- T'es sûre que tu veux faire ça ? me demanda Cole pour la énième fois.
Je lui fis les gros yeux tout en marchant vers la forêt. Nous revenions de la maison des parents de Nouma. Ils avaient accepté que leur fille se joignent à nous après une demi-heure de discussion, à condition qu'ils puissent visiter d'abord la maison et que leur fille revienne les voir.
- Oui je suis sûre Cole ! C'est le seul moyen, et s'il y en avait un autre, j'y aurais déjà réfléchi !
- Mais c'est dangereux !
- Qui te dis que c'est dangereux jeune homme ?
Le fantôme à la veste queue de pie verte qui était chargé de ma protection était apparut, sa canne à la main, la montre à gousset dans l'autre.
- C'est qui ce mec ? demanda Cole, même pas surpris d'avoir affaire à un fantôme.
- Ce mec ?! Figurez-vous que suis son protecteur messire !
- Messire ?! Mais tu viens de quel temps toi ? Et puis c'est moi son protecteur ! Personne d'autre !
Je posais une main sur l'épaule de Cole.
- Là où je serez, tu ne pourras me protéger que physiquement, puisque je ne bougerais pas. Seule mon âme se déplacera et sera en territoire ennemi. Et là, tu ne pourras pas la protéger. Lui si.
Cole me dévisagea avant de me gratifier d'une moue boudeuse.'
- Votre femme ne risque rien messire. Je serai là pour la protéger.
- Mais tu viens de quelle époque pour parler comme ça toi ? C'est pas ma femme on est des ados encore ! Jamais d cela vie on pourrait se marier sans être majeur !
- Je suis mort le 3 août 1920.
Cole en était comme deux ronds de flan.
- Et... comment est-ce que tu es mort ?
- Pendu mon cher.
Cole ouvrit tout grand les yeux, bouche bée.
- Mais je n'ai rien senti, j'ai eu la nuque brisée presque immédiatement.
Et comme pour illustrer ses paroles, il balance sa tête en arrière, faisant faire à son crâne des mouvements complètement improbables. Cole faillit vomir et je me retenais de ne pas éclater de rire en voyant sa tête.
Lorsque nous arrivons à la maison, Cirrus m'attend pour renouveler l'expérience d'hier. D'après lui, cette fois-ci devrait être la bonne. Je m'asseyais à table et fermais les yeux pendant que Cirrus invoquait l'esprit qui était censé "m'ouvrir la porte des rêves", d'après lui. Et très vite, une jeune femme est apparue dans mon esprit, vêtue d'une longue robe blanche, les cheveux longs d'un noir de jais. Elle m'a intimé de la suivre, ce que j'ai fait. Puis, brusquement, je suis tombée dans un trou. Pendant longtemps, très longtemps, je me suis senti chuter, dans le noir le plus complet, sans aucun bruits. Et brusquement, j'ai vu. J'ai vu Detor, dans un grand château à l'allure médiévale. Je l'ai vu avancer vers moi et me sourire. Puis ma soeur est sortie de la salle où Detor se trouvait, et j'ai parcouru tout le château avant d'entendre une voix dans ma tête.
"- Je sais que tu es là, petite soeur... Et tu ferais mieux de repartir vite fait avant de voir des choses que tu ne voudrais pas voir...
- Des choses comme quoi ? ai-je rétorqué un peu trop brusquement dans mon esprit.
- Comme ça..."
Elle s'est dirigée vers une porte qu'elle a brusquement ouverte. À l'intérieur, des montagnes de corps gisaient, en pleine putréfaction. J'ai voulu me boucher le nez, mais comme ce n'était pas mon corps, je suis resté impuissante face à cette horreur. Dans une autre pièce, que des squelettes. Des tas et des tas, certains entiers, d'autres non.
"- Ça te suffit, petite soeur ?
J'étais dégoutée, mais jamais je ne l'aurais admit.
- Parce que ce n'est que le début..."
Et j'ai été ramenée par Cirrus.