Parce que ce qu'elle ressentait pour lui était inexplicable. Et même si elle ne savait pas comment qualifier ce sentiment, il n'y avait aucun doute.

Elle l'aimait, tout simplement.

________________________________________________

Bon. Je m'excuserai jamais assez pour les retards à chaque fois. Mais ce chapitre m'a donné tellement de mal, j'ai cru que je le terminerais jamais. J'avoue que même si c'était compliqué, j'ai beaucoup aimé l'écrire parce que Bella et Zac commencent à se dire les choses. Vous savez, j'avais pas du tout réalisé qu'en appelant mon héroïne Arabella je passerais la majeure partie de l'histoire à l'appeler Bella parce que c'est plus rapide. Résultat, j'ai l'impression d'être back en 2013 quand je lisais Twilight (à l'aide).

Enfin bref, j'espère que ça vous a plu et je pense que ce qui va suivre va vous plaire aussi, j'ai déjà mes idées, évidemment. Enfin, j'en dis pas trop. Encore merci à vous pour vos votes, vos commentaires, toussa toussa, c'est vraiment ce qui me motive à continuer. Sans vous, ça fait longtemps que j'aurais abandonné cette histoire. Mais voir vos réactions me donnent toujours envie de vous apporter la suite. Du coup merci beaucoup pour ça, ça me pousse à continuer ce truc sur lequel je bosse depuis longtemps. Le soulagement que ça va être quand ce sera fini, aha !

Je ne promets toujours rien, mais je vais essayer d'écrire plus sachant que je suis en vacances dans une semaine (et acceptée dans au moins une (bonne) école pour sûr donc je suis soulagée).

Ah, au fait j'ai décidé de vous poser une question à chaque fin de chapitre maintenant, pour vous connaitre un peu plus. Du coup je me demandais quel genre de musiques vous aimiez ? Je me repère souvent avec ça pour en savoir plus sur les gens. c: Donc voilà, dites moi tout.

Bye bye, merci merci merci de continuer à me lire. <3

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