Puissance 1 000 (Terminée)

By aepompom

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Lise est l'assistante idéale pour Alex : redoutablement efficace, aussi discrète qu'une souris, et physiqueme... More

Prologue
Action ...
... Réaction
Diversion
1er matin
Nouvelle mission
Préparation
Transformation
Tel est pris ...
... Qui croyait prendre
Enfin savoir ....
Atterissage
Echappatoire
Surprise...
Fin ?
Retrouvailles ?
Arrêt sur image
Reprendre le flambeau
C'etait pourtant si bien parti ...
Premières stratégies
Baisser la garde
Chute libre
" Stagiaire Eté "
And the winner is ...
Signera, signera pas ... ?
Associés
Lancement des festivités
Volutes et Conséquences
Folie douce
Fer rouge ...
Plan d'attaque
Règlement de compte à O.K Corral
Retrouver son axe
Tout mettre à plat
Boulettes en 3 variantes
Epilogue

Douche froide

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By aepompom

(LISE)

Le retour de Londres fut conforme aux attentes : brumeux et interminable. Les filles comataient, plus ou moins affalées les unes sur les autres, pendant que Camille et Charlie se pelotaient comme des collégiens planqués au fond du bus en partance pour leur premier voyage scolaire. Je m'attendais à tout moment à ce que l'un des deux se rétame en glissant sur les litres de bave qu'ils s'échangeaient depuis le départ du train.

Zoé, elle, me travaillait au corps depuis qu'elle avait posé le 1er de ses 10 minuscules doigts de pied dans ma chambre, ne me laissant aucun répit pour rassembler mes idées à ma guise. Selon elle, le risque de faire une nouvelle "Liserie" était trop important pour me laisser en tête à tête avec moi-même, ne serait-ce que deux minutes. Autant vous dire que la pause pipi dans l'Eurostar fut épique, et sportive, l'espace à disposition n'étant pas franchement prévu pour que deux personnes s'y tiennent au même moment de face, de quinconce ou même de guingois. A moins d'être très intimement emboîtées. Genre comme Camille et Charlie juste avant nous. Mais bon, ça, c'était un autre débat ...

Mon moulin à parole familial et personnel, branché sur du haut débit, me collait donc aux basques depuis des heures, dans l'unique but de me faire avouer l'Inavouable, avec cet air insupportable et fanfaron scotché sur sa face de Fée Clochette qui me criait « tu sais que je sais alors dis-le ! ».

Et c'était là le cœur du problème.
Parce que l'avouer une bonne fois pour toutes, reconnaître enfin que j'étais totalement et irrémédiablement amoureuse d'Alex, c'était lancer un truc complètement fou, une vraie machine de guerre capable de me broyer en 1000 petits morceaux si je n'avais pas réfléchis un tant soit peu à une stratégie efficace en amont.

Zoé, qui visiblement trouvait mon affaire hautement légitime pour mener officiellement une croisade, continua de prendre les choses en mains sitôt descendues du train. Elle renvoya Camille, non sans mal, dans ses pénates sans sa dulcinée « sangsuesque » et embarqua sa bande chez nous. Une séance de chapeau s'imposait sans tarder selon elle, et sa proposition fut accueillie et acclamée haut et fort par les 4 autres.

1 heure plus tard, le conseil de guerre avait tranché.

Après m'avoir fait crâcher le morceau, bien évidemment, sous les vivas de la foule en délire et les airs entendus ...

Le verdict était donc simple, net et précis.
Et totalement non négociable : j'allais devoir ramper et lui avouer à son tour l'Inavouable.

J'avais bien tenté de résister, de leur expliquer que je pouvais faire ça en plusieurs étapes. Commencer par m'excuser par exemple, et le remercier de son geste envers L.C au passage. Et plus tard ... sur un malentendu ... si les conditions s'y prêtaient ... qu'il était dans de bonnes dispositions ... et qu'il m'avait dit des trucs avant lui aussi ... je pourrais ... éventuellement ... lui parler de mes petits sentiments naissants ... s'il insistait vraiment ...

Mais le Club des 5 m'avait aussitôt opposé son véto unanime. Accompagné d'une menace ferme et sans ambiguïté de divulguer la photo de mon tatouage tout neuf au protagoniste concerné en cas de reculade avérée.

Vu sous cet angle ...

Une fois le constat établi et l'ordre de mission énoncé, restait à mettre en œuvre la méthode d'exécution.

Et c'était là que ça se corsait.

Charlie avait bien tenté une technique quelques mois plus tôt, peu conventionnelle, pour ne pas dire franchement personnelle. Si elle avait réussi à récupérer son amoureux transi, ils y avaient également laissé des plumes, ou plutôt des trous ici et là et gagné un séjour à l'hôpital haut en couleurs et en émotions. Je préférais donc éviter. D'une part parce que si Camille et Charlie s'en étaient sortis miraculeusement, il était de notoriété publique que la chance ne tombait que très rarement au même endroit. Et je refusais d'être une énième statistique anonyme dans la grande cuvée des morts absurdes.

Et d'autre part, parce que mon dernier séjour entre 4 murs blancs et aseptisés restait un souvenir bien trop pénible pour pouvoir me donner la moindre envie de risquer d'y mettre les pieds, (et encore moins les doigts), aussi bêtement

Restaient donc les méthodes traditionnelles éprouvées avec plus ou moins d'efficacité selon les cas. Et une deuxième séance de chapeau avait commencé ...

Au bout des 7 minutes réglementaires, montre en main, ma dignité et mon amour propres étaient rhabillés pour l'hiver, mis à mort sur des dizaines de bouts de papier.
En matière d'idées pourries pour se faire pardonner d'un homme, les filles avaient une imagination débordante. Beaucoup trop débordante.
Hors de question d'en envisager ne serait-ce qu' 1 sur 10 !

Jusque tard dans la soirée, les tractations continuèrent donc, âpres et légères à la fois, et c'était la tête à l'envers mais le moral complètement reboosté que je poussai les portes du Label le lendemain matin.
Bien décidée à attaquer le dossier "Alex" à bras-le-corps ...

Mon grand moment de vérité allait cependant devoir attendre. A peine arrivée dans le hall de L.C, Sarah me fit discrètement signe d'approcher, le regard fuyant et les joues rouges. A ses yeux cernés et ses mains qui frottaient ses cuisses frénétiquement, je savais que ce qu'elle voulait m'annoncer lui coutait. Je pouvais voir le duel qui se jouait dans sa tête depuis des jours. J'attendais donc patiemment, sans la brusquer, lui offrant un sourire avenant et sécurisant. Quand elle inspira pour prendre la parole, je croisai instinctivement les doigts dans mon dos, priant fort pour qu'elle ait enfin pris la bonne décision.
Le papillon devait sortir de sa chrysalide

- C'est d'accord Lise ...

Je m'approchai doucement d'elle. Ses yeux brillants me prouvaient qu'elle luttait encore et toujours contre sa nature profonde, tiraillée entre des désirs puissants et des craintes démesurées frisant l'irrationnel. Aux yeux du plus grand nombre, elle réussissait pourtant à cacher sa timidité maladive sous un air bravache et un humour pince sans rire, et rares étaient ceux qui,comme moi, la connaissaient depuis suffisamment longtemps pour savoir les efforts inouïs que lui demandaient la vie en collectivité au quotidien. Et le défi qu'elle s'apprêtait à relever n'en était que plus titanesque.

- Tu es sûre Sarah ?

Elle releva le menton et chassa l'air de ses poumons une dernière fois avant de me répondre.

- Absolument pas Lise, mais j'ai confiance en toi. Si tu crois en moi, je vais le faire.

Je serrai ses mains tremblotantes dans les miennes avant de la prendre dans mes bras pour calmer sa nervosité. Et la mienne.
C'était mon premier gros défi à la tête de L.C. Mes tripes me criaient que j'avais raison d'y croire mais ma raison me murmurait insidieusement que Sarah était un bâton de dynamite prêt à s'enflammer à n'importe quel moment. Entraînant ma réputation et ma crédibilité dans sa chute. J'allais impérativement devoir jouer très fin sur ce coup-là pour ne pas l'effrayer et tout faire capoter.

- Je crois en toi Sarah. On va tout déchirer, je te le promets. Tu vas faire qu'une bouchée de ce concert !

La sonnerie du standard mit fin à ce moment si particulier, de ceux qui vous faisaient prendre conscience que sur un mot, un regard, un geste, tout pouvait exploser, et changer votre vie à tout jamais. Remettant son masque de fille enjouée, Sarah répondit et de mon côté je pris, enfin, le chemin de mon bureau.

Il ne me fallut cependant que 3 minutes en tout et pour tout pour déchanter complet, soit le temps nécessaire à mes pieds guillerets d'arriver dans mon sanctuaire puis à mes yeux ébahis de lire les quelques lignes écrites par Alex sur une feuille scotchée sur l'écran de mon ordinateur.

Lise,

Je suis passé tôt ce matin prendre certains documents comptables et juridiques dont j'avais absolument besoin (la liste exhaustive se trouve au dos de cette note, si tu les cherches).

Une équipe totalement dédiée à L.C arrivera en début d'après-midi pour prendre ses fonctions. Je la briefe ce matin sur sa mission précise. Merci de l'accueillir dans les meilleures conditions. Ils sont là pour toi.

Ils me reporteront directement et je passerai par eux si j'ai besoin de communiquer avec toi. J'aurais préféré retirer mon offre mais tes employés et les artistes qui dépendent de toi ne méritent pas de payer mon aveuglement, ma bêtise et mon absence de professionnalisme. J'assumerai donc tout ce qui est stipulé dans l'offre que tu as signé jusqu'à l'assainissement réel et la relance complète de ta société.

Cette mission terminée, notre partenariat sera clos et nos relations tant professionnelles que personnelles le seront également.

Alexandre Miller

Je retournai la feuille machinalement, comme si la liste des bilans et des contrats qui s'y trouvaient pourrait combler le trou béant qui était en train de se créer dans ma poitrine. Toutes mes belles résolutions et mon optimisme gonflé à bloc venaient de s'écraser au sol, juste à côté de mon cœur encore tout ému et fébrile de s'être enfin ouvert. Et si Thiago n'était pas venu me chercher pour déjeuner 3 heures plus tard, Dieu sait combien de temps encore je serais resté pétrifiée derrière mon bureau, le regard figé sur les mots d'Alex. Le sourire de Thiago, qui avait faibli en entrant dans la pièce, disparut tout à fait après avoir pris connaissance de la lettre. Les jurons qui fusèrent de sa bouche me sortirent de ma transe tant l'occasion était rare, pendant que mon cerveau enregistrait péniblement certains mots qui lui parvenaient. "Butés", "Idiots" et "Gâchis" étaient ceux qui revenaient le plus souvent, talonnés de près par "Incompréhensible" et "En colère". Il fallut encore de longues minutes à mon meilleur ami et mari pour venir à bout de mon état asthénique et relancer la machine "Lise".

Heureusement, l'arrivée des 6 spécialistes détachés de l'entreprise d'Alex m'apportèrent une diversion salutaire et je déployai jusqu'à la fin de la journée toute l'énergie qui me restait à répondre à leurs questions et leur fournir tous les éléments dont ils pourraient avoir besoin. Sarah leur trouva un bureau où s'installer, avant de leur faire visiter les locaux et leur expliquer en quoi elle pourrait les aider au quotidien. Elle fit de même avec chaque employé, frôlant l'excès de zèle tellement de fois que je me demandai ce qui lui arrivait tout à coup.

Toute cette agitation m'occupa si bien que je réussis à mettre provisoirement un mouchoir sur ce qui m'était arrivé quelques heure plus tôt. Et quand Sarah me communiqua, avant de rentrer chez elle, les coordonnées d'un avocat qui pouvait nous assurer un divorce express avec Thiago, je m'autorisai à espérer que peut-être, enfin, quelque chose de bien allait sortir de cette journée cauchemardesque.

Profitant donc du calme qui régnait généralement passé 18h30, je passai l'appel qui allait nous rendre à tous les deux notre liberté. Le mal du pays commençait à toucher Thiago et plus rien ne l'obligeait à rester marié, et en France, maintenant qu'il avait réussi à retrouver son père. Le lien était établi, et je savais déjà que père et fils partiraient ensemble au Brésil dès le jugement confirmé afin de rattraper autant que possible le temps perdu. J'avais même dans l'idée, après avoir attentivement observé le père de Thiago pendant un dîner, que son fils n'était pas la seule personne avec qui il espérait recréer un lien. Les photos que Thiago lui montra de sa mère ravivèrent visiblement quelques souvenirs. Et beaucoup de regrets.

Le reste de la semaine, ainsi que la suivante, furent identiques au "Lundi Noir", le choc en moins. Alex tenait sa promesse et ne me contactait pas. Pourtant je savais que les échanges avec son équipe étaient énormes,  ayant assisté à de nombreuses conversations téléphoniques entre eux notamment.

La situation était donc infiniment grotesque.

Il me manquait jusqu'au fond de mes tripes. Au point de soulever mille fois par jour le bracelet en argent de ma mère qui cachait les mots gravés à vie à l'intérieur de mon poignet. Je ne comptais plus les kilos de mouchoirs décimés par des litres de larmes ou de morve depuis 15 jours.
Alex n'était pas en meilleur état, d'après les retours innombrables des Spice Girls, de Nathan ou de Camille. Meme Léo m'avait appelée en panique pour savoir quand et comment les choses allaient s'arranger.
Nous étions donc visiblement très amoureux l'un de l'autre mais totalement incapables de communiquer entre nous pour tenter de dépasser les quiproquos et pardonner les erreurs qui nous éloignaient l'un de l'autre. Nous travaillions tous les deux à sauver mon entreprise mais sans avoir le moindre contact direct, transmettant des dizaines et des dizaines de messages à une demi-douzaine de pauvres types dépassés par la situation, qui se démenaient pourtant comme des chefs pour que tout paraisse normal malgré tout.

Désespérément grotesque ...

Et la peine qui m'avait submergée et anéantie le lundi s'était peu à peu transformée, lentement et sournoisement. Deux semaines plus tard, une rage d'anthologie me consumait

Il était temps de contre-attaquer.

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