Play with fire ( Tome 2 )

By unxpetiteblonde

545K 22.3K 30K

Tout le monde pensait qu'ils avaient tourné la page. Ils s'étaient reconstruits chacun de leur côté, et vivai... More

before starting <3
NDA <3
prologue.
chapitre un.
chapitre deux.
chapitre trois.
chapitre quatre.
chapitre cinq.
chapitre six.
chapitre sept.
chapitre huit.
chapitre neuf.
chapitre dix.
chapitre onze.
chapitre douze.
chapitre treize.
chapitre quatorze.
chapitre quinze.
chapitre seize.
chapitre dix-sept ( prt 1 ).
chapitre dix-sept ( prt 2 ).
chapitre dix-neuf.
chapitre vingt.
chapitre vingt et un.
chapitre vingt-deux.
chapitre vingt-trois.
chapitre vingt-quatre.
chapitre vingt-cinq.
chapitre vingt-six.
chapitre vingt-sept.
chapitre vingt-huit.
chapitre vingt-neuf.
chapitre trente.
chapitre trente et un.
chapitre trente-deux.
chapitre trente trois.
chapitre trente quatre.
chapitre trente cinq.
chapitre trente six.
chapitre trente sept.
Dear Nora ...
chapitre trente huit.
chapitre trente neuf.
chapitre quarante.
chapitre quarante et un.
chapitre quarante deux.
chapitre quarante trois.
chapitre quarante quatre.
chapitre quarante cinq.
chapitre quarante six.
chapitre quarante sept.
chapitre quarante huit.
chapitre quarante neuf.
chapitre cinquante.
chapitre cinquante et un.

chapitre dix-huit.

10.5K 430 849
By unxpetiteblonde

Le point de vue changera au cours du chapitre.






Point de vue Nora Swan.





J'ouvre difficilement les yeux en m'étirant de toute ma taille puis gémis de douleur en sentant un soudain mal de crâne s'abattre sur moi.

La gueule de bois. Quelle partie de plaisir.

Je me redresse lentement sur mon lit en essayant de m'habituer à la lumière du jour qui traverse mes fins rideaux. J'avale ma salive et soupire en constatant à quel point ma gorge est sèche, avant de m'emparer de ma bouteille d'eau posée sur ma table de chevet, constatant une boîte de médicament qui n'était pas ici hier, accompagné d'un tout petit papier.

Je fronce les sourcils et tends le bras afin de m'emparer du papier posé à côté de la boîte de Dafalgan, sur lequel semble être inscrit quelques mots rapidement écrits.

« J'ai un peu foutu le bordel dans ta salle de bain, mais je pensais que t'aurais besoin d'aide pour soulager ta gueule de bois ».

Je serre davantage mes mains autour du papier en lisant ces quelques mots. Il n'y a aucune signature sur le papier, mais je n'en ai pas besoin pour parfaitement reconnaître l'écriture de Kilian. Son écriture rapide et la forme de ses lettres quasi parfaites.

Je souffle profondément une nouvelle fois lorsque tous les souvenirs de la fête d'hier me reviennent en mémoire, comme des insupportables flashbacks qui se bataillent pour avoir une place dans mon esprit.

Ma gorge se noue lorsque je me rappelle des paroles que j'ai prononcé sous l'influence de l'alcool devant Kilian, m'adressant directement à lui et mettant entièrement à nu mes sentiments face à lui.





« Je te déteste, tu m'as brisé le cœur ».





Ce sont des mots que je n'aurais jamais dû prononcer devant lui. Mais je crois qu'en réalité, j'avais besoin qu'il les entende. J'avais besoin qu'il se rentre dans le crâne une bonne fois pour toute qu'il s'est comporté comme une merde avec moi, avant de disparaître de la circulation sans même venir me dire au revoir.

Mais malgré tout ce qu'il s'est passé, je ne peux me résoudre à ne plus le regarder, à ne plus lui lancer des piques cinglantes qui j'espère lui font bien mal à lui et à chaque millimètre carré de son cœur. Je n'arrive pas à rester loin de lui, et ce malgré toute la volonté que je peux mettre pour ne lui accorder aucune importance.

Mais il le faut. Kilian a totalement piétiné ma confiance et tout l'amour que je lui portais l'an passé, et il me paraît évident qu'une telle trahison est impardonnable.

Je retire la couette de mon corps et m'apprête à me lever afin de filer sous la douche lorsque mes yeux se posent sur ma tenue et que mes sourcils se froncent instantanément.

Je ne portais pas mon pyjama hier soir.

Je me souviens parfaitement m'être endormie dans ma tenue inconfortable, n'ayant aucun courage pour me changer. Et je sais aussi que Kilian m'avait normalement laissé dans mes vêtements.

Intriguée, je m'empare de mon téléphone et ouvre ma page de contact avant d'appuyer sur son numéro, le cœur battant à la chamade à l'idée de devoir lui écrire après une année sans l'avoir fait une seule fois.

Je ne pensais d'ailleurs jamais le refaire.

Je souffle profondément comme pour me donner un semblant de courage et commence à pianoter sur mon téléphone.

Moi :
C'est toi qui m'a changé de tenue ?

Je retourne aussitôt mon téléphone comme une enfant qui vient de commettre la pire bêtise de sa vie, le cœur sur le point d'exploser. Putain, tu vas te ressaisir ou pas ?

Sa réponse ne se fait pas attendre et mon téléphone vibre aussitôt dans ma main, alors que je le retourne bien trop lentement et très prudemment, comme si ça pouvait vraiment changer quelque chose.

Kilian :
Bonjour à toi aussi Nora. Tu as bien dormi ? Pour ma part j'ai passé une excellente nuit, quoi de prévu aujourd'hui ?

Je lève les yeux au ciel face à son message et secoue la tête désespérément, comme s'il pouvait me voir à cet instant précis.

Mais le plus important. Je me frappe aussitôt intérieurement lorsque je sens un léger sourire fendre mes lèvres, et ce contre ma volonté.

Moi :
Est-ce que cette information est censé m'intéresser ? Si t'étais mort dans ton sommeil ça n'aurait rien changé à ma vie. Donc réponds à ma question, tu seras bien aimable.

Kilian :
Tu devrais songer à faire du yoga, il paraît que ça détend, et que ça apporte un bien être de dingue. Plutôt cool comme idée, non ?

Je jure plusieurs fois en lisant son message, mon envie de lui coller une gifle ne cessant de s'accroître de minute en minute.

Moi :
Et l'idée de coller mon poing dans ton pif si tu ne me réponds pas est encore plus cool.

Il met quelques minutes à répondre à mon message, et je commence à perdre l'espoir d'avoir réponse à ma question lorsque mon téléphone vibre une nouvelle fois dans ma main.

Kilian :
Je t'ai laissé dans ta tenue en partant, j'ai croisé Jason et Hannah qui rentraient et ils m'ont dit qu'ils allaient s'occuper de toi. Ne t'inquiète pas, j'ai pas profité de la situation pour te déshabiller.

Un léger soulagement me gagne lorsque je lis ses mots, heureuse que ce ne soit pas lui qui m'ait retiré mes vêtements de la veille. Mais je sais aussi qu'inconsciemment, j'ai toujours eu une entière confiance en lui sur ce sujet.

Il ne profiterait jamais de mon état d'ivresse.

Mais j'aime bien l'idée de lui faire penser qu'il est loin d'être l'homme parfait et donc que je me méfie de lui plus que de quiconque.

Moi :
On sait jamais, je te rappelle que tu n'es pas ce qu'on appellerait un gentleman.

Kilian :
Je le serais un jour. Je t'ai sauvé d'une possible mort hier en te ramenant chez toi comme un prince charmant, c'est un bon début non ?

Mon cœur se serre une fois encore alors que le souvenir de notre proximité de la veille me revient subitement en mémoire. Nous n'avions jamais été physiquement aussi proches depuis son retour à New-York, ni de quelque manière que ce soit.

Je reste quelques secondes face à mon écran sans jamais répondre, le cœur battant rapidement et mes mains étant devenues totalement moites.

Je prends une grande inspiration en tentant de reprendre mes esprits, puis je chasse les événements de la veille de ma mémoire avant de me remettre à taper sur le clavier de mon téléphone.

Moi :
Tu ressembles davantage au bouffon du roi qu'au prince charmant si tu veux mon avis.

Je souris légèrement en relisant mon dernier message, une pointe de fierté naissant sur mon visage. Je dépose mon téléphone sans attendre de réponse de sa part et me décide enfin à me lever pour aller prendre une douche chaude qui me fera davantage de bien.

Je soupire d'aise lorsque l'eau chaude coule sur la totalité de mon corps et laisse ma tête basculer en arrière tout en fermant les paupières de longues secondes.

Je vide mon esprit torturé et hanté de toutes mes pensées, la plupart dirigée vers une seule et unique personne.

Et j'en ai réellement marre de constater qu'il ne veut pas quitter mon esprit, malgré toute la volonté que je peux mettre à le chasser de mes pensées et de ma vie. C'est comme s'il était encré en moi. Comme si je l'avais dans la peau.

Et ça me brise le cœur de me dire que notre relation s'est envolé en éclat une minute avant que je ne lui dévoile mes sentiments et ne mette des mots sur l'amour que je ressentais pour lui.

Mais je ne peux me résoudre à tourner la page et à lui pardonner ses actes, simplement parce qu'une autre fille a réussi à avoir une moitié de ce que j'avais. Alors qu'elle n'est pas un quart de ce que je suis.

Et il est parti. Sans un mot. Sans me dire au revoir. Il a davantage enfoncé le couteau qu'il m'avait enfoncé en plein cœur six mois avant son départ.

Comment pourrais-je un jour passer l'éponge sur tout ce mal qu'il a osé m'infliger ?

D'un autre côté, il paraît évident que je suis contrainte à le fréquenter, parce que je ne peux pas interdire à mes amis d'avoir une relation avec lui. Pour autant, je ne peux pas non plus passer mes journées seule dans le noir et m'empêcher de m'amuser à cause de lui.

Donc, je me dois vivre avec sa présence auprès de moi. Et cette idée m'intrigue autant qu'elle m'angoisse et me retourne l'estomac.

J'éteins l'eau de la douche en soupirant, puis enroule mon corps autour d'une serviette avant de regagner ma chambre et d'observer mon dressing sans bouger pendant de longues minutes.

Il est dimanche. Je n'ai pas très bien dormi cette nuit et je ressemble à un cadavre. Donc, j'opte simplement pour mon jogging préféré, puis j'observe ensuite longuement mes pulls afin de savoir lequel je vais porter aujourd'hui.

Je fixe un à un les sweat-shirts de Jason que je lui ai volé lorsqu'ils passait ses nuits chez Hannah, les jugeant bien trop confortables pour lui laisser.

Soudain, mes yeux se posent sur un pull, et ma respiration se rompt une demi-seconde pendant que je resserre ma prise sur ma serviette sans cesser de le fixer.

Ce sweat. C'est celui de Kilian.

C'est ce fameux pull qu'il m'avait prêté lors d'une soirée à la fête foraine afin de me protéger du froid. Et c'est ce même sweat que je portais quasiment tout le temps afin de garder son odeur sur moi. Parce que j'aimais son odeur.

Et je l'aimais.




« - Tu as froid ? Me demande Kilian.

- Non, t'inquiète pas. Lui réponds-je d'un petit sourire, alors qu'il me regarde l'air assez dubitatif. C'est vrai Kilian.

Il se contente de lever les yeux au ciel face à mon air peu convaincant, puis je le vois retirer rapidement son sweat d'une manière que je juge bien que malgré moi, sexy.

- Tiens, t'auras chaud avec. Me dit-il en me le tendant, un sourire charmeur au coin de ses lèvres.

Je le regarde, puis mes yeux dérivent vers le fameux sweat que je prends après avoir lâché un long soupire. Je l'enfile et directement, je sens une légère sensation de chaleur agréable m'envahir.

- Merci. Dis-je en souriant timidement, une nouvelle fois. »


Je m'empare délicatement du pull, comme si un excès de brutalité pouvait le briser. Et par conséquent briser un quelconque lien qui pouvait encore m'unir à Kilian. Un lien que je ne semblais plus être capable de voir.

Je l'approche de mon visage et hume légèrement le tissu, consciente que l'odeur de Kilian a entièrement disparue depuis le temps. Je le déplie puis l'observe longuement, sentant mes mains trembler en le tenant fermement.

Et je sais déjà que je m'apprête à faire l'une des pires erreurs de ma vie. Lorsque je l'approche de moi et l'enfile entièrement.

Mais personne ne me verra avec, si ce n'est Jason. Et j'ai besoin de le sentir près de moi.

Je m'en veux terriblement d'avoir cette pensée qui hante mon esprit. Mais je n'arrive décidément pas à faire le deuil de cette relation. J'y arriverai, je l'espère de tout cœur. Mais même si j'y met toute l'énergie possible, et même si mon cerveau semble s'être détaché de Kilian, mon cœur refuse de le laisser partir.

Et c'est décidément la pire douleur que je peux ressentir actuellement. La bataille acharnée entre ma tête et mon cœur.

Une fois entièrement habillée, j'attache mes cheveux en un chignon décoiffé puis dévale les escaliers qui me mènent à mon grand salon dans lequel se trouve Jason, allongé de toute sa taille sur le sol devant le canapé.

- Tu sais, le canapé ne sert pas de déco. Soufflais-je, le faisant lever la tête dans ma direction.

- Le sol est froid. C'est cool. Me répond-il simplement en haussant les épaules.

Je laisse un sourire fatigué gagner mes lèvres puis me dirige sans un mot dans la cuisine vide puisqu'Emily ne travaille pas aujourd'hui. Je m'empare donc d'un grand verre afin d'y verser une quantité assez conséquente de jus d'orange.

Je regagne le salon et m'installe sur le canapé, les yeux rivés sur la télé sur laquelle se joue un dessin animé qui semble attirer toute l'attention de mon frère, qui semble avoir des étoiles dans les yeux, comme un enfant de six ans.

Je bois lentement mon jus d'orange en profitant du calme régnant dans la pièce, lorsque je sens le regard pesant de mon frère sur moi, me forçant à baisser le visage dans sa direction afin de l'interroger silencieusement du regard.

- Matt ... c'est ton ami ?

Je fronce les sourcils sans cesser de le fixer, me demandant comment est-ce qu'il a apprit l'existence de Matt.

- Comment est-ce que tu le connais ?

- Je t'ai vu danser avec lui hier ... vous aviez l'air plutôt proches. Et je m'inquiète vraiment pour toi, Nora. Lâche Jason d'une faible voix, comme s'il ne voulait pas me brusquer.

Je lève les yeux au ciel puis pose mes yeux sur mon verre de jus d'orange que je fixe longuement, laissant mon frère demeurer silencieux en attendant que je me décide enfin de parler.

- Matt est un ami. Et le premier homme que je côtoie depuis ... lui. Et j'ai vraiment confiance en lui. Soufflais-je en reposant mon regard sur mon frère qui ne semble pas réellement convaincu.

- Est-ce que tu le connais vraiment ?

Quoi ?

- J'apprends. C'est quelqu'un de bien, Jason. Et un ami incroyable. Soufflais-je de nouveau, certaine de ce que j'avance. Tu devrais plutôt faire attention à tes amis.

Bien évidemment, je faisais référence à Kilian. Je ne peux pas m'empêcher de lui lancer des piques, et ce même quand il n'était pas présent. Ce qui je dois l'avouer est vraiment étrange.

Mais Matt n'a jamais eu un comportement qui pouvait me faire penser qu'il a de mauvaises intentions envers moi. Je n'ai aucune raison de me méfier de lui, ni de remettre notre amitié en cause.

- Tu peux dire ce que tu veux, mais ce n'est pas ton Matt qui t'a ramené hier. Et même si Kilian a merdé, j'avais une totale confiance en lui pour te raccompagner. Ce qui n'aurait pas été le cas avec l'autre.

Je roule des yeux face au surnom qu'il vient de lui attribuer, ce qui lui arrache un léger sourire qui ne fait ressortir que de la fierté chez lui.

Il a raison. C'est Kilian qui m'a ramené chez moi et s'est assuré que je sois en sécurité. Pas Matt. Mais je sais qu'il l'aurait fait s'il m'avait vu dans un tel état durant la fête.

Et puis, Kilian a un minimum de conscience. Il aurait agit de la sorte pour n'importe qui. J'en suis persuadée.

- Je sais. Mais suis grande. Je sais ce que je fais. Me contentais-je de lui dire.

- Je sais mais ... fais attention. Je n'ai pas envie de te retrouver encore une fois dans un état lamentable pour un mec. Tu ne sais rien de lui. Sois prudente.

Je fixe longuement mon frère qui ne semble pas céder sous mon regard exaspéré. Alors, je finis par hocher la tête en lui promettant de faire attention à moi, même si je n'ai aucune raison de le faire. Si cette promesse peut rassurer Jason, alors c'est tout ce qui m'importe.

Depuis la tromperie de Will, Jason était déjà devenu très protecteur envers moi. C'était ma première relation et j'ai vécu toutes mes premières fois avec lui, mon frère avait donc une confiance aveugle en lui.

Mais depuis cette soirée durant laquelle Kilian a mît fin à notre histoire, Jason semble faire attention à toutes mes fréquentations. Parce qu'en plus d'être une personne importante pour moi, Kilian était son ami. La confiance qu'il lui accordait était donc inébranlable.

Il ne m'a pas seulement trahie. Il a aussi brisé la confiance que mon frère lui accordait.

Mais les choses sont différentes aujourd'hui. J'ai grandie. J'ai appris. Et je ne referais plus les mêmes erreurs que dans le passé.

- Pourquoi Hannah n'est pas ici ? Finis-je par demander à mon frère afin de clore notre discussion autour de Matt. Vous avez réussi à vous séparer plus d'une nuit ? Vraiment ?

Hannah doit passer plus de temps dans cette maison que moi-même. Alors que c'est chez moi. Il est donc très rare de voir Jason sans elle.

- T'abuse, on passe pas toutes nos journées ensemble. Soupire Jason en me lançant un regard blasé. Mais elle revient ce soir.

Je pouffe légèrement avant de rouler des yeux face à son sourire innocent.

Pas toutes leurs journées. Bien évidemment.

Je termine mon verre de jus d'orange et décide de regagner ma chambre afin de passer ma journée sous la couette à regarder des films ou des séries, espérant que mon mal de tête finisse enfin par me lâcher dans la journée.

Je me glisse sous la couette puis allume la télé face à moi avant de lancer la suite de The Vampire Diaries, me laissant totalement entraîner par la série et les scènes se jouant sous mes yeux.

Et je profite de ce petit moment pour oublier la vie réelle le temps de quelques instants. Des instants indispensables.

***

Quatorze heures trente.

Je débute un nouvel épisode de ma série lorsque j'entends des voix masculines provenant du salon faire un bruit assourdissant, me laissant froncer les sourcils.

Puis, je soupire en reconnaissant la voix de Lewis hurler des insultes incompréhensibles, alors que des rires s'élèvent autour de lui.

Dites-moi que je rêve. Dites-moi qu'ils ne sont pas en pleine partie de PlayStation pendant que j'essaie de passer une après-midi calme.

Je souffle fortement et me décide à quitter mon lit avant de remettre mon chignon en ordre. Puis, je descends une nouvelle fois les escaliers d'une lenteur exaspérante, avant d'arriver au salon.

J'adopte une expression lassée lorsque je vois tous les garçons affalés sur le canapé, certains à même le sol, tous des manettes de console en main, les yeux rivés sur la télévision.

Ils semblent en pleine partie d'un jeu vraiment stupide dans lequel apparaissaient des zombies de tous les côtés, semblant capter absolument toute leur attention.

J'entre lentement et discrètement dans le salon puis me place derrière le canapé, les observant quelques minutes dans leur jeu, me retenant de rire face aux insultes que profane Lewis, ne semblant pas être en accord avec sa défaite.

- Qu'est-ce qu'ils sont moches. Lâchais-je en voyant de nombreux zombies apparaître sur l'écran de la télévision.

Dans une synchronisation parfaite, ils se retournent tous dans ma direction, Lewis lâchant un cri exagérément aiguë, Andrew se retenant de rire, et les autres essayant de garder un semblant de virilité en toussant après avoir lâcher un cri bien trop strident.

- Mais t'es folle ?! S'écrie Jason en me lançant un regard noir, me faisant rouler des yeux.

- Vous m'empêchez de dormir, donc je vous empêche de jouer. C'est le jeu. Me contentais-je de dire en haussant les épaules.

Jason me lance un regard blasé puis reporte son attention sur le jeu, les autres garçons imitant son geste en silence. J'allais tourner les talons lorsque mon regard croise celui de Kilian, assit sur le canapé et semblant me détailler avec une intensité déconcertante.

Je fronce les sourcils lorsque ses iris vertes quittent mon visage afin de descendre sur mon pull, puis le fixer longuement, un léger sourire apparaissant sur son visage.

Bordel de merde. Comment est-ce que j'ai pu oublier ?

À mon tour, je baisse rapidement les yeux sur le sweat que je porte pour constater que c'est bel et bien le sien. Puis, je relève lentement le regard vers lui, pour le voir me fixer avec un amusement qu'il n'essaie même pas de dissimuler.

Il m'adresse un clin d'œil discret que je perçois à peine avant de reporter son attention sur le jeu, me laissant debout en plein milieu du salon, les battements de mon cœur bien trop rapides, me laissant l'impression qu'il va bientôt exploser dans ma poitrine.

Je calme discrètement les battements rapides de mon cœur puis essaie d'adopter une attitude décontractée et sereine.

- Où est Jules ? Demandais-je après quelques minutes de silence, constatant que mon ami n'est pas présent.

- Il décuve au campus. Il m'a presque foutu à la porte quand je me suis foutu de sa gueule de bois ce matin. M'annonce Andrew sans quitter l'écran des yeux.

Je lâche un léger rire, arrivant parfaitement à m'imaginer Jules dans tous ses états suite à sa cuite de la veille. Puis, je regarde encore quelques minutes les garçons jouer à leur jeu ridicule, avant de décider que je les ai assez vu pour la journée.

Il y'a bien trop d'hommes dans cette baraque.

- Vous comptez rester ici tout l'après-midi ? Leur demandais-je en commençant à marcher jusqu'à la cuisine.

- Absolument toute la journée. Me répond James sans quitter l'écran des yeux.

- Peut-être même toute la soirée. Surenchérit Adam d'un sérieux inébranlable.

Toujours plus.

- Tu pourras nous faire à manger ? Me demande cette fois-ci Lewis, alors que j'arque un sourcil face à sa demande.

J'espère sincèrement qu'il rigole et qu'il ne pense pas que moi, Nora Swan, je vais cuisiner pour des mecs ?

- Tu rêves. Tu mangeras surgelé comme tout le monde.

Je le vois grimacer face à ma réponse et je souris d'amusement avant d'enfin quitter la pièce, sortant ainsi de leur champ de vision.

Je me dirige vers la cuisine sans un mot puis m'installe sur l'un des tabourets face au comptoir, avant de m'emparer de mon téléphone et d'ouvrir une conversation de groupe avec les filles, que Chiara avait créer il y'a déjà quelques mois.

Moi :
S.O.S. Ma maison est envahie de mecs, dépêchez vous de venir si vous m'aimez.

Leur réponse ne se fait pas attendre et je souris systématiquement en lisant le message de Julia.

Julia :
Chiara, habille toi bien. Tu es sur le point de revoir l'homme de ta vie.

Je crois que Julia espère définitivement revoir un jour Chiara officialiser une relation avec Lewis. Une relation qui serait cette fois durable. Et je crois qu'au fond, nous l'espérons tous.

Chiara :
Je vais venir en pyjama et en pantoufles. Et je ne demande pas son avis. Je suis belle en toute circonstances.

Je lève les yeux au ciel derrière mon téléphone et lis les messages de Charlotte et d'Hannah qui nous disent arriver bientôt chez moi.

Je jette un coup d'œil à mes réseaux sociaux tout en essayant de combler l'ennui qui s'installe en ce dimanche après-midi, lorsque la voix de mon frère s'élève depuis le salon, me forçant à grimacer face au hurlement qu'il lâche, pensant sans doute que je me trouve dans la maison du voisin.

- Tu veux un mégaphone pour être sûr que je t'entende ? M'écriais-je à mon tour, déjà excédée par mon frère et mes amis.

- Tu peux amener à boire ?! De la limonade de préférence ! S'écrie toujours Jason, sans prendre en compte ma remarque.

Je clos les paupières quelques secondes, essayant de garder mon calme pour ne pas aller égorger mon frère sur le champ.

Il pense vraiment que je vais le faire, en plus.

- La politesse. Ça te parle ? Lui demandais-je.

- Nora, ma sœur préférée, est-ce que tu pourrais nous préparer des boissons afin de nous sauver d'une déshydratation instantanée ?

Un sourire malsain s'installe sur mes lèvres alors que je fais mine de laisser planer un silence de quelques secondes, prenant plaisir à jouer avec la patience de mon frère.

- Non. T'as des mains et des jambes, alors tu te lèves je suis pas ta bonne. Criais-je finalement sans une once de remords.

J'éclate de rire en l'entendant jurer au loin, puis je finis par prendre mon courage à deux mains pour me lever et préparer leur limonade tant attendue.

Je m'empare des citrons rangés dans le réfrigérateur et commence la préparation rapide de cette boisson tant aimé de mon frère. J'y passe quelques minutes tout en chantonnant l'air d'une chanson que j'aime, lorsque je sens des chaussures taper contre le sol et une présence dans ma cuisine.

Je relève légèrement la tête pour apercevoir la silhouette de Kilian, qui semble me fixer sans prononcer le moindre mot.

- Qu'est-ce que tu veux ? Lui demandais-je plus sèchement que voulu.

- Jason pensait que tu n'allais jamais lui ramener sa boisson, donc il m'a envoyer la préparer. Mais je constate que tu gères à la perfection. Se contente-t-il de me dire d'une voix calme et posée.

Je hoche la tête et ne prononce plus le moindre mot, restant concentrée sur ma tâche tout en prenant soin d'éviter le regard perçant de Kilian sur ma personne, qui semble suivre le moindre de mes faits et gestes.

Je m'empare de quelques verres dans le placard afin d'y verser la boisson, puis je soupire fortement en voyant en biais le regard de Kilian toujours posé sur moi, alors qu'il semble garder le silence, comme s'il n'osait pas prononcer le moindre mot.

Alors, sans relever une seule fois la tête et sans jamais croiser son regard, je me décide enfin à ouvrir la bouche sous son regard intense et bien trop perçant qui semble me transmettre des sensations encore indescriptibles.

- Je sais que je suis belle. Tu devrais arrêter de m'admirer au risque de tomber sous mon charme.

Je sais. Je suis faible.

Mais je n'arrive pas à rester dans la même pièce que lui tout en l'ignorant, agissant comme s'il n'existait pas ou comme s'il était invisible.

- Évidemment que tu es belle. Souffle-t-il, me faisant vivement relever la tête. Et tu l'es encore plus dans mes vêtements. J'ai toujours aimé te voir les porter.

Je sens ma respiration se rompre subitement alors que ma main qui maintiens la carafe contenant la boisson se met subitement à trembler, sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit.

C'est comme si mon corps refusait de m'obéir.

- J'avais rien d'autre à porter. Mentis-je tout en essayant de calmer les battements rapides de mon cœur et mon rythme respiratoire anormal.

- Bien-sûr, ça va de soit.

Je laisse mon regard se verrouiller quelques secondes au sien et je m'autorise à plonger dans l'intensité de ses yeux vertes un court instant, avant que la voix de Jason au loin ne me fasse cligner les yeux et revenir à la réalité.

Ok. Ressaisis-toi.

Je me racle rapidement la gorge et termine de remplir les verres sous le regard de Kilian, avant de lui tendre le plateau duquel il s'empare avec une agilité impressionnante.

- Le bouffon du Roi te remercie. S'élève une nouvelle fois sa voix, alors que je pose mes yeux sur lui.

Et sans que je ne puisse le contrôler. Un léger sourire fend la commissure de mes lèvres. Un sourire que je dissimule très rapidement, mais sans doute pas assez pour échapper au regard de Kilian qui laisse échapper un fin sourire à son tour.

Puis sans un mot, après un dernier regard, il tourne les talons et regagne le salon dans lequel se trouve les garçons.

Je n'eus le temps de me remettre de mes émotions que la porte d'entrée s'ouvre à la volée afin de laisser apparaître Chiara, suivie de Julia, de Hannah puis de Charlotte.

Je me dirige rapidement vers elles et souris à la vue de mes amies, semblant toutes aussi fatiguées les unes que les autres. Puis, je fronce les sourcils lorsque mes yeux se posent sur Chiara, et plus principalement sur sa tenue.

Elle l'a vraiment fait. Je rêve.

- T'es en pyjama ? L'interroge Andrew en fronçant les sourcils, détaillant rapidement sa tenue ainsi que ses pantoufles.

- Bah, c'est dimanche. Se contente-t-elle de dire pour se justifier.

Je secoue la tête tout en me retenant de rire face à son attitude enfantine, puis Hannah se dirige directement vers mon frère qui met en pause son jeu afin de saluer sa copine, tout comme les deux autres couples présents dans cette pièce.

- Oh mon Dieu, cet amour me donne envie de gerber. Grimace Chiara avant de mimer un vomissement exagéré qui me fait rouler des yeux.

Nos amis tournent rapidement leurs visages vers nous pour fixer Chiara avec exaspération sous son air fier qui ne la quitte jamais, ce qui me fait légèrement sourire. Puis, les filles laissent les garçons terminer leur partie afin d'aller s'installer sur les tabourets face au comptoir de la cuisine.

- Alors, comment c'était ce retour avec l'ex futur homme de ta vie ? M'interroge aussitôt Charlotte, d'une curiosité qui m'amuserait dans d'autres circonstances.

L'ex futur homme de ma vie. Rien que cette idée me donne envie d'éclater de rire. Mais à la fois de fondre en larmes.

- J'étais bourrée, j'étais pas vraiment en état de faire attention à la qualité du service. Me contentais-je de répondre tout en me servant un grand verre d'eau.

- C'était très mignon qu'il s'inquiète autant pour toi. Me sourit Julia de son air tendre habituel. Je crois qu'il commence vraiment à faire des efforts.

Je fixe silencieusement mon verre en écoutant ma meilleure amie parler, alors que ses mots se bousculent dans ma tête.

Il fait des efforts. Mais c'est tellement loin d'être suffisant. Tellement loin d'être assez pour réparer tout le mal qu'il a osé me faire ... toute la peine qu'il a osé m'infliger.

Tellement loin d'être assez pour recoller les morceaux de mon cœur encore brisé.

- Il se fatigue pour rien.

Ce sont les seuls mots que je réussis à prononcer. Ils sont durs, froids et ne laissent pas place à la discussion. Il se fatigue pour rien.

- Tu pense vraiment ce que tu dis ? Me demande à son tour Hannah. Parce qu'il me semble bien reconnaître son pull, sur toi.

Les sourcils de Chiara se froncent aussitôt alors qu'elle laisse ses yeux fixer le pull que je porte, avant de reposer un regard curieux et amusé sur ma personne.

- Intéressant. Susurre ma meilleure amie, l'air de rien.

- Je ... c'est pas suffisant, d'accord ? Vous pensez pouvoir comprendre ce que je ressens, mais c'est totalement faux. Et je ne pardonnerais pas à Kilian de m'avoir détruite simplement parce qu'il ne me laisse pas ivre morte dans une salle de bain. Déballais-je rapidement sans prendre le temps de respirer entre chaque phrase. Vous semblez oublier trop facilement le fait qu'il ait désiré une autre fille que moi qu'il a d'ailleurs failli baiser dans son lit. Et vous oubliez le fait qu'il soit parti sans même me dire au revoir. Mais moi, je n'oublie pas, putain.

Je sens mon cœur se briser en même temps que ma voix à la fin de ma phrase, alors que les yeux de mes amies ne cessent de me fixer, tout leur amusement semblant s'être envolés en même temps que leurs sourires.

Je croise rapidement le regard de Chiara, devenu bien plus sérieux qu'il ne l'a jamais été et surtout bien plus intrigué.

Parce qu'elles comprennent enfin que je n'ai pas tourné cette putain de page. Pas même après six mois passé loin de lui.

Je sais qu'elles en ont longtemps voulu à Kilian. Et je sais aussi qu'aujourd'hui, elles espèreraient voir la situation s'améliorer entre lui et moi. Rien de ce qu'elles font n'est malsain.

Mais elles ne semble pas mesurer la grandeur de ma souffrance et l'intensité de mon chagrin. Elles ne le mesurent pas, parce qu'elles ne le vivent pas. Et malheureusement, jamais elles ne pourront se mettre à ma place. Jamais.

Mais moi. J'ai beaucoup trop mal pour accepter un quelconque retour en arrière simplement parce qu'il a agit en bonne conscience.

Je termine mon verre d'eau d'une traite puis quitte directement la cuisine sous le regard de mes amies que je prends soin d'éviter, afin de regagner le salon puis de sortir par la baie vitrée menant directement sur le jardin.

Les mains tremblantes et le souffle court, je me laisse tomber sur l'un des transats face à la piscine encore couverte en cette saison, puis je clos les paupières tout en penchant la tête en arrière, me laissant inspirer l'air frais tout en essayant de calmer l'état inexplicable de mon corps.

J'ai mal. Tellement mal.

Et c'est humainement impossible et impensable de souffrir autant simplement pour une histoire d'amour. Il y'a tellement plus grave dans la vie, je ne devrais même pas avoir à pleurer pour des soucis aussi minimes que les miens.

Pourtant, je n'arrive même plus à faire semblant. Je n'arrive plus à faire croire à mes amis que j'ai tourné la page et que je vais mieux. Parce que je le croyais. Mais quand Kilian se trouve face à moi et que ses yeux verts se verrouillent au miens, je comprends que mon cœur a encore bien des séquelles.

J'inspire et expire très lentement afin de calmer ma respiration saccadée, lorsque la baie vitrée qui s'ouvre une nouvelle fois me force à tourner la tête.

Mon regard se refroidit lorsque mes iris se posent sur Kilian. Encore une fois. Qui me regarde d'un air tellement inquiet que je penserais presque qu'il est sincère.

Quel comédien.

Sans un mot, il s'avance dans ma direction puis s'installe sur le transat face au mien, sortant une cigarette de sa poche pendant que je le regarde inhaler la fumée puis la recracher dans les airs d'un geste magnifique.

Puis, alors que mon regard ne quitte pas le sien, il verrouille ses yeux aux miens avant de tendre la cigarette dans ma direction, me laissant froncer les sourcils.

Je m'en empare sans un mot avant de la glisser entre mes lèvres, ses yeux suivant le moindre de mes mouvements, du moment où j'inhale la fumée jusqu'au moment où je la laisse s'échapper au dessus de mon visage.

- Tu ne t'inquiète plus de ma santé et des risques de la cigarette sur mon pauvre corps fragile ? Lui demandais-je tout en lui tendant une nouvelle fois l'objet en question.

- Tu es assez grande pour être consciente de tes actes. Je n'ai pas à t'interdire quoi que ce soit. Souffle-t-il alors que j'arque un sourcil, étonnée.

Quel progrès.

- Pour une fois que tu dis quelque chose d'intelligent.

Il lâche un rire dans un souffle tout en levant légèrement les yeux au ciel, sous mon regard fermé et totalement détaché de la situation.

Puis, son regard descend une nouvelle fois sur le pull que je porte alors qu'il glisse sa cigarette entre ses lèvres et ne prononce pas un seul mot.

- Je te le rendrais. Et cette fois, je ne te laisserais pas le choix. Soufflais-je alors qu'il remonte vivement son regard vers le mien.

- Je n'en ai pas besoin. Tu peux le garder.

- Non. Je ne veux rien te devoir. Lâchais-je d'une voix calme et posée.

À son tour, il laisse échapper un léger soupir sans jamais rompre le contact visuel établit entre lui et moi.

- Arrêtes de me repousser tout le temps ...

Je me fige à l'entente de ses mots qu'il semble prononcer avec une sincérité et un désespoir presque déconcertant.

Puis, j'éclate d'un rire sarcastique et mauvais qui aurait pu me surprendre si je ne connaissais pas l'ampleur de ma rancœur envers lui.

- Tu te fous vraiment de ma gueule, Kilian. Laissais-je échapper dans un souffle, alors qu'il fronce les sourcils.

- Ce n'est pas le cas. Je veux vraiment faire des efforts pour arranger la situation, parce que cette histoire me fait aussi mal qu'à toi. Mais je ne peux rien faire si tu n'arrêtes pas de me repousser.

Je hausse les sourcils tout en me sentant lentement perdre mon sang froid, puis je me lève du transat afin de réaliser quelques pas comme pour tenter de me canaliser, sous le regard perçant et intrigue de Kilian.

- Comment est-ce que tu peux prétendre avoir aussi mal que moi ? Soufflais-je tout en reposant mes yeux sur lui qui se lève à son tour du transat. Tu ne peux même pas imaginer à quel point j'ai souffert de la situation. Mais tu sais quoi ? Je te souhaite d'avoir mal. Je te souhaite de passer des nuits blanches comme j'ai passé à te torturer l'esprit de questions auxquelles tu n'auras jamais de réponses. Je te souhaite de verser toutes les larmes que j'ai versé. Et je te souhaite d'avoir mal au cœur comme j'ai eu mal. Tu ne mérites que ça.

J'essayais toujours de me mettre à la place des autres afin de comprendre leur douleur et ainsi pouvoir les aider à surmonter leurs épreuves, aussi difficiles puissent-elles être. Mais je ne pouvais pas comprendre pourquoi personne n'essayait jamais de se mettre à ma place ?

Pourquoi est-ce qu'on minimisait toujours le chagrin et la souffrance que je pouvais ressentir ?

Je suis Nora Swan. Mais je suis avant tout un putain d'être humain. Et j'ai des sentiments.

J'ai le droit d'avoir mal, moi aussi.

- Je sais ... et je suis vraiment désolé.

Je suis vraiment désolé. Rien que l'entente de ses quelques mots me fait éclater d'un rire jaune et sarcastique, en totale contradiction avec les larmes qui commencent à couler le long de mes joues alors que mes yeux ne quittent pas Kilian une seule seconde.

- Désolé, c'est un mot qui marche quand une erreur est commise, pas quand la confiance est rompue.

Il déglutit difficilement alors que je perçois ses yeux s'humidifier, ce qu'il tente de dissimuler en détournant le regard quelques instants.

- Je n'arrive même pas à savoir d'où te vient le courage et le culot d'espérer un retour. Soufflais-je une nouvelle fois, la voix tremblante et les yeux pleins d'eau. Tu peux bien t'excuser, me dire que je te manque, où même que tu as mal. Mais je me fiche de ta douleur.

Mon cœur se serre davantage alors que je déballe mon sac devant Kilian, comme si une partie de moi était en train d'exploser. Comme si je libérais toute la haine que je ressentais à son égard, toute la colère gardée en moi bien trop longtemps.

- Tu m'as brisée le premier, Kilian.

J'appuie sur chacun des mots prononcés tout en élevant la voix, laissant celle-ci se briser à la fin de ma phrase, ainsi que mes sanglots incontrôlés se faire entendre.

- Mais alors qu'est-ce que tu veux que je fasse ?! Lâche Kilian tout en haussant le ton à son tour, semblant totalement déboussolé.

Mes larmes dévalent le long de mes joues et me font entièrement perdre le contrôle de mes sentiments et de mes pensées. Je perds le contrôle de moi-même.

Mais à la différence d'hier. Je suis sobre.

- Commences par arrêter de me faire du mal ! Hurlais-je par dessus mes larmes, d'une voix qui ne laisse transparaître que de la faiblesse et de la tristesse.

Je suis presque certaine que nos amis doivent nous entendre depuis l'intérieur de la maison, mais je n'y prête réellement pas attention. Tout ce qui m'importe en cet instant précis, c'est Kilian. Et notre discussion.

Je me laisse de nouveau tomber sur le transat sous son regard totalement brisé et triste qui me fixe d'un silence bien plus communicatif que n'importe quel mot.

- Je t'en supplie ... arrêtes de me faire du mal. Murmurais-je d'une voix à peine audible.

Les yeux fixant le sol, j'aperçois tout de même Kilian se rapprocher et s'installer sur le transat face au mien, puis je relève la tête afin de plonger mes yeux rougis par les larmes sur lui.

Je perçois sa jambe trembler alors qu'il passe une main nerveusement dans ses cheveux bruns, sans cesser de me fixer d'un regard bien plus peiné que jamais je n'aurais pu l'imaginer.

Parce que tout comme moi. Il est brisé.

Il lève une main hésitante dans ma direction, et l'arrête net au milieu de nos deux corps, comme s'il s'attendait à ce que je ne fasse un geste brusque afin de le repousser.

Mais même si je le souhaite de tout mon cœur. Absolument rien ne vient. Mon corps semble être incapable de bouger tellement il est faible.

Je suis faible.

Et cette pensée se confirme lorsque je laisse Kilian poser délicatement sa main sur ma joue afin d'essuyer les larmes qui y coulent à l'aide de son pouce, d'une douceur inconnue jusqu'alors.

Je ferme rapidement les yeux à ce contact, les battements de mon cœur s'amplifiant quasi instantanément.

Il retire sa main quelques secondes après seulement, sans jamais m'apporter de réponse. Pourtant, le silence communicatif dont il fait preuve semble me suffire pour le moment.

Parce que nos yeux parlent entre eux. Ils se comprennent. Ils s'écoutent. Bien plus qu'on ne pourrait le faire avec de simples mots.

Et pendant une seconde, j'ai comme cette soudaine impression qu'il me fait silencieusement et à travers un simple regard une promesse très importante pour lui.

Qu'il me fait la promesse.

La promesse de ne plus me faire de mal.





Point de vue Kilian Harris.





Je fixe le jardin face à moi, une nouvelle cigarette à la main alors que les cris de mes amis à l'intérieur de la maison de Nora sont les seuls bruits qui m'empêchent de m'évader de trop dans mes pensées.

Nora est rentrée il y'a de cela un quart d'heure, après avoir séché comme elle pouvait ses larmes afin de n'inquiéter personne.

Et moi. Je suis là. À me rejouer en boucle la scène que je viens de vivre il y'a quelques minutes.

Je ne m'étais jamais senti aussi proche de Nora, tout en demeurant très loin d'elle. Sans doute même à des milliers de kilomètres lumières d'elle. Pourtant, quelque chose dans son regard et dans sa voix a semblé me redonner l'espoir d'avoir un jour son pardon.

C'est comme si elle ne fermait pas totalement la porte quant au fait de m'accepter de nouveau dans sa vie.

« Arrêtes de me faire du mal. »

Cette phrase tourne en boucle dans ma tête, comme un putain de disque qui se rejoue encore et encore, sans jamais cesser.

Elle veut que j'arrête de lui faire du mal. Et même si je n'ai pas prononcé le moindre mot après sa demande, je sais qu'elle a compris. Je suis certain qu'elle a compris la promesse silencieuse que je lui ai fait.

Et c'est une promesse que je compte bien tenir. Peut-être la seule pour le moment. Mais je m'y tiendrais.

Je ne lui ferais plus de mal. Plus jamais.

- Quoi de neuf ? S'élève une voix que j'identifie directement comme celle de Chiara.

Je tourne vivement la tête dans sa direction et la regarde fermer la baie vitrée avant de s'installer sur le transat face au mien, là où se trouvait Nora il y'a quelques minutes encore.

Je me contente de hausser les épaules face à sa question puis observe d'un rapide coup d'œil mes amis à travers la vitre, en pleine partie de Just Dance dans le salon, Charlotte semblant en plein combat de danse contre Adam, puis tous les autres étant morts de rire à côté.

- Écoutes ... souffle la voix de Chiara, ce qui me fait directement reposer les yeux sur elle. Tu sais que je suis pas du genre sentimentale.

Je hoche la tête sans hésitation afin de confirmer ses propos, d'une manière si rapide qu'elle me lance un regard glacial durant un instant, avant de reprendre son sérieux.

- Mais je n'avais pas mesuré à quel point Nora souffrait encore de la situation. Elle est tellement forte que ... j'ai vraiment cru qu'elle allait mieux. Poursuit Chiara d'une voix douce et inquiète que je ne lui connaissais pas jusqu'ici. Mais ce n'est pas le cas. Et je peux faire tout ce que je veux, peut-être essayer de lui faire rencontrer de nouvelles personnes. Je voulais même qu'elle se tape des mecs pour passer à autre chose.

Je grimace rien qu'à cette pensée puis lance un regard accusateur à Chiara qui se contente de hausser les épaules en repensant à son idée.

- Bref, il paraît évident que tu es le seul à pouvoir faire en sorte qu'elle aille mieux. Et saches que je t'en voudrais toujours pour ce que tu as osé faire à ma meilleure amie. Mais la ... je n'ai aucun pouvoir sur ses sentiments, et je ne souhaite rien d'autre que son bonheur.

Je n'ai aucun pouvoir sur ses sentiments.

J'arque un sourcil face à la demande qu'est en train de me formuler indirectement mon amie, l'incitant silencieusement à poursuivre.

- Alors, si tu as besoin d'aide pour la récupérer ... bah je t'aiderais. Parce que j'aime Nora de tout mon cœur. Et peut-être parce que ça m'empêchera de vouloir t'enfermer dans mon congélateur à cause de tes conneries. Termine Chiara de sa voix tranchante habituelle, me laissant lâcher un rire dans un souffle.

Elle veut m'aider. Chiara, ma chère et tendre amie détachée de tout ce qui l'entoure me propose son aide.

Pour récupérer sa meilleure amie.

Et à cette demande, une nouvelle phrase me revient en tête. Suivie par une scène que je me joue en boucle depuis la fête étudiante d'hier.

Une scène que je peine encore à analyser et surtout à comprendre comme il se doit.

« Comme prévu. »

L'image de Matt discutant avec ses potes au sujet de Nora me revient en tête, et je ne peux pas m'empêcher de serrer les poings en me demandant ce qu'il peut bien être en train de manigancer secrètement.

- Alors dans ce cas, j'ai vraiment besoin que tu sache quelque chose. Soufflais-je alors que son regard devient aussitôt intrigué et interrogateur.

Elle m'incite silencieusement à poursuivre et je lui raconte ainsi tout ce que j'ai entendu hier soir, soulignant le fait que Matt semblait bien trop sûr de lui d'après ce que je pouvais entendre par dessus la musique.

- Comme prévu ... murmure Chiara plusieurs fois, comme pour s'imprégner de cette phrase. Putain, je savais que ce mec n'était pas net. Tu m'étonne qu'il veuille devenir médecin s'il fait flipper comme ça.

Je lâche un rire franc face à l'obsession dont elle fait preuve quant au futur métier de Matt, puis adopte de nouveau un air sérieux en l'observant réfléchir silencieusement à l'histoire que je viens de lui raconter.

- Il y'a quelque chose qui cloche ... j'étais certaine qu'il ne pouvait pas être aussi parfait. Souffle-t-elle une nouvelle fois. S'il ose faire quoique ce soit à Nora -

Elle n'eut le temps de terminer sa phrase que je lui coupe la parole, sentant mon sang bouillir rien qu'à cette pensée.

- Il ne lui fera rien. Crachais-je sèchement d'une voix ne laissant pas place à la discussion.

- Et comment est-ce que tu peux en être aussi certain ? M'interroge Chiara, l'air bien plus dubitative qu'avant.

Je la fixe quelques secondes en silence, alors qu'elle semble attendre impatiemment une quelconque réponse de ma part.

Je passe nerveusement une main dans mes cheveux tout en laissant la promesse que j'ai fait à Nora se rejouer en boucle dans mon esprit.

Je ne lui ferais plus jamais de mal.

Mais ce qu'elle ne savait pas encore. C'est que cette promesse était bien plus importante que ce qu'elle croyait. Elle ne concernait pas qu'elle et moi.

Elle concernait tout le monde. Simplement parce que je ne laisserais plus personne lui faire de mal.

Je l'éloignerais de toutes les personnes susceptibles d'être nocive pour elle. Je ferais en sorte qu'elle arrête de me repousser. Et lorsque ce moment arrivera, je la protègerais de toutes les âmes malintentionnées qui l'entoure.

Et je suis certain que Matt est l'une de ses personnes.

L'une des personnes contre laquelle je dois protéger Nora.

Je glisse ma cigarette entre mes lèvres toujours en fixant Chiara, puis recrache rapidement la fumée que j'observe s'évaporer au dessus de ma tête, avant de reposer mon regard sur celui de mon amie et d'entrouvrir légèrement la bouche.

Juste assez pour qu'elle puisse m'entendre.

- Parce que toi et moi, on va découvrir ce qu'il prépare.

Continue Reading

You'll Also Like

150K 3.6K 133
Selem Aleykoum tous le monde j'espère que vous allez bien El Hamdoulilah donc dans cette chronique je vais vous raconter l'histoire de Hanaa moi qui...
1.4K 230 10
Belle, riche et populaire, elle était la fille parfaite. Enfin, ça, c'était au lycée. Une fois rentrée à la maison, son monde rosé de désillusions de...
755 174 24
Louise, 1m53, jeune infirmière libérale, est plutôt du genre solitaire et anxieuse. En plus de subir les inconvénients liés à sa petite taille, elle...
2M 79.7K 51
J'avais douze ans quand j'ai rencontré Éros. Il m'a volé mon premier bisou à mes quinze ans. J'ai couché avec lui à mes dix-sept ans. Et cinq jour...