POV : CAM HARGROVE
Je me réveille en sursaut avant de me redresser soudainement dans mon lit. Mon t-shirt est trempé de sueur et mon cerveau met un peu de temps pour comprendre que ce que j'ai vu n'était qu'un nouveau cauchemar.
Je me lève difficilement de mon lit avant d'aller rapidement chercher mes médicaments dans le placard que j'avale avec un peu d'eau du robinet.
Max est là, sur le canapé, elle lit tranquillement le livre qu'elle doit lire pour le lycée. Soudain, j'entend des sirènes de police ainsi que des aboiements qui semblent provenir de l'extérieur.
J'ouvre la porte et m'avance sur le pallier avant de voir trois voitures de police se garer devant le mobil-home des Munson.
— Munson a encore fait des siennes, murmure Max qui se tien désormais derrière moi avant de rentrer de nouveau.
Les officiers de police sortent de leurs voiture avant de rejoindre monsieur Munson devant sa maison. Je vois le nouveau chef, Calvin Powell, en train de parler à Wayne Munson et j'en profite pour descendre les trois marches qui m'amène sur la terre ferme avant de m'approcher un peu de la maison voisine.
Un officier ouvre la porte et j'aperçois quelque chose qui ressemble à un vrai corps humain. C'est une jeune fille, blonde, qui doit ne doit pas avoir plus de dix-sept ans.
Je me décale de trois ou quatre centimètres de plus avant de comprendre à qui appartient ce corps : Chrissy Cunningham. Cette jeune fille populaire au lycée de Hawkins qui était capitaine de l'équipe des pom-pom girls quand j'étais encore au lycée.
Elle était en seconde lorsque j'étais en terminal et je connaissais plutôt bien son grand frère. Soudain, une main glacée vient se poser sur mon épaule et je fait volte-face. Je me retrouve nez à nez avec un autre officer qui semble me dévisager.
— Tu n'as rien à faire ici, rentre chez toi, ordonne-t-il.
Je jette un dernier coup d'œil à la maison des Munson ou se trouve le corps de cette Chrissy avant de faire demi-tour et de retourner dans la maison. Je rejoint immédiatement Max sur le canapé et elle me regarde en fronçant les sourcils.
— T'en fais une tête, Cam ! T'as vu un cadavre ou quoi ? me demande-t-elle en riant.
J'hoche la tête de haut en bas en lui faisant les gros yeux et Max perd immédiatement son sourire avant de devenir aussi blanche qu'un fantôme. Je lui explique donc tout ce que je viens de voir devant notre maison.
— Tu es sûre que tu n'as pas confondu ? demande-t-elle en refermant son livre.
— Je suis sûre que c'était Chrissy.
Max se lève et se dirige vers la fenêtre afin d'inspecter le mobile-home des Munson. La porte et les fenêtres sont fermées et trois voiture de police sont garées devant.
— On doit prévenir Dustin, dit-elle naturellement.
— Merci mais ça sera sans moi, répondais-je aussitôt en croisant les bras.
— Cam ! Ça fait un an, il faut que tu passes à autre chose !
— Ce n'est pas par rapport à Billy que je ne veux pas les revoir, c'est clair ?
Mais la réalité, c'est qu'elle avait totalement raison et que j'appréhendais tellement de revoir Dustin et les autres après les avoir traités comme de la merde quand j'étais au plus bas.
Max ne cesse de me répéter qu'ils comprennent la situation mais je sais très bien que tout ce qu'elle me dit est faux. Elle le dit seulement pour me faire plaisir et essayer de me faire sortir un peu de ma chambre.
— Cam, s'il te plaît... Dustin ne t'en veux absolument pas et il me demande chaque jour de tes nouvelles.
Je sais à quel point Dustin est un amour et qu'il en serais totalement capable mais je refuse d'y croire, mon cerveau me l'interdît. Mais d'un autre côté, Max a raison, il faut que je fasse quelque chose. Alors, je me lève et me dirige tout droit vers la salle de bain afin de me préparer pour rendre visite à mes amis. Je veux changer et redevenir la vrai Cam.
— Habille-toi, on y va, annonçais-je a Max qui ne m'a jamais semblé si heureuse.
Je me prépare et une fois prête, nous quittons toute les deux la maison avant de se rendre en vélo chez Dustin. Max toque à la porte et nous patientons quelques petites secondes avant que Dustin vienne nous ouvrir la porte. C'était une erreur.
A première vu, il ne paraît pas surpris de voir Max jusqu'à ce que son regard se pose sur moi. Son sourire s'élargit et il nous invite de suite à rentrée à l'intérieur. Max et moi saluons Claudia, notre ancienne voisine, avant de se diriger vers la chambre de Dustin. Suite à ça, nous lui expliquons donc la situation.
— Chrissy Cunningham ? répète Dustin. Tu es sûre ?
— Oui, elle portait sa tenue de pom-pom girl et je l'ai vue avec Eddie la veille, expliquais-je.
— Vous l'avez dit aux flics ?
— Non, répondais-je aussitôt. Mais d'autres gens ont dû les voir ensemble, ils étaient plutôt faciles à remarquer.
— Tu es sûre que c'était Eddie ? Genre Eddie le taré avec Chrissy la pom-pom girl ?
— Certaine, affirmais-je.
— On a pas parlé de lui aux infos mais il doit forcément être leur suspect numéro un, ajoute Max dubitative.
— C'est de la folie ! Eddie n'a pas fait ça, c'est impossible.
Ma sœur le regarde en arquant un sourcils tandis que Dustin croise les bras en signe de mécontentement.
— Impossible ! répète-t-il.
— Dustin ! râle Max. On ne peut quand même pas l'exclure du lot !
— Si ! Tu ne le connais pas, gronde Dustin. Au lycée, Lucas s'est fait pleins de nouveaux amis populaire alors que Mike et moi, personne n'était sympa avec nous. Personne, sauf Eddie.
— On disait la même chose sur Ted Bundy, fait remarquer Max. C'est vrai qu'il est super sympa mais a côté de ça, il tue des femmes le week-end, ironise-t-elle.
— Tu penses vraiment qu'Eddie est comme Ted Bundy ?
— Il ne l'est pas, intervenais-je.
Max et Dustin se tournent soudainement vers moi en haussant les sourcils.
— Tu connais Eddie ? me demande Dustin intrigué.
— Évidemment que je le connais ! Il m'a vendu plusieurs fois de la drogue et j'ai déjà participé à quelque unes de ses stupides soirées avec ses copains bizarre qui portaient tous le même t-shirt.
— Sans dec' ! J'y crois pas ! s'exclame Dustin le sourire aux lèvres. Et pourquoi tu n'as rien dit aux flics ?
Je croise les bras contre ma poitrine avant de soupirer et de m'installer sur le lit, à côté de Dustin.
— Après avoir vu Eddie et Chrissy rentrer dans le mobil-home, il s'est passé un truc. Un peu plus tard dans la soirée, je regardais un film sur la télévision du salon quand la TV s'est mise à grésiller et les lumières à clignoter. Le courant est vite revenu et à ce moment même, j'ai entendu un hurlement venant du mobil-home des Munson. Je me suis approchée de la fenêtre et j'ai vu Eddie courir dehors avant de monter dans sa camionnette et de partir en accélérant comme un taré.
— Ce n'est pas si inhabituel, fait remarquer Max. Tout le monde sait que Eddie conduit comme un fou et puis, le courant se coupe sans arrêt à la maison.
— Je sais que ça peut paraître bête mais ce matin, j'ai commencé à y repenser et je me dit que ce n'était peut être pas si ''habituel'' que ça.
— Cam... soupire ma petite sœur.
— J'ai vu son visage, Max ! Il avait peur, il était effrayé.
— Il avait peut être peur parce que il venait de tuer quelqu'un, suggère-t-elle.
— Non, je ne sais pas... Peut-être que...
— Peut-être que quelque chose d'autre l'a tuée, termine Dustin en me regardant l'air inquiet.
J'acquiesce timidement.
— Mais c'est impossible, pas vrai ? reprend Max.
— J'en sais trop rien, murmure Dustin. Une seule personne sait ce qu'il s'est réellement passé.
Nous nous levons tout les trois avant de tous se diriger vers la porte d'entrée. Eddie est le seul à pouvoir nous dire ce qu'il a vu ce soir là.
— Dusty, où vas-tu ? intervient sa mère affalée sur le canapé. C'est dangereux, dehors !
— On fera attention, promis. Bisous, je t'aime, dit-il en refermant rapidement la porte derrière nous.
Nous montons tous sur nos vélos avant de foncer au video club. Une fois arrivés la bas, nous laissons nos vélos à l'entrée et nous rentrons.
— Eh, Steve ! intervient Dustin.
Steve et Robin se tiennent derrière le compte et se tournent vers nous. Le sourire de Robin s'élargit aussitôt en me voyant tandis que Steve se fige.
Ils portent une petite veste à l'effigie du magasin, ce qui me rappelle vaguement l'été dernier quand ils portaient leurs uniformes de matelots.
— Cam, tu vas bien ? me demande Steve aussitôt en s'approchant de moi.
— Vous avez des téléphones ? coupe Dustin sans même me laisser le temps de répondre.
— Deux, pourquoi ? répond Robin. Enfin, trois avec celui de Keith.
— Ça peut marcher, murmure Max.
Dustin retire son sac de des épaules avant de le balancer de l'autre côté du comptoir.
— Qu'est-ce que tu fous ? lui demande Steve confus.
Il monte sur le comptoir avant de faire tomber toutes les cassettes par terre et de s'installer derrière l'ordinateur.
— Mes cassettes videos ! gronde Steve. Tu fais quoi encore ?
— J'installe le QG ici.
— Le QG ? s'étonne Robin.
Max et moi faisons le tour du comptoir avant de rejoindre Dustin de l'autre côté.
— Arrête ça ! ordonne Steve.
— C'est pour les amis d'Eddie !
— Oh Eddie, ton copain plus cool que
moi parce qu'il joue à ce stupide jeu ? se moque le grand brun.
Dustin soupire sans manquer de lui lancer un regard noir.
— Vous avez mis le bordel dans le magasin ! gronde Robin. Le lundi, vous pouvez venir jouer ici mais pas le samedi. Enfin, sauf Cam, tu viens quand tu veux.
— Dommage parce que ça ne peut pas attendre lundi, fait remarquer Dustin les yeux rivés sur l'écran.
— Ah parce que les potes d'Eddie c'est une urgence ?
— Oui, figure toi que ça l'est ! se défend Dustin en tapant du poing.
— Je l'étrangle ou tu t'en charges ? demande Steve ironiquement en s'adressant à Robin.
— À toi l'honneur !
Dustin soupire d'agacement avant de se retourner vers moi.
— Tu peux leurs expliquer, Cam ?
— Expliquer quoi ? demande aussitôt Robin.
Je roule des yeux avant de croiser les bras. Je savais que je n'aurais pas dû accepter de venir ici.
Je leurs explique donc tout ce que je sais sur Eddie et Chrissy ainsi que tout ce que j'ai vu hier et ce matin. Après ça, Steve et Robin se sont donc portés volontaire pour aider aux recherches.
Max, Dustin et Robin appellent des numéros que nous avons sélectionnés pour essayer d'avoir une idée de l'endroit où pourrait être Eddie tandis que Steve et moi nous chargeons du peu de clients qui viennent acheter des films en ce début de week-end.
— Ça va depuis la dernière fois ? ose demander Steve en rangeant des cassettes dans un des rayons du magasin.
J'hausse simplement les épaules. Il est vrai que Steve est le seul qui prend régulièrement de mes nouvelles depuis juillet.
— Tu sais, on a pas vraiment reparlés de ce qu'il s'est passé l'été dernier, poursuit-il calmement.
— Bon, je sais que j'ai merdé de nombreuses fois depuis que Billy est mort et je suis désolé, ça te va ? répondais-je sèchement.
— Je veux seulement que tout soit comme avant et que tu redeviennes la Cam heureuse qui faisait rire tout le monde.
— Je suis pas là pour parler de ça, Steve. Les gens changent, c'est tout.
— Non, les gens ne changent pas du jour au lendemain comme toi, Cam. Tu as décidée de couper tout contact avec ta famille et tes amis parce que tu as du mal à digérée le fait que ton frère soit mort. Mais maintenant ça fait un an et tu n'arrives toujours pas à tourner la page parce qu'en réalité tu es celle qui a le plus besoin de moi dans l'histoire alors, s'il te plaît, arrête de m'éviter et regarde moi dans les yeux.
Je me retourne brusquement vers lui en laissant échapper un petit rictus malsain de ma bouche.
Je veux juste qu'on me considère comme une personne normale, comme avant. Et non pas comme la fille qui a perdu son frère jumeau dans un terrible incendie et qui n'est même pas foutu de voir la réalité en face.