Marinette descend du Rer, puis sort de la gare. Elle se retrouve dans un quartier résidentiel et assez chic de la banlieue ouest, qui ne lui est pas inconnu puisqu'elle a déjà rendu visite à Kagami. Elle passe devant de nombreuses grandes résidences entourées de cours et de jardins et protégées par un portail et de hauts murs marquant la limite entre les espaces privés et la rue publique. Elle prend la rue Victor Hugo (toute ville digne de ce nom a une rue Victor Hugo), puis repère la maison de Kagami à la voiture rouge garée devant qu'elle a vue tant de fois. Son doigt presse la sonnette une première fois ; elle attend les trente secondes syndicales, puis appuie à nouveau. Marinette ne se démonte pas face à l'absence de réponse, elle y était préparée.
« Tikki, transforme moi ! »
Elle bondit par dessus le mur et atterrit dans un beau jardin d'hiver très minéral, monte le perron et passe la porte d'entrée. Malgré l'apparence extérieure très française de la maison, l'intérieur est aménagé à la japonaise. Dans le petit vestibule, elle s'essuie les pieds et monte sur le tatami — elle sait que c'est très impoli, mais son costume n'a pas de chaussures à ôter. Elle marche à pas de velours ; c'est Kagami qu'elle veut voir, pas sa mère. Elle monte les escaliers, puis frappe à la porte de la chambre de Kagami, et entre. Elle est de dos, à la fenêtre.
« Kagami... »
« Marinette... » répond-elle sans se retourner. Son flegme désarçonne Ladybug, et lui fait penser qu'elle vit mieux la mort de Félix qu'Adrien. Il n'en est rien. « Va-t-en, je ne veux pas te voir. »
« Kagami, je suis désolée. Tikki m'a avertie qu'il y avait quelque chose dans les anneaux, je ne pouvais pas savoir quoi. »
« Ils appartenaient à Adrien et Félix, c'était juste irresponsable de les cataclysmer. » Elle se retourne, son visage tendu par l'amertume et ses yeux pétillant de colère.
Elle ajoute « Et... j'imagine qu'il n'y a que ça qui t'intéresse, mais je ne sais pas où est le miraculous du paon. Je ne sais même pas où Félix a... disparu, je n'ai plus que ça. » en désignant un petit autel dans un coin de la pièce. Il a été agencé à la hâte, mais il y a dessus une photo de Félix avec un petit sourire malin aux lèvres, un chrysanthème et un bâton d'encens entièrement consummé.
Tomoe fut attirée par le son d'une intruse. Elle ne se souvient pas d'avoir autorisé sa fille à recevoir quelqu'un. Elle prend son bokken, l'objet fétiche de sa lignée marqué sur sa chevalière (même si un bokken est en bois alors que le sabre traditionnel est évidemment en acier), et monte les escaliers à son tour. Elle pousse la porte de la chambre de sa fille — sans frapper, elle est chez elle. Elle sent l'aura de sa fille et celle d'une porteuse de miraculous. Maintenant elle reconnaît cette voix de fouineuse !
« Ladybug ! Une fois de plus, vous voilà au travers de mon chemin ! Vous avez mis fin à tous nos rêves d'un monde meilleur ! Vous avez écarté ma fille du droit chemin en lui donnant le pouvoir du dragon ! Vous ne l'emporterez pas au paradis ! » s'écrit-elle.
Kagami tique en touchant machinalement son petit collier. « Mère ! Comment savez-vous que Ladybug m'a confié le miraculous du dragon ? Seuls Félix et Ladybug le savaient ! »
Le sang de Ladybug ne fait qu'un tour. « Miracle Queen4 ! Monarque le savait également ! Pourquoi vous l'as-t-il dit ? »
« Ma fille, tu conspires toujours avec cette punaise. Tu continue de nous déshonorer ! Vas-tu rentrer dans le rang ? » de sa manche elle sort... le miraculous du paon !
« Mère ! Je vous en supplie, ne faites pas ça ! » s'écrit Kagami.
Ladybug lance son yo-yo pour lui arracher le miraculous, mais son adversaire est plus rapide et emmèle habilement le projectile autour de son sabre. Elle tire dessus d'un coup sec, emportant le yo-yo qui est arraché des mains de Ladybug. Alors désarmée, elle est impuissante au moment où... un akuma se pose sur son sabre en bois.
Dans la tête de Tomoe résonne « Hikari Kure, je suis le Sphinx... » mais elle lutte et essaie de rejeter l'akuma en marmonant « Je ne serai pas un pion dans votre plan, quel qu'il soit ! »
Kagami supplie « Résistez ! ». Mais on ne résiste pas (ou si rarement) au pouvoir d'un akuma. Il se nourrit du dépit et de la colère et empêche toute pensée rationnelle. Tomoe cesse de se débattre et demande « Quel est ton prix, Sphinx ? »
« Le miraculous de Ladybug, et celui du paon. » répond la voix, mais Tomoe objecte « Le miraculous du paon est à moi. Mais je peux t'offrir celui du dragon en contrepartie. »
Lasse d'être passive et profitant du marchandage de ses adversaires, Kagami hurle « Longg, transforme moi ! Et permets moi d'être aussi rapide que la foudre ! », elle se transforme et fond sur sa mère, lui arrachant le miraculous du paon !
Tomoe crie « Donne moi mes pouvoirs et laisse moi récupérer le paon, et je te donne les deux autres ! »
« Vendu ! » répond le Sphinx dont seule la défaite de Ladybug importe, « tu es ici chez toi, je te donne le pouvoir de lutter contre tous les intrus. » Et Tomoe disparaît dans l'habituel nuage violet.
Les volets claquent violemment, enfermant nos héroïnes dans le noir complet, et le silence tombe. Ladybug récupère son yo-yo et l'ouvre, prend le macaron orange5 et parvient à le passer à Ryuko.
Pendant que Kagami se détransforme et nourrit son kwami à tâtons, Ladybug ferme les yeux pour consulter le pentacle. Le Sphinx et Ryuko sont en train de puiser dedans, et il y a aussi Viperion et Pégase qui doivent être à la recherche de l'akuma. Mais pour la première fois, l'attaque a lieu en banlieue, ils n'auront probablement pas l'idée d'aller patrouiller aussi loin. Elle est seule avec Ryuko, prisonnières de ce piège. Elle appelle Chat noir avec son yo-yo, mais pas de réponse.
« Longg, amélioration ! Longgrégeois, transforme moi ! » et Pyryuko apparaît avec sa nouvelle tenue de feu. La queue mêlée le long de son corps dégage maintenant une puissante lumière presque éblouissante, et elle dispose de deux longues moustaches de part et d'autres de son nez, à la façon des fabuleux dragons asiatiques.
« Fantastique ! » s'écrit Pyryuko en découvrant son nouvel aspect. Par la simple pensée, elle rend la lumière qu'elle dégage moins intense, afin d'éclairer sans éblouir. Elle peut faire apparaître des orbes de lumière, et tente d'invoquer une flamme ; d'un claquement de doigt elle fait apparaître une étincelle ; puis elle parvient à maintenir une flamme de briquet au bout d'un de ses doigts, elle tente de créer une flamme plus grande, puis passe sa main au travers, découvrant que son corps est maintenant ignifugé. Elle arrête ses expérimentations (ce serait dommage de provoquer un incendie, surtout dans ce moment de détresse) et accroche la broche du paon à sa poitrine, juste au dessus des symboles des trois éléments déjà présents sur son costume. Elle lance « Longgrégeois, Duusu, amalgame ! » et tombe sur ses épaules le long manteau bleu du paon, qui se finit en une queue de longues plumes aux mille yeux. La nouvelle porteuse des miraculous du paon et du dragon qui a mangé le macaron orange déclare « Je suis maintenant Pyryukujaku ! » en brandissant son éventail.
Ladybug s'inquiète pour son amie qu'elle n'a jamais vue porter deux miraculous à la fois. Mais elle s'empresse de la suivre quand elle sort de la pièce en disant « Je sais où se trouve le bokken de mère. »
Nos deux héroïnes marchent prudemment dans le couloir, sans savoir d'où peut venir le danger. Mais la maison se manifeste enfin quand Pyryukujaku pose le premier pied sur le long tapis du couloir, qui se love immédiatement autour de sa jambe, puis se replie et l'attaque au visage. Ladybug lance alors son « Lucky charm ! » qui lui donne, sortant de la vrille de son yo-yo... un diamant de la taille du poing, tout blanc et brillant tel qu'on en voit dans les dessins animés (bien que celui-ci a des reflets rouges avec des points noirs), avec un côté plat et un côté pointu.
Alors qu'elle se demande comment un tel objet pourrait l'aider pour quoi que ce soit, le tapis serré autour de sa camarade explose dans un tonnerre de feu. Pyryukujaku n'a maintenant pas peur d'utiliser le plein potentiel de ses nouveaux pouvoirs. Marchant parmi les morceaux carbonisés du tapis qui gisent au sol, elle dit à Ladybug « Ma mère a pris possession de la maison. Il faut retrouver le bokken où se trouve l'akuma, il doit sûrement être dans le dojo. »
Elles descendent précipitamment au rez-de-chaussée, mais dès qu'elles y ont posé leurs pieds, le sol se dérobe sous leurs pieds, les fines lattes en bambou du tatami se délite et tout l'étage se transforme en un gigantesque plat de spaghetti. Ladybug a du mal à flotter, mais elle sent aussi que Hikari Kure commence à maîtriser ses pouvoirs et à organiser les lattes ; elle se sent de plus en plus étreinte, et elle doit se débattre pour conserver son yo-yo et le diamant qui l'encombre plus qu'autre chose.
« Rends moi aussi insaisissable que le vent ! » et Pyryukujaku se transforme en dragon de vent, esquivant l'étreinte des lattes et emportant Ladybug dans son sillage à travers la maison, jusqu'au dojo où elle renverse le ratelier contenant les bokken. Mais ici aussi les lattes ont pris vie. Ladybug se réfugie sur une table qui flotte sur la mer de bambou et attrappe les bokken un par un avec son yo-yo puis les brise. Mais aucun akuma n'en sort !
Pyryukujaku se pose à côté d'elle et reprend sa forme matérielle. « Mais où est-il ? On a vu que l'akuma est dans un sabre. »
Ladybug regarde autour d'elle, et comprend immédiatement quand elle voit ce qui trône contre un mur de la pièce, à côté d'une armure traditionnelle et devant une banderole marquée de la devise familiale : le vieux sabre d'apparat des Tsurugi.
« Quand ta mère a fusionné avec la maison, son corps et sa tenue incluant son bokken se sont volatilisés. Alors l'akuma s'est retrouvé dans le sabre le plus précieux de la maison ! » elle lance son yo-yo et attrape l'arme et la dégaine. Il s'agit d'un sabre traditionnel dont le manche est très orné mais dont la lame est abîmée par le temps, comme si elle avait rouillé. « Mais comment la briser pour libérer l'akuma ? Chat noir pourrait peut-être la cataclysmer, mais moi je ne peux rien faire ! »
« Utilise ton lucky charm ! Le diamant est au sommet de l'échelle de Mohs, rien ne l'arrête. » lui glisse Kagami. Ladybug prend le diamant par sa partie plate, brandit la partie pointue, et attaque l'arme là où elle semble abîmée par le temps.
« Dépêche toi ! », lui dit sa camarade constatant que la table coule progressivement. Des lattes montent dessus comme des anguilles, s'agitant au près des héroïnes mais qu'elles arrivent à repousser. Ladybug essaie de frapper avec le diamant, puis se rend compte qu'en frottant la pointe sur l'arme, elle la raye. Elle se met donc à frotter frénétiquement, amplifiant et élargissant la rayure qui se transforme en crevasse. Puis quand la lame a été suffisamment fragilisée, elle réussit à enfin la briser en un coup de genou. Et l'akuma s'échappe.
« Tu as assez fait de mal comme ça, petit akuma. Je te libère du mal ! »
Elle le capture puis libère le petit papillon blanc. « Bye bye petit papillon ! Miraculous Ladybug ! » en jetant le diamant en l'air.
La maison retrouve son ordre habituel, Tomoe réapparaît toute déboussolée, et Ladybug tend le poing vers sa camarade. Mais Kagami est toujours fâchée.
« Longg, séparation. » Longg apparaît et Kagami perd ses attributs du dragon, il ne lui reste plus que le long manteau du paon, et un masque bleu. Elle hésite un instant, regarde sa chevalière puis se ravise. Elle réfléchit un instant, puis dénoue sa cravate rouge et blanche et prend une grande inspiration et une plume de son éventail. Elle la serre et dans un effort suprême de volonté, elle fait apparaître le nuage bleu qui précède un Sentimonstre. Il s'allonge, se tord, puis deux protubérances se forment de part et d'autres, qui prennent les proportions de bras. Puis les jambes. Et enfin, la tête. Et émerge du nuage... Félix. Sensiblement celui qu'ils ont toujours connu, avec ses cheveux bien coiffés avec une raie, et toujours habillé aussi formellement. Il ouvre les yeux et sourit à Kagami.
Kagami lui sourit en retour. Elle met l'amok dans sa cravate et dit « Détransformation » retrouvant son apparence normale. Elle s'approche du nouveau Félix, pose délicatement sur sa joue et murmure « Est-ce que c'est bien toi ? Tu es revenu? »
Il hausse les épaules. Kagami lève les talons et l'embrasse. Tomoe se renfrogne et quitte la pièce, et Ladybug se retient d'applaudir pour ne pas déranger les retrouvailles des amants. « Tu m'as manqué. Je croyais ne plus jamais te revoir. »
Félix répond « Tant que tu est là, je suis immortel. ». Kagami dénoue la cravate noir qu'il porte, et lui passe la cravate colorée autour du cou en lui disant « Ne t'en sépare pas, et tu seras libre. » puis lui accroche la broche du paon à sa chemise. Et elle se tourne vers Ladybug « Ryuko et Argos sont de retour, Ladybug. »
4 Voir l'épisode S03E26 – Miracle Queen
5 Les améliorations ont été introduites dans l'épisode S02E15, mais le macaron orange n'a jamais été utilisé dans le canon.