Je suis assis dans le salon, il n'y a pas de lumière sauf ce faible éclairage d'une chandelle poussiéreuse. Les enfants jouent dans la chambre d'à- côté, rien a vraiment changé pour eux. Enfin, je crois. Quand je les réveille le matin, souvent je me dis que je devrais pas, puisque je n'ai jamais autant réaliser le confort et le bonheur d'être endormi jusqu'à-ce que tu soies partie.
Je pense à tout plein de choses, j'analyse et souvent je me mens. Je ne ris pas, je ne pleure pas. Je n'avais jamais pensé que de te voir passer la porte une deuxième fois m'aurait démoli comme je le suis là. Mais en même temps, c'est rare de prévoir des choses qu'on ne croyait jamais arriver. Un homme heureux ne peut s'imaginer triste et un homme riche ne peut s'imaginer pauvre.
Le bruit de la ville ne m'a jamais semblé aussi bruyant et les gens ne m'ont jamais semblé être aussi sombres. Quand je marche dans la rue, je me demande souvent à quoi les passants pensent de moi. Mais jamais je me demande à quoi je pense de moi et ça me figer, comme ça, sur les trottoirs, les mains qui tremblent et la poitrine en feu.
Un jour, je serai vieux et je n'aurai aucune histoire à raconter à mes petits enfants. On fera des puzzles et on boira du thé. Mais, quand viendra le temps de parler, peut-être que je figerai encore, à trembler, à brûler.
Et peut-être que si t'étais pas partie, tu vois, on aurait pu raconter des tas d'histoires.
Inspiration: Reckoning Song de Asaf Avidan