Play with fire ( Tome 2 )

By unxpetiteblonde

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Tout le monde pensait qu'ils avaient tourné la page. Ils s'étaient reconstruits chacun de leur côté, et vivai... More

before starting <3
NDA <3
prologue.
chapitre un.
chapitre deux.
chapitre trois.
chapitre quatre.
chapitre cinq.
chapitre six.
chapitre sept.
chapitre huit.
chapitre neuf.
chapitre dix.
chapitre onze.
chapitre douze.
chapitre treize.
chapitre quatorze.
chapitre quinze.
chapitre seize.
chapitre dix-sept ( prt 1 ).
chapitre dix-sept ( prt 2 ).
chapitre dix-huit.
chapitre dix-neuf.
chapitre vingt.
chapitre vingt et un.
chapitre vingt-deux.
chapitre vingt-trois.
chapitre vingt-quatre.
chapitre vingt-cinq.
chapitre vingt-six.
chapitre vingt-sept.
chapitre vingt-huit.
chapitre vingt-neuf.
chapitre trente.
chapitre trente et un.
chapitre trente-deux.
chapitre trente trois.
chapitre trente quatre.
chapitre trente cinq.
chapitre trente six.
Dear Nora ...
chapitre trente huit.
chapitre trente neuf.
chapitre quarante.
chapitre quarante et un.
chapitre quarante deux.
chapitre quarante trois.
chapitre quarante quatre.
chapitre quarante cinq.
chapitre quarante six.
chapitre quarante sept.
chapitre quarante huit.
chapitre quarante neuf.
chapitre cinquante.
chapitre cinquante et un.

chapitre trente sept.

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By unxpetiteblonde







❤️‍🩹🧻








Point de vue Nora Swan.






Je soupire longuement et frappe sur la porte face à moi, patientant longuement comme une idiote.

Mon regard froid ne me quitte pas alors que celle-ci cède afin de laisser place à la seule personne chez laquelle je ne pensais jamais me rendre.

Selena Miller.

- Nora ? Me demande t'elle, visiblement surprise de ma venue.

- Surprise ! Ironisai-je en feignant un sourire.

Elle fronce les sourcils et me détaille rapidement alors que je commence sérieusement à perdre le peu de patience qu'il me reste.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Et comment as-tu eu mon adresse ?

- Je te traque depuis le début. Haussai-je les épaules, alors qu'un sourire fend ses lèvres.

À vrai dire, il n'y a pas énormément de Selena Miller à Brooklyn, il m'a alors suffi de demander à un marchand au coin de la rue pour qu'il m'indique sa maison.

- Tu t'es perdue ? M'interroge une nouvelle fois Selena. Manhattan, c'est pas par ici.

Je roule des yeux et pose sur elle un regard las, alors qu'elle semble s'empêcher de perdre son sérieux. Alors que moi, je suis réellement à deux doigts de péter les plombs.

Finalement, elle s'écarte du chemin et me fait signe de rentrer, ce que je fais rapidement en jetant un coup d'œil à la petite pièce principale de sa maison.

C'est petit, mais vraiment très joli. Quelques photos de familles servent de décorations, alors qu'ils affichent tous de grands sourires et une joie de vivre inestimable sur chacune d'elle.

- Joli trench. Me dit-elle quand je repose mes yeux sur elle.

- Jolie coiffure. Ajoutai-je en pointant ses cheveux d'un coup de menton.

Elle avait laissé tomber ses cheveux blonds qui adoucissaient véritablement son visage pour une coupe totalement brune et courte. Cela donnait une toute autre vision de sa personne.

Cette couleur lui allait vraiment bien.

- J'ai eu envie de changement. Souffle t'elle en touchant une mèche de ses cheveux du bout des doigts. Alors, qu'est-ce que tu veux ?

Elle s'installe sur le canapé en face de nous et je m'assieds face à elle, avant de planter mes yeux dans les siens et de garder le silence un instant.

- T'as pas reçu mon message ?

- Si. M'avoue t'elle. Je voulais venir te voir pour comprendre un peu plus sa signification.

- Je vais te faire rentrer dans l'entreprise de ma mère. Lui assurai-je sans hésitation, d'une voix qui ne trahit même pas ma colère.

Elle hausse les sourcils alors que son visage mime une expression surprise, sans doute un peu choquée par mes propos.

- Pourquoi est-ce que tu ferai ça ? T'as été assez claire la dernière fois.

Si tu savais tout ce qu'il s'est passé depuis.

- Je ne vais pas te faire un développement construit de mes raisons. Retiens juste que j'accepte de t'aider. Lâchai-je d'une voix à la fois posée, à la fois ferme.

Elle hoche lentement la tête et je perçois dans son regard qu'elle semble réfléchir à une vitesse affolante, comme si les informations se bousculaient dans son cerveau.

En même temps, il y'a de quoi. J'aurai éclaté de rire si, il y'a quelques mois, on m'avait dit qu'un jour, je me retrouverai sur le canapé de Selena Miller afin de passer un accord avec elle.

Mais disons que ma mère ne me laisse plus vraiment le choix.

- Qu'est-ce que tu veux en échange ? Finit-elle par me demander après un instant de silence pesant entre nous.

Nous y voilà.

- Que tu réussisse. Lui dis-je simplement.

Ses sourcils se froncent une nouvelle fois, si fort que durant un moment, j'ai peur qu'elle reste bloquée.

- Ma mère traite ses stagiaires comme des moins que rien, si bien que celles qui arrivent à rester chez elle sont rares. Lui expliquai-je alors. Elle va dénigrer ton travail, te faire sentir comme une merde, s'approprier le mérite de ses employés devant les journalistes. Bref, elle va juste être elle-même.

Elle sera elle-même, mais personne ne sait réellement qui est ma mère. Il est tellement plus simple de vêtir un masque de femme parfaite afin de satisfaire l'opinion publique que de montrer qui l'on est réellement.

- Tu passeras outre ses remarques. Sinon, je ne te donne pas deux semaines chez elle.

- Je suis plus solide que tu ne le pense. M'assure t'elle, alors qu'un sourire fend la barrière de mes lèvres.

T'as plutôt intérêt, Selena.

- Tu feras en sorte de te hisser si haut que tout le monde saura qui tu es. Tu feras en sorte de faire connaître ton travail, parce que tu as du talent, et tout le monde doit être au courant.

- Où veux-tu en venir, Nora ?

Ce n'est pas vrai. Il faut vraiment lui faire un dessin ?

- Ma mère veut que je lui succède. Et moi, je veux que toi, tu prenne ma place. C'était ton idée, pas vrai ? Lui demandai-je, alors que son sourire s'élargit davantage.

Selena est littéralement la seule personne sur laquelle je compte pour convaincre ma mère qu'une autre que moi est capable de prendre ma place.

Malgré la haine que j'ai toujours éprouvé à son égard, il est évident d'avouer qu'elle est talentueuse et surtout vraie. Le fait de ne pas faire parti du monde hypocrite dans lequel je vis lui permettra sans doute de se hisser plus haut que jamais, avec une vision du monde différente.

- Alors, on a un accord ? Lui demandai-je une nouvelle fois.

- On a un accord. Me répond la petite brune, une reconnaissance absolue dans son regard.

Elle me tend sa main afin que je la serre, ce que je fais rapidement en lui souriant.

- Mais, ajoutai-je en me relevant enfin. Tu ne dois jamais devenir comme tous ces gens. Ils pensent que leur argent fait d'eux des personnes importantes, ne réfléchis jamais comme eux.

- J'ai été élevé avec des valeurs différentes des vôtres. Je sais ce que c'est de vivre sans rien.

Sa phrase me fait doucement sourire alors que je ne crois que davantage à sa naïveté.

- Le fait d'avoir grandi dans une famille aimante ne t'a pas fait vivre sans rien. Tu sais, j'aurai tout donné pour avoir de vrais parents en échange de tout l'argent que je possède.

Selena soupire légèrement en affrontant mon regard, d'un sérieux presque déconcertant.

- Pourtant, lâche t'elle directement. T'as tout pour être heureuse. Ne serait-ce qu'une grande maison et les moyens de posséder tout ce que tu souhaites.

J'incline légèrement la tête sur le côté, alors qu'un fin sourire incurve le coin de mes lèvres.

- Tu sais, avec de l'argent, on peut avoir une grande maison. Mais sans amour, ce ne sera jamais un foyer. Lui dis-je d'une étrange bienveillance qui m'étonne moi-même. Il y'a certaines choses qu'on achète pas avec des richesses matérielles.

Selena hoche doucement la tête en semblant analyser mes paroles, et semblant en total accord avec celles-ci.

Une maison n'est pas un foyer. Je le pensais. Mais je me suis rendu compte que je me sentais davantage chez moi dans ma petite chambre universitaire que dans ma grande maison de princesse.

Parce que dans cet endroit, l'amour de mes amis me fait me sentir comme chez moi. Alors que dans ma maison, le mépris et l'arrogance qui y règne me fait me sentir comme une étrangère.

- Tu devras être fourbe si tu veux espérer te hisser haut. Mais quoi qu'il en soit, ne t'égare jamais et conserve toujours tes valeurs et tes principes.

Selena hoche la tête et me sourit comme si elle me faisait une promesse silencieuse. Alors, je me dirige vers la porte d'entrée et la salue d'un simple signe de la main avant de définitivement sortir de chez elle, la tête haute et le regard fier.

Je reprends la route afin de regagner le campus, des questions pleins la tête et un petit point dans le cœur malgré l'indifférence que j'essaie de ressentir face à la situation.

La discussion entre Kilian et Chiara que j'ai surpris hier m'a étrangement perturbée et je dois avouer que je n'en ai presque pas dormi de la nuit.

J'arrive rapidement sur le campus et me dirige aussitôt vers la machine à café afin de boire un chocolat chaud pour espérer vaincre le froid qui a prit possession de mon corps.

Soudain, je sens quelqu'un me sauter sur le dos et je reconnais le rire d'Iris, alors qu'un sourire radieux naît sur mes lèvres. Je m'empare de mon café et me retourne vers elle quand elle m'a enfin lâché, pour la voir dans une tenue digne d'un dimanche, me laissant comprendre qu'elle a dormi ici avec Andrew.

- Alors, comment c'était Brooklyn ? Me demande t'elle en achetant à son tour un café noisette.

Je lui lance un regard blasé pendant qu'elle laisse s'échapper un rire.

- Je suis déjà allé à Brooklyn, ce n'est pas un monde parallèle au nôtre, hein. Levai-je les yeux au ciel en démentant son préjugé.

- Menteuse.

- Mais si ! Protestai-je en marchant jusqu'à me laisser tomber sur l'un des fauteuils vides du grand hall. Bon d'accord, j'y suis peut-être allé qu'une seule fois dans ma vie. Mais tout de même, c'est agréable.

Enfin, c'est agréable si l'on évite Vinegar Hill, le pire quartier de Brooklyn. Il paraît que le taux de criminalité y est extrêmement élevé. C'est pour cette raison que j'étais heureuse de constater que Selena résidait à Williamsburg, l'un des plus beaux quartiers de l'arrondissement de New-York.

Tout de même, je suis un peu jeune pour me faire tuer au coin d'une rue.

- Tu sais, soupire Iris en trempant ses lèvres dans son café. J'ai énormément de mal à me faire à l'idée que ta mère veuille à ce point te pourrir la vie. Et puis, à quoi tu pourrais lui servir dans son entreprise ? Tu ne sais même pas dessiner une robe.

Je laisse un rire franc m'échapper alors qu'elle me regarde d'un air à la fois sérieux, à la fois amusé par sa propre pensée.

- Tu sais, je rêve de terminer mes études, de décrocher haut la main mon diplôme et de lui montrer que j'ai eu la fierté de réussir sans user de mon nom, là où elle a brillamment échouer.

Malgré les mots difficiles de ma mère et ses actes toujours plus durs envers moi, j'avais toujours espéré un jour voir notre relation s'améliorer.

Malgré tout, elle reste ma mère ... et mon âme de petite fille qui ne me quittait avait besoin de sa maman.

J'avais besoin d'une maman. Et secrètement, je jalousais toutes les personnes qui avaient cette chance d'avoir une figure parentale autour d'eux.

Parce que mes parents ne représentaient en aucun cas une figure d'autorité pour moi. Ils étaient là, il faisaient acte de présence mais au-delà de ça, j'avais grandi sans jamais rien retenir d'eux, si ce n'est du négatif et des critiques.

Mon père suivait les moindres décisions de ma mère sans broncher, préférant mener une vie paisible quitte à la voir nous malmener. Et elle, elle nous concevait comme des objectifs, comme des projets à mener à bien.

J'étais un projet. Rien de plus, rien de moins.

Mais je refuse de me limiter à cela. Je suis bien plus qu'un simple objet, qu'un trophée. Je suis moi. Une fille capable de réussir par elle-même.

Et aujourd'hui, la haine que je ressentais à son égard supprimait tous les autres sentiments encore existants il y'a quelques jours.

L'espoir. L'estime. L'amour ...

Je la déteste tellement qu'il m'est difficile de garder la face et de garder la tête haute sans flancher et sans totalement vriller.

Finalement, tout ce que j'avais appris, tout ce que j'avais retenu dans ma vie ... je ne le devais pas à elle. Jamais. Je le devais à Emily, je le devais à Jason.

Je me le devais à moi-même et à ma force mentale qui ne m'avait jamais fait défaut.

Je suis une putain de star. Et je suis prétentieuse. Mais une star ne se fait jamais marcher sur les pieds, et ça, elle ne l'avait pas encore compris.

- Moi, je suis fière de toi. S'élève alors la voix de ma cousine. Et j'espère que tu l'es aussi, parce que c'est tout ce qui doit t'importer.

Je suis fière de toi.

Je souris inconsciemment face à ses mots, alors que ceux de Kilian me reviennent en mémoire, lors de nos derniers jours au ski.

Je suis fier de toi.

Ses mots m'avaient tellement touché que mon cœur s'était aussitôt réchauffé face à cette phrase. Il ne m'avait jamais dit de telles paroles, et je pense que j'avais besoin de les entendre.

- Je suis fière de tout ce que je fais, dis-je à ma cousine, en laissant ma confiance s'emparer de moi à nouveau. C'est loin d'être nouveau.

Elle pouffe en secouant désespérément la tête, puis nos regards se posent soudain sur Andrew qui marche dans notre direction en compagnie de Lewis, avant de se laisser tomber à nos côtés.

- T'as pas vu Chiara ? Me demande Lewis en s'affalant sur l'un des canapés.

- Pourquoi ? Elle te manque déjà ?

La vérité c'est que je n'avais pas vraiment eu de discussion avec ma meilleure amie depuis le moment où je l'ai surprise avec Kilian. J'étais un peu chamboulée et j'ai passé ma soirée devant ma série, seule.

- Arrêtes de croire que je ne peux pas vivre sans elle. On ne s'appelle pas tous Andrew. Lance t'il, sous le regard froid de ce dernier. Elle m'a volé mon pull préféré et s'est tiré comme ... bah comme une voleuse.

Je souris en m'empêchant de rire, la situation ne m'étonnant vraiment pas du tout.

- Tu l'as choisi pour le meilleur et pour le pire, non ? Lui demande alors Iris, en jouant avec les cheveux de son copain.

- Ouais bah ... j'ai encore le droit de changer d'avis ?

J'éclate de rire alors qu'il semble totalement excédé, mais il ne peut s'empêcher de sourire à son tour ce qui trahit son air faussement dépité.

Je me relève rapidement du canapé et quitte mes amis afin de me rendre à la bibliothèque, chercher les livres dont j'ai besoin pour la reprise de mes cours dès demain.

Je traverse une partie du campus puisque la bibliothèque se trouve bien évidemment à l'autre bout de celui-ci, en affrontant une nouvelle fois le froid alors que ma seule envie est de mourir.

Sans rire, je vais finir par avoir la même mort que Jack dans Le Titanic.

Je marche en regardant mes chaussures quand soudain, une voix familière s'élève dans mon dos en hurlant mon nom, me forçant à m'arrêter et à me retourner vivement.

Mes yeux se posent sur Matt qui affiche un très large sourire en trottinant jusqu'à moi. Je ne peux m'empêcher d'être agacée, mais je mime tout de même un sourire amical sur mon visage quand il arrive à ma hauteur.

Il dépose un baiser sur ma joue et se plante en face de moi, son visage d'ange toujours avec lui, alors qu'il est toujours aussi bien habillé et toujours aussi jovial.

- Dis, je pensais qu'on pouvait aller boire un café en fin de journée, t'en penses quoi ? Me demande t'il subitement. Comme ça, tu pourras me raconter tes vacances.

Je le détaille légèrement, passant au scanner chaque trait de son visage.

Il est beau, c'est une évidence. Dommage que ce soit un connard.

J'allais lui répondre quand une voix dans mon dos me devance, me forçant ainsi à me taire et à simplement froncer les sourcils.

- Avant, il faudrait peut-être que tu lui avoues certaines choses, tu ne crois pas ?

La voix de ma meilleure amie me fait rouler des yeux alors que je me retourne pour laisser mon regard se poser sur elle, puis sur Kilian qui se trouve à ses côtés.

Je soupire profondément et repose mon regard sur Matt qui fronce les sourcils en laissant ses yeux passer de Chiara, à Kilian, à moi, et encore une fois sur chacun d'entre nous.

- Tu le fais, ou nous le faisons ? Lui demande t'elle encore une fois, de sa voix froide habituelle et de son regard assassin qu'elle adore.

Mon regard ne quitte pas une seule seconde Matt alors que j'interprète chacune de ses réactions, sans que personne ne se doute du fait que je dois déjà au courant.

Laissons durer le mensonge encore un peu.

- Je ne vois pas ce que je devrai avouer. Lance subitement Matt, d'une voix assurée.

- Alors c'est vrai, tu prends vraiment tout le monde pour des cons.

- Tu sais Chiara, lâche subitement Matt en inclinant la tête sur le côté. Tu devrai penser à consulter, ou peut-être à faire des séances de yoga. Tu as l'air d'avoir un peu trop de colère en toi.

Sans même regarder la brune à mes côtés, je devine instantanément les pensées qui traversent son esprit, l'envie folle qu'elle ressent de lui sauter dessus, et même le regard noir qu'elle doit à présent lui lancer.

- Kilian, retiens-moi parce que sinon je vais l'égorger. Couper ses mains, et ses ongles, et peut-être même -

Elle n'eut le temps de terminer sa phrase que les deux mains de Kilian se posent sur ses épaules, dans un geste plus moqueur que sérieux, si j'en crois le sourire qu'il essaie de dissimuler.

Mes yeux croisent ceux de Matt et je verrouille mon regard au sien. Je serai prête à jurer que le temps d'un instant, j'y perçois une certaine peur, une crainte rapidement remplacée par son visage neutre et son indifférence.

Je serre doucement les poings alors que mes ongles s'incrustent dans ma chair, puis j'essaie tant bien que mal de calmer ma respiration qui s'accélère à cause de la colère que je conserve en moi depuis plusieurs heures, qui me paraissent d'ailleurs durer une éternité.

- Vraiment Nora, je ne vois pas de quoi est-ce qu'ils parlent. Je n'ai rien à cacher, tu le sais très bien. M'assure Matt en captant mon regard, alors que je le défie silencieusement.

Je roule des yeux face à autant de mensonges de sa part, puis il semble comprendre que je suis au courant de quelque chose puisque son air un peu trop assuré à mon goût laisse rapidement place à de l'incertitude et de la crainte.

- Je te laisse trente secondes pour cracher le morceau. Sinon, tu vas connaître une facette de moi que tu n'aimerai vraiment pas. Lâchai-je sous le ton d'une menace, clairement pas d'humeur à m'amuser.

Je crois que j'ai été légèrement trop patiente pour que l'on me prenne encore pour une conne. Et je crois que le temps est venu d'enfin avoir le droit à un peu d'honnêteté.

Parce qu'il faut croire que les gens adorent me prendre pour une imbécile. Pourtant, je suis très loin de l'être.

Mais je crois que je suis devenue un peu trop gentille avec le temps, que j'ai appris à accorder ma confiance un peu trop facilement. Et sans doute n'aurai-je pas dû baisser autant ma garde.

Les sourcils de Matt se froncent et je perds clairement patience, alors j'effectue un pas dans sa direction en comprenant qu'il n'avouera jamais les faits, tout en continuant à le défier du regard.

- Est-ce que, oui où non, la garce qui me sert de mère et toi vous connaissez ? Lui demandai-je finalement, le coupant à nouveau lorsqu'il s'apprêtait à me répondre. Et je te préviens, je connais la réponse. Ne me mens-pas.

Soudain, j'aperçois du coin de l'œil Chiara et Kilian se lancer un regard perplexe, comme surpris que je ne sois pas, moi, étonnée de ce qu'ils s'apprêtaient à m'annoncer.

Il faut croire que j'avais rassemblé les pièces du puzzle bien avant eux. Seulement, entendre leur discussion m'a convaincu que je n'étais pas folle et que j'avais bel et bien raison d'être méfiante.

Finalement, Matt laisse échapper un long soupir et hoche légèrement la tête, comme mal à l'aise face à la situation.

Et même si je connaissais la réponse, je ne peux pas empêcher mon cœur de se fissurer dans ma poitrine.

J'étais au courant. Mais constater que Matt m'avoue les faits me procure une douleur un peu plus grande que ce que je n'aurai pu imaginer.

- Matt Hernandez, t'es le fils des associés à mes parents ?

- Nora, écoutes ... souffle Matt en faisant un pas dans ma direction.

Mais je fais aussitôt un pas en arrière afin d'instaurer une distance suffisante entre nous.

- Réponds à la question.

Il me regarde longuement avant de finalement baisser les yeux vers ses chaussures, pendant que je ne le quitte pas des yeux une seconde.

- Oui.

Oui.

Putain de merde.

Je sens mes yeux légèrement me piquer, mais je cligne plusieurs fois des yeux afin d'empêcher les larmes de couler le long de mon visage. Je ne pleurerai pas. Jamais. Pas devant lui.

- T'as intérêt à tout m'expliquer. Dans les moindres détails. J'apprendrai la vérité d'une manière ou d'une autre, autant qu'elle vienne de toi.

Mieux vaut pour lui qu'il fasse preuve d'un peu d'honnêteté envers moi, comme il n'a pas eu la franchise de le faire dès le début de notre relation.

Je défie Matt du regard quand il replonge ses yeux dans les miens, et je ne m'occupe même pas de Chiara et de Kilian qui gardent le silence, à quelques mètres de nous.

- Mon but n'a jamais été de te faire du mal, Nora ... souffle Matt d'une petite voix peu fière, alors que je roule insolemment des yeux. C'était l'idée de ta mère, je n'ai fais qu'y adhérer.

- C'est déjà trop. Le coupai-je sèchement.

Le but était clairement de me faire du mal. Si Matt ne pensait pas d'une mauvaise façon, ma mère elle, c'est tout le contraire. Et je ne la connais que trop bien pour savoir qu'elle se fiche de ce que je peux ressentir, de la douleur qui peut s'emparer de moi et de la peine dont je peux être la victime.

- Écoutes ... commence Matt, avant de prendre une grande inspiration. Un jour, nos parents se sont retrouvés dans un événement de charité, et ta mère a appris que j'allais étudier dans la même université que toi. Je ne savais pas du tout qui tu étais, mais elle m'a demandé de me rapprocher de toi, et de te convaincre par tous les moyens de changer de voie, parce qu'elle avait déjà tout prévu pour toi.

Merci mec, tu ne m'apprends rien.

Je croise les bras sur ma poitrine en attendant la suite de son récit vraiment fantastique, le regard froid et le visage totalement fermé.

- Elle a pensé que si j'arrivais à suffisamment me rapprocher de toi pour te faire tomber amoureuse de moi ... tu accepterai de reprendre l'entreprise à mes côtés ... comme nos parents sont associés, on pouvait aussi le devenir. Pour poursuivre leur parcours ... Un genre de contrat entre eux ...

Et là.

J'ai l'impression de tomber d'un immeuble de dix étages.

J'ai l'impression de brutalement m'écraser sur le sol, laissant mon petit cœur déjà fragile se briser une nouvelle fois dans ma poitrine.

Je n'étais réellement qu'un vulgaire objet aux yeux de ma mère, pour laquelle mes sentiments ne comptaient même pas.

Tomber amoureuse ... je devais tomber amoureuse de Matt. Tel était le plan.

- Alors ... soufflai-je en essayant de masquer les sentiments divers qui s'emparent de moi. Tu pensais être capable de me manipuler, moi, pour que j'abandonne mes projets, pour toi ? Et pour ma mère ?

- Elle ... elle pensait que si tu m'estimais suffisamment, tu aurai été capable de me suivre, à n'importe quel prix. Et elle était prête à tout pour que tu laisses tomber tes études de droit.

Je garde le silence, muette, comme incapable de prononcer la moindre parole. Plus Matt parle, plus j'ai l'impression qu'on m'arrache le cœur.

- C'était une bonne idée ... nos entreprises auraient continuer de fonctionner ensemble dans quelques années et ... pour ça, l'idée que toi et moi sortions ensemble aurait été géniale. Ils comptaient même faire en sorte de nous marier. Et, ça m'aurait permis d'avoir une bonne image aux yeux des gens ...

Je clos les paupières quelques instants, totalement déboussolée par ses mots et totalement tiraillée par les sentiments qui prennent subitement possession de moi.

Alors ... Matt n'était pas différent des autres.

Pendant longtemps, les gens s'intéressaient à moi parce qu'ils avaient connaissance de mon nom, de ma situation familiale et de l'image qu'ils pouvaient avoir en me fréquentant. Et quand j'ai rencontré Matt, quand j'ai compris qu'il ignorait totalement qui j'étais, qu'il ne réagissait pas à l'entente de mon nom de famille, j'ai pensé qu'il était différent.

J'ai pensé qu'il était sincère.

... j'étais totalement stupide de croire en lui.

- Alors ... demandai-je en sentant ma voix se briser malgré moi. Tes études de médecine, c'était du mensonge ?

- Non, répond-il si subitement que je ne peux que le croire. Mes parents privilégient les plans de secours. Je suis trop jeune pour reprendre leur entreprise, et personne ne sait si je le pourrai, alors ... j'étudie pour tout de même avoir une vie digne de ce nom dans quelques années. Mais ... je t'ai menti en t'avouant que mes études de médecines étaient mon plan A.

- Tu vois, entendis-je la voix de Chiara souffler envers Kilian. Même les médecins me font moins flipper que ce mec, c'est fort.

J'entends Kilian pouffer alors que je ne réagis même pas, mes yeux ancrés dans ceux de Matt alors que je me retiens de péter les plombs et de hurler au milieu du campus.

J'ignore pour quelle raison la douleur que je ressens est aussi intense. Mais le sentiment de trahison qui m'envahit est difficile à encaisser, et je ne sais même pas comment je fais pour me contenir aussi bien.

J'ai envie de pleurer de nerfs. J'ai envie de hurler au monde à quel point je déteste ma mère, à quel point je déteste Matt. À quel point je déteste ce monde de gens friqués, riches et pourris jusqu'à la moelle.

- Le but était de te donner l'envie de suivre un projet ensemble ... et quand ta mère m'a soumis l'idée, j'avoue que j'ai pensé que c'était possible.

Je secoue la tête alors que le simple fait de le regarder me procure une colère si grande qu'elle me paraît impossible à mesurer.

- Depuis le début ... tu jouais avec moi ?

Un jeu. Encore et toujours un putain de jeu.

- Pas au début ... quand tu as renversé ton verre sur moi le soir de notre rencontre, je ne savais pas que c'était toi. M'avoue Matt, un regard totalement dénué d'émotion. Ce n'est que quelques jours après que je l'ai su, en t'apercevant dans un café près d'ici.

- Comment ? Lui demandai-je sans lui laisser le moindre répit. Comment tu l'as su ?

Matt garde un instant le silence, comme s'il hésitait à me faire part de cette réponse.

Sauf que je ne le lâcherai pas avant de tout savoir.

- ... Lara. M'avoue soudain Matt, alors que je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux.

Lara.

- Comment ... comment tu connais Lara ?

Cette fille me pourrie vraiment la vie. Et je pense qu'elle en prend un malin plaisir. Comment peut-on autant aimer faire du mal à autrui sans jamais se sentir coupable ?

Je sais que durant nos années de lycées, Meghan et moi menions la même guerre l'une contre l'autre. Mais c'était davantage une bataille que nous aimions mener, comme deux adolescentes qui aimaient se faire des coups bas.

Lara elle, veut simplement me voir souffrir. Et toutes les fois, elle parvient à ses fins.

- Nous nous sommes rencontrés l'été dernier, parce qu'on avait des amis en commun. Ce n'est que le fruit du hasard et pourtant ... elle te connaissait bien. Elle m'a raconté ta relation avec ton ex, puis celle avec Kilian ...

- Est-ce que Will est aussi dans le coup ? Le coupai-je brutalement. Vous vous êtes tous fait passé le mot ?

Will aimait tellement me parler de ma relation avec ma mère et me faire sentir comme une moins que rien que je ne serai même pas étonné d'apprendre qu'il prenait un malin plaisir à me voir me faire mener en bateau.

- Non. Je crois que Will est juste un sale con qui aime te pourrir la vie.

- Culotté, venant de toi. Soufflai-je en lui lançant un regard sombre.

Il me lance un regard à la fois blasé, à la fois totalement peiné face à cette situation.

- Lara m'a assuré que je ne pourrai rien tenter avec toi tant que tu étais proche de Kilian ... parce que ce qui vous liait avait l'air d'empêcher quiconque d'entrer dans ta vie. Et ta mère avait l'air d'être en accord avec ces paroles.

Je clos les paupières quelques secondes, en encaissant ses paroles les unes après les autres.

Et soudain, une question me revient en mémoire. Une chose sur laquelle Kilian avait toujours douté, et un événement duquel j'accusais Lara d'être coupable. 

- Est-ce que tu m'as drogué, Matt ? Lui demandai-je finalement, ma voix se cassant brutalement à la fin de ma question.

La culpabilité qui traverse soudain son visage me donne la réponse à mon interrogation, alors que j'ai l'impression qu'il m'enfonce brutalement un couteau dans le cœur, le tournant et le retournant à chaque aveu supplémentaire qu'il me fait.

- Lara a eu cette idée ... souffle t'il bien que difficilement. Elle m'a dit de le faire et de lui faire confiance. On a pensé que si je faisais en sorte de te trouver dans cet état, c'était un moyen de te rapprocher de moi, de me faire confiance ... elle m'a assuré que j'aurai eu une chance de ... concrétiser la chose.

Je fronce les sourcils en adoptant une expression à la fois moqueuse, à la fois totalement perturbée.

Je suis dans un film ?

Et alors quoi ? Ce connard a peut-être le syndrome du besoin de reconnaissance ? Non mais j'hallucine ?

C'est une totale manipulation. Me droguer, me sauver, faire en sorte de gagner ma reconnaissance et me faire tomber dans ses bras.

C'est décidé, Matt a poussé la folie à son paroxysme. Le pire, je pense, c'est qu'il n'en est pas conscient, simplement parce que Lara lui a soumit cette idée avec des arguments stupides alors que son seul objectif est de me nuire.

- Tu es conscient que cette idée est ridicule ? Lui demandai-je soudain. Et, dis-moi, tu es conscient que Lara t'a soumis cette idée parce que ce n'est qu'une petite conne prête à tout pour qu'il m'arrive quelque chose ? Genre, un mec qui abuse d'une fille droguée, tu vois le genre ? Tu veux un dessin ?

Matt écarquille soudain des yeux avant de secouer négativement la tête, démentant aussitôt mes accusations.

- Le but n'était pas de te laisser jusqu'à ce qu'un malade ne te trouve, Nora.

- Ah oui ? Alors, dans ce cas, pourquoi est-ce que Kilian m'a trouvé avant toi, génie ?

Plus je débite, et plus je sens ma patience et mon calme me quitter. Je hausse la voix, j'adopte un ton menaçant et mon regard n'a sans doute jamais été aussi sombre qu'à cet instant.

- T'es au courant de la stupidité de ton idée ? T'es totalement inconscient, Matt. T'étais prêt à jouer avec ma vie pour faire aboutir le plan idiot de ma mère ? T'étais prêt à tout pour me faire tomber folle de toi ? Pour te faire passer pour un héros ? Alors qu'en réalité, t'es le putain de psychopathe de l'histoire.

Il allait de nouveau ouvrir la bouche, mais je l'interrompt juste en plaçant ma main devant lui, alors qu'il s'exécute sans broncher.

J'en ai suffisamment entendu.

- Je ne veux plus jamais que tu t'approche de moi, Matt. Lui dis-je d'une voix ferme qui ne laisse pas de place à la discussion. Je dirai à ma mère que votre idée est tombée à l'eau, et toi, tu te chargeras de dire à Lara qu'elle est encore plus conne que ce qu'elle ne veut bien montrer au monde.

- Nora ...

Oh mais ta gueule.

J'essaie de me retenir de lui sauter à la gorge le temps de quelques minutes encore, afin de ne pas perdre la face devant lui et de ne pas lui montrer que tout ceci m'atteint plus que ça ne le devrait.

- C'est terminé, Matt. T'as plutôt intérêt à rester loin de moi. Parce que je te promets que je suis encore plus mauvaise que ma mère ne peut l'être.

Je réalise quelques pas à reculons en le défiant du regard, avant de définitivement tourner les talons et de clore cette discussion.

Je ne veux plus l'affronter. Ni lui, ni personne d'autre. Encore moins Kilian et Chiara qui se feront un plaisir de m'assurer qu'ils avaient raison au sujet de Matt.

- Nora ... ta mère compte nous faire aller au prochain gala de charité ensemble.

Sa voix qui s'élève dans mon dos me fait aussitôt m'immobiliser, alors que j'éclate d'un rire jaune et mauvais qui me ferait presque trembler.

- Vas te faire foutre, Matt. Tu n'as qu'à emmener Lara à ton gala. Un parfait duo d'hypocrites. Crachai-je sans même me retourner vers lui.

Et sur ces dernières paroles, je quitte définitivement leur champ de vision, le cœur lourd et l'estomac qui me torture de seconde en seconde.

Je ne sais même pas de quelle manière j'arrive encore à tenir debout, alors que les plaies dans mon cœur ne cessent de se réouvrir quand je pense qu'elles cicatrisent enfin pour de bon.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti un tel sentiment ...

Une telle humiliation.

Une telle trahison.





***




Je me promène au milieu des étagères de livres remplies de la bibliothèque à la recherche des documents nécessaires à mes cours.

La nuit est déjà tombée depuis quelques heures, la bibliothèque est maintenant vide, mais reste heureusement ouverte pour les étudiants jusqu'à une heure assez tardive.

Après ma discussion avec Matt, j'étais partie m'enfermer dans ma chambre afin de penser à cette situation, totalement déboussolée par les événements.

Puis, j'avais décidé que je n'allais pas laisser ma mère et un mec sorti de nul part me bousiller le moral, alors que je me relève à peine de là trahison de Kilian.

J'ai fini de jouer la victime.

- Je te dérange ? S'élève une voix dans mon dos qui me fait sursauter.

Je me retourne vivement pour apercevoir Kilian, appuyé contre l'une des étagères, les mains dans les poches de son jogging.

- Oui. Me contentai-je de répondre, avant de reposer mes yeux sur le rayon en face de moi.

J'entends Kilian soupirer mais ne pose pas mes yeux sur lui et l'ignore même totalement alors que je m'empare d'un troisième livre, énorme ce qui me fait encore une fois souffler.

- Nora, t'as pas besoin de me fuir. Je ne vois pas ce que j'ai fais de mal.

Je m'arrête net dans mes recherches puis laisse mon regard se poser sur Kilian, qui semble détailler minutieusement mon visage avec une expression inquiète sur le sien.

- T'as rien fais, Kilian. Lui avouai-je en soupirant. Je suis juste ...

- Énervée. Je sais.

Je hoche la tête afin d'acquiescer ses paroles, puis quand son regard se fait plus insistant sur moi, je décide d'abandonner mes recherches.

- Est-ce que tu vas bien ? Me demande t'il finalement en brisant le silence qui s'installait entre nous.

Je hausse les épaules et baisse un instant les yeux sur mes livres, ignorant totalement ce que je suis censé répondre à sa question.

- Je crois. Soufflai-je après quelques instants. Je constate juste que ... entre le lycée et l'Université, rien a changé. Sauf la taille des bouquins.

Il laisse échapper un rire dans un souffle alors qu'un léger sourire incurve mes lèvres, puis, en sentant mes jambes commencer à trembler tant les émotions me submergent depuis plusieurs heures, je me laisse tomber le long de l'étagère jusqu'à me retrouver assise sur le sol, mes livres à côtés de moi et ma tête dans les mains.

Je suis totalement à bout de nerfs. Et je suis totalement en train de craquer.

Je sens Kilian se laisser tomber à côté de moi tout en gardant le silence, et je secoue légèrement la tête comme pour m'insulter mentalement avant de tourner mon visage vers lui en l'appuyant sur l'étagère derrière moi, ce qu'il fait aussitôt après moi.

- J'étais au courant. Avouai-je finalement. Je le savais. J'avais inconsciemment rassemblé les pièces du puzzle, mais ... je refusais de me l'avouer, je pense. Parce que ça signifiait que quelqu'un m'avait encore considéré comme une conne.

Il hoche légèrement la tête comme pour me dire qu'il avait déjà compris, puis son regard me détaille toujours pendant que j'essaie de ne pas ciller face à lui.

- Ce n'est pas grave. J'ai encaissé pire. Je vais m'en remettre. Comme toujours.

Je croyais sincèrement en mes paroles.

- En plus, tu le savais. Laissai-je un rire faux m'échapper. Tu me prévenais et je ne te croyais pas. Il faut croire qu'il te reste un peu de bon sens finalement.

- Crois-moi, j'aurai préféré me tromper. Soupire Kilian en me fixant toujours.

- Pourquoi ? Parce que tu ne voulais pas que quelqu'un me fasse du mal ? Je suis désolé, mais il fallait y penser l'année dernière. Sifflai-je plus froidement que je ne l'aurai voulu.

J'ignore totalement pour quelle raison j'agis de cette manière envers Kilian, mais j'ai l'impression d'avoir emmagasiné tellement d'émotions et de sentiments contradictoires ces derniers temps qu'il m'est à présent impossible de me contrôler.

Et malheureusement, Kilian en fait les frais.

- Écoutes Nora ... commence Kilian, en levant son doigt pour m'empêcher de lui couper la parole quand je souhaite le faire. Il faut que tu sache que je suis vraiment désolé.

Je demeure silencieuse alors que mon cœur se fissure un peu plus sous le poids de ses mots.

Est-ce que Kilian s'excuse ? Est-ce qu'il demande enfin mon pardon après une année entière durant laquelle j'ai souffert et pleuré pour lui ?

- Je suis vraiment désolé d'avoir agis comme le plus gros des connards, et pour n'avoir jamais su me comporter en homme quand j'en avais l'occasion.

Chaque mot prononcé brise un peu plus mon cœur déjà blessé alors que j'encaisse ses paroles sans jamais ouvrir la bouche. Je me contente de triturer mes doigts et d'affronter son regard alors que mon estomac se tord en deux et que mon souffle se fait de plus en plus saccadé.

- Et je suis désolé d'avoir fuis comme un lâche alors que tout ce que je voulais, c'était toi.

Je sens mes yeux me piquer alors que des larmes menacent de couleur de mes yeux, et j'essaie tant bien que mal de les en empêcher en gardant un visage calme et neutre. Mais la vérité, c'est que je suis tout sauf indifférente à ses excuses.

Je suis désolé. Trois mots. Trois mots éclatant les fissures de mon cœur non cicatrisé.

- Dis-moi, est-ce que tu aurai été désolé si je n'avais jamais été au courant ? Finis-je par lui demander d'une voix bien trop calme.

- Je crois que j'étais désolé dès l'instant où l'erreur a été commise.

Je me contente de baisser un instant les yeux en encaissant difficilement, encore et encore.

- Finalement, je ne vaux pas mieux que Will, même pas mieux que Matt. Alors, je crois que je n'ai aucune leçon de morale à leur faire.

Sa voix douce qui se brise légèrement au fur et à mesure de ses paroles me donne envie de le serrer dans mes bras et de ne plus jamais le lâcher, mais je sais que je n'en aurais ni la force, ni le courage. Alors je reste à ma place et je me contente de poser sur lui un regard blessé.

- Ne te compares jamais à eux. Lui dis-je alors, faiblement. Ces mecs sont des enfoirés. Et je les déteste. Mais toi, c'est totalement différent ...

J'aperçois un voile de tristesse passer dans ses yeux alors qu'il semble peiner à affronter mon regard sans jamais baisser les yeux.

- ... tu m'as brisé le cœur, Kilian. Comme personne n'avait osé le faire avant toi.

Alors, nous y voilà ... la fameuse discussion que nous évitions depuis nos retrouvailles. Ici, au milieu de cette bibliothèque, Kilian me demande pardon et moi, je parle à cœur ouvert de la manière dont l'homme que je pensais être l'amour de ma vie m'a brisé le cœur.

- Et j'ai tellement pleuré pour toi. Laissais-je échapper, les mots sortant naturellement de ma bouche. J'ai pleuré tellement de fois, en espérant que tu réalises à quel point je tenais à toi.

Ma voix se brise de plus en plus à chaque mot que je prononce, jusqu'à ce qu'une larme ne dévale involontairement ma joue, alors que je m'empresse de l'essuyer d'un revers de la main.

Je trouve que l'on parle trop souvent des ruptures dans une relation, mais jamais de celles où l'on a jamais officialisé avec la personne alors qu'au fond, on l'espérait tant. Je pense que ce sont ces relations qui font le plus de mal.

- Quand je te regardais passer à côté de moi comme si tu t'en fichais, comme si je n'étais pas là, je ne pensais plus que tu étais encore effondrée ... m'avoue subitement Kilian d'une petite voix. Et quand j'ai constaté que tu ne répondrai jamais à mes messages, j'ai arrêté d'en envoyer.

Quelques fois, avant son départ, il arrivait à Kilian de m'envoyer des messages, parfois pour des futilités quand il s'agissait de nos sorties en groupe, parfois pour d'autres raisons que j'ignore, puisque je ne répondais absolument jamais.

Le fait est que j'agissais comme si je m'en fichais, simplement pour dissimuler la peine immense qui m'envahissait constamment. Je riais un peu trop fort à chaque fois que j'étais un peu trop triste et je souriais en assurant que j'allais bien pour cacher le fait que j'avais passé la nuit à pleurer devant une photo de Kilian et de moi.

- Petit à petit, on a juste ... disparu du monde l'un de l'autre. Ajoute t'il alors que je sens ma gorge se nouer et une nouvelle larme couler le long de ma joue. Parce qu'on agissait comme deux gamins trop fiers pour oser faire un pas l'un envers l'autre.

Je me contente de hocher silencieusement la tête en essayant de conserver une respiration calme malgré mon rythme cardiaque irrégulier. J'ai simplement envie de fondre en larmes et de m'autoriser encore une fois à être faible. Parce que j'en ai besoin. Véritablement besoin.

- Parfois, j'aimerai remonter le temps et faire en sorte que les choses se passent autrement ... garder ton cœur intact et finir sur une fin heureuse pour tout le monde. Et pour nous. J'aimerai que nous ne soyons pas seulement devenus des étrangers qui se connaissent par cœur ...

Mon cœur se compresse alors qu'il murmure la fin de sa phrase. Des étrangers qui se connaissent par cœur. Voilà ce que nous étions devenus après s'être passionnément aimés.

Finalement, nous étions devenus un souvenir.

- Au final, qu'est-ce que nous étions ? Lui demandais-je d'une voix tremblante.

Le regard perçant de Kilian me fixe alors que je perçois toute la peine du monde dans ses yeux.

- Je crois que ... nous étions juste deux personnes aux nombreuses promesses. Deux personnes qui s'aimaient un peu trop pour s'aimer assez bien.

Je secoue une nouvelle fois la tête alors qu'une nouvelle larme coule encore le long de mon visage, suivie d'une autre et encore d'une autre, alors que je ne contrôle absolument plus rien.

C'est la fin. Je baisse définitivement mes barrières face à Kilian. Je m'autorise enfin à lui montrer à quel point notre histoire m'a affecté et à quel point j'ai du mal à cicatriser de tout les événements passés entre nous.

- Tu n'imagines même pas à quel point je regrette, Nora ... j'aurai aimé être capable de me rendre compte de ta valeur avant de te perdre. Laisse échapper Kilian d'une voix mal assurée.

Je constate une immense culpabilité dans ses yeux alors qu'il semble s'en vouloir de me faire encore pleurer, mais je me contente d'afficher un léger sourire dans sa direction au travers de mes larmes.

- Tu sais, j'ai jamais cessé de penser que choses arrivent toujours pour une raison, arrivai-je finalement à prononcer. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, et même si j'ai eu mal, j'ai survécu. C'est vrai qu'au début j'avais peur, j'étais pétrifié. Je pensais que je ne pourrai jamais vivre sans toi auprès de moi ... mais je me suis relevée. Je me relève toujours.

Pendant un long moment, je n'ai cessé de penser que je n'allais jamais me relever. Que j'allais me traîner par terre, avoir mal au cœur toute ma vie et peut-être même mourir de chagrin.

Mais finalement, j'ai relevé la tête et essayé et essayé de réparer bien que difficilement les morceaux de mon cœur brisé.

- Finalement tu vois, même toi tu n'as pas réussi à détruire Nora Swan ...

Ma voix n'est qu'un murmure alors que je peine à prononcer une phrase complète sans laisser échapper un sanglot, sous le regard intense et totalement brisé de Kilian. Ce regard dans lequel je perçois des larmes qu'il s'empêche de faire couler. Ce regard dans lequel je perçois toute l'admiration qu'il semble me porter.

Même Kilian n'a pas réussi à me détruire. Je me suis toujours relevée. Et je me relèverai toujours. Peut importe les obstacles et les personnes qui se dresseront sur mon chemin.

Je ne tomberai pas. Jamais.

Cependant, certaines blessures ne guérissent jamais. Il fallait simplement apprendre à vivre avec, parce que la vie devait continuer.

Et pendant tout ce temps, Kilian était l'une de ces blessures. L'une de ces plaies que l'on ne peut pas soigner tant elles sont profondes.

Mais j'avais appris à être fière de mon cœur. Il avait été brisé, déchiré, piétiné et écrasé et pourtant ... il marchait encore. Il battait.

- Pendant un moment, j'ai essayé de me convaincre qu'il fallait que je tourne la page. Parce que certaines personnes sont destinées à rester dans notre cœur, mais à partir de notre vie. Mais c'était stupide. Parce que je pense qu'on oublie jamais un cœur qu'on pensait aimer toute notre vie.

Un sanglot s'empare de moi à la fin de ma phrase alors que je n'arrive même plus à stopper les larmes qui coulent le long de mes joues humides, mais j'ai tellement de mots sur le cœur qui ne demandent qu'à être prononcés que je passe outre et conserve mon regard dans celui de Kilian.

- En fait, je crois que j'essayais juste de te trouver des excuses. Comme je n'avais pas de réponses, j'essayais d'en fabriquer moi-même en mêlant parfois même le destin à cette histoire. Avouais-je au travers de mes larmes, la voix fébrile et les mains tremblantes.

Souvent, au milieu de la nuit, j'essayais de comprendre la raison qui avait poussé Kilian à de tels agissements. Je mêlais tout et son contraire dans notre histoire, parlant parfois du destin, puis finalement je pleurais de plus belle avant de m'endormir, des cernes sous les yeux et des larmes sur les joues.

- Je crois que je t'aimais tellement que même quand tu m'as détruite, j'ai essayé de te comprendre.

Soudain, et sans que je ne m'y attende, je perçois une larme dévaler le long de la joue de Kilian avant de s'échouer sur ses lèvres, et cette simple vision suffit à mon cœur pour se briser en mille morceau, pour me torturer et pour former un noeud puissant dans mon estomac.

- Je voulais tout t'expliquer. Lâche soudain Kilian comme une bombe. Rien aurait réussi à justifier mes actes, mais il fallait que tu sois au courant.

Il essuie rapidement sa joue d'un revers de la main alors que je fronce légèrement les sourcils au travers des larmes qui inondent mon visage.

- Tu avais tellement d'occasions de le faire. Je sais que j'étais dure avec toi, mais je n'espérais que des réponses de ta part. J'attendais ne serait-ce qu'un message dans lequel tu pouvais tout me dire. Et tu ne l'as jamais fais. Finalement, je n'ai jamais eu le droit de comprendre ...

Quand j'ai appris que Kilian était parti, j'ai joué la carte de l'indifférence, mais en réalité j'étais totalement dévastée. J'étais brisée à l'idée de son départ, rien qu'en pensant au fait qu'il avait emporté avec lui les réponses à mes questions et les explications auxquelles je n'avais pas eu le droit.

Il avait emporté avec lui, la dernière chance de pouvoir peut-être recollé les morceaux de notre histoire.

Il ne m'avait jamais appelé. Jamais écrit. Jamais essayé de réparer mon cœur. J'étais seule. Et je ne pouvais compter que sur moi-même pour remonter la pente de laquelle il m'avait fait chuté.

Et moi, j'avais cherché la réponse en fixant le plafond jusqu'à pas d'heure ...

Le genre de problème qui casse un cœur.

- Tu es parti alors que tu n'avais pas le droit de m'abandonner. Laissais-je échapper d'une voix tremblante et mal assurée. Tu m'avais presque fais penser que je méritais quelqu'un qui ne parte jamais. Quelqu'un qui veuille bien rester. Et toi, tu es parti ... tu m'as laissé toute seule sans aucune réponse.

Ma voix se brise tellement par moment que je doute du fait qu'il arrive à comprendre la totalité de mes mots. Pourtant, il a l'air de parfaitement assimilé mes mots si je constate son visage totalement déchiré et ses lèvres tremblantes.

Kilian me brise le cœur. Le voir ainsi me brise le cœur.

Cette vision est atrocement douloureuse mais je ne peux m'empêcher de le détailler du regard, n'arrivant jamais à baisser les yeux.

- Je pensais que ton monde serait plus paisible si je n'en faisais plus parti ... l'entendis-je murmurer difficilement.

- Tu as raison. Admettais-je directement. Mais ... sans toi, ce n'était plus mon monde. Et j'avais besoin de tes réponses. J'avais besoin ne serait-ce que d'une preuve de ta part, Kilian. Parce que je pense que s'enfuir, c'est pas une solution.

Il soutient mon regard alors que mes yeux ne se concentrent que sur ses joues de plus en plus humides.

Jamais je n'aurai pensé un jour voir Kilian pleurer devant moi. Pleurer pour moi. Et même si je voulais, fût un temps, le voir souffrir, je ne pensais pas que cette vision me retournerait l'estomac à un tel point.

- Je l'ai fais ... l'entendis-je soudain murmurer.

Mes sourcils se froncent alors que j'essuie un peu trop rapidement mes joues mouillées par mes larmes, ayant l'impression de ne pas avoir bien entendu sa phrase tant elle était faiblement prononcée.

- Quoi ? Lui demandais-je d'une voix étranglée.

Il prend une profonde inspiration avant de parfaitement ancrer ses pupilles dans les miennes, pour un échange lourd et intense.

Le fait est que certaines personnes ont besoin de beaucoup parler pour ne se dire que très peu de choses. Kilian et moi, au contraire, n'avons que le besoin de nous regarder pour nous dire beaucoup trop de choses.

- Je l'ai fais. Répète t'il, alors que mon estomac se tord subitement et qu'une nausée s'empare de moi le temps d'une seconde. Je ... j'ai écris ... j'ai écris une lettre. Pour toi.

Je pose aussitôt une main sur ma bouche afin d'empêcher de nouveaux sanglots de traverser la barrière de mes lèvres, pendant que les informations semblent avoir du mal à arriver jusqu'à mon cerveau.

Je suis totalement déconnectée de la réalité. En totale incapacité à réfléchir.

- Tu as ... ce n'est pas possible. Si tu l'avais fais ... alors pourquoi ne pas me l'avoir donné ? Lui demandais-je tant bien que mal en peinant à formuler une véritable phrase.

Je l'aperçoit clore quelques secondes les paupières, comme pour se donner le courage de sortir une phrase qui n'ose pas traverser la barrière de ses lèvres.

Comme s'il redoutait les conséquences de sa réponse.

Mais quand il murmure enfin une très courte phrase, quelques petits mots, une simple réponse qui semble lui arracher le cœur, j'ai l'impression de tomber de dix étages.

De faire une chute irréversible.

De m'écraser sur le sol. J'ai l'impression qu'on me brise les ailes et qu'on me brûle le cœur à vif.

J'ai l'impression qu'on me plante un poignard dans mon organe vitale et qu'on le tourne et le retourne si bien que même la douleur, aussi puissante soit-elle, devient anodine à mes yeux.

De simples mots. Une douleur incommensurable.

- Je l'ai confié à ta mère avant de partir. Mais elle ne te l'a jamais donné.







***





- FIN -







Non je rigole 🤡
Vraiment trop drôle cette meuf






OK COUCOU TOUT LE MONDE !! J'espère que vous allez bien ? Après avoir lu ce chapitre super mega ultra joyeux évidemment 💃

Il était archi difficile à écrire jpp mais bon j'avais trop hâte, j'attendais de l'écrire depuis novembre omg !! bref, j'espère que vous l'avez aimé aha 🤍

On atteint un stade super important dans l'histoire je crois que ça me fait mal au cœur de constater qu'on avance autant, à deux doigts de disparaître trois mois pour pas arriver à la fin 🥲

En tout cas, on se retrouve très bientôt pour la suite, je l'espère, et encore une fois je vous remercie pour tout <3

( PS : aujourd'hui ... double publication 💃 )


À bientôt,
Lots Of Love 🤍




( Instagram : _unxpetiteblonde_ )

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