♫ « Anyway » - Huntar ♫
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Louis
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Putain d'embouteillages. J'ai l'impression qu'à chaque fois que je décide de prendre ma bagnole, ces abrutis d'automobilistes font exprès de me faire chier. Et avec cette chaleur, ça n'arrange rien à mon impatience d'arriver enfin à destination. J'envoie un message à Harry pour le prévenir que j'aurai du retard.
Moi, 18:35 : « Ça bouchonne sur Primrose. Je serais à la bourre. Ne prépare rien sans moi. J'arrive. »
Le connaissant, il ne respectera pas ce que je lui demande et aura commencé à tout mettre en place seul. Il a souhaité organiser une soirée avec notre petit comité habituel, histoire que nous nous retrouvions tous ensemble pour la première fois depuis son accident.
Harry, 18:36 : « Ne te presse pas. Il n'y a pas tant que ça de préparatifs à faire. »
Qu'est-ce que j'avais dit ? Je suis sûr qu'il a déjà tout fait. Je ne cesse de triturer le bouton de la radio à la recherche d'une musique que j'aurai envie d'écouter. Cependant, rien de très intéressant ne retient mon attention. Jusqu'à ce que mes doigts se stoppent instantanément lorsqu'une voix, aux notes aiguës et familières, résonne dans l'habitacle. Le commentateur de la station coupe le titre avant la fin.
« Et voilà, nous vous l'avions promis en exclusivité, le tout nouveau single de Zayn, « Thrive », qui ne doit sortir que dans quelques semaines. Nous sommes les premiers à vous diffuser cet extrait. On attend vos réactions sur les réseaux sociaux, hashtag #ZaynIsBack... »
Je libère immédiatement un gloussement à l'entente de cette incitation de la part de l'émission. Le grand retour de Zayn... Enfoiré. Excédé, je n'insiste alors pas davantage sur ma recherche de musique et éteins totalement la radio.
Le trafic se débloque finalement plus rapidement que je ne l'aurais cru, mais je prends tout de même l'initiative de couper par des petites routes plus longues, mais moins fréquentées que la voie rapide. Une poignée de minutes plus tard, je suis enfin chez Harry, au terme d'un périple de plus de trois quart d'heure, alors qu'il en faut la moitié moins en temps normal. D'un léger klaxon, je l'avertis de mon arrivée pour qu'il ouvre son portail. Au coin de l'arrêt de bus qui se trouve à quelques mètres de chez lui, j'aperçois la silhouette d'un paparazzi, très mal dissimulé derrière un panneau publicitaire. Le portique principal s'ouvre, le faisant jaillir de sa cachette, son appareil photo braqué sur l'intérieur de la cour. J'avance rapidement ma Porsche et sors pour inciter le type à stopper son intrusion dans l'intimité de mon ami.
- Eh ! C'est une propriété privée, mec ! Recule, ou on fait intervenir la Police !
Mais ce connard ne se démonte pas et s'acharne au contraire à prendre un maximum de clichés. Heureusement, Harry n'est pas dehors, ce qui me laisse le temps de l'avertir qu'il peut refermer son portail électrique au plus vite. Mais il est plus vif que moi, puisque l'accès se réduit alors que je n'ai pas encore atteint l'entrée de sa maison. Je m'assure qu'il n'ait plus aucune visibilité avant d'ouvrir la porte. Harry se tient à quelques pas de là, debout sur ses béquilles.
- Tu sais que tu as un campeur devant chez toi ?
- Oui. Me répond-t-il simplement. D'après Joy, ça fait plusieurs jours qu'il est là.
- Mais appelle les flics, merde !
- À quoi bon ? Si celui-ci s'en va, il sera remplacé dans la minute par un autre.
Je souffle d'exaspération, tout en sachant parfaitement qu'il n'a pas tort. Un peu plus loin, j'aperçois son coin salon, déjà disposé à accueillir notre groupe. Mais j'ai à peine le temps de lui lancer un regard accusateur qu'il riposte.
- Ne t'excite pas, c'est Joy qui a déplacé les chaises ce matin avant de partir. M'explique-t-il, en avançant en direction de la pièce en question avec une grande facilité.
Moi qui ne suis pas venu depuis plusieurs jours, je dois reconnaître qu'il a vraiment fait des progrès considérables. La dernière fois que je l'ai vu, il ne faisait pas deux mètres sans ressentir le besoin de se rasseoir dans son fauteuil roulant, qui d'ailleurs, a totalement disparu du décor.
- C'est toi qui as insisté pour venir plus tôt. Ajoute-t-il. Je t'avais dit que ça ne servait à rien.
- Tu vas bien me trouver quelque chose à faire ?
Il commence à sourire légèrement, puis pointe une de ses béquilles en direction de la terrasse.
- J'ai un parterre de fleurs qui est en train de crever et ça me fait chier. Joy n'a pas la main verte. Si jamais ça te dit...
Mon regard suffit à le dissuader d'aller plus loin.
- Je plaisante. Conclut-il, satisfait de sa blague. Sérieusement, mis à part sortir les boissons du réfrigérateur quand les autres arriveront... Mais ça, n'importe qui aurait pu s'en charger tout à l'heure.
- Ok, mission acceptée.
N'ayant rien à faire dans l'immédiat, je me pose à ma place habituelle lorsque je suis chez lui, tout à droite du canapé. Harry contourne la table basse, et j'essaie de ne pas lui montrer que j'observe la manière dont il procède, mais il s'en sort très bien. Il se pose alors à son tour à l'autre bout du sofa et pose ses béquilles entre nous deux.
- À ce rythme là, dans un mois tu cours un marathon.
- J'aimerais bien. Répond-t-il en malaxant ses jambes à la limite de la maigreur. Ça me permettrait de muscler tout ça.
Si mes calculs sont bons, cela fait à peine un mois qu'il a émergé du coma, alors qu'il se remette à courir d'ici septembre ne me surprendrait pas, vue l'avancée fulgurante qu'il a fait depuis.
- Ava et moi ne resterons pas très tard ce soir.
- Oui, je sais. Présentations officielles à Doncaster, c'est ça ? Me lance-t-il, déjà averti de notre planning par une certaine blonde.
- C'est ça.
Il était plus que temps que je le fasse. Et comme Ava ne travaille pas lundi matin, c'était l'occasion rêvée. Nous prenons donc la route dès huit heures pour arriver en fin de matinée chez ma mère et mon beau-père.
- Tu as eu des nouvelles d'elles, d'ailleurs ? Me demande-t-il.
- Non. Je sais juste qu'elles ont passé la journée entre Regent et Oxford Street et qu'elles comptent venir en métro jusqu'ici. Ça ne t'exaspère pas, toi ?
- Quoi ? Qu'elles prennent le métro ?
Je hoche la tête.
- Pourquoi ? Réplique-t-il, surpris. Joy a toujours empruntée les transports en commun en vraie londonienne qui se respecte. Je ne vois pas où est le mal.
- Avant peut-être, mais maintenant qu'elles sont reliées à nous, elles ne vont pas rester longtemps dans l'ombre. Pour Ava, c'est chose faite. Je suis surpris que le coco posté devant chez toi n'ait pas encore fait le rapprochement entre Joy et toi.
- Elle pense qu'ils la prennent pour une assistante de vie, ou quelque chose comme ça.
- Ils ne seront plus très longs à faire le lien si jamais ils se rendent compte qu'elle fait partie de notre cercle depuis plus longtemps que cela.
Du bruit nous parvient depuis l'entrée.
- Ou quand elle fera une entrée fulgurante au bras de la petite amie officielle de Monsieur Tomlinson ! S'exclame la voix de la principale concernée.
Chargée de plusieurs sacs de shopping qu'elle abandonne sur le sol de la salle à manger, Joy avance vers nous, avec sur ses talons ma ravissante amante. Ava retire ses lunettes de soleil, dont elle ne se passe plus lorsqu'elle met le nez dehors. Elle est habillée exactement comme ce matin quand nous nous sommes quittés, mais je ne peux m'empêcher de photographier de nouveau cette image ravageuse d'elle dans cette tenue d'été.
- Désolée Miller, je te pique la place, je n'ai plus de pieds ! Lui lance Joy en s'écrasant entre Harry et moi.
Mais ce détail ne pose visiblement pas de souci à Ava, qui vient directement s'installer sur mes genoux pour m'embrasser. Je l'aurais bien dévorée plus longtemps, mais la pudeur la force à ne m'offrir qu'un léger baiser devant nos amis. Visiblement plus à l'aise avec leurs sentiments, Joy n'hésite plus à se montrer elle aussi démonstrative avec Harry, même si ce n'est qu'un contact rapproché en posant sa tête contre lui.
- L'autre devant ne vous a pas trop collées ?
- On a eu le temps de se faufiler par le petit portail avant qu'il n'arrive à notre niveau. Répond Ava. Vous devriez le faire partir. Ce n'est pas normal qu'il occupe la rue et scrute les moindres passages.
Je me tourne un peu plus vers eux, fier qu'Ava soit de mon avis, que ni Harry, ni Joy ne semble partager.
- La Police le ferait partir une bonne fois pour toutes. Suggère ma petite amie devant leur absence totale de réceptivité à ce conseil que j'ai moi-même donné à mon pote tout à l'heure.
- Pourquoi toujours cette facilité de faire intervenir les flics ? Réplique alors Joy.
- Je ne sais pas... Peut-être parce que c'est un peu leur métier, non ? Sort de nouveau Ava, piquante comme j'aime.
- Je ne suis pas du genre à faire ce type de caprice. Ajoute Harry. Et la rue ne m'appartient pas.
Je me retourne de nouveau vers Ava, que je sens désemparée.
- Aussi butés l'un que l'autre.
Voulant couper court à ce dialogue de sourds, Joy se lève et nous manifeste sa détermination en tapant fermement dans ses mains.
- Qui s'y connaît en guacamole ? Nous demande-t-elle en nous incitant à nous lever pour la suivre en direction de la cuisine.
Ava ne tarde pas à y aller aussi pour lui prêter main forte et je ne résiste pas à l'envie d'en faire de même. Je tends ses béquilles à Harry pour qu'il se lève à son tour et nous rejoignons les filles qui ont déjà sorti les ingrédients. Voulant me rendre utile, je décide de me charger du fameux guacamole.
- Écraser des avocats et y ajouter des épices, c'est de mon niveau.
Seulement au bout de quelques coups de fourchette, je ne parviens pas à le réduire suffisamment en bouillie et les grumeaux m'exaspèrent. Je me mets alors à souffler lourdement pour attirer l'attention et vois Ava qui me sourit de l'autre côté de l'îlot central.
- Laisse, je vais faire. Me dit-elle, en s'emparant du récipient.
- Si tu insistes...
Elle secoue la tête face à ma mauvaise foi et je m'installe sur un tabouret à côté de Harry. Dans la seconde qui suit, il glisse vers moi une bière fraîche que j'accepte volontiers.
Sur les coups de vingt heures, Harry reçoit un message de Niall l'avertissant qu'il arrive en compagnie des futurs Monsieur et Madame Payne.
- Chaton..?
Il marque une pause, comme si ce mot lui avait échappé par mégarde, et termine sa phrase en regardant Joy.
- Tu peux aller leur ouvrir ?
Ava et moi échangeons un regard complice, surpris de cette démonstration d'affection inattendue. Un sourire de défi apparaît sur le visage de Joy, comme s'ils s'étaient promis entre eux de ne jamais divulguer publiquement ce petit surnom que Harry lui donne.
- Ok... Moi c'est juste « trésor » et elle, elle a le droit à « chaton »... Fait remarquer Ava en secouant l'épaule pour jouer l'offensée.
Chose à quoi je sais exactement ce que je vais répliquer.
- À ton avis, un chaton vaut plus qu'un trésor ?
Et tandis que Joy était presque sortie de la pièce, elle revient sur ses pas suite à ma remarque.
- Mais c'est vrai ça ?! S'exclame-t-elle en croisant les bras et en fronçant les sourcils, soutenant le regard de Harry.
- Oh ! Je crois entendre un klaxon ! Lui lance-t-il pour se délivrer de ce débat.
Nous migrons en direction du salon pour y attendre le reste du groupe, prenant avec nous les amuse-gueules ardemment préparés. Par les filles. Liam et Sophia arrivent avec un énorme sourire sur le visage.
- Eh Payno ! Sacrée coiffure !
En vrai mannequin raté, Liam se pavane de gauche à droite, pour mieux nous faire admirer ses cheveux luisants.
- Quoi ? T'aimes pas la gomina ? Rétorque-t-il.
- Non.
Le gloussement de Harry prouve que lui aussi est de mon avis.
- Dommage, c'est ma coupe pour le mariage.
- Ah... N'oublies pas que les photos, ça reste.
Liam se tourne alors vers Sophia, comme pour s'assurer que son nouveau look est vraiment approprié pour le grand jour.
- Ne t'inquiètes pas. Dit-elle en lui frottant le dos. Moi je t'aime comme ça, c'est le principal.
Mais je doute à la moue renfrognée de mon pote que ce soit suffisant. Dans leurs dos, j'aperçois enfin notre blond attitré, qui visiblement est venu accompagné.
- Regardez qui on a trouvé sur la route... et pas tout seul. Nous dit Liam. On les a collé à l'arrière de la Batmobile, ils étaient serrés comme des sardines.
Bien qu'elle se soit teint les cheveux depuis la dernière -et première- fois où nous l'avions rencontrée, je reconnais rapidement qui est cette jeune femme qui le suit de près.
- Salut Maureen. Ravi de te revoir parmi nous.
La blonde, peu farouche et très souriante, nous salue un à un avec aisance. Chacun trouve sa place et il me semble bien que c'est une grande nouveauté qu'il n'y ait pas au moins l'un de nous quatre célibataire.
- Regardez-moi ça... On est tous en couple les gars.
- Non mais nous, on n'est pas en... Commence Niall en levant le doigt pour donner de l'appui à sa réplique.
Seulement, Liam, exaspéré par son éternel discours, le coupe avant qu'il ne termine sa phrase.
- Oh allez ! Arrête de faire l'enfant et assume !
Il lui donne volontairement un coup de coude pour ponctuer l'occasion qu'il offre enfin à Niall d'aborder le sujet. Mais je sens que Maureen a les mots au bord des lèvres. Je soutiens alors son regard pour l'inciter à développer.
- Fais-le pour lui, par pitié, sinon cette histoire va tourner en rond.
- Si vous voulez parler du fait que l'on soit actifs sexuellement... alors, oui. Dit-elle simplement.
Joy explose de rire face à la spontanéité de cette autre blonde, dans laquelle elle se retrouve sûrement quelque peu. Harry a la réaction de se boucher les oreilles, tel un grand frère qui ne veut pas en entendre davantage.
- Oh non... Niall a une vie sexuelle, le monde s'écroule... Nous sort-il, le regard dans le vide.
Les rires qui s'élèvent dans la pièce prouvent que plus personne ne pense au drame qu'il a vécu et qui nous a tous chamboulé. Notre dynamique habituelle reprend naturellement sa place. Harry a d'ailleurs l'œil qui pétille de ne plus être le principal sujet de conversation.
Joy sert les convives en parfaite hôtesse de maison sous le regard attendri de celui chez qui nous sommes. Et très vite, la discussion va bon train. Jusqu'à ce que Niall ne commette une bourde digne de lui.
- Eh ! Vous avez entendu le nouveau single de Zayn ? Nous demande-t-il, attendant une réponse.
Seulement personne ne réplique et chacun se scrute comme pour s'assurer qu'il vient bien de nous demander une telle chose.
- Je vous parie qu'il va faire un flop avec son retour hyper calculé. Sort alors Joy, en toute franchise. The Sun a l'air de dire tout le contraire, donc je pense qu'il va droit dans le mur !
- Ça les détournera peut-être de leurs spéculations à propos de toi. Dit Ava à Harry.
- Pas si leur photographe reste camper devant chez lui...
Je vois bien que ma remarque a le don d'agacer le principal concerné.
- J'imagine déjà les gros titres du Sun d'ici demain « Remis de son accident, Harry Styles organise une sauterie avec sa bande » ! S'exclame Liam.
- Ou bien « Qu'arrive-t-il à Harry Styles pour que le groupe au grand complet se déplace à son chevet ? » ! Suggère à son tour Niall, créant de nouveau un léger malaise ambiant.
Je ris intérieurement et essaie de faire en sorte que ça ne se lise pas sur mon visage. Niall, lui, devient rouge écarlate et baisse le regard en direction de ses pieds. Mais Harry le sort une nouvelle fois de ce pétrin dans lequel il s'est mis par la seule volonté de sa spontanéité.
- Plus douteux, mais j'aime bien. Dit-il en souriant. Je vote pour cette version.
Tout le monde s'autorise alors à faire retomber la tension et Niall retrouve sa couleur habituelle. Même si je n'en doutais pas, on sent bien que notre ami a passé le stade de s'apitoyer sur son sort pour porter son état en dérision.
- Au moins tu alimentes un peu le contenu merdique de leur journal. Ajoute Liam.
- Tu peux parler ! Réplique Sophia. J'ai l'impression de voir nos tronches dessus toutes les semaines.
- Je confirme ! Leur fait savoir Joy, en fervente lectrice de cette presse controversée. Les préparatifs de votre mariage sont leur principale source d'inspiration ces temps-ci.
Dès l'évocation de ce sujet, Liam saisit l'opportunité de nous faire part de quelque chose. En le voyant se mettre debout, je redoute un peu que cette annonce ne marque encore un chamboulement dans nos vies. Je vois Joy s'enfoncer dans son fauteuil, apeurée elle aussi par ce qu'il s'apprête à dire.
- Oh non... je crois qu'ils attendent un gosse ! Intervient-elle en s'accrochant au bras de Harry.
- Rien à voir. Lui dit Liam, qui patiente gentiment d'avoir l'attention de tout le monde.
Je lance une cacahuète en direction de Niall, dans le but qu'il se détourne de Maureen pour écouter. Liam débute alors son annonce. Qu'est-ce qu'il peut être formel quand il s'y met.
- Vous allez sans doute me dire que je m'y prends tard à seulement quinze jours du mariage, mais... Accepteriez-vous d'être tous les trois mes témoins ?
Le silence se tape l'incruste pour la troisième fois, mais cette fois-ci, c'est Niall qui le fend en explosant de rire.
- Ben... ce n'était pas ce qui était prévu ? Lui sort Harry, face à l'évidence que ça ne pouvait pas se passer différemment. J'ai déjà préparé mon discours moi.
- Et je vous assure qu'il le révise tous les soirs. Ajoute Joy.
Pris de panique, je réalise que moi je n'ai rien préparé.
- Ah bon, il faut faire un discours ?
- Tout ce que je peux vous dire, c'est que les invités de Sophia ont préparé des trucs d'enfer... Nous signale Liam avec un grand sourire.
- Il nous fout la pression là, non ?
Niall remonte alors ses manches et Harry nous sort quelque chose qui nous décontenance par son impulsivité.
- Je peux faire du jonglage avec mes béquilles !
Niall claque alors des doigts pour répliquer.
- Niquel ! On tient notre numéro ! J'amène ma guitare.
J'aimerais faire comme eux et partir dans leur délire, mais mon cerveau est resté bloqué sur l'évocation des invités de Sophia, parmi lesquels je redoute la présence d'une certaine personne. Et je ne résiste pas longtemps pour leur poser la question.
- Et il y aura qui sinon ?
Tandis que Sophia me répond que toutes ses amies seront présentes, je comprends dans le regard de Liam que oui, Eleanor sera là elle aussi. Je bois plusieurs gorgées de bière pour encaisser ce détail que je n'avais pas suspecté jusqu'ici. Et dès qu'Ava croise mon regard, je ne parviens pas à soutenir le sien comme je le fais d'habitude. Elle constate ce changement dans mon attitude et me murmure à l'oreille.
- Ne t'en fais pas, on va trouver quelque chose à faire. Et ce sera aussi bien que les autres.
Si tu savais ma chérie... Je crains juste que mon ex ne te mène la vie dure ce fameux week-end. D'un léger coup de coude, elle m'incite à profiter de l'occasion pour évoquer la concrétisation de mon projet personnel.
- Lance-toi, c'est le moment de leur dire... Chuchote-t-elle, mais pas suffisamment discrètement, puisque Joy se retourne immédiatement vers nous.
- Nous dire quoi ? S'écrie-t-elle.
Plus le choix, j'ai six paires d'yeux braquées sur moi.
- 28 Records est officiellement lancé !
Une vague d'exaltation de la part de mes amis résonne alors. Depuis le temps que je les bassine avec ce label, je sais que leur réaction est des plus honnêtes. Joy nous observe en fronçant les sourcils. Apparemment, Ava a tenu sa langue.
- Il va falloir m'éclairer les gars !
Je lui explique en quoi consiste l'activité dans laquelle je me lance et son regard s'illumine.
- Un studio ? S'exclame-t-elle en s'accrochant une nouvelle fois à son voisin qui lutte pour ne pas rire. Genre, avec un micro et tout ?
Harry tente de la temporiser en tapotant son épaule, mais c'est trop tard, elle s'excite toute seule dans son coin.
- Je vais enfin pouvoir enregistrer mon single ! J'ai déjà fait la pochette... Olala... Zayn, prépares-toi, Joy Benett débarque !
Malgré mes yeux écarquillés, je lis sur le visage de mon ami qu'il me supplie de la laisser chanter un jour, pour ne plus en entendre parler une fois qu'elle l'aura fait. Joy continue à s'éparpiller dans ses rêves de gloire, créant une révélation chez Liam. Il en fait immédiatement part à sa fiancée.
- Ne cherche plus, c'est elle qu'il nous faut sur scène le vingt-quatre.
Et vu comme elle est partie, ça peut durer des heures.
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- Tu es sûr de toi ?
- Il n'y a aucune raison que tu l'abîmes, trésor. Je t'assure que tu peux y aller.
Ava capitule alors face à ma détermination et se met en place pour prendre le contrôle. Je suis certain qu'elle assure avec un engin pareil entre les mains.
- Comment on allume le moteur ? Me demande-t-elle une fois bien installée au volant de ma Porsche.
J'enclenche le bouton qui démarre les cylindres et la laisse reprendre la route. Il nous reste moins d'une heure avant d'arriver à Doncaster. Et j'ai bien envie de tester sa conduite. Au terme de quelques minutes pour apprivoiser la nervosité de la voiture, Ava est rapidement très à l'aise sur l'autoroute. Je suis presque obligé de la reprendre sur sa vitesse.
- Fais attention aux limitations quand même...
Ce à quoi elle répond en m'adressant un regard qui signifie que je ne corrige jamais ma propre vitesse quand elle me dit de le faire. Plus les kilomètres défilent, plus je la sens anxieuse à l'approche de ma ville natale.
- Tu me dis quand on arrive. Me lance-t-elle lorsque les panneaux commencent à indiquer la direction à prendre.
- Ne stresse pas. Aux dernières nouvelles, ils n'ont encore jamais mangé personne...
Dit celui qui se pissait littéralement dessus avant de rencontrer ses parents. J'appose ma main sur le dessus de sa cuisse, totalement dévoilée depuis qu'elle est au volant. Mon but premier était de la détendre, mais visiblement, je la déconcentre.
- Par contre, j'adore mais... Je risque de louper la sortie si tu continues. M'avertit-elle en étirant ses cervicales.
Tel un gamin pris en flagrant délit, je retire ma main et la lève en l'air. Putain. Les murs de ma chambre d'enfance sont atrocement fins. Ce qui signifie que ce soir rime avec abstinence.
Dès que nous arrivons dans les rues familières de mon enfance, je sens qu'elle ne tient plus en place. Je coupe la musique à proximité de mon quartier.
- On approche. Tu veux que je reprenne le volant ?
Ava tente de masquer son appréhension et m'affirme que c'est ridicule de changer de chauffeur alors que nous arrivons dans quelques minutes. Je lui indique de tourner à l'angle de la longue allée privée qui dessert la propriété de ma mère et lui montre où garer ma voiture.
- Nous y voilà. Tu ne peux plus faire machine arrière maintenant.
Elle prend une grande inspiration avant de sortir. Je la rejoins rapidement de son côté et saisis sa main. Je lui dépose au passage un baiser près de son oreille, tout en lui glissant à quel point elle est belle.
- Tu es sublime. Je suis sûr qu'ils vont t'adorer.
À peine avons-nous gravi les marches que la porte d'entrée s'ouvre, dévoilant ma mère, impatiente elle aussi de la rencontrer.
- Ah ! Enfin te voilà mon grand ! Me lance-t-elle en m'ouvrant ses bras.
- Content de te voir aussi, maman.
- Et donc, je suppose que tu es la fameuse Ava dont j'ai tant entendu parler !
Elle lui tend également les bras pour l'accueillir chez nous. Je la sens alors beaucoup plus à l'aise que sur le chemin. Elle redevient celle que je connais et avance sans appréhension en direction de tous ceux qui l'attendent dans le couloir. Je la laisse entreprendre de saluer ma fratrie et alors que je m'apprête à la suivre, ma mère me retient discrètement par le bras. D'un geste suggestif, elle me fait comprendre qu'elle la trouve vraiment canon et me chuchote un petit mot en aparté.
- Elle a l'air très bien.
J'acquiesce pour lui confirmer qu'elle vise juste et nous entrons à notre tour. Quelques fois, j'ai l'impression que je ne prends pas suffisamment le temps pour réaliser le bonheur que représente le simple fait d'être avec une femme comme Ava. J'ai une chance inouïe de l'avoir rencontrée et c'est une chose assez incroyable pour quelqu'un comme moi qui ne voulait plus entendre parler des longues relations amoureuses. Elle m'offre cette consistance que j'avais perdue, rien qu'en posant son regard plein d'amour sur moi. Je suis bien avec elle et désormais, je ne m'imagine avec personne d'autre. Si les obstacles ne s'opposent pas à nous, j'aurai gagné ce nouveau pari que je me suis fixé pour faire de mon avenir un point de stabilité. Et si cela implique que d'autres personnes qui m'ont été chères par le passé souffrent en conséquence, ça n'a plus d'importance. Seul compte le sourire radieux qu'elle arbore aujourd'hui. Je suis disposé à apprendre de mes erreurs pour les affronter. Parfois, le plus petit pas dans la bonne direction finit par devenir le plus grand pas de notre vie. Et même si je dois marcher sur la pointe des pieds pour y accéder, je suis prêt à franchir le pas.
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