Play with fire ( Tome 2 )

נכתב על ידי unxpetiteblonde

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Tout le monde pensait qu'ils avaient tourné la page. Ils s'étaient reconstruits chacun de leur côté, et vivai... עוד

before starting <3
NDA <3
prologue.
chapitre un.
chapitre deux.
chapitre trois.
chapitre quatre.
chapitre cinq.
chapitre six.
chapitre sept.
chapitre huit.
chapitre neuf.
chapitre dix.
chapitre onze.
chapitre douze.
chapitre treize.
chapitre quatorze.
chapitre quinze.
chapitre seize.
chapitre dix-sept ( prt 1 ).
chapitre dix-sept ( prt 2 ).
chapitre dix-huit.
chapitre dix-neuf.
chapitre vingt.
chapitre vingt et un.
chapitre vingt-deux.
chapitre vingt-trois.
chapitre vingt-quatre.
chapitre vingt-cinq.
chapitre vingt-six.
chapitre vingt-sept.
chapitre vingt-huit.
chapitre vingt-neuf.
chapitre trente.
chapitre trente et un.
chapitre trente-deux.
chapitre trente trois.
chapitre trente quatre.
chapitre trente cinq.
chapitre trente six.
chapitre trente sept.
Dear Nora ...
chapitre trente huit.
chapitre trente neuf.
chapitre quarante.
chapitre quarante et un.
chapitre quarante deux.
chapitre quarante trois.
chapitre quarante quatre.
chapitre quarante cinq.
chapitre quarante six.
chapitre quarante sept.
chapitre quarante huit.
chapitre cinquante.
chapitre cinquante et un.

chapitre quarante neuf.

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נכתב על ידי unxpetiteblonde

Le point de vue changera au cours du chapitre.






Point de vue Nora Swan.



Je sors des douches avec mes dernières affaires en main avant notre départ, les yeux rougis comme si j'avais fumé toute la nuit.

Alors qu'en réalité, j'ai seulement versé toutes les larmes que contenait encore mon corps.

Je balance mes affaires dans mes sacs que je referme sans délicatesse, avant de les poser dans la soute du bus qui nous ramènera sur le campus et de soupirer.

Quelle fin de week-end de merde.

Je me suis remémorée cette soirée toute la nuit, en boucle et, j'ai changé la fin de toutes les manières dans ma tête afin de la rendre magique.

Je crois que je refuse d'accepter le fait d'avoir mal agi et d'avoir osé accabler Kilian de reproches, alors que tout ce qu'il essaie de faire depuis des mois, c'est de me récupérer.

Il est irréprochable.

Et si je ne suis pas prête à vivre en faisant table rase du passé, alors pour quelle raison le laisse-je me courir après depuis tout ce temps ?

Peut-être qu'il est temps pour moi de me remettre en question.

Et peut-être qu'il est temps pour moi d'accepter que, non, je ne suis pas aussi parfaite que je le pense. Je commets aussi des erreurs.

Je me laisse tomber dans l'herbe en attendant que les autres terminent de ranger leurs affaires et relève mes genoux contre mon corps avant de cacher ma tête dans mes bras.

Je ne veux voir personne.

Putain, je ne me suis pas sentie aussi mal depuis très longtemps. Depuis cette soirée-là, à vrai dire. Et je ne pensais plus jamais ressentir toutes ces émotions qui me donnent envie de hurler jusqu'à m'arracher les cordes vocales.

J'ai tellement, tellement mal au cœur.

Et j'aimerai tellement, tellement pouvoir remonter le temps.

Les événements de la veille ne sont pas réellement grave en tant que tel, mais la manière dont nous avons ressenti cet instant et vécu chaque parole prononcée rend cette fin de soirée désastreusement douloureuse.

Et je sais que Kilian ne m'en veut pas réellement pour le rapprochement soudain avec son coéquipier. Nous avons toujours joué dans le but de rendre l'autre fou de jalousie. Mais le fait est qu'au lieu de le rassurer lorsqu'il s'est isolé, j'ai profité de ce moment pour retourner le couteau de la plaie et ramener à la surface son erreur fatale.

Pourtant, je m'étais promis d'avancer. Et moi, je voulais avancer avec lui.

Peut-être que finalement, je ne réalise ce détail que trop tard.

N'est-ce pas ce qu'on dit ? Qu'on se rend compte de la valeur d'une chose que lorsqu'on est sur le point de la perdre ?

Quelle ironie, tout-de-même, de devenir la méchante de l'histoire alors que j'étais celle qui méritait d'être sauvée il y a un an.

Je soupire et, je sens une présence à mes côtés. Quand je tourne légèrement la tête sur ma gauche, j'aperçois Lewis s'asseoir à mes côtés, sans prononcer un mot.

- Tu viens me faire des reproches ? lui demandais-je d'une faible voix enrouée.

Il hoche négativement la tête sans hésiter, alors que je laisse mes yeux se reposer sur le magnifique paysage qui s'offre à moi.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je ne sais que ce que j'ai vu devant ce feu de camp, m'avoue Lewis en évoquant indirectement mon moment avec leur coéquipier. Mais, je ne te ferai aucun reproche. Jamais.

- Pourquoi ? Tu devrais.

Il soupire doucement avant de replier ses genoux contre lui et de se placer dans la même position que moi. Puis, il pose un regard tendre sur ma personne qui fait fondre mon petit cœur blessé.

- J'aurai agi de la même manière que toi, juste pour avoir le plaisir de voir Chiara sur les nerfs. Dans ce cas, qu'en déduis-tu ?

- Que nous sommes aussi immatures l'un que l'autre ?

- Exactement ! me répond Lewis en laissant un sourire étirer la commissure de ses lèvres.

Je pouffe doucement en secouant la tête, plus détendue qu'il y a quelques minutes. Je crois que Lewis fait parti de ces rares personnes capables de me redonner le sourire avec quelques mots stupides et bien placés. Il le fait naturellement, mais il sait qu'il a ce pouvoir. Il apporte une telle légèreté à ceux qui l'entourent et, je l'admire pour cette qualité.

- Vous avez surmonté pire que cette dispute, tu le sais, n'est-ce pas ? me demande Lewis d'une voix douce. Kilian crève de jalousie quand il te voit avec un autre, parce qu'il crève d'amour pour toi.

Je sens chaque morceaux de mon cœur se briser une nouvelle fois, comme si cela n'était pas suffisant.

- J'ai l'impression d'entendre Andrew, riais-je doucement en pensant aux habituelles paroles poétiques de mon ami.

- Ce mec te fera sans doute une dissertation pour t'expliquer les raisons de ton erreur, me sourit Lewis en roulant des yeux face à cette scène imaginaire. Mais je n'ai pas besoin d'être un expert dans le domaine pour te dire que votre jalousie est à la hauteur de l'amour que vous vous portez. Un peu forte et totalement démesurée.

Démesuré. C'est peut-être le terme approprié pour définir les sentiments que Kilian et moi éprouvons l'un pour l'autre, au final.

Forts. Passionnels. Et totalement démesurés.

Est-ce seulement permis d'être aussi attaché à quelqu'un sur cette Terre ?

Nous entendons une voix nous appeler au loin afin de nous annoncer le départ du bus et, Lewis m'aide à me relever avant de passer son bras autour de mes épaules et de m'ébouriffer les cheveux jusqu'à me faire grimacer.

- Arrêtes de te lamenter sur ton sort, on sait tous que Kilian et toi ne resterez pas loin l'un de l'autre plus de quarante huit heures.

Je souris à Lewis afin de ne pas lui donner tort mais, en vérité, j'ai réellement peur que cette fois soit différente des autres.

- D'ailleurs, vous avez intérêt. J'ai parié avec Chiara que vous me choisirez comme parrain pour votre gosse, dans dix ans.

Et cette fois, sans même l'empêcher, j'éclate de rire, en remerciant intérieurement Lewis d'être aussi stupide.

- Tu ne seras jamais parrain, le contredis-je cependant, j'aurai trop peur pour la vie de mon enfant.

Lewis serait le genre de personne capable de mettre un enfant de six ans au volant d'une moto et de le laisser conduire, juste pour essayer, ou encore le genre de personne capable de faire boire un verre d'alcool à un enfant juste pour voir l'effet que cela aurait sur lui.

Il pose dramatiquement une main sur son cœur alors que je monte dans le bus en lui lançant un regard amusé, sans même écouter ses plaintes face à ma remarque.

Il continue de se plaindre auprès des garçons quand il s'installe aux côtés d'Andrew et, je souffle discrètement, blasée de son comportement, en m'asseyant aux côtés de Julia sans un regard pour les garçons et sans un regard pour lui, et, en face de Hannah et de Chiara pendant que Charlotte nous a lâchement abandonné pour finir sa nuit sur l'épaule de son copain.

Les filles m'observent en silence et, afin de faire cesser ce moment qui me met mal à l'aise, je leur lâche un sourire que j'espère lumineux, comme si tout allait pour le mieux.

- Ok, une partie de Uno ? nous propose Chiara, comme si elle avait entendue ma plainte silencieuse.

Et je la remercie d'un simple regard auquel elle répond par un discret sourire.

- Seulement si tu promets de ne pas tricher en cachant des cartes, lui dit Hannah, en lui lançant un regard accusateur.

- Est-ce qu'une fois durant toute ma vie, j'ai seulement triché au Uno en cachant des cartes dans les manches de mon pull ou sous mes jambes ? nous interroge Chiara en adoptant une fausse mine outrée.

Nous nous lançons toutes les trois des regards amusés, avant de hocher la tête vers la principale concernée.

Chiara aime un peu trop gagner. Et nous savons toutes qu'elle mettrait en place tous les moyens afin de ne pas perdre. Parfois, j'avoue que ses techniques de triches passent presque inaperçues. Presque.

- Ok, je l'ai peut-être fait une fois ou deux, avoue finalement Chiara.

- Une fois ou deux par partie, tu veux dire ? lui demandais-je avant de sourire innocemment quand elle me lance un mauvais regard qui m'amuse plus qu'il ne m'effraie.

Finalement, nous débutons une partie de Uno, rapidement suivies par plusieurs autres pendant que nous roulons jusqu'à notre campus. Certains terminent leur courte nuit, alors que d'autres écoutent de la musique. En bref, nous sommes, comme d'habitude, ceux qui font le plus de bruit et empêchons les autres de profiter d'un trajet calme.

Quand allons-nous décider d'être un peu plus matures et calmes ?

Jamais, je crois.

Je me concentre sur la partie de Uno en cours, après avoir perdu les trois précédentes. Mais au moins, pour une fois, nous ne nous disputons pas pour une histoire de triche.

Peut-être que finalement, nous allons vraiment réussir à grandir ?








***








- Chiara ! Je viens de te voir sortir la carte de la manche de ton sweat ! s'écrie Julia en lançant un regard accusateur à notre amie.

Qu'est-ce que j'avais dis, déjà, au sujet de la maturité ?

- Tu m'accuses juste parce que tu as toute la pioche dans ton jeu, renchérit Chiara en se moquant de l'énorme tas de cartes dans les mains de Julia. Tu devrais apprendre à jouer et à cesser d'être aussi tendue, tu vas finir par te froisser un muscle.

- Et toi, tu devrais apprendre à devenir fair-play, même mon cousin de trois ans ne triche pas comme tu le fais !

Je fronce les sourcils en me tournant vers Julia qui semble être à deux doigts de se jeter sous les roues du bus dans lequel nous sommes.

- Tu n'as pas de cousin de trois ans, l'informais-je alors.

- Oui, je sais, mais si j'en avais un, il ne tricherait certainement pas aussi malhonnêtement que Chiara.

Je pince mes lèvres afin de ne pas rire mais, il me suffit simplement de croiser le regard amusé d'Hannah pour que nous éclations d'un rire franc, sous les regards excédés de nos deux amies qui ont simplement envie de claquer nos têtes l'une contre l'autre.

Finalement, nous rangeons les cartes afin d'éviter une nouvelle guerre stupide d'éclater entre nous.

Le reste du trajet se passe donc en musique pour nous et, je crois d'ailleurs que la moitié du bus nous déteste pour tout ce bruit que nous nous amusons à faire.

J'essaie de me détendre et de profiter avec mes amis, sans me préoccuper de la présence de Kilian, sur les sièges à côté des nôtres, qui semble également éviter le moindre contact visuel avec moi.

Pourtant, quand mes yeux se posent sur lui sans même que je ne puisse m'en empêcher, je ne peux pas m'empêcher de me soucier de lui. Je constate facilement les cernes sous ses yeux et son visage fatigué, comme s'il n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

Je ne m'en veux que davantage, en pensant à la manière dont ce malentendu aurait pu se terminer si je n'avais pas eu l'affreuse idée de l'accabler de reproches, une nouvelle fois.

Est-ce qu'un jour, seulement, j'arriverai à refermer cette page de notre histoire et à vivre sans ramener tous les événements à cette soirée-là ?

Je l'observe silencieusement en ignorant totalement les voix de nos amis autour de nous et, il doit certainement sentir mon regard sur sa personne puisqu'il tourne son visage dans ma direction et accroche ses prunelles aux miennes.

J'ai l'impression de me liquéfier sur place quand son regard glacial se confronte au mien.

Aucune émotion ne semble traverser ses yeux. Il se contente de me fixer, le regard vide. Le regard froid. Le regard détruit.

J'ai soudain l'impression de revenir un an en arrière, quand nous nous étions retrouvé au lycée après la soirée du nouvel an. Son regard était tellement fatigué, vide, brisé. Je ne pensais jamais être de nouveau confronté à cette vision.

Quand est-ce qu'on arrêtera enfin de se faire du mal ?

Il serait pourtant tellement simple pour nous de mettre toute notre fierté et notre rancœur de côté et de vivre la putain de belle histoire qu'on mérite. Et pourtant ... est-ce l'amour, qui est aussi compliqué ? Ou est-ce seulement nous qui ne savons pas comment nous aimer ?

Il détourne son regard le premier en détruisant la bulle dans laquelle nous nous étions enfermé, me laissant soupirer avant de me concentrer de nouveau sur mes amis.

Et je le regrette aussitôt quand je m'aperçois que la discussion tourne autour de celui qui a les plus beaux cheveux.

C'est pour cette raison que je remercie silencieusement le bus d'enfin stationner sur l'un des parkings de notre campus, nous ramenant enfin à notre destination.

Nous remercions tous le chauffeur du bus et quittons sans plus attendre le véhicule, avant de nous emparer de nos affaires dans la soute.

Je prends mes sacs et, quand je m'éloigne enfin de la soute, je m'arrête en plein élan, en réalisant que j'étais venue sur le campus avec la voiture de Kilian, avant notre départ pour notre week-end.

Super.

Et ma joie ne fait que s'accroître quand j'aperçois Kilian s'éloigner de nous, pour se diriger sans un mot vers sa voiture qu'il démarre sans un regard pour nous. Sans un regard pour moi.

Super. Encore.

Je soupire légèrement puis mes yeux se posent sur mes amis, certains se dirigent vers leurs chambres, alors que les autres retournent sur leur propre campus.

Mais je ne comptais pas aller en cours aujourd'hui, et je serai bien rentrée chez moi. Pour une fois.

Quand j'aperçois Andrew se placer à mes côtés, je lui adresse un léger sourire qu'il me rend aussitôt.

- Est-ce que ça te dérangerait de me ramener chez moi ? J'étais ... enfin, j'étais venue avec Kilian.

Andrew hoche simplement la tête pour réponse et, nous faisons un simple signe de la main à nos amis avant de nous diriger vers sa voiture.

Je sais que j'aurai pu demander à Jason de venir me chercher, mais puisque je sais aussi qu'il a prévu de passer la journée avec Hannah, en amoureux, je ne voudrai pas m'imposer et changer leurs plans.

Depuis quand suis-je prête à me mettre de côté pour qui que ce soit ?

Je m'installe en silence dans la voiture d'Andrew qui démarre sans un mot, en me lançant quelques regards insistants, que j'ignore d'abord avant de légèrement souffler et de poser mes yeux sur lui, qui tapote sur le volant au rythme de la musique qui se diffuse au sein de la voiture.

- Dis-le, soufflais-je alors, déjà lassée de cette discussion entre nous.

- Ok. Je ne veux pas te dire que je te l'avais dis, mais ... je te l'avais dis.

Je roule des yeux en laissant ma tête retomber contre la vitre.

- T'es le pire ami du monde, je ne te recommande à personne, plaisantais-je d'une faible voix.

Il me lance un regard que j'interprète sans grande difficulté, consciente de mon mensonge. Je sais que je n'avais pas envie d'entendre ces mots sortir de sa bouche, mais je sais aussi que j'ai besoin qu'on me dise la vérité en face.

Et je sais qu'Andrew ne se gênera pas pour le faire. Peut-être est-ce ce qui fait de lui, justement, le meilleur des amis.

- T'as merdé, hausse-t-il les épaules. Et t'as besoin que quelqu'un te renvoie la vérité en pleine face. Mais, rajoute Andrew en constatant mon regard las sur lui. C'est en faisant des erreurs qu'on évolue.

- Jamais je n'aurai pensé qu'une danse provoquerait toute cette histoire, soufflais-je. Et jamais je n'aurai pensé être capable de culpabiliser à un tel point, une fois dans ma vie.

Andrew m'adresse un sourire tendre et, quand il s'arrête à un feu rouge, il tourne enfin entièrement son visage vers le mien.

- Tu te souviens de ce que je t'avais dis ? me questionne-t-il alors que je fronce les sourcils. Plaisir éphémère ...

- Regret éternel, finissais-je à sa place.

Ses paroles me reviennent instantanément en tête, quand il ne comprenait pas mon intérêt de rendre Kilian jaloux, il y'a quelques temps. Et moi, je n'avais pas pris ses mots au sérieux.

Si j'avais su ce qu'il se passerait, à trop vouloir jouer avec le feu, j'aurai sans doute pris le temps de considérer une seconde de plus les avertissements de mon ami, plus mature que jamais je ne le serai.

Nous arrivons rapidement devant ma maison et, je soupire intérieurement en voyant la voiture de mes parents encore stationnée devant celle-ci. Si j'étais venue avec ma propre voiture, je serai déjà repartie sur le campus. Mais, je ne veux pas dire à Andrew qu'il a fait le trajet pour rien.

Alors, je me retourne vers lui et le remercie, avant de claquer un baiser sur sa joue.

- Réfléchis à la situation, Nora, me sourit mon meilleur ami, il n'est pas encore trop tard pour bien faire, et il n'est pas encore trop tard pour vous.

Je hoche doucement la tête en promettant à Andrew de penser à ce qu'il m'a dit, parce qu'après tout, je sais qu'il dit la vérité.

Il n'est pas trop tard.

Il n'est pas trop tard pour être heureuse.

Et je ne veux plus jamais commettre les mêmes erreurs que par le passé. Je ne veux plus laisser filer mon bonheur entre mes mains.

Je sors enfin de sa voiture et, mes sacs à la main, je rentre à l'intérieur de ma maison, soulagée de ne voir et de n'entendre personne, mise à part la musique qui provient de la cuisine, ce qui signifie qu'Emily est certainement en plein nettoyage.

Je rentre dans la cuisine et, sans la prévenir, je coupe la musique, la laissant sursauter et provoquer mon éclat de rire.

- Toi, souffle Emily, une main sur le cœur et un sourire désemparé sur les lèvres. Je savais que tu étais une petite fille horrible.

Un sourire innocent étire mes lèvres alors que je m'approche d'elle afin d'embrasser sa joue, avant de m'installer sur l'îlot central de la cuisine et de croquer dans une pomme, sous son regard qui me dit clairement : les chaises existent.

- Ils sont là ? lui demandais-je, un soupçon d'espoir dans la voix.

- Juste ta mère, pour affaires, me répond Emily avec un sourire compatissant. Elle devrait partir rejoindre ton père demain.

À vrai dire, j'aurais préféré que mon père soit ici et ma mère à l'autre bout de la Terre.

Je sais que mon père se fiche littéralement de nous. Si bien que sa présence passe presque inaperçue et, quand je me retrouve confrontée à ma mère, c'est là que je comprends l'avantage d'avoir un père comme lui.

Un père. Pas un papa. Juste un père.

- Et, je préfère te prévenir, m'informe Emily dans un murmure. Elle est de très mauvaise humeur.

- Est-ce différent des autres jours ?

Elle rigole doucement et, je quitte enfin la cuisine avec pour seul objectif de passer tout le reste de ma journée dans ma chambre.

Et c'est bien ce que je fais.

Je reste une bonne partie de l'après-midi, allongée dans mon lit, devant une succession de films à l'eau de rose. Ce n'est qu'en fin d'après-midi, je me décide enfin à quitter ma chambre et, quand je mets les pieds dans notre vaste et désert salon, mes yeux se posent sur plusieurs tas de papiers déposés sur la table basse, me laissant soupirer.

- Qui a décidé de dévaliser les boutiques de papier ? demandais-je à Emily qui s'apprête à partir.

- Ta mère était en train de faire du tri, cet après-midi, je suppose qu'elle a estimé bon de refaire la décoration au passage, me sourit-elle en observant les feuilles qui recouvrent la totalité de notre table basse.

Je lâche un léger rire avant de saluer Emily qui s'en va, puis, après m'être servie un grand verre d'ice tea, je me prépare un grand plateau de tartines pour mon goûter.

Quand je reviens dans le salon, je commence à faire de la place sur la table basse afin de déposer mon plateau, en poussant sans délicatesse les tas de feuilles de ma mère.

Je soupire en m'emparant d'une nouvelle pile de feuilles à déposer à même le sol. Soudain, mes sourcils se froncent quand mes yeux se posent sur la première feuille au dessus du tas, me laissant m'asseoir directement sur le canapé et m'en emparer.

Il s'agit d'une enveloppe, avec mon prénom inscrit à la main.

Elle est déjà ouverte.

Pourtant, il ne me semble pas avoir déjà vu cette enveloppe une fois dans ma vie.

Et que fait un papier à mon nom dans les papiers que ma mère souhaite trier ?

Sans que je n'en comprenne réellement la raison, comme s'il s'agissait d'un mauvais pressentiment, les battements de mon cœur s'accélèrent, frappant fort contre ma poitrine. Mes mains se mettent à trembler alors que j'extrais le contenu de l'enveloppe, me demandant quel horrible tour ma mère a encore réussi à jouer ?

J'observe les feuilles pliées en quatre dans mes mains et les déplie une à une, lentement, comme si j'appréhendais l'instant. Et j'ignore pourquoi.

Quand je déplie totalement les feuilles, je laisse mes yeux parcourir rapidement, trop rapidement, le long texte qu'elles contiennent.

Et, quand mes yeux se posent alors sur les premiers mots inscrits en haut de la première de toutes ces feuilles.

Je crois que mon cœur s'arrête définitivement de battre.

Je crois que ma respiration cesse un instant. Que l'air ne parvient plus jusqu'à mes poumons.

Je crois que le sang ne circule plus dans mes veines. Je crois que mon corps ne me répond plus.

Est-il seulement possible pour un cœur de supporter autant de chocs émotionnels en si peu de temps ?

Je déglutis difficilement, les mains serrant aussi fort que possible la feuille de papier entre elles, et, je reviens subitement à ma réalité quand une larme coule de mes yeux afin de s'écraser sur le papier fin.

Et là. Je réalise enfin.

Je cligne plusieurs fois des yeux en lisant et en relisant les deux premiers mots, en haut de cette foutue feuille. D'une écriture que je ne reconnais que trop bien.






Chère Nora.






Et je crois mourir quand mon cerveau me renvoie la vérité en pleine face. Une vérité que je comprends en lisant les mots suivants.






Autant que je me souvienne, c'est de loin la première lettre que j'écris. Sans doute sera-t-elle aussi la dernière.






Une nouvelle larme coule le long de mes joues, rapidement suivie de milliers de gouttes d'eau.

Une lettre.

Une lettre.

La lettre. La lettre de Kilian.

La lettre que ma mère ne m'avait jamais donné. Cette lettre qu'elle m'avait dit avoir jeté en me souriant à la figure, fière d'avoir détruit la seule preuve qu'il me restait de tout le respect que Kilian avait envers moi.

La lettre qui aurait pu réparer mon cœur, il y a un an, déjà.

J'inspire et expire lentement afin de calmer les pulsations de mon cœur et calmer les tremblements excessifs de mes mains et de mes jambes qui frappent violemment contre le parquet, comme si j'étais à deux doigts de la crise d'angoisse la plus violente de toute l'histoire.

Je souffle une longue fois profondément et me décide enfin à poursuivre ma lecture, malgré mes larmes qui rendent floue ma vue.

Je lis les premiers mots et laissent mes yeux parcourir la feuille, les phrases de Kilian, les sentiments qu'il a retranscrit sur ce papier, les émotions qu'il m'a confié dans cette enveloppe.

Les mots qu'il ne m'a jamais dit.

Tous ces mots, il les avait écrit. Il me les avait dit. Silencieusement, par écrit, là ou il se sentait le plus en confiance.

Et moi, je n'ai jamais eu le droit de les lire.

Je lis cette lettre, une douleur atroce au cœur, une douleur qui me comprime l'estomac et m'étouffe soudainement.





Et puis. Il y'a eu toi.

Ma meilleure ennemie. Une fille prétentieuse et capricieuse que j'aimais attaquer à longueur de temps.

Mon miracle. Comme une lueur d'espoir.

Mon idéal.





Un sourire force la barrière de mes lèvres alors que mes larmes roulent et roulent sur mes joues. Les mots de Kilian me percutent en plein cœur. Ils me cisaillent en deux et j'ai à la fois l'impression qu'ils referment mes plaies douloureuses autant qu'ils les rouvrent une nouvelle fois.





Quelque part à l'intérieur de moi, je sais que c'était toi. C'était toi, depuis le début.





C'était moi. Et c'était lui. Depuis le début. C'était nous.

Peut-être que c'était réellement écrit. Peut-être que c'était nous.

Depuis toujours. Et pour toujours.

Je poursuis ma lecture, en souriant à la déclaration d'amour de Kilian, en pleurant de plus belle quand il évoque son père, son sujet sensible, son terrain glissant ... le sujet qu'il me refusait quand je voulais le questionner.

Kilian s'était confié à moi. Kilian m'avait livré une partie de sa vie et la totalité de ses sentiments. À moi. Et ma mère lui a volé son intimité.

Ma mère a volé la confiance qu'il m'accordait, à moi.

Et pour ça, je ne lui pardonnerai jamais.

Je termine la lecture de la lettre, les doigts crispés sur les feuilles que je tiens dans mes mains et des sanglots involontaires s'échappant de mes lèvres.





Et je sais aussi que tu ne m'aimeras pas une seconde fois.





S'il connaissait réellement l'intensité des sentiments que j'ai pour lui, jamais il n'oserai penser de telles choses. Parce que j'ai aimé Kilian une fois. Peut-être même deux. Et sans doute pourrais-je l'aimer mille et une fois si mon cœur n'écoutait pas mon cerveau.





Peut-être que tu es la bonne personne pour moi ...

... mais peut-être que ce n'est pas le bon moment pour nous.





Ma respiration se bloque dans ma poitrine alors que je relis cette phrase en boucle, encore et encore. Je termine la lettre de Kilian et, même après, je continue de lire ces simples mots.

Parce qu'il avait raison. Peut-être qu'à ce moment-là, ce n'était pas encore le bon moment pour nous.

Mais, j'ai promis à Andrew de prendre en considération ses paroles. Il n'est pas trop tard pour bien faire. Et il n'est pas trop tard pour vous.

Et, je n'ai jamais eu autant d'espoir en de simples petits mots insignifiants. Mais, Andrew a raison. Il n'est pas trop tard.

Je dirai même que Kilian a tort. Sur toute la ligne. Parce que c'est le bon moment. C'est le bon moment pour nous et, j'en suis convaincue.

Et personne, pas même ma mère, ne pourra m'empêcher d'être heureuse et d'obtenir ce que je veux. Personne ne pourra faire obstacle à mon bonheur et personne ne pourra jamais, jamais faire disparaître ce que, au fond, j'ai toujours ressenti pour Kilian Harris.

Je prends une grande inspiration et me donne le courage nécessaire pour me lever, la lettre en main. Puis, je me dirige, la tête haute et la respiration calme vers le bureau de ma mère, dans lequel j'entends des voix.

Courage, Nora. C'est maintenant ou jamais.

J'ouvre la porte à la volée, sans même prendre la peine de toquer, attirant le regard de ma mère sur moi. Assise derrière son bureau, elle brille par son arrogance, le pouvoir qu'elle incarne et son visage parfaitement dessiné.

- Il faut qu'on parle, lui dis-je sèchement, sans prendre la peine d'observer la personne assise en face d'elle.

Ma mère hausse un sourcil prétentieux en me toisant de la tête aux pieds.

- Pas maintenant. Je suis en réunion. Une réunion qui, qui plus est, tu m'as obligé à accepter.

J'arque un sourcil et laisse enfin mes yeux se détourner d'elle afin de les poser sur la personne à ses côtés.

Et quelle agréable surprise d'apercevoir Selena Miller, installée au bureau de ma mère, un tas de paperasse à signer devant elle.

Alors, comme ça, ma mère avait finit par céder à mon chantage ? J'avoue que j'avais fini par ne plus croire cela possible.

J'adresse un sourire forcé à Selena avant de reposer les yeux sur ma génitrice.

- Selena peut prendre une pause et aller boire un café, je n'attendrai pas pour parler à ma mère, lui dis-je d'une voix qui ne laisse pas la place à la discussion.

Elle me défie quelques secondes du regard et, quand elle remarque que je ne cèderai pas, elle finit par soupirer et par demander à Selena de nous laisser une minute. Dès que la blonde quitte le bureau, je pose sur ma mère, le regard le plus haineux et brisé qu'il m'ait été donné de lui offrir depuis très longtemps.

Je lève la lettre dans ma main à hauteur de yeux et, elle arbore un visage surpris quand ses yeux se posent sur les feuilles qu'elle semble reconnaître. Mais elle se reprend rapidement et hausse les sourcils en me fixant, les doigts croisés devant elle.

- Comment est-ce que tu as pu oser me faire ça ? lui demandais-je en essayant de contrôler ma voix tremblante.

- Je l'ai fais pour ton bien, hausse-t-elle les épaules. Tu me remercieras un jour d'avoir essayé de te tenir loin de ce garçon.

J'avance dans sa direction, avant de poser mes deux mains, à plat sur son bureau, en la fixant d'un regard accusateur qu'elle soutient dans la moindre difficulté.

- Tu as volé l'intimité de Kilian en lisant cette lettre et, tu m'as laissé croire qu'il m'avait laissé tomber en partant. Après ça, tu m'as fais croire que tu avais jeté la lettre en espérant que je ne la vois jamais.

Ma mère m'écoute monologuer sans chercher à m'interrompre, comme si elle se fichait de mes reproches.

Une larme roule sur ma joue, alors que j'avale difficilement ma salive en l'affrontant.

- Quel genre de mère es-tu, au juste ?

Ma voix se brise à la fin de ma phrase, alors que je l'observe, un dégoût immense dans les yeux.

- Je suis le genre de mère qui répare les choix stupides d'une adolescente qui n'en fait qu'à sa tête, lâche alors ma mère dans le plus grand des calmes. Je suis le genre de mère qui cherche à élever ses enfants au sommet et ce, qu'importe le prix à payer.

Je secoue la tête alors que les larmes recommencent à couler sur mes joues, sans que je ne puisse les arrêter.

- Une mère pense au bonheur de ses enfants, avant de penser au sien ... toi, tu m'as brisé le cœur en voulant atteindre tes rêves. Et tu as brisé le cœur de Kilian en même temps. La vérité, c'est que tu ne sait pas ce que ça veut dire ... d'être une maman.

J'ai eu de nombreuses fois le cœur en miettes ces derniers temps et pourtant, personne ne m'a jamais fait autant de mal que ma mère.

Quand j'étais enfant, ma mère ne se souciait pas de moi. Elle ne se souciait pas de savoir si j'avais passé une bonne journée à l'école, si je m'étais faite des copines en rentrant au collège, si je voulais fêter mon anniversaire avec mes amies.

Elle ne s'est pas souciée de moi quand j'ai eu mes premières règles, elle ne m'a jamais conseillé quand j'ai eu mon premier rapport sexuel.

Elle ne m'a pas soutenu lors de ma première peine de cœur. Puis lors de la deuxième.

Jamais. J'ai dû me débrouiller toute seule, j'ai dû questionner notre employée de maison, qui m'avait expliqué tout ce que je devais savoir au sujet de l'adolescence, en ce qui concerne le fait de devenir une femme, en ce qui concerne les chagrins d'amour.

Ma mère se contentait de m'exposer au monde et de m'apprendre à sourire et à serrer la main de ses amis et de ses collègues.

- Tu as toujours eu tant de rêves immenses, pour trouver un peu de temps de t'intéresser à tes enfants, à leur bonheur et à leurs objectifs de vie. Tu es tellement focalisée sur tes propres buts, que tu ne m'as jamais donné l'occasion de te révéler mes rêves, à moi.

- Et quels sont tes rêves, Nora ? m'interroge ma mère. Faire de la boxe, devenir avocate et te montrer au monde au bras de Kilian Harris, celui qui te sera infidèle à la première opportunité qui se présentera à lui ?

Je déglutis difficilement alors que ma mère joue toutes ses cartes, frappant là où elle peut me faire le plus mal.

- Mais, on sait toutes les deux que ce ne sont pas des objectifs que tu pourras atteindre. Tu cours à l'échec, Nora, comme je le pense depuis le début. D'ailleurs, Kilian et ses stupides rêves d'adolescents te mèneront tout droit à ta perte. Et tu me remercieras de t'avoir prévenu, quand tu m'auras écouté et que tu m'auras laissé t'élever au sommet.

Je secoue une nouvelle fois la tête et lui lance un regard mauvais, dénué de toute émotion.

- C'est fini, maman, soufflais-je à travers mes larmes. Je ne te laisserai plus contrôler ma vie. Plus jamais. Et tu ne me feras pas dévier de mes objectifs. Parce que je mérite d'être heureuse, moi aussi.

Elle me fixe longuement et, à l'instant où elle allait ouvrir la bouche, je lui coupe la parole.

- C'est fini ... tu n'es plus ma mère.

À présent, malgré tous les espoirs que je plaçais encore inconsciemment en elle et en notre relation chaotique, je sais que ma mère ne changera jamais.

Je sais qu'elle ne m'aimera jamais pour ce que je suis, mais seulement pour l'image que je renverrai au monde si je la laisse me façonner à son image à elle.

- Tu devrais réfléchir davantage à tes paroles, Nora Swan, m'avertit ma mère alors que je m'éloigne d'elle doucement.

- C'est réfléchit, soufflais-je en essuyant mes larmes. Tu ne m'empêchera pas de vivre, et je ne mourrai pas enfermé dans une cage dorée. C'est ma vie, et je ne serai jamais plus ton putain de trophée.

Je l'observe une dernière fois et, après une œillade assurée et froide, je tourne les talons afin de sortir de son bureau. Mais, à peine ai-je posé la main sur la poignée de la porte que sa voix s'élève une nouvelle fois.

- Alors dans ce cas, je ne le dirai qu'une seule fois, commence ma mère alors que je l'entends se lever. Si, d'ici la fin de tes examens, tu n'as pas décidé d'entendre raison et de te plier à mes règles ... alors, je te demanderai de quitter cette maison.

Ma respiration se coupe subitement alors que j'ai l'impression que des couteaux viennent de traverser mon corps. Je ne me retourne jamais vers ma mère et vers sa voix froide. Mais, je devine tout de même au ton qu'elle emploie ainsi qu'à ses mots qu'elle déploie les grands moyens, parce qu'elle sait qu'elle est en train de perdre.

Et elle déteste ça.

- Je me fiche de l'image que ça renverra de moi. Le monde comprendra mes raisons, simplement parce qu'ils ont été témoins des scandales que tu as causé.

- Tu serais prête à me mettre à la rue ?

- Sans hésitation, tranche-t-elle. Jusqu'à tes vingt-et-un ans, je serai tenu de te verser une somme d'argent, parce que je ne peux pas te couper les vivres, mais je peux t'envoyer vivre sur le campus dans lequel tu semble tant te sentir chez toi. Alors, tu ferai mieux de réfléchir, Nora. Et plutôt rapidement.

Les examens se dérouleront dans deux mois.

Ma mère serait prête à me mettre à la rue ... dans deux mois.

Et je la connais si bien que je devine aisément ses pensées. Elle croit que je n'accepterai jamais de vivre en dehors de ma chambre de princesse et de mes privilèges en termes d'aisance financière. Elle croit que je vivrai mal la vie sans employés de maison et sans un salon qui fait à lui seul la taille de n'importe quel appartement.

Et pourtant ...

Je demeure figée quelques secondes, avant de relever la tête et de sortir de son bureau, sans un regard pour elle.

Je referme à peine la porte que mes yeux se posent sur Selena, dans le couloir, qui me fixe avec une émotion indéchiffrable. Et, je sais qu'elle a tout entendu.

Je l'observe quelques instants alors qu'elle ne semble pas trouver les mots et, en passant à côté d'elle, juste avant de sortir de son champ de vision, je m'arrête à sa hauteur.

- Je t'avais prévenu, Selena ... ce monde te mettra à terre sans pitié. Ils te mettront à terre et te regarderont agoniser, un verre de champagne à la main.









Point de vue Kilian Harris.








Je ressemble soit à un drogué. Soit à un mec sur le point de se foutre en l'air.

Assis sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, mes pieds se balancent dans le vide alors que je suis en train de m'enfiler une bouteille, le regard perdu et les pensées embrumées.

Ok. On dirait vraiment un mec qui va se foutre en l'air.

Je pense à cette foutue soirée depuis des heures et je ne cesse de me repérer en boucle les reproches de Nora.

Je n'ai jamais couru après une fille. Jamais. Pourtant, je suis littéralement aux pieds de Nora.

Elle hante mes rêves toutes les nuits et elle réchauffe mon cœur à chaque sourire qu'elle m'offre.

Elle illumine mon monde de son simple sourire. Elle rend mon univers plus beau.

Mais à ce moment précis, j'ai l'impression que tous les obstacles qui se dressent devant nous et notre bonheur sont insurmontables.

J'ai l'impression que Nora ne parviendra jamais à voir au-delà de mon erreur, au-delà de nos cœurs brisés et de nos yeux larmoyants.

J'ai l'impression que c'est la fin.

La fin de tout. La fin de nous.

J'entends soudain la porte de ma chambre s'ouvrir et se refermer. Je ne me retourne pas, en attendant que ma mère quitte la pièce.

Mais, quand j'entends des pas dans la chambre et que soudain, un parfum enivre mes narines, je crois halluciner.

Ce parfum familier. Cette présence que je n'espérais pas voir ici. Cette personne que j'évite depuis une journée, qui me semble être une éternité.

Nora Swan s'assied à mes côtés, au bord de la fenêtre, sous la nuit sombre éclairée par les quelques étoiles dans le ciel et par la lune éblouissante qui nous scrute.

Elle ne dit rien. Et je ne dis rien. Un silence plane entre nous. Un silence bien plus puissant que n'importe quel mot.

J'ignore ce quelle fait ici. À vrai dire, je ne pensais pas avoir à lui faire face de sitôt. Je suis, dans ma fierté, blessé par ses paroles et par ses accusations, par son manque de confiance et par mes efforts inutiles pour lui prouver que je peux être un homme. Un homme bien.

Soudain, je l'aperçoit bouger et, quand mes yeux se posent enfin sur elle, je la vois extraire de la poche de mon sweat qu'elle porte, une enveloppe.

Une enveloppe que je ne reconnais que trop bien.

Alors ça y est.

Elle a lu la lettre.

- Un jour, commence Nora en dépliant les feuilles entre ses mains. Quelqu'un m'a dit que de la haine à l'amour, il n'y a qu'un seul pas.

Je me fige à ses mots, en reconnaissant sans difficulté ceux que je lui ai écris dans ma lettre.

Mon cœur se brise en mille morceaux quand je repense à cette foutue lettre qu'elle n'a jamais lu avant aujourd'hui, mais il se réchauffe immensément en sachant qu'elle a enfin mes sentiments entre les mains.

Mon cœur entre ses mains.

- Je suis désolé, souffle Nora d'une voix fébrile. Je suis tellement désolée, de ne pas voir les efforts que tu fais pour moi et de nous faire du mal en évoquant sans cesse cette soirée.

Je retiens un sourire d'étirer mes lèvres et je me retiens de poser mes lèvres sur les siennes pour ne jamais plus m'en détacher.

- Tu as lu la lettre ? En entier ? lui demandais-je doucement.

J'allais boire une nouvelle gorgée dans ma bouteille quand la main de Nora me l'arrache avant de la porter à ses lèvres, de grimacer quand elle avale l'alcool fort et de la poser loin de moi.

Elle se contente de hocher la tête, les yeux baisser sur les feuilles entre ses mains.

Mes yeux sont également posés sur ces feuilles. Sur ces feuilles qui lui livrent une partie toute entière de ma vie. Mes sentiments pour elle. Et l'histoire qui a brisé mon cœur d'enfant.

Je déglutis difficilement avant de soupirer doucement et de relever la tête afin de fixer un point au loin, dans la nuit sombre.

- Mon père est un pervers narcissique.

Ma révélation soudaine provoque un lourd silence entre nous. Je vois le visage de Nora se tourner vers moi mais, je n'ose pas la regarder.

- Kilian, tu n'es pas obligé de ...

Mais je ne la laisse pas finir sa phrase, je la coupe directement dans son envie de m'arrêter, plus pour ne pas me brusquer que par manque de curiosité.

Parce que je sais qu'elle veut savoir.

Et je veux le lui dire.

- J'ai grandi avec un père qui dévalorisait sans cesse ma mère. Il lui faisait croire qu'elle n'était pas à la hauteur, il n'a jamais cessé de la manipuler émotionnellement et il usait de chantage affectif pour maintenir un contrôle sur elle. Il utilisait toujours sa peur de nous perdre, moi et ma sœur, comme moyen de pression sur elle, pour qu'elle se plie à ses volontés. Et, ma mère avait tellement peur qu'on la haïsse qu'elle se taisait et acceptait tout. Elle a tout accepté.

J'empêche mes yeux de se remplir de larmes alors que j'évoque ce sujet pour la première fois depuis longtemps.

Personne n'est au courant, si ce n'est Lewis et Andrew, avec qui j'avais évoqué le sujet alors que nous n'étions que des gamins.

- Ma sœur était tellement petite, elle ne se souvient de rien. Mais moi, je voyais tout. Je voyais ma mère accepter de se plier aux exigences de mon père. Je l'entendais pleurer tous les soirs et faire semblant d'être une femme comblée le lendemain. Je la voyais dissimuler les fissures de son cœur blessé aux autres et se faire humilier par mon géniteur le soir, dans notre salon.

Nora ne prononce pas un seul mot. Elle semble choquée de mes paroles, comme si jamais elle n'aurait pu penser que ma famille puisse avoir une telle histoire. Elle se mure dans un silence et m'écoute parler, les yeux rivés sur moi.

- Je ne disais rien. Mon père m'expliquait tout le temps que maman avait fait une bêtise, mais que papa était là pour nous et pour arranger le problème. C'était un manipulateur. Il était vicieux. Mais c'était mon père, alors ... je hochais la tête et je fermais ma gueule.

Mon père était un pervers narcissique. Avec ma mère, mais aussi avec moi.

Je ne parlais pas, parce que je craignais mon père. Pas parce que je le croyais. J'entendais ma mère pleurer tous les soirs et je savais que mon père en était la cause.

- Un jour, je suis rentré plus tôt de l'école. Et je l'ai vu dans le salon, en train de se taper une femme, qui n'étais pas ma mère.

Cette scène fut traumatisante pour moi. Je n'étais qu'un enfant qui ne connaissais rien de la vie. Et j'avais littéralement assisté à une scène à laquelle je ne devais pas assister. Et je n'avais qu'à peine neuf ans.

- Quand mon père a vu que j'étais là, il m'a dit que si j'osais dire quoi que ce soit à ma mère, il quitterait la maison. Et qu'on ne le reverrait jamais. Il me disait que c'était une erreur, produite parce qu'il manquait de l'attention de ma mère. Il me disait qu'il était allé chercher du réconfort ailleurs à cause de ma mère. Et moi, je n'ai rien dis.

J'ai longtemps fermé ma bouche à ce sujet. J'ai vécu des mois entiers dans le mensonge. J'ai menti à ma mère, à la femme de ma vie, à celle qui m'avait élevé avec tout l'amour dont elle pouvait faire preuve.

J'ai soutenu le mensonge de mon père et j'ai participé à son mensonge. J'ai osé regarder ma mère dans les yeux alors que je connaissais la vérité sur l'infidélité de mon père.

Peut-être que cela paraît être ridicule. Mais j'avais neuf ans. Neuf ans. Et je devais déjà vivre en mentant sans pitié à ma mère.

Juste pour que mon père reste à la maison.

Cela m'avait fait grandir plus vite. J'avais compris énormément de choses au-delà de mon jeune âge. J'avais dû longuement réfléchir en pensant aux conséquences de mes aveux pour notre famille, pour mes parents et pour ma petite sœur qui méritait de grandir avec une figure paternelle à ses côtés.

- Mon père continuait de régulièrement tromper ma mère et moi, je continuais de soutenir son mensonge. Ma mère se tuait au travail et pendant ce temps, mon père se tapait ses collègues. Le soir, il répétait à ma mère qu'elle n'était pas foutue de faire le travail correctement.

- Je me souviens que ta mère était une femme très haut placée. Elle faisait la une des journaux, je n'arrive pas à croire qu'elle travaillait mal.

Un sourire étire mes lèvres à l'entente de ses mots. Parce que c'est vrai. Ma mère était une héroïne, au foyer et sur son lieu de travail.

- Elle était extraordinaire. Et mon père était un connard. Il souriait aux journalistes en nous présentant comme une famille unie, il donnait une bonne image de lui, de nous, et une fois à la maison, il observait ma mère comme si elle était la pire personne sur Terre.

- Je ne me souviens pas d'avoir connu ton père, me coupe Nora, les sourcils froncés et les larmes aux yeux.

- Il ne s'est jamais présenté en tant que tel s'il n'avait pas d'intérêt à le faire. Tu devais sans doute l'apercevoir comme un inconnu parmi les autres. Et, quand vous veniez à la maison, il n'était jamais là.

Nora hoche la tête alors que mes yeux se reposent sur les étoiles dans le ciel, puis sur la lune qui nous éclaire et écoute mes confidences.

- Un jour, ma mère a surpris l'une de ses infidélités. Et c'est ce jour-là qu'elle s'est réveillé. Mon père a essayé de lui remettre sur le dos ses erreurs mais, quand elle m'a vu, ma sœur dans les bras, en pleurs devant elle, elle a compris. Elle a compris que je savais. Et elle a engagé la procédure de divorce une semaine plus tard.

Ce jour-là restera éternellement gravé dans ma mémoire. J'observais ma mère, les larmes roulant sur mes joues d'enfant, en lui demandant silencieusement pardon pour avoir contribué à briser son cœur pur et tendre.

Parce que j'avais longtemps été le complice de mon père dans ses mensonges. Il me manipulait sans pitié.

Mais elle ne m'en voulait pas. Jamais. Elle en a seulement voulu à mon père pour voir osé m'infliger de telles choses. Elle s'en voulait surtout à elle de n'avoir rien aperçu plus tôt.

- Mon père a accepté de quitter la maison seulement si ma mère promettait de laisser une bonne image de lui aux médias. Alors, ils se sont mis d'accord sur une version qui consistait à dire que mon père avait été muté loin de nous et qu'une relation à distance nuirait à notre éducation. Alors, tout le monde pense qu'on est en bon termes avec lui et que notre père nous manque tous les jours.

- Est-ce que c'est le cas ? me demande doucement Nora. Il te manque ?

Je garde le silence un instant et, sans que je ne puisse l'empêcher, une unique larme s'échappe de mes yeux pour rouler sur mon visage.

- Il me manquait. Pendant longtemps, j'ai espéré qu'il m'aime, qu'il revienne, qu'il me fasse un signe. Mais, j'ai compris qu'il ne m'appellerai jamais, qu'il ne penserait plus à nous, et j'ai simplement arrêté d'espérer pouvoir lui manquer.

Je fixe un point dans le vide en me remémorant ces souvenirs et ces sentiments intenses qui m'avaient traversé la poitrine, quand je sens deux petites mains douces encadrer mon visage et me forcer à plonger dans des yeux bleus et envoûtants.

Nora laisse ses pouces caresser mes joues et essuyer mes larmes, tout en me souriant de la manière le plus douce du monde.

- Tu es fort, Kilian Harris. Tu as été fort pour ta mère, pour ta sœur, et pour toi. Et, ce n'est pas grave. Manquer d'un père ne sera jamais un crime.

- Aujourd'hui, il ne me manque plus. Grâce à la seule force de ma mère, je n'ai jamais manqué de rien dans ma vie ... à part d'un père. Et je me suis forgé seul.

Nora hoche la tête en me souriant, une tendresse infinie dans le regard.

Et j'ai envie qu'elle me regarde de cette manière durant le reste de notre vie.

- J'ai eu peur, Nora, lui avouais-je finalement. J'ai eu peur de devenir comme mon père, d'être horrible comme il l'a été et de briser une femme comme il a brisé ma mère. Je m'étais promis de ne m'attacher à personne et de n'inciter personne à s'attacher à moi. Parce que je refusais de détruire une autre personne.

J'ai déjà fais couler les larmes de nombreuses filles, mais je sais qu'elles m'avaient déjà oublié le lendemain. Une histoire d'un soir, sans promesse, c'était le deal avec chacune d'entre elles.

Enfin, presque chacune d'entre elles.

- Je refusais aussi de me lier à quelqu'un, parce que je refusais de laisser la possibilité à une femme de me détruire, comme ma mère avait pu être anéantie. Tu sais, je crois sincèrement que notre vision de l'amour dépend de la vision que notre famille nous en a renvoyé quand nous étions enfant. La vision que j'en avais était terrifiante. Et je ne voulais pas en faire les frais. Jamais.

Nora ne m'interrompt jamais, captivée par mes paroles. Elle semble comprendre milles et une chose à travers mes mots et, elle semble enregistrer chaque chose que je lui dis comme si elle ne voulait oublier aucun détail de mon histoire.

- Mais, tu es arrivé et ... j'ai lancé ce pari parce que tu étais la seule personne que je n'avais pas à mes pieds. Au-delà de ma fierté de te voir tomber pour moi, j'avais l'espoir d'enfin, peut-être, changer cette vision triste que j'avais de ce qu'on appelle l'amour et de ressentir ce qu'on ressent quand on se lie émotionnellement à quelqu'un.

Et finalement, elle a réussi sa mission sans même en être consciente. Nora Swan a littéralement changé ma vision de l'amour et ma vision du monde.

- Mais je t'ai brisé le cœur. Comme mon père a brisé celui de ma mère. Et je me suis dis que, peut-être, les belles fins ne pouvaient pas exister dans ce monde dans lequel j'ai grandi. Peut-être que je ne méritais pas cette fin.

- Tu n'es pas comme ton père, m'interrompt Nora.

- Je n'ai pas hésité à te faire du mal, alors qu'il était évident que cette erreur allait te déchirer le cœur en deux.

- Les mauvaises décisions ne feront jamais de toi une mauvaise personne, Kilian, souffle Nora en me fixant dans les yeux. Tu as fais une erreur, mais tu es revenu et tu as essayé de devenir un homme meilleur. Tu es un homme meilleur.

Je hoche machinalement la tête sans jamais rompre notre contact visuel, alors qu'elle semble me transmettre toute la sincérité dont elle peut faire preuve.

Et dire que je haïssais cette fille il y'a des années ... elle est exceptionnelle, comment ne m'en suis-je pas rendu compte plus tôt ?

- Cet homme est ton géniteur mais, tu n'as rien à voir avec lui. Tu as le pouvoir d'être différent de lui. Et tu l'as été à l'instant même ou tu as regretté ton erreur.

Je sens mes yeux s'humidifier une nouvelle fois et je ne me suis jamais senti aussi faible qu'en ce moment-même.

Je hoche la tête et, sans attendre une seconde de plus, j'enroule mes bras autour de la taille de Nora et la serre fort contre moi, si fort, comme si j'avais peur qu'elle s'en aille. J'enfouis ma tête dans son cou et profite de la chaleur de son corps contre le mien.

- Merci, merci pour tout, soufflais-je contre la peau de son cou.

Elle me rend immédiatement mon étreinte, en caressant mes cheveux de l'une de ses mains, sans ajouter un mot.

Nous n'avons pas besoin de ça. Les mots n'ont que rarement servi entre Nora et moi. Un contact, un regard, un sourire suffisent pour que nous puissions nous comprendre.

Et c'est justement ce qui rend notre relation unique et magnifique.

Je la sens légèrement trembler quand je m'éloigne d'elle et je comprend qu'elle commence à avoir froid dans sa tenue légère. Alors, je rentre à l'intérieur et l'aide à faire de même, avant de refermer la fenêtre de ma chambre.

Nous ne parlons plus. Seul un long silence plane entre nous. Il se fait tard, je crois que je suis resté des heures sur cette fenêtre et je suis crevé.

Alors, je me change rapidement, optant pour un simple jogging alors que Nora semble enfiler sa veste pour partir.

- Tu peux rester, lui dis-je en posant enfin mon regard sur elle. Si tu en as envie. J'ai ... enfin, j'ai toujours des pulls en stock pour dormir.

Nora m'offre un sourire timide et, quand nos prunelles s'accrochent, on sait tous les deux ce que cela signifie.

Je ne lui en veux pas. Je ne lui en ai jamais voulu pour ses paroles blessantes mais si réelles. Et je ne serai pas resté plus de deux jours loin d'elle.

Plus jamais.

Je passe quelques minutes dans la salle de bain et je me glisse sous ma couette en attendant que Nora revienne, ce qu'elle fait quelques instants après, vêtue d'un grand pull qui ne la rend que plus belle.

Elle se glisse à mes côtés dans le lit et, quand j'éteins la lumière, nous nous fixons à travers l'obscurité. Je sens les mains de Nora se loger dans mes cheveux alors que nos visages sont si proches que nos lèvres pourraient se toucher.

J'en ai envie. Terriblement. Et je sais qu'elle aussi le voudrait.

Mais, quand elle s'apprête à combler l'espace entre nous, je recule légèrement et lui lance un regard tristement sincère.

- J'en ai envie, soufflais-je doucement, mais je refuse qu'on fasse quoi que ce soit tant que tu ne me feras pas totalement confiance.

Elle se fige un instant contre moi et, je sais qu'elle s'apprête à riposter, mais elle s'arrête juste avant d'ouvrir la bouche, comme si elle acceptait ma demande.

Je veux Nora. Je la veux toute entière, pour toujours. Mais je veux par dessus tout obtenir sa confiance et, je sais qu'elle a toujours cette crainte en elle et cette voix qui lui murmure de se méfier.

Alors j'attendrai. Je ne la toucherai plus et, j'attendais le temps qu'il faudra. Quand elle sera prête à m'accorder sa confiance, je serai là.

Finalement, nous ne dormons presque pas de la nuit. Nous passons des heures blottis l'un contre l'autre, à parler de nos familles, à se remémorer et à rire de nos souvenirs tristes et déchirants. Puis, nous rattrapons tout le temps perdu en évoquant nos amis, nos moments, à tous. Et nos moments à nous deux.

Ce n'est qu'à l'apparition du premier rayon de soleil que nous fermons enfin les yeux, plus apaisés que jamais dans les bras de l'autre.

Et je me sens tellement bien dans ses bras que j'espère, encore et encore, ne jamais avoir à la laisser partir.

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