Ariona Maltais - les 73e Hung...

By Turt_2

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A l'aube des 73e Hunger Games, Ariona Maltais, jeune Capitolienne, accompagne Effie Trinket pour assister à l... More

Présentation
Chapitre 1 : Voyage en train
Chapitre 2 : Une journée au district
Chapitre 3 : la Moisson
Chapitre 4 : Confusion
Chapitre 5 : Première soirée
Chapitre 6 : Retour
Chapitre 8 : Tensions
Chapitre 9 : Le Centre d'Entraînement
Chapitre 10 : Réconciliation
Chapitre 11 : L'évaluation
Chapitre 12 : L'interview
Chapitre 13 : le Lancement
Chapitre 14 : On ne peut pas stopper le destin
Chapitre 15 : Jour 1
Chapitre 16 : Course poursuite à travers la ville

Chapitre 7 : la Parade

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By Turt_2

Après avoir pénétré dans le centre de Transformation, nous sommes remis aux mains de notre équipe de préparation. La mienne se compose de deux femmes - Venia et Crissa - ainsi qu'un homme, Flavius. On peut voir que tous ont déjà fait appel à des esthéticiens, comme la majorité des Capitoliens. La mode favorisant les « investissements » à long terme, la plupart des habitants ont des tatouages, ou des colorations de peaux. Certains se sont même rajoutés des attributs animaliers, tels des moustaches de chats, des queues, ou même des branchies - c'est le cas d'un ami de mon père, le trésorier en chef de Panem. Personnellement, je ne me vois pas avec des tatouages dorés, des cheveux orange ou des spirales roses mouvantes partout sur le corps, mais bon, c'est un style. C'est le genre de look un peu original qui parait marrant sur les autres, mais que tu n'essayeras jamais.

Venant du Capitole, en plus d'être la fille d'un ministre, j'ai déjà eu affaire à de nombreux esthéticiens par le passé, si bien que mon équipe de préparation se retrouve légèrement désœuvrée, ce qui n'a pourtant pas l'air de les gêner. La « transformation » ne prend pas plus d'une heure, pendant laquelle ils n'arrêtent pas de discuter des nouveaux potins du Capitole, me demandant parfois mon avis sur telle ou telle personne. Je ne sais pas si c'est moi, ou s'ils font cela pour tous les tributs habituels du Douze, mais si c'est le cas, les pauvres adolescents de doivent pas comprendre un mot de ce qu'ils racontent.

Lorsque j'enfile mon peignoir pour aller rencontrer mon styliste, le seul changement notable par rapport à mon arrivée, c'est ma coiffure. J'imagine que c'est une demande en rapport avec ma tenue. Mes cheveux sont rejetés en arrière, de façon à découvrir mon visage, puis séparés sur les côtés avant d'être enroulés en queue de cheval. Le résultat est vraiment agréable à voir, cette coupe me va très bien.

Nous sortons ensuite de la salle de préparation, pour nous diriger vers celle où se trouve mon styliste. Alors que nous tournons à gauche, je remarque du coin de l'œil une salle à l'opposé de celle où nous nous dirigeons. A l'intérieure, bien en évidence derrière une vitre translucide, un costume de mineur brille de sa médiocrité. La tenue de cette année ou une des précédentes ? Impossible à dire. Entre le casque, la combinaison et la pioche sur le côté, elles se ressemblent toutes. En voyant cela, je frissonne : je risque probablement d'être vêtue de la sorte pour la parade. Suivant mon regard, un Muet se trouvant près de la porte s'empresse de la fermer. Je détourne les yeux. Apparemment je n'étais pas censée voir ça.

*

Après avoir changé de salle, je rencontre enfin mon styliste : Dru. Cela fait plusieurs années qu'il dessine les costumes du district Douze. Il s'agit d'un petit homme rond, d'une cinquantaine d'année, brun avec des mèches vert fluo, doté d'énormes yeux violets. Honnêtement, je ne tiens pas à savoir comment obtenir des yeux d'une telle largeur est possible. Comme souvent, il est vêtu d'une longue tunique violette avec des épaulettes dorées et des spots lumineux qui descendent le long de son corps en diffusant un aura bleuâtre. Le résultat final ne parait pas vraiment à son avantage, mais il est le seul à ne pas s'en rendre compte.

D'un autre côté, il suffit de regarder les costumes des années précédentes pour se donner une idée du personnage. Cette idée des tributs totalement nus, avec juste une couche de charbon, c'était vraiment minable. Ce n'est pas ça qui risque de leur attirer des sponsors. D'ailleurs, preuve ultime de son échec, il n'a pas repris l'idée l'année suivante.

J'ose espérer que nous n'aurons pas quelque chose d'aussi médiocre cette fois-ci. Je sais bien que la honte ne tue pas, mais quand même...

Quand il me voit, Dru s'arrête de tourner en rond dans la salle et s'éponge rapidement le front, soudain très pâle. Puis il doit penser à quelque chose, puisque son visage reprend ses couleurs habituelles. Il s'approche vers moi et s'exclame avec un entrain forcé :

_ Mlle Maltais ! Je ne vous attendais pas de sitôt, vous êtes en avance !

_ Oui, mon équipe a été très rapide.

Je jette un coup d'œil à Venia, Crissa et Flavius, qui se mettent à piaffer.

_ Venez, je vais vous montrer votre costume. Il est magnifique cette année !

Je le suis, légèrement dubitative devant son enthousiasme. C'est le district Douze tout de même. Cela fait plus de cinquante ans qu'ils n'ont pas eu de styliste compétant, même après la victoire d'Haymitch. Pourtant, quand Dru me dit de fermer les yeux, je m'exécute de bonne grâce, curieuse malgré tout. Je tends les bras, tandis que mon styliste m'aide à enfiler ma tenue. Gardant les yeux fermés pour me plier à son petit jeux, même si ce n'est pas très pratique, je ne peux pas voir à quoi je ressemble, mais j'entends parfaitement les exclamations admiratives de mon équipe de préparation. Le district Douze aurait-il enfin un costume digne de ce nom ?

Je sens une sorte de robe constituée de plusieurs couches - une toge ? un kimono ? - qui descend jusqu'aux pieds, ainsi qu'une ceinture. Je peux également sentir un poids sur mes avant-bras et sur mes épaules, mais ne reconnais pas la matière qui le compose. Je sais que je suis chaussée de sandales, probablement en cuir, et qu'une masse en tissu pèse sur mon crâne - un chapeau ? Intriguée, je demande à Dru la permission d'ouvrir les yeux, qu'il me donne après m'avoir fait faire une rotation sur moi-même. Quand je lève finalement mes paupières et regarde dans le miroir situé en face de moi, je ne peux retenir une exclamation. Ça, je ne m'y attendais pas !

Je suis effectivement vêtue d'une toge totalement noire, semblable à celles des sénateurs romains dans l'ancien temps, mais agencée de façon à laisser les bras libres pour plus de mouvements. Une ceinture dorée me serre la taille, brisant la monotonie du noir. Sur mes épaules, je remarque des bandes de cuir sombre, identiques aux protections qui recouvrent mes avant-bras. Mais des protections contre quoi ? Pour compléter la panoplie antique, j'ai bien évidemment des sandales, de cuir noir également, dont les lacets remontent jusqu'à mes mollets.

Mais je crois que c'est mon couvre-chef qui me plait le plus. Bien qu'il n'y ait aucun rapport avec Rome, je porte un béret de même couleur que mes cheveux - noir Dorian apparemment, même si je n'ai jamais vu la différence avec du noir normal. Il est légèrement penché sur le côté droit, et placé subtilement en arrière de façon à dégager mon visage.

Je devine que ce clin d'œil se réfère à mes origines orientales. Ma famille descend de lointains ancêtres qui auraient traversé l'océan de l'Est, depuis un continent aujourd'hui disparu. De ce pays inconnu, j'ai hérité la culture, mon adoration pour les pains au chocolats et un accent caractéristique qui appuie les r et prononce chaque syllabe distinctement. Cet héritage se transmet de génération en génération chez les Maltais, et fait la renommée de notre nom dans tout le Capitole, et ce depuis de très nombreuses années. Je me demande si Dust portera aussi le béret, puisqu'il ne vient pas de là.

Côté maquillage, c'est très discret. Juste un peu de fond de teint et un mascara doré, qui fait « ressortir le bleu de mes yeux » pour reprendre Dru. S'il est une quiche en matière de dessin et qu'il ne possède pas une once de créativité vestimentaire, je dois avouer que c'est un parfait préparateur. Il a su agencer les différents éléments de cette tenue de façon à me faire paraître élégante, mais aussi déterminée, tout en rappelant qui je suis. C'est un beau travail, que je ne peux m'empêcher de relever.

_ Cette tenue est vraiment magnifique Dru ! Je ne sais pas comment te remercier !

_ Mais de rien, tout le plaisir est pour moi voyons, répond-il en rosissant.

_ C'est toi qui l'a dessinée ?

_ Eh bien... pas vraiment, bafouille-t-il. Vous voyez, après la Moisson, votre père a fait venir un styliste... euh... renommé, pour apporter.... comment dire... pour améliorer encore mon idée de base. Voilà.

Évidemment, tout s'éclaire. Le costume de mineur que j'ai vu dans l'autre salle était celui créé par Dru et destiné aux tributs du Douze. Mais suite à la Moisson, mon père a dû trouver inacceptable que je puisse me montrer en public vêtue d'une tenue aussi grotesque. Il a donc probablement payé un célèbre créateur de mode - peut-être même Wallis, le styliste du président - qui lui a dessiné cette tenue magnifique en un temps record.

Je soupire. Évidemment, je préfère porter ce costume plutôt que celui de mineur, mais ce n'est pas très juste vis-à-vis des autres tributs. En même temps, je sais déjà que cette édition des Hunger Games ne sera pas vraiment impartiale, à mon plus grand désespoir. Les Juges essayeront probablement de me favoriser, et je monopoliserai la plupart des sponsors. Alors un peu plus ou un peu moins.

J'espère au moins que Dust aura une tenue semblable à la mienne, et non celle dessinée par Dru.

*

Comme ma préparation a duré moins de temps que prévu, j'ai à peu près une heure d'avance. Pour tuer le temps, je me mets à discuter avec mon équipe de préparation. Ils semblent ravis d'avoir enfin un tribut à qui parler de leurs ragots. Je dois avouer qu'ils sont au point question people, et je ne vois plus le temps passer. Enfin, Dust arrive par une autre porte avec une styliste que je ne connais pas. Je me lève et ne peux m'empêcher de sourire. Il est vêtu exactement comme moi, sauf que lui ne porte pas de protections de cuir. Quand il me voit, il me sourit en retour, ce qui me met de meilleure humeur encore.

_ Tu as vu ces costumes, je m'exclame. Ils sont magnifiques !

_ Oui, c'est vraiment incroyable. J'arrive toujours pas à me dire que c'est moi qui le porte.

Je ris à sa blague, trop heureuse d'enfin réussir à créer des liens avec mon partenaire de district. Je sais qu'il est censé être mon ennemi, mais je n'arrive décidément pas à le considérer comme tel.

Lorsque nous descendons pour nous diriger vers les chars, Haymitch et Effie nous attendent déjà à l'arrivée. Dès qu'elle nous voit, notre hôtesse pousse une exclamation admirative, et nous complimente sur nos costumes « inoubliables ». Notre mentor, lui, semble franchement étonné de notre tenue.

_ Eh ben, vous avez été gâtés à ce que je vois.

_ Un peu, oui, je lui réponds.

_ Venez, je vais vous montrer votre char.

Nous suivons Haymitch le long de la rangée, et je ne peux m'empêcher de dévisager les autres tributs. Certains ne sont pas encore arrivés, nous sommes dans les premiers.

Malgré tout, je remarque ceux du Un, vêtus d'une robe de diamant pour Agate - volontairement transparente - et d'une armure de rubis pour Pyrite, qui dégage une lumière rougeâtre assez effrayante. Le message est limpide.

Ceux du Deux sont présents également. Tous deux portent des gilets pare-balles sur une combinaison entièrement faite en kevlar, ainsi qu'une couronne de laurier. Ils ont également deux sabres croisés dans le dos. Je suppose que c'est une façon de rappeler que la plupart des Pacificateurs viennent du district Deux, et qu'ils ont un nombre impressionnant de gagnants.

Pour clore le pack des Carrières, les tributs du Quatre arrivent alors que nous remontons l'allée des chars, dans des tenues très élégantes. Hyven est vêtue d'une robe couleur océan moulante, sertie de perles. Ses cheveux sont noués en chignon autour d'une rose de corail, d'où s'échappent quelque mèches de feu. Quant à Glad, il porte un uniforme d'officier des marines flambant neuf.

A par les Carrières et nous, seuls les jumeaux du Sept attendent près de leur char en discutant à voix basse. Contrairement aux années précédentes, ils ne sont pas déguisés en arbres, mais en bûcherons, ce qui leur donne un air bien plus menaçant. Avec la hache au côté, ce n'est pas moi qui irais me frotter à eux.

Enfin, nous atteignons notre char, tout au bout de l'allée. Venant du district Douze, nous partirons donc les derniers. Je pense que dans ce genre de parade, il vaut mieux être soit premier soit dernier. Au milieu, les spectateurs n'ont pas le temps de bien admirer les tributs, entre ceux d'avant et ceux d'après. Mais à la fin, on peut marquer les esprits, puisque les derniers tributs que verront les Capitoliens, ce sera nous.

Alors que les dernières équipes arrivent, Dru me prend à pars.

_ Pendant la parade, vous aurez droit à une petite surprise de ma part. Je ne vais pas vous dire tout de suite en quoi elle consiste, mais quand vous la verrez, juste tendez le bras, d'accord ?

_ Oui, si tu veux, mais comment pourras-tu me donner ta ... surprise, quelle qu'elle soit ? Nous serons en plein milieu de l'allée des Vainqueurs.

_ Ne vous inquiétez pas pour ça. Juste tendez le bras au signal. Vous comprendrez. Ah, aussi, vos sandales et votre ceinture sont magnétisées, elles vous empêcheront de tomber, si vous voulez saluer sans devoir vous retenir au char.

Avant que je ne comprenne quoi que ce soit, il se retourne et s'éloigne. Haymitch, qui était parti discuter avec les mentors du Onze, revient vers nous pour nous dire de monter sur notre véhicule. En effet, c'est déjà l'heure. Il part ensuite avec Effie pour aller voir la parade depuis les gradins. Je me retrouve alors seule avec Dust. Celui-ci grimpe à droite, et me tend sa main pour m'aider à monter sur le char. Je me place à sa gauche et lui adresse en sourire encourageant.

_ Tout va bien se passer.

L'hymne du Capitole retentit à ce moment-là et le premier chariot s'ébranle avant de se mettre en route.

*

Les cris de la foule retentissent de plus en plus fort à mesure que les portes s'ouvrent sur ma gauche. Le Quatre, le Sept, le Neuf. Bientôt, le Onze s'avance, et il ne reste plus que nous. Je relève la tête, gardant le dos bien droit, un sourire éclatant gravé sur mon visage. Honnêtement, je suis assez excitée par la perspective de défiler l'allée des Vainqueurs devant tout Panem. En tant que Capitolienne, c'est un rêve qui se réalise.

Alors quand nos chevaux s'ébrouent avant d'avancer en cadence, emportant notre char dans la lumière, je ne peux réfréner un soubresaut de joie. Mais comme me l'a précisé Dru précédemment, mes sandales sont désormais visées au sol, m'empêchant de bouger les pieds, si bien que mon mouvement doit paraître assez peu naturel.

Enfin, je me redresse à temps. Le soleil m'éblouit quelques instants alors que nous avançons dans l'avenue, me faisant cligner des yeux. Bien avant de les voir, je peux entendre les milliers de spectateurs déchaînés qui acclament le passage des tributs. Dès qu'ils nous aperçoivent, les ovations grandissent. Entre mon entrée flamboyante lors de la Moisson et nos tenue remarquablement belles pour ce district, le Douze ne passe pas inaperçu cette année. Tous nous montrent du doigt en acclamant nos costumes, au détriment des trois chariots devant nous, totalement ignorés. Ravie de cette attention, je fais mon V maintenant devenu célèbre, ce qui provoque de nouvelles exclamations. À côté de moi, Dust salut également, mit en confiance par les bravos de la foule.

Alors que nous devons être à mi-chemin, j'entends soudain un cri aigu et perçant retentir quelque part sur ma gauche. Immédiatement, je reconnais ce son pour l'avoir entendu des centaines de fois auparavant, et j'éclate de rire en comprenant enfin en quoi consiste la « surprise » de Dru. Un coup de génie !

En levant les yeux vers le ciel, j'aperçois une silhouette majestueuse planer près des nuages, loin au-dessus de nos têtes. Le cœur gonflé de joie, je siffle une longue note claire, sous le regard étonné des spectateurs qui lèvent maintenant tous la tête. En réponse direct à mon appel, l'aigle repli ses ailes et plonge en piqué sur la foule qui crie, paniquée. Juste avant l'impact, le roi des cieux ouvre grand ses ailes, et tout en rasant la nuée de Capitoliens, fonce vers moi. Je tends le bras, conformément aux instructions de mon styliste et l'oiseau vient se poser délicatement sur ma protection en cuire, dont l'utilité s'éclaire soudain.

Les spectateurs, ayant enfin compris que l'aigle faisait partie de la parade, m'acclament de plus belle, maintenant complètement hystériques. Ils me lancent des fleurs et des bracelets d'or, des montres en argent, des billets par liasse de cent. Certains lancent leurs chapeaux, ou même leurs perruques. Tout ce qu'ils peuvent lancer, ils le jettent aux pieds de notre char. Les écrans ne montrent que nous - enfin, moi surtout. La foule se déplace au rythme de notre avancée, chacun voulant nous voir un peu plus longtemps.

De nouveau, je suis prise d'un éclat de rire. Dru était bien renseigné. Il savait que depuis maintenant presque deux ans, je me rends régulièrement au zoo du Capitole pour apprendre à m'occuper d'aigles. Celui accroché à mon bras a quinze mois. Je l'ai vu naître, et c'est moi qui me suis majoritairement occupée de son dressage. Je lui ai même donné un nom : Heaver. Il s'agit d'un aigle royal, une espèce maintenant en voie de disparition. Il n'en existe que cinq répertoriés par le Capitole, tous résidents du zoo. Heaver est le plus jeune de tous. Il porte une livrée brun chocolat, avec des teintes de plumes allant du terreux au roux, avec des reflets jaunes autour de ses pattes. Ses yeux brun foncé perçants sont capables de repérer des cibles à des distances étonnantes. C'est un animal incroyable. Pile ce dont j'avais besoin en ce moment.

Je me mets à caresser doucement les plumes à la base de son cou, comme j'avais l'habitude de le faire lors mes visites au zoo. Sous la lumière, son plumage prend une couleur dorée scintillante. Heaver glisse sa tête dans ma main, avant de se redresser et d'écarter brusquement ses ailes en poussant un nouveau cri. Je lève le bras, sous le regard légèrement effrayé - et un peu jaloux - de Dust. L'aigle s'élève dans les airs, avant de partir effectuer quelques cercles autour de la foule, toujours en délire. Ce petit jeux dure de longues minutes, le temps pour nous d'arriver devant l'estrade du président. Grisée par le succès, mes joues sont devenues rouges et je sourie jusqu'aux oreilles, Heaver désormais perché sur mon épaule.

Je remarque à peine les regards assassins de certains tributs, principalement les Carrières. Même s'ils me tuent dans l'arène, ils ne peuvent pas effacer ce moment. C'est ma victoire. Aujourd'hui, j'entre pour toujours dans la légende des Hunger Games. 

Quoi qu'il arrive, on ne m'oubliera pas.

Forte de cette pensée, je regarde le président Snow s'avancer pour réciter son discours. A sa vue, mon expression se durcit sensiblement. C'est lui que je tiens pour unique responsable de l'injustice des Jeux. C'est en grande partie sa faute si les districts sont si misérables. Je suis convaincue que si Panem avait eu un autre président ces soixante dernières années, les choses ne seraient pas aussi catastrophiques aujourd'hui.

Brusquement, je remarque que le vieil homme me fixe en retour. Ses yeux de serpent semblent lire dans mes pensées, deviner m colère grandissante à son égard. Quand il s'arrête de parler, je comprends que son petit rictus en coin m'est adressé. Inconsciemment, je frissonne, mon courroux totalement évaporé.

Heureusement mon malaise est de courte durée, et nos chars opèrent rapidement un demi-tour pour un dernier passage, m'empêchant de m'appesantir sur cette désagréable impression. Tout comme la première fois, notre véhicule est au centre de l'attention, pour les spectateurs tout autant que pour les caméras. Heaver refait un tour dans le ciel, avant de revenir se percher sur mon épaule gauche, déployant de temps en temps ses ailes pour le plaisir des Capitoliens. Avant de passer les portes, je regarde une dernière fois les caméras et crie, la main droite levée :

_ Panem !

Alors que les battants se referment derrière nous, je peux entendre mon slogan repris d'une seule voix par la foule entière.

Notre char s'arrête et j'entends un déclic, signe que je peux de nouveau bouger les pieds. Je descends, suivie de Dust, et me tourne vers nos stylistes qui nous attendent en compagnie d'Haymitch et d'Effie. Cette dernière s'avance vers nous, rose d'excitation.

_ Vous étiez magnifiques ! Magnifiques ! Vraiment ! C'était tellement beau, que je... je...

Sous le coup de l'émotion, mon chaperon peine à trouver les mots. Je lui fais signe que je comprends avant de la remercier. Puis je m'adresse à Dru :

_ Ton idée d'ajouter Heaver, c'était vraiment brillant. Merci.

Il hoche la tête comme si ce n'était rien, pourtant visiblement très fier de lui.

_ J'avais cette idée qui me trottait dans la tête depuis un certain temps, mais je n'ai jamais eu l'occasion de la mettre en œuvre. J'espérais être muté dans un meilleur district, où je pourrais réaliser mon rêve, mais je n'ai jamais réussi à quitter le Douze. Alors quand j'ai appris que vous saviez dompter des aigles, pensez-vous...

Je sourie, reconnaissante. Finalement, peut-être que je m'étais trompée sur Dru, il peut avoir de bonnes idées. Grâce à lui, je suis maintenant sûre d'être inoubliable. Il a pour ainsi dire révolutionné les Jeux. A coup sûr, lui aussi est maintenant entré dans l'histoire des Hunger Games. Après un tel show, les sponsors se battront pour m'envoyer des cadeaux dans l'arène. Mais d'un autre côté, cela signifie également que les autres tributs - quand je dis les autres, je pense surtout aux Carrières - ne recevront probablement aucun parachute tant que je serai en vie.

Ce qui veut dire que je viens de gagner la premier place sur leur liste de personnes à tuer. 

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