Angel & Marie - T. 2

By valeriebel

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Angel et Marie mènent désormais une existence presque paisible. Presque... car, entre la colère qui gronde... More

Oyez, oyez !
Prologue
1. Piège (1ère partie)
1. Piège (2ème partie)
1. Piège (3ème partie)
2. Bataille (1ère partie)
2. Bataille (2ème partie)
3. Négociation (1ère partie)
3. Négociation (2ème partie)
3. Négociation (3ème partie)
3. Négociation (fin)
4. Absence (1ère partie)
4. Absence (2ème partie)
4. Absence (fin)
5. Rendez-vous (2ème partie)
6. Rêve (1ère partie)
6. Rêve (2ème partie)
6. Rêve (fin)
7. Obsession (1ère partie)
7. Obsession (2ème partie)
7. Obsession (3ème partie)
7. Obsession (4ème partie)
7. Obsession (fin)
8. Contrat (1ère partie)
8. Contrat (2ème partie)
8. Contrat (fin)
9. Bal (Où trouver la suite ?)

5. Rendez-vous (1ère partie)

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By valeriebel

Le lendemain matin, à son réveil, Marie trouva son lit vide. Déjà parti, se dit-elle amèrement. Elle entendit du bruit : des éclats de voix ? Ou bien des éclats de rire ? Elle se leva et sortit de sa chambre sur la pointe des pieds. Les sons venaient de la chambre d'en face, celle de Marc. Elle s'approcha doucement, colla son oreille contre la porte et reconnut les rires mêlés de son fils et d'Angel. Elle entrouvrit la porte et vit ce dernier qui chatouillait le ventre du premier en faisant vibrer ses lèvres dessus. Elle les observa un moment, en souriant. Marc enchaînait les « arrête, papa, arrête » aux « encore, encore ». Et quand son père n'obéissait pas immédiatement à ses stops, il partait dans des fous rires propres à secouer une assemblée un jour d'enterrement.

Elle s'avança dans la chambre. Angel leva son visage vers elle et lui adressa un de ces regards qui avaient le don de la retourner comme une crêpe. Un regard qui pétillait de joie rien qu'à la voir. Son petit bonhomme ne fut pas en reste : il lâcha un joyeux « Manman ! » en tendant ses bras dans sa direction. Comment résister à deux personnes que son apparition illuminait de bonheur ? Impossible. D'ailleurs, elle n'en eut même pas envie, elle s'assit au bord du lit pour les embrasser et les prendre dans ses bras. Ils restèrent ainsi quelques instants tous les trois enlacés, puis Angel mit fin au câlin en disant à Marc :

— A Maman, maintenant ?

Marc acquiesça immédiatement, Angel la fit basculer sur le dos, remonta son t-shirt et vint faire vibrer ses lèvres sur son ventre pour la soumettre à son tour au jeu des guilis. Marie se laissa faire de bon cœur, surtout quand elle vit Marc tenter d'imiter son père ; sauf qu'à force de vouloir lui aussi faire vibrer ses lèvres en expirant de l'air, il finit surtout par baver abondamment !

Ils ne prolongèrent pas le jeu longtemps, afin de ne pas trop exciter leur fils dès le matin. Ils descendirent prendre leur petit-déjeuner. Tandis que l'un préparait le chocolat chaud de Marc et l'autre ses tartines beurrées, Angel envoya une vision à Marie. C'était une succession de saynètes du premier jour d'école de Marc.

— C'est très bien, Angel, tu as eu accès aux pensées de Marc, mais j'aurais voulu que lui puisse te raconter sa matinée, lui transmit-elle.

— Les images que tu vois correspondent à tout ce qu'il m'a raconté, lui adressa-t-il gentiment.

Force était de constater que s'il avait eu un compte-rendu avec vingt-quatre heures de retard, Angel avait obtenu bien plus de détails.

— D'accord, t'es le plus fort, lui communiqua-t-elle avec un demi-sourire.

Puis à voix haute :

— Tu penses rentrer tard ce soir ?

— Je ne sais pas encore. Je rends visite à un « nouveau client » aujourd'hui.

« Nouveau client » était la façon convenue entre eux de nommer une nouvelle mission.

— Moi aussi, je vois un nouveau client aujourd'hui. Nous avons rendez-vous ici à dix heures. Monsieur Olivier de Malefoy.

— Et ? interrogea Angel qui avait bien perçu une réticence dans la façon dont elle prononça le nom de cet homme.

— Et quoi ?

— Qu'est-ce qui te chiffonne chez cet homme ?

— Je n'ai pas beaucoup aimé son numéro de vieux beau au téléphone. En revanche, nous devrions pouvoir construire un projet intéressant pour lui, il a l'air d'avoir de très gros moyens.

— Eh bien tu me raconteras cela à mon retour, et en cas de besoin, tu m'appelles, dit-il en posant son index sur sa tempe.

Cela signifiait : « tu utilises la transmission de pensées si nécessaire », et non « tu utilises un quelconque téléphone ».

« Il est dix heures sur Radio ... » disait une voix sur les ondes, quand le carillon retentit. « Ponctuel » se dit Marie. « Obsessionnel ? » ajouta-t-elle pour elle-même, ayant remarqué que les clients précis sur les horaires à la seconde près se révélaient souvent par la suite les plus tatillons sur les détails. « Pinailleur et vieux beau, cela promet ! ». Vêtue d'un tailleur pantalon et d'une blouse en soie blanche, juchée sur des escarpins noirs, panoplie qui lui donnait l'air d'une femme d'affaires malgré son jeune âge, elle prit une inspiration et ouvrit la porte.

La vue de son visiteur la surprit. Elle s'attendait à quelqu'un sur le retour de l'âge, éventuellement ventripotent et dégarni. Au lieu de cela, se tenait devant elle un homme au style dandy, d'une trentaine d'année environ. Elle pensa immédiatement à David Bowie, jeune. Olivier de Malefoy était son clone, depuis sa mèche blonde insolente jusqu'à ses yeux qu'il avait vairons comme l'icône. Dans son costume à fine rayures, il se tenait d'une main appuyée au chambranle de la porte, une jambe repliée, un pied posé derrière l'autre. Manifestement il prenait la pose, une pose affectée, la tête légèrement baissée, qu'il releva pour lui adresser un charmant sourire découvrant des dents blanches carnassières.

— Bonjour, chère Marie. J'attendais notre rencontre avec impatience.

— Bonjour, Monsieur, répondit-elle posément en lui tendant sa main.

Il s'en saisit pour lui faire un baisemain. Un peu décontenancée, Marie reprit sa main aussi vite que possible et la cacha dans son dos. Oh qu'elle n'aimait guère ce genre de personnage dont la pédanterie servait souvent de paravent à une personnalité creuse !

Elle s'écarta pour le laisser entrer et lui indiqua d'un geste la direction de son bureau :

— La porte au fond du couloir, je vous en prie.

Il se dirigea vers la pièce indiquée, y pénétra et aussitôt, sans attendre une quelconque invitation de Marie, il s'installa dans l'un des trois fauteuils club qui entouraient une table basse des années trente, ignorant les chaises stationnées devant le bureau. Il prit ostensiblement ses aises, en croisant ses jambes, une cheville sur son genou, les bras largement écartés et posés sur les accoudoirs. Il affichait un air satisfait de lui-même, semblant attendre que les autres lui témoignent le même sentiment. « Eh bien, se dit Marie, si à trente ans, il possède un tel aplomb, qu'en sera-t-il à cinquante ? Il sera bouffi d'orgueil, gonflé comme une outre prête à exploser ». Et aussitôt elle le visualisa déformé comme la grenouille de la Fontaine, qui voulait se faire bœuf. Cependant, il ne lui échappait pas qu'en attendant la cinquantaine, il était loin d'avoir les chairs distendues. Il possédait même une silhouette plutôt élancée et fine, qui lui donnait des airs androgynes. De nouveau, elle pensa à Bowie : le même charme agaçant, ambigu et troublant.

— Je parlais de vous hier à Madonna, je lui disais combien j'avais hâte de vous rencontrer, énonça-t-il avec sa mine contente de lui.

« Aïe, se dit Marie, le tableau est complet : il donne dans le lâcher de noms ! » Elle se méfiait des personnes qui voulaient impressionner en se parant du nom de célébrités. Cela relevait d'une forme d'imposture qui lui déplaisait foncièrement. Elle fut démangée par l'envie de lui rétorquer qu'elle avait téléphoné ce matin à telle ou telle célébrité – ce qui était vrai – et qu'elle ne lui avait pas parlé de leur future rencontre, elle. Mais, professionnalisme oblige, elle orienta la discussion sur le projet à réaliser par Nid d'amour.

— Monsieur Malefoy, j'aimerais que ...

— Appelez-moi Olivier, je vous prie.

Non, elle n'avait aucune envie de l'appeler par son prénom, ni aucune intention d'installer une quelconque familiarité entre eux. Néanmoins, pour ne pas le brusquer dès le départ, elle reprit calmement :

— Bien. Olivier, j'aimerais que vous m'exposiez ce que vous attendez de Nid d'amour.

Et mentalement, elle croisa les doigts pour qu'il ne lui refasse pas le coup de « oh, j'attends beaucoup de vous », dégoulinant de sous-entendus.

— Eh bien, j'attends que Nid d'amour m'aide à conquérir une femme. Il ne s'agit donc pas d'organiser une nuit de noces ou une nuit d'anniversaire. Mais plutôt de concevoir un cadre tellement magique qu'elle ne puisse me résister.

« Oh, monsieur Malefoy ferait-il montre d'une once de modestie en pensant avoir besoin d'artifices pour séduire une femme ? » se dit Marie. Mais elle lui répondit :

— Entendu. Alors il va nous falloir deux types d'informations : d'abord savoir dans quel type d'atmosphère, vous vous sentiriez à l'aise pour déployer votre séduction. Ensuite, savoir ce que cette femme pourrait aimer, à quoi elle pourrait être sensible. J'aimerais que vous m'en disiez plus sur cette personne.

— Je sais encore peu de choses sur elle. J'ai eu un coup de foudre dès que je l'ai aperçue. Elle doit avoir dans les vingt-cinq ans, elle est rousse avec des yeux verts qui vous dardent comme s'ils voulaient découvrir la vérité de votre âme. Elle est mince, de taille moyenne...

Tout en faisant cette description, Olivier de Malefoy promenait son regard sur Marie. D'une façon qui la mit mal à l'aise. Elle se redressa dans son fauteuil et reprit :

— Monsieur de Malefoy... Olivier... Plus que des détails sur son apparence physique, il me faudrait connaître ses goûts, ses centres d'intérêt, les traits marquants de sa personnalité.

— Malheureusement, je la connais encore très peu. A la voir, je devine une femme de caractère, déterminée et passionnée, sensible aussi, devant probablement aimer les ambiances assez épurées, les jeux d'ombres et de lumière... Ma chère Marie, c'est justement parce que je la connais peu que je fais appel à Nid d'amour pour m'aider. Pour être plus précis, c'est à vous, Marie, que j'adresse ma demande. Vous lui ressemblez beaucoup... J'attends de vous que vous conceviez la nuit qui vous emporterait, vous ! Concevez la nuit de vos rêves, Marie !

— Et si elle avait déjà eu lieu, la nuit de mes rêves ? s'entendit Marie lui répondre spontanément.

L'ambiguïté qu'il mettait dans ses propos la gênait. La réponse qu'elle venait de lui faire était une façon de lui signifier sans ambages : « mes rêves sont devenus réalité, mes désirs sont comblés. Tenez-vous-le pour dit ! »

— Parfait, alors reproduisez-la, embellissez-la ! Ou alors, non, créez-en une autre à l'opposé... en écoutant des désirs plus sombres... dit-il avec une voix qui se fit caressante et suggestive sur les derniers mots.

Troublée, Marie ne put cacher ni son embarras ni le fard qui lui venait aux joues.

— Oh, vous rougissez ! Comme c'est charmant ! Votre côté ingénu est tout à fait plaisant !

Puis baissant d'un ton et plantant son regard dans celui de Marie, il ajouta :

— Je parierais que la nuit de vos rêves a comblé la part pure, innocente en vous. Ecoutez maintenant la part plus obscure en vous, vos fantasmes les plus noirs, et concevez une nuit diablement ensorcelante, à la noire magie !

— Monsieur Malefoy...

— Olivier.

— Olivier, je ne suis pas sûre d'avoir ce que vous appelez des fantasmes noirs et...

— Tout le monde en a, ils sont juste parfois enfouis tellement profondément en nous... Mais il suffit d'avoir le courage d'aller les chercher... Et vous êtes courageuse, n'est-ce pas Marie, je le sens. Allez les chercher, Marie, vous voulez bien ? Faites cela pour moi et je suis certain que vous réaliserez le plus inattendu des projets. Je dois vous laisser maintenant, dit-il en se levant et en lui tendant sa carte de visite. Ah, j'oubliais, vous avez carte blanche, aucune limite budgétaire. Je repasserai vous voir la semaine prochaine, nous verrons les barrières que vous aurez réussi à lever en vous.

Il appuya cette dernière remarque d'un clin d'œil et partit en direction de la sortie. Marie le suivit, lui ouvrit la porte et lui tendit la main. Nouveau baisemain, sans la quitter des yeux cette fois. Il s'en alla sans ajouter un mot.


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