Play with fire ( Tome 2 )

Від unxpetiteblonde

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Tout le monde pensait qu'ils avaient tourné la page. Ils s'étaient reconstruits chacun de leur côté, et vivai... Більше

before starting <3
NDA <3
prologue.
chapitre un.
chapitre deux.
chapitre trois.
chapitre quatre.
chapitre cinq.
chapitre six.
chapitre sept.
chapitre huit.
chapitre neuf.
chapitre dix.
chapitre onze.
chapitre douze.
chapitre quatorze.
chapitre quinze.
chapitre seize.
chapitre dix-sept ( prt 1 ).
chapitre dix-sept ( prt 2 ).
chapitre dix-huit.
chapitre dix-neuf.
chapitre vingt.
chapitre vingt et un.
chapitre vingt-deux.
chapitre vingt-trois.
chapitre vingt-quatre.
chapitre vingt-cinq.
chapitre vingt-six.
chapitre vingt-sept.
chapitre vingt-huit.
chapitre vingt-neuf.
chapitre trente.
chapitre trente et un.
chapitre trente-deux.
chapitre trente trois.
chapitre trente quatre.
chapitre trente cinq.
chapitre trente six.
chapitre trente sept.
Dear Nora ...
chapitre trente huit.
chapitre trente neuf.
chapitre quarante.
chapitre quarante et un.
chapitre quarante deux.
chapitre quarante trois.
chapitre quarante quatre.
chapitre quarante cinq.
chapitre quarante six.
chapitre quarante sept.
chapitre quarante huit.
chapitre quarante neuf.
chapitre cinquante.
chapitre cinquante et un.

chapitre treize.

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Від unxpetiteblonde






J'ai pas eu le courage de corriger le chapitre ... j'espère qu'il y'aura pas trop de fautes, si c'est le cas j'en suis désolée 🤍







Point de vue Nora Swan.







- J'ai une question. S'élève la voix de Jules en entrant dans notre chambre comme s'il était chez lui.

Allongée en étoile de mer sur mon lit, laissant mes pieds dépasser de chaque côtés, je relève la tête vers lui et soupire.

- On s'en fiche. Lui répond Chiara, en ne prenant même pas la peine de quitter son téléphone des yeux.

- Mais, c'est super important ! S'exclame-t-il tout en s'asseyant sur mes jambes tendues de tout son poids, me faisant grimacer.

Qu'il ne se gêne surtout pas.

- En fait, j'étais en cours de science et j'ai réfléchi tout le long. Commence-t-il, pendant que nous attendons patiemment qu'il termine son monologue. Genre, s'il y'a un tremblement de Terre sur Mars, est-ce que ça s'appellera un tremblement de Mars ?

Je n'eus le temps de rien répondre que j'entends Chiara souffler fortement. Elle pose son téléphone, puis toujours affalée sur son lit, elle tourne enfin son visage pour nous voir.

- Dis-moi Jules, commence-t-elle d'une voix bien trop douce pour paraître réelle. Pourquoi est-ce qu'on t'a donné la parole à la naissance ?

Toujours assit sur moi, je l'entends s'offusquer ce qui m'a tout l'air d'amuser Chiara. Puis soudain, un oreiller vole à travers la chambre afin d'atterrir sur mon amie, qui réplique directement, comme l'enfant qu'elle a toujours été. Elle éclate d'un rire cristallin, et je sens le poids de Jules se retirer de moi - à mon plus grand bonheur - avant qu'il ne se jette sur Chiara, qui ne manque pas de l'insulter avant de commencer à le frapper.

Je secoue la tête, excédée de leur comportement enfantin, mais je ne peux m'empêcher de sourire face à cette vision bien trop marrante et bien trop mignonne.

Je crois que je n'ai jamais vu Chiara aussi fusionnelle avec un homme, amicalement parlant. Mais même si elle insulte Jules à longueur de journée et semble adorer l'énerver, elle n'arrive pas à rester loin de lui plus de quelques heures.

Et quand il n'est pas dans les parages, elle va parfois même jusqu'à le chercher. Sans doute lui manque-t-il bien trop en seulement peu de temps.

Je les observe quelques secondes hurler et se battre comme deux enfants, avant que mon téléphone ne vibre entre mes mains. J'y vois directement un message de Matt, à qui j'avais donné mon numéro il y'a quelques temps déjà.

Matt :
Je fini les cours dans une heure, ça te dit d'aller boire un café ?

Je souris légèrement à la vue de son message et de sa proposition et la valide sans hésiter, n'ayant rien à faire en cette fin d'après-midi, mise à part rester bien au chaud dans ma chambre, en jogging et en sweat, à assister aux enfantillages de mes deux amis.

Je soupire en voyant Chiara lancer une chaussure dans le visage de Jules qui semble hurler à la mort en l'insultant de tout ce qui peut bien lui passer par la tête. Puis, je me lève difficilement de mon lit et me dirige dans notre salle de bain pour prendre une rapide douche bien chaude afin de combattre le froid hivernal.

J'ai hâte que les beaux jours reviennent enfin.

Je laisse l'eau chaude ruisseler sur mon corps et je penche longuement la tête en arrière en soupirant profondément, les paupières closes.

Je n'avais pas reparlé à Kilian depuis notre combat de boxe au dernier entrainement. En vérité, je ne l'avais même pas revu une seule fois. Peut-être était-ce parce que je faisais en sorte de l'éviter, où alors, peut-être qu'il faisait de même de son côté.

Et la situation m'arrangeait, parce que plus les jours défilaient et plus la situation semblait de corser et se compliquer entre nous deux. Nos discussions semblaient être de plus en plus difficiles à encaisser, et toute la colère que j'éprouvais à son égard était insoutenable.

J'allais exploser. Ce n'était plus qu'une question de temps.

Alors, je préfère rester le plus loin possible de lui, au moins le temps de réussir à me canaliser. Parce qu'il est hors de question qu'il me voit faible face à lui. Si j'ai réussi à rester forte plusieurs mois face à mes amis sans jamais flancher, sans jamais verser une larme face à eux, ce n'est pas pour que cet abruti ne vienne tout gâcher.

Pourquoi est-ce que tout devait être si compliqué ?

C'est après de longues minutes de réflexion et de questions sans réponses que j'éteins enfin l'eau de la douche et enroule mon corps autour d'une grande serviette afin de regagner ma chambre. Je fronce les sourcils en découvrant Jules et Chiara en vêtements de sports, prêts à partir je ne sais où.

- Vous partez ? Leur demandais-je, en les regardant enfiler leurs chaussures.

- On va assister à un cours de gym organisé sur le campus. M'annonce Jules fièrement, alors que j'éclate directement de rire à la fin de sa phrase, pensant qu'il s'agit d'une blague.

Mais lorsque je vois leurs visages sérieux et leurs tenues, je me stoppe net dans mon rire et fronce les sourcils, avant de rouler des yeux d'un air totalement excédé.

De la gym ?

- Vous n'êtes pas sérieux ? Leur demandais-je. Vous êtes au courant que vous n'êtes même pas capables de faire une roulade ?

Ils se lancent synchroniquement un regard outré et faussement vexés, avant de me fixer avec un mépris tellement faux qu'il manque de me faire une nouvelle fois éclater de rire.

- Tu es juste jalouse, parce que t'aimerais être à notre place. Lâche Chiara, en me toisant de son habituel regard hautain et méprisant.

Bien-sûr, ça va de soit.

Puis, Jules lui tend son bras afin qu'elle y enroule sa main, et après un dernier regard exagérément froid vers ma personne, ils quittent la chambre, me laissant seule dans la grande pièce maintenant calme et reposante, créant un grand contraste avec l'ambiance qui y régnait il y'a encore quelques minutes.

Je m'habille rapidement puis sèche mes cheveux que je décide de laisser naturellement bouclés. Une fois mes chaussures enfilées, je constate qu'il me reste un peu de temps avant la fin du cours de Matt, je me dirige donc tout naturellement vers la chambre d'Andrew, dans laquelle il est censé se trouver seul, puisque Lewis m'avait dit passer l'après-midi sur le terrain de foot avec Kilian et leur équipe.

Je frappe un rapide coup à la porte et rentre sans même attendre une réponse. Mes yeux se posent directement sur Andrew, assit sur son lit devant tout un tas de feuilles et de livres, semblant en pleines révisions.

- Ranges-moi tous ces cahiers, tu me fais peur. Lui souris je gentiment en m'installant sur le lit vide de Jules, alors qu'il lève les yeux au ciel.

- J'ai un examen demain, et je ne tiens vraiment pas à terminer aux rattrapages à la fin de l'année.

Je hoche la tête pour acquiescer ses paroles, puis lance un rapide coup d'œil à toutes ses feuilles de cours propres et ordonnées, comme s'il avait passé des heures entières à la simple mise en page.

Il est bien trop investi.

- Si j'avais su dès le départ que t'accordais autant d'importance à tes études, j'aurais jamais osé dire que t'étais un imbécile au collège. Lançais-je à mon ami, qui éclate directement d'un rire franc.

Au lycée, Andrew ne montrait jamais un réel intérêt pour les cours, et je crois qu'il s'ennuyait vraiment en classe, comme la plupart d'entre nous. Mais j'ai récemment appris qu'il passait énormément de temps à travailler et à réviser chez lui afin de valider son année et avoir son diplôme avant d'entrer en études supérieures.

Je l'admirais énormément pour réussir à gérer à la fois ses études et ses ambitions de réussites, tout en accordant du temps à sa propre santé mentale et à sa vie sociale afin de ne pas trop s'enfermer dans ses cahiers et ses manuels.

- Tu sors ? Me demande-t-il subitement, détaillant ma tenue en fronçant les sourcils.

- Pourquoi ?

- D'habitude, tu viens toujours ici en chaussettes et sapée comme si tu t'étais habillée les yeux fermés. Me dit-il d'un sourire amusé, me faisant légèrement rire.

C'est vrai que je me suis toujours comportée dans ces dortoirs comme si j'étais chez moi, et je me fiche de sortir de ma chambre en chaussettes et en pyjama, malgré le fait que les autres étudiants puissent me voir. C'était une vie qui me convenait parfaitement, et à laquelle je n'avais jamais eu réellement le droit en présence de ma mère, chez moi.

- Je vais boire un café avec Matt. L'informais-je simplement.

Il se redresse vivement et me fixe longuement, en fronçant les sourcils et en semblant attendre impatiemment que je me décide à reprendre la parole.

- Avec Matt ? Me demande-t-il finalement en voyant que je n'ai rien d'autre à lui dire. Depuis quand tu vas boire des cafés avec Matt ?

- Je t'en prie, ne fais pas ta Chiara et évites de le juger sans le connaître. Soupirais-je.

Parce que toi tu le connais, peut-être ?

Non, mais ça viendra sans doute.

- Je ne le juge pas, je n'ai jamais parlé avec lui. Mais c'est le premier mec que t'acceptes de revoir depuis ... enfin, tu sais. Et je m'y attendais juste pas.

Je hoche silencieusement la tête et baisse quelques secondes mes yeux sur mes doigts que je m'amuse à triturer, comme si j'étais nerveuse.

Mais Andrew a raison. Depuis que j'ai mis un point final à ma relation avec Kilian l'an passé, je n'ai accepté de revoir aucun garçon. Même lorsque mes amis ont voulu me présenter des mecs, soit des équipes de football, ou soit lorsqu'on sortait le soir, j'ai toujours refusé de me prêter au jeu.

Je crois simplement que je n'étais pas prête à m'ouvrir de nouveau à un garçon. Le fait d'avoir accumulé les déceptions amoureuses m'avait complètement fermé à ce qu'est l'amour, et je ne voulais plus en entendre parler. Je ne veux plus en entendre parler.

Mais Matt n'est qu'un ami avec qui je sors boire un café, et je n'envisage actuellement rien d'autre avec lui. Mais je sais aussi que sa présence m'apaise, et rien que le fait de lui parler m'apporte une certaine légèreté qui me permet de me reposer et de me vider l'esprit d'une tonne de questions auxquelles je n'ai et n'aurais jamais de réponses.

- Tu sais, je suis vraiment content pour toi. S'élève de nouveau la voix d'Andrew, me faisant vivement relever la tête. Kilian est peut-être mon ami, mais je sais très bien comme t'as souffert de la situation. Et je suis très heureux de voir que tu as enfin réussi à tourner la page et à t'ouvrir à de nouvelles potentielles relations.

Je lui souris tendrement, ses paroles et son regard rempli de sincérité me réchauffant le cœur.

Andrew et moi nous étions énormément rapprochés suite à notre entrée à l'université, et je pense que je commence réellement à voir en lui un frère, un confident et une personne sur qui je peux me reposer dans mes moments difficiles.

- J'ai tourné la page, mais même si je passe à autre chose je n'oublierais jamais que les histoires d'amour finissent mal en général.

Je n'arrivais plus réellement à penser qu'il y avait des histoires qui pouvaient bien se terminer. J'avais l'impression que toutes les histoires d'amour étaient construites pour que la chute soit brutale et amère.

Je voyais l'amour comme un ailleurs que les gens sublimaient et idéalisaient. Ils ne le voyaient pas tel qu'il était, mais préféraient l'embellir et l'exalter sans jamais ouvrir les yeux. C'est de là que venait la souffrance de l'amour ; de la lutte entre l'illusion qui allume la flamme et de la désillusion qui l'éteint.

L'amour n'était qu'une illusion dont on se servait pour se tromper soi-même. Mais lorsque l'on se heurtait à ses épines, l'on revenait à la réalité, à une désillusion totale et extrême. On arrêtait de se mentir à soi-même et on faisait face à la vérité, à ce qui était réel. Parce qu'une illusion de moins était une vérité en plus.

Et peut-importe les époques, les personnes ou les comportements de chacun. Je voyais les histoires d'amour comme similaires les unes aux autres. Elles commencent toutes bien et se finissent toutes mal.

- Je ne suis pas d'accord avec toi.

Je fronce les sourcils en fixant silencieusement Andrew, en attendant qu'il m'explique pourquoi il ne soutient pas mon raisonnement.

- Toute histoire a une fin, certes. Mais dans la vie, chaque fin annonce un nouveau départ. Tu ne peux pas tout recommencer et revenir en arrière, mais tu peux prendre un nouveau départ et créer une nouvelle fin. Une belle fin à ton histoire.

Je le fixe longuement et silencieusement alors qu'il semble avoir réussi à me faire taire. Certes, je ne suis pas sa logique et son raisonnement, parce que mon vécu fait que j'ai une toute autre vision de ce qu'est l'amour. Mais Andrew a une manière de parler qui est tellement belle et agréable que je ne peux m'empêcher de hocher la tête sans le contredire.

Il a une philosophie magnifique et une manière de penser optimiste qui redonne un semblant d'espoir à qui aura la chance de l'entendre et de l'écouter.

Je reçois un nouveau message de Matt qui m'informe sortir de son cours, et je soupire, trop bien installée ici pour avoir la motivation de bouger. J'aime tellement être dans cette chambre et discuter avec Andrew que j'aimerais que ces moments soient interminables.

- Aller, vas le rejoindre. Me sourit mon ami, chaleureusement. Et quand tu reviens, je veux absolument tout savoir !

Je rigole en lui promettant de tout lui raconter de ce rendez-vous purement amical, puis je pose ma main sur ma bouche afin de lui envoyer un baiser dans les airs, qu'il fait mine de réceptionner en souriant.

Une fois en dehors de la chambre, je me dirige à l'extérieur du bâtiment afin d'attendre Matt qui devrait me rejoindre d'ici quelques minutes. Profitant des quelques rayons de soleil transmettant un tant soit peu de chaleur, je me positionne loin des coins d'ombre et lui envoie un rapide message pour l'informer de l'endroit où je me trouve.

Je l'attends patiemment tout en regardant des vidéos que Jules s'amuse à m'envoyer depuis le fameux cours de gymnastique qui semble l'amuser lui, et énerver Chiara qui n'arrive pas à réaliser le moindre mouvement demandant un minimum de souplesse.

Je pouffe légèrement en faisant défiler les vidéos dans lesquelles on entend le rire affreusement fort de Jules, puis je relève la tête lorsque j'entends une dizaine de voix s'élever à quelques mètres de moi. J'aperçois directement l'équipe de foot de l'université traverser le campus, en n'oubliant pas de se faire remarquer, comme ils en ont l'habitude.

En étant devenue amie avec les garçons, je me suis habituée à aller les soutenir à chacun de leurs matchs, mais je ne cesserais jamais de penser que les footballeurs de cette université sont des gros frimeurs qui profitent de leur statut de sportifs pour attirer la gente féminine à eux.

C'est pathétique. D'autant plus qu'elles plongent toutes comme si elles pensaient avoir une quelconque chance avec eux.

Je secoue la tête en les regardant marcher la tête haute en affichant leurs plus beaux sourires, puis en rigolant entre eux et en se frappant mutuellement pour des raisons que j'ignore : enfin, ce sont des hommes quoi.

Soudain, au milieu de toutes ces testostérones, mes yeux se posent sur Lewis et Kilian en pleine discussion avec Camila. Ce dernier a un énorme sourire scotché sur le visage alors qu'il semble taquiner la petite brune qui lui hurle dessus en lui ordonnant de s'éloigner d'elle. Ils ressemblent soit à deux frères et sœurs réellement complices, soit à un véritable couple fou amoureux.

Chaque membre de l'équipe de foot se sépare enfin afin de retourner à leurs occupations respectives, et c'est à ce moment-là que choisit Kilian pour poser ses yeux sur ma personne. Il arrête directement tout mouvement, ses prunelles se verrouillant aux miennes et me fixant avec une intensité déstabilisante.

Mais je me contente de rouler exagérément des yeux, lui montrant à quel point il arrive à me mettre les nerfs même en se tenant loin de ma personne. Puis, alors que Lewis et Camila semblent être en grande discussion, je le vois faire quelques pas dans ma direction, s'approchant lentement de ma personne.

Je soutiens son regard sans bouger d'un seul pas, quand je le vois soudain s'interrompre et fixer d'un regard dont je ne saurais décrypter l'émotion un point derrière moi.

- Nora ? S'élève une voix que je reconnais comme celle de Matt.

Je clos quelques secondes les paupières puis en les ouvrant de nouveau, je replonge quelques secondes dans les yeux de Kilian qui me fixe longuement. Mais je rompt rapidement notre échange visuel puis lui tourne le dos afin de faire face à Matt, forçant un sourire à naitre sur mon visage maintenant bien moins jovial qu'il y'a quelques minutes.

- Salut, Matt. Lui souris je gentiment, en essayant d'ignorer le regard de Kilian que je sens encore peser sur ma personne.

- Alors, on va le boire ce café ?

Je hoche la tête pour acquiescer, puis sans jamais me retourner vers Kilian, je quitte le campus en compagnie de Matt, heureuse de partir quelques secondes d'ici et de m'éloigner de cette ambiance électrique et insoutenable pour moi.

Nous arrivons rapidement devant un petit café au centre-ville, dans lequel j'ai l'habitude de me rendre avec mes amis lorsque nous ne savons pas quoi faire de nos journées. Je souris brièvement à Matt, puis nous nous installons directement dans un petit coin calme et isolé du monde.

Silencieusement et dans ma tête, je remercie Matt de m'avoir redonné le sourire sur le chemin et de m'avoir permis de me sortir l'autre imbécile de la tête en me racontant sa journée et en me faisant rire toutes les secondes.

Nous passons rapidement commande au serveur que j'ai pris l'habitude de voir en venant assez souvent, qui nous sourit avant de repartir préparer nos boissons.

- Alors, parles-moi un peu de toi. Souris je à Matt, me rendant compte que je n'en sais que très peu sur lui. Tu as toujours vécu dans le Connecticut ?

Il hoche négativement la tête et j'attends patiemment qu'il m'en dise plus, ce qu'il fait une fois que le serveur a déposé nos boissons et s'est retiré après quelques mots échangés.

- Je suis né en République dominicaine, j'y ai vécu jusqu'à mes dix ans. Me répond-il, alors que je hausse les sourcils en trempant mes lèvres dans ma boisson. Ma mère est brésilienne, mon père dominicain. Ils se sont rencontrés pendant qu'elle voyageait à Punta Cana. Et je suis né là-bas.

Un léger sourire flotte sur mes lèvres pendant que je l'écoute me parler de sa vie et de son enfance, des étoiles dans les yeux.

- Je suis arrivé dans le Connecticut parce que mes parents voulaient voyager, et ils ont finalement trouver un travail qui leur plaisait ici. Mais j'espère retourner en République dominicaine un jour, je crois que ça me manque.

Je hoche la tête en le regardant, le sourire aux lèvres. J'ai toujours rêvé de voyager à travers le monde, de découvrir d'autres pays et d'autres cultures que celle que j'ai toujours connu. J'aimerais traverser le monde : aller en Asie, découvrir l'Inde et le Japon, visiter toutes les îles à travers le monde que je ne vois qu'en photo depuis toujours. J'aimerais marcher le long des plages thaïlandaises, mais aussi traverser les pays d'Afrique que je rêve de découvrir, puis finir par faire le tour de l'Europe.

J'ai toujours aimé vivre à New-York, et j'ai toujours estimer les Etats-Unis plus que nécessaire. J'aime mon pays et je ne regretterais jamais d'y avoir grandie. Mais lorsque l'on vit quelque part depuis toujours, l'on a plus cette impression de l'incroyable, du formidable, du merveilleux.

Beaucoup de personnes rêveraient de voyager en Amérique parce qu'ils n'ont jamais eu la chance d'y mettre un pied. Mais moi, je souhaiterais justement partir d'ici quelques temps. Découvrir le monde, les modes de vie, les diversités culturelles et toutes les traditions qui rendent le monde si merveilleux.

Mais puisque mes parents ne pensent qu'à eux et préfèrent voyager sans nous lorsqu'ils le font pour leur plaisir et non pour leur travail, je n'ai que très rarement eu la chance de voyager autre part qu'en France pour voir mes cousines.

- La République dominicaine doit être un endroit magnifique. Souris à Matt, alors qu'il hoche vivement la tête.

- C'est génial. Saint-Domingue, Punta Cana, Las Terrenas, Puerto Plata, Higüey ... que demander de mieux ? Continue Matt en m'énonçant certains noms de villes constituant la République Dominicaine. Mais le Connecticut est aussi un état magnifique.

Je hoche la tête pour approuver ses dires. J'avais déjà eu l'opportunité d'aller visiter le Connecticut il y'a quelques années, à cause des nombreux évènements professionnels de mes parents, qui avaient à l'époque des associés venant de cet état du pays.

- Et donc, dans quel domaine travaillent tes parents ? Lui demandais-je de nouveau, réellement intéressée par sa vie et son histoire.

Je vois directement son regard perdre tout son émerveillement et toute sa lumière, me faisant froncer les sourcils d'incompréhension. Après quelques secondes de silence à fixer son verre, il toussote légèrement puis repose ses yeux sur ma personne.

- Mon père est le PDG d'une entreprise, et ma mère est secrétaire dans le même endroit.

Mes sourcils froncés, je me demande davantage pourquoi a-t-il eu une telle réaction pour quelque chose d'aussi banal. Mais je sais que parler de ses parents peut parfois être quelque chose de difficile, et compte tenu du métier des siens qui se rapproche énormément de celui des miens, je ne peux que comprendre sa réaction.

Je hais aussi parler de ma famille.

- Peut-être qu'un jour, je prendrais les rennes, si j'échoue dans mes études de médecine. Poursuit Matt, avant de m'adresser un léger sourire. Qu'est-ce que font les tiens ?

A mon tour, je perds légèrement mon sourire avant de lâcher un profond souffle. Ce n'est qu'une question, pas la mer à boire.

- Mon père est le PDG d'une entreprise dans l'industrie de la mode, et ma mère styliste pour la même entreprise. Mais je ne prendrais pas les rennes. Normalement.

Soudain, Matt fronce les sourcils, semblant m'interroger silencieusement quant à ma révélation.

- Travailler dans la mode ne m'intéresse pas. Haussais-je simplement les épaules. Et je me bats avec ma mère depuis très longtemps pour avoir la liberté de choisir mon avenir professionnel. Mais mes parents sont égoïstes et tout sauf compréhensifs, donc c'est encore difficile.

- C'est clair ... lâche soudainement Matt d'une voix basse, me faisant froncer les sourcils. Enfin, quand on a des parents comme les nôtres, on est tous confrontés aux mêmes situations.

Je hoche silencieusement la tête pour acquiescer ses mots, puis après avoir échangé quelques minutes sur un autre sujet afin de détendre l'atmosphère devenue lourde et pesante, nous décidons de nous lever afin de retourner sur le campus.

Au moment de payer l'addition, je commence à sortir ma carte bleue avant que Matt ne me stoppe de sa main en fronçant les sourcils.

- Je t'invite.

Je soupire et incline légèrement la tête sur le côté, défiant son regard catégorique et ferme.

- Je peux payer pour nous deux. Lui dis-je, bien trop gênée de me faire inviter par lui.

C'est différent avec mes amis : nous nous mettons souvent d'accord pour savoir qui paiera l'addition, et si ce n'est pas le cas nous nous battons pour savoir qui sera le premier à insérer sa carte dans l'appareil. Mais c'est mon premier rendez-vous avec Matt, et je me sens assez mal à l'aise de le laisser payer mon café.

- Nora, j'insiste. Me dit-il de nouveau, sans lâcher ma main maintenant ma carte. Je t'ai proposé de sortir, alors je paie. C'est pas grand chose.

Nous nous fixons longuement sans prononcer un mot, aucun de nous deux ne semblant vouloir céder. Finalement, je finis par soupirer puis par ranger ma carte, sous son sourire victorieux et fier.

- La prochaine fois, je paie. Le prévins-je, pendant qu'il passe sa carte pour régler la note.

- Donc, il y aura une prochaine fois ?

Je hausse les épaules, de mon allure sereine et décontractée que j'ai pris l'habitude d'adopter dans n'importe quelle circonstance.

- Seulement si je paie.

Il lâche un léger rire qui me fait rapidement sourire, puis après avoir remercié les serveurs, nous sortons du café qui s'est bien rempli de monde depuis notre arrivée. Une fois dehors, je prends une grande bouffée d'air frais, le vent hivernal frappant sur ma peau et faisant s'envoler et s'emmêler mes cheveux.

Nous commençons à prendre le chemin en direction de l'université, lorsque le téléphone de Matt sonne, interrompant notre discussion sur des sujets totalement ridicules, mais qui me donnent plus le sourire que jamais.

Je le vois soupirer et remarque que ce sont ses parents qui essaient de le joindre.

- Tu peux retourner sur le campus, je te rejoins d'ici quelques minutes.

Je me contente de hocher la tête face à son air sérieux, puis il me sourit très légèrement en s'éloignant de moi, me laissant alors poursuivre seule le chemin jusqu'à la fac.

Je marche rapidement, les bras croisés sur ma poitrine en supportant les frissons de froid qui se propagent le long de mon corps, lorsque je vois apparaître dans mon champ de vision une chevelure rousse que je ne reconnais que trop bien, même de loin.

Meghan Turner.

J'arrive rapidement à sa hauteur et lorsque nous nous croisons enfin, elle hausse les sourcils et me toise de haut en bas, son léger sourire habituel sur les lèvres.

- Nora, si ça n'est pas une surprise ...  S'élève sa voix, qui n'a absolument pas changée. Toujours en train de te lamenter sur ton sort ?

Je pouffe légèrement en arquant un sourcil, constatant que rien chez elle ne semble avoir changé. Son air fier est toujours scotché sur son visage, tout comme son sourire narquois et ses manières qui m'étaient insupportables il y'a encore un an.

- Absolument pas. Lui dis-je en relevant la tête et en l'observant d'un air bien trop assuré. J'espère que cette nouvelle te réjouis.

Face à ma légère pointe d'ironie, elle pouffe en passant sa main dans ses cheveux roux, avant d'incliner légèrement la tête sur le côté.

- Bien plus que tu ne peux le croire.

Mon sourire d'abord fier et assuré se transforme rapidement en un léger sourire sincère et aimable.

Meghan n'a jamais été et ne sera jamais mon amie. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, je crois que personne ne m'avait aussi bien compris qu'elle lorsque j'avais besoin d'aide, et elle ne m'avait aucunement ménagé dans ses paroles. Et c'est sans doute ce qui m'avait le plus aidé.




Flashback : il y'a un an.





Rapidement, je traverse la grande cour du lycée afin de me rendre à mon premier cours, dans lequel je vais être en retard si je ne presse pas le pas. Et en ce moment même, tout ce que je souhaite c'est me faire toute petite afin que personne ne me remarque.

J'allais arriver devant le bâtiment dans lequel je dois me rendre, lorsque je sens une présence à mes côtés, me faisant vivement tourner la tête sur le côté.

Lara.

Je soupire, m'apprêtant à continuer ma marche, mais je n'eus le temps de faire un pas qu'elle ouvre la bouche et me stoppe dans mon élan.

- Alors, Nora ... ça fait longtemps, n'est-ce pas ? S'élève sa voix insupportable pour mes oreilles. J'espère que tu te portes bien, depuis ... enfin, tu sais ? Depuis que ton mec a fini dans mon lit. Où plutôt, que j'ai fini dans le sien.

J'avale difficilement ma salive avant de lever mes lunettes de soleil afin de fixer Lara dans les yeux. Elle semble détailler silencieusement mon visage, avant de plisser les yeux et de laisser un sourire fier apparaître sur son visage.

- Ce n'était pas mon mec.

C'est tout ce que je semble pouvoir dire. Je n'avais aucune énergie pour me défendre depuis maintenant quelques temps. Je venais en cours, je baissais les yeux toute la journée, je rigolais avec mes amis pour ne pas qu'ils s'inquiètent trop de mon état, puis je rentrais chez moi et je passais le reste de la soirée dans ma chambre.

Une routine infernale.

- T'aurais bien aimé, hein ? Me répond Lara, en se moquant ouvertement de moi.

- Fous-moi la paix, Lara.

J'allais clairement perdre patience. Je me retenais d'exploser depuis bien trop longtemps maintenant.

- Je sais pas ... c'est amusant d'avoir le dessus sur Nora Swan. Non ?

Ok. Je vais la tuer.

Je m'avance lentement vers elle, prête à lui sauter dessus, lorsqu'une voix que je ne connais que trop bien s'élève dans mon dos, faisant arrêter tout mouvement de ma part. Je retiens ma respiration et clos les paupières, mon rythme cardiaque étant devenu bien trop rapide pour que je ne puisse le supporter.

- Lara. Stop.

Kilian.

Putain de merde.

Qu'est-ce qu'il fait là ?

- Ouh, le prince charmant vient sauver sa princesse. Sourit Lara, d'un air insolent qui me donne envie de lui arracher les cheveux. Enfin ... son ex princesse, plutôt.

J'allais répliquer, mais je n'eus le temps de rien dire que Kilian ouvre de nouveau la bouche, me faisant rouler des yeux.

- Dégage.

Elle lève les yeux au ciel, semblant réellement déçue d'être interrompue et de ne pas pouvoir me mettre plus bas que terre encore une fois. Puis, elle tourne les talons après un dernier signe de main hypocrite en notre direction et quitte notre champ de vision.

- Nora, je ...

Je me tourne directement vers Kilian et lui lance un regard noir, avant de rabattre mes lunettes de soleil sur mon nez afin qu'il ne puisse pas prendre le temps de me regarder.

- Je peux me débrouiller sans toi. Le coupais-je instantanément. Alors, à l'avenir, n'interviens plus.

Derrière mes verres, je retenais mes larmes en essayant de cacher ma voix tremblante : c'est la première fois que je reparle à Kilian depuis le soir du nouvel an.

- Je voulais juste t'aider.

J'avale difficilement ma salive et essaie de contrôler mes battements devenus bien trop rapide. J'ai l'impression que mon cœur s'apprête à exploser dans ma poitrine et s'arrêter à tout moment.

- Tu es le seul responsable de cette situation. Soufflais-je, ne pouvant contenir ma voix tremblante et brisée plus longtemps. S'il te plaît Kilian, restes loin de moi. C'est la dernière chose que je te demande.

Je n'attends pas sa réponse et marche rapidement loin de lui, me dirigeant vers les toilettes plutôt que dans mon cours. Je me fiche d'être en retard, je n'ai pas la force d'aller en classe maintenant.

J'arrive rapidement devant les sanitaires, puis j'ôte mes lunettes de soleil en me fixant dans le miroir, lâchant quelques sanglots incontrôlables.

- Oh, mais j'y crois pas. S'élève une nouvelle voix qui me fait directement soupirer, puis clore les paupières.

Tout le monde, mais pas elle.

- C'est pas le moment, Meghan. Soufflais-je, la voix tremblante, en rabattant mes lunettes de soleil sur mon nez.

Mais je n'eus le temps de les garder plus de quelques secondes, que sa main s'approche de mon visage pour me les enlever brutalement. Je me tourne vivement vers elle et elle soupire en faisant face à mes yeux cernés et à mon visage fatigué et mouillé de mes larmes.

- Qu'est-ce que tu fais ? Rends-moi mes lunettes. Lui ordonnais-je sèchement.

- Tu es pathétique. Lâche directement Meghan, alors que ma respiration se coupe brutalement. Respectes-toi un minimum, s'il te plaît. Tu pleures pour un mec qui a fourré sa langue dans la bouche d'une garce doublée d'une salope.

Ironique, venant d'elle.

- Je ... je n'y arrive pas. Soufflais-je, ma voix se brisant à la fin de ma phrase.

- Bah, fais un effort. On est toutes passées par la case Kilian, et on a toutes eu le cœur brisé par lui. Et même si c'est difficile à croire, je l'appréciais bien plus que tu ne le crois. Mais toi, tu ne le laisseras pas te briser, c'est clair ?

Mais ça me semble être tellement difficile ...

- Pourquoi ? Lui demandais-je, mes larmes dévalant le long de mes joues. J'arrive pas à le supporter, je l'aime putain.

- Et le fait de l'aimer autant te rend ridicule. Attaque de nouveau la rousse face à moi. Je te connais Nora, j'ai appris à le faire. Tu es forte, très forte. Et si tu laisses ce mec te retirer cette force et te bousiller, alors qu'est-ce qu'il te restera ? Rien du tout.

Je respire bruyamment en laissant s'échapper tous mes sanglots retenus jusqu'ici, avant qu'elle ne me tende mes lunettes de soleil.

- Pleures une bonne fois pour toute, et ressaisis-toi. Kilian ne sera que de passage dans ta vie, mais ta fierté et ta dignité, non. Alors, évites de les perdre pour lui.

Elle n'attend pas ma réponse et commence à s'éloigner de moi, alors que je ne la lâche pas des yeux une seule seconde, déboussolée par ses mots.

- Pourquoi ... pourquoi tu me dis ça ? Lui demandais-je, d'une voix basse et faible.

Elle se retourne dans ma direction et me fait face, un sourire triste qui ne m'a jamais paru aussi sincère. C'est comme si pour une fois, elle laissait tomber un masque que j'ignorais exister chez elle.

- Parce que personne ne mérite de souffrir autant pour un homme. Je t'ai fais du mal en couchant avec Will, et je sais que je suis allé trop loin cette fois. Mais je sais aussi que tu n'as pas autant souffert pour Will qu'aujourd'hui pour Kilian. Et tu ne mérites pas de revivre ce calvaire une seconde fois. Surtout si Lara en est responsable.

Et je sais qu'elle a raison. Sur toute la ligne. Ses mots sont crus, mais ils me percutent de plein fouet, tant ils sont réels.

Je n'ai pas autant souffert après la trahison de Will qu'après celle de Kilian.

Simplement parce que j'aimais Will. Je l'estimais énormément. Il était mon premier amour.

Mais la différence est que j'étais folle amoureuse de Kilian. Et même s'il n'était pas le premier, j'espérais qu'il soit le dernier.





Fin du flashback.





Je fixe Meghan, sans être agacée de la voir face à moi, pour l'une des rares fois.

Nous étions dans la même université, mais le nombre d'étudiants étant bien plus grand par rapport à ce que nous étions au lycée, nous ne nous croisons que très rarement, sachant que nous n'avons aucune fréquentation en commun.

- J'ai appris que Kilian était revenu. Me dit-elle, les yeux plissés. Fais attention à toi.

Non, nous ne rêvons pas. Meghan Turner vient à l'instant de me donner un conseil bienveillant. Je n'y aurais jamais cru il y'a encore quelques mois, et pourtant c'est bien réel.

Je crois que mon histoire l'avait réellement touchée, et même si elle avait continué à me rendre la vie impossible au lycée, elle était bien plus occupée à essayer de pourrir l'année à Lara plutôt qu'à moi.

Nous n'étions pas amies. Disons qu'on se tolérait davantage aujourd'hui.

- J'essaie. Lui dis-je simplement, alors qu'elle hoche la tête pour simple réponse.

Nous nous saluons rapidement d'un simple sourire poli, puis sans apercevoir Matt derrière moi, je hausse les épaules et regagne rapidement le campus, puis ma chambre que je suis heureuse de retrouver après une nouvelle journée.

J'y entre et tombe directement sur Chiara et Julia, affalée sur les deux lits et semblant être en pleine discussion. Elles s'arrêtent de parler en me voyant, Julia me souriant légèrement et Chiara m'affichant son air blasé, comme si elle venait de vivre la journée la plus éprouvante de sa vie.

- T'étais où ? Me demande subitement la brune, pendant que je quitte mes chaussures.

- Avec Matt.

Julia se redresse instantanément, un immense sourire aux lèvres, alors que Chiara roule des yeux en exprimant très clairement son désaccord.

Je ne comprendrais jamais sa haine envers lui.

- J'aime bien Matt. S'élève la voix de Julia après un bref silence. Il est très gentil.

- Bah moi, je l'aime pas. Renchérit Chiara, d'une voix sèche et ferme.

- On peut savoir pourquoi ? Il te doit des sous ? Il a tué ta mère ? Lui demande Julia d'une voix amusée qui me fait sourire.

Chiara roule des yeux et lui lance un regard las qui ne fait qu'élargir le sourire de la blonde.

- Je le sens pas. Il est bizarre.

Je soupire longuement et m'installe aux côtés de Julia afin de faire face à notre meilleure amie.

- Et qu'est-ce que t'aime pas chez lui, exactement ? Lui demandais-je, vraiment dépitée du fait que mon amie n'aime personne.

- Ce que j'aime pas chez lui ? C'est lui.

Julia pouffe une nouvelle fois, clairement amusée par la scène se jouant sous ses yeux. Je secoue la tête, adoptant une expression dépitée et excédée.

- Moi, je le trouve très gentil. Intervient Julia. Il est mignon, et ça se voit qu'il est bienveillant.

- Julia, tu trouves tout le monde très gentil.

C'est vrai que Julia a tendance à trouver tout le monde gentil, et à voir le bien même chez ceux qui peuvent se montrer cruel. Elle pense que chaque être humain possède une part de gentillesse, d'humanité, même enfouie en eux.

- Je suis juste contente que Nora tourne la page. Ce n'est pas ce que tu voulais ?

- Bien-sûr que si. Lâche Chiara en nous fixant depuis son lit. Je veux que tu passes à autre chose et je suis contente que tu le fasse. Mais pas avec lui. Mon intuition ne me trompe jamais. Et je le sens pas, c'est tout.

Je lance un bref regard à Julia qui semble totalement désespérée face à l'entêtement de notre amie.

- De toute façon, on est juste amis. Les informais-je finalement.

Je ne vois Matt que comme un ami. J'ignore de quoi demain sera fait, mais je n'ai aucune envie de m'engager dans une nouvelle relation. Pas après tout ce que j'ai vécu.

- Bah si un jour ça change, je soutiendrais cette relation à cent pour cent. Me sourit Julia d'un air attendrissant.

- Et moi, je m'y opposerais.

Nous reposons nos yeux sur Chiara et je ne peux m'empêcher de lâcher un rire face à son visage fermé et totalement catégorique.

- Je vous dis qu'il est bizarre. Un jour, vous me direz que j'avais raison. Nous dit de nouveau la brune. En plus je l'aime pas. C'est un futur médecin, et j'ai peur d'eux.

J'éclate directement de rire avec Julia, alors que Chiara nous lance un regard blasé que trahit son sourire naissant.

- T'aimes personne, Chiara. Lâche Julia en calmant son rire. Tu devrais aller vivre dans une grotte pour être sûre de ne croiser personne.

À peine eut-elle fini sa phrase que Chiara s'empare d'un oreiller et lui lance en plein visage, me faisant éclater de rire lorsque je vois Julia lâcher un cri aigüe en le recevant en pleine tête.

Puis, elle lui renvoie son coussin et s'ensuit une bataille d'oreiller totalement ridicule entre nous, comme si nous n'avions que dix ans.

Mais en réalité, ce sont ces moments là que j'aime partager avec elles. Ces filles ont le don de me redonner le sourire sans même que je ne leur demande de le faire. Elles arrivent à apaiser ma tristesse, ma colère et ma haine simplement par leur présence.

Une fois notre bataille terminée, nous nous retrouvons toutes les trois allongées sur le sol de notre chambre, essoufflées et mortes de rire.

- Les filles ... commençais-je après un long moment de silence. Je vous aime.

Nous ne nous disons jamais ce genre de chose. En fait, je crois qu'on se l'est avoué qu'une seule fois, il y'a de nombreuses années.

Nos actes ont toujours su prouver l'amour inconditionnel que l'on se porte mutuellement. Les mots ne servent à rien dans notre relation. Nous n'avons rien à nous prouver, parce que nous savons pertinemment la manière dont nous nous estimons les unes et les autres.

Mais aujourd'hui, je ressens comme le besoin de leur avouer. J'en ai envie. J'en ai besoin.

- Oh ! S'écrie Julia avant de se jeter sur moi et de déposer un baiser sur ma joue. Je t'aime aussi. Je vous aime. Enfin, sauf quand Chiara se transforme en psychopathe.

J'éclate une nouvelle fois d'un rire franc et mes yeux se posent sur Chiara qui lève les yeux au ciel, avant de nous fixer à tour de rôle, comprenant rapidement qu'on attend d'elle qu'elle nous avoue également ses sentiments.

Elle déteste ce genre de chose. Et c'est bien pour ça qu'on attend d'elle qu'elle le fasse maintenant. C'est bien trop drôle de la voir se décomposer et grimacer face à tant de tendresse.

- Ah non, je ne vous déclarerais pas ma flamme aujourd'hui.

D'un regard entendu, Julia et moi adoptons deux regards de chiens battus, exagérant les clignements de nos yeux et notre visage dramatiquement triste.

Chiara finit par lâcher un profond soupire après nous avoir regarder de longues secondes faire notre cinéma. Puis, elle clôt quelques secondes les paupières comme si elle était en train de faire silencieusement une prière, avant d'ouvrir de nouveau les yeux et de nous fixer.

- Je vous aime aussi.

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