Play with fire ( Tome 2 )

By unxpetiteblonde

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Tout le monde pensait qu'ils avaient tourné la page. Ils s'étaient reconstruits chacun de leur côté, et vivai... More

before starting <3
NDA <3
prologue.
chapitre un.
chapitre deux.
chapitre quatre.
chapitre cinq.
chapitre six.
chapitre sept.
chapitre huit.
chapitre neuf.
chapitre dix.
chapitre onze.
chapitre douze.
chapitre treize.
chapitre quatorze.
chapitre quinze.
chapitre seize.
chapitre dix-sept ( prt 1 ).
chapitre dix-sept ( prt 2 ).
chapitre dix-huit.
chapitre dix-neuf.
chapitre vingt.
chapitre vingt et un.
chapitre vingt-deux.
chapitre vingt-trois.
chapitre vingt-quatre.
chapitre vingt-cinq.
chapitre vingt-six.
chapitre vingt-sept.
chapitre vingt-huit.
chapitre vingt-neuf.
chapitre trente.
chapitre trente et un.
chapitre trente-deux.
chapitre trente trois.
chapitre trente quatre.
chapitre trente cinq.
chapitre trente six.
chapitre trente sept.
Dear Nora ...
chapitre trente huit.
chapitre trente neuf.
chapitre quarante.
chapitre quarante et un.
chapitre quarante deux.
chapitre quarante trois.
chapitre quarante quatre.
chapitre quarante cinq.
chapitre quarante six.
chapitre quarante sept.
chapitre quarante huit.
chapitre quarante neuf.
chapitre cinquante.
chapitre cinquante et un.

chapitre trois.

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By unxpetiteblonde





Point de vue Kilian Harris.


Je frappais dans les ballons depuis maintenant une longue demi-heure, tout en tirant dans les cages vides, sans jamais les louper.

Depuis que j'étais arrivé à Blairstown dans le New-Jersey en compagnie de Lewis, je passais la majorité de mon temps sur le terrain afin d'entièrement me consacrer à ma passion et à ma future carrière.

Cette école est réputée pour être la meilleure du pays en terme de préparation au football, et elle y regroupe un grand nombre d'élèves tous plus motivés les uns que les autres.

C'est exactement ce dont j'avais besoin en quittant le lycée.

Pouvoir me consacrer à ce que j'aime le plus.

J'avais été accepté dans presque toutes les écoles pour lesquelles j'avais formulé des vœux, au plus grand plaisir de ma mère, qui avait presque pleurée de joie.

Elle ne m'en demandait pas beaucoup. Elle acceptait que je sorte m'amuser, que je vive ma vie d'adolescent comme je l'entendais, mais elle comptait sur moi pour réussir et obtenir mon diplôme à la fin de mes années de lycée.

Et j'avais réussi.

Je l'avais rendu tellement fière, et je crois que rien ne comptait davantage pour moi.

Puis, j'avais décidé de quitter New-York, pour le New-Jersey. Ce n'est pas si loin, et elle avait directement approuvé ma décision, en me soutenant comme toute mère digne de ce nom le ferait pour son enfant.

Elle était heureuse pour moi. Et je l'étais.

Alors, tout allait pour le mieux.

Je frappe rapidement dans l'un des autres ballons à mes pieds, qui atterrit dans les cages comme les précédents, m'arrachant un sourire de fierté.

- Pas mal. Mais tu peux faire mieux. S'élève une voix dans mon dos, alors que je me retourne directement.

Aussitôt, un sourire étire mes lèvres alors que je fixe silencieusement la petite brune s'approcher de moi, de sa démarche assurée habituelle.

- Tu me mets au défi, Camila ? Lui demandais-je en inclinant la tête sur le côté.

Elle hausse les sourcils avant de se placer face à moi, alors que son air joueur ne la quitte pas.

Camila et moi nous étions rencontrés en début d'année scolaire dans cette école, et nous étions rapidement devenus amis, partageant tous les deux une passion commune pour le football.

- Je te mets au défi, Kilian. Sourit elle à son tour, tout en attachant ses longs cheveux bruns en un chignon décoiffé. Quoi de mieux que de te battre pour nos retrouvailles ?

Je reste silencieux une seconde tout en fixant ses prunelles sombres, puis de mon air joueur habituel, je commence à avancer dans sa direction, le ballon à mes pieds alors qu'elle se contente d'attendre que j'arrive à sa hauteur.

Rapidement, je commence à la contourner tout en contrôlant parfaitement le ballon avec mes pieds, lorsqu'elle tente de me le reprendre sans jamais me laisser aller plus loin.

- Tu perds ton temps, tu vas perdre. Dis-je, alors que ses yeux se relèvent vers moi et que nos regards se croisent.

Alors que je remets une certaine distance entre nous et continue de jouer avec le ballon de la manière la plus insolente possible, elle arque un sourcil et plaque un nouveau sourire joueur sur ses lèvres.

Sans émettre un son, elle passe sa langue sur ses lèvres afin de les humidifier, d'un geste bien trop lent et sensuel pour paraître normal.

Mes yeux suivent en silence son geste, alors que je ne quitte plus ses lèvres du regard tout en la voyant s'avancer lentement jusqu'à être à ma hauteur.

- Tu sais, Harris. Je ne perds jamais. Je ne joues que pour gagner. Souffle-t-elle dans un presque murmure, alors que nos visages ne se trouvent plus qu'à quelques millimètres l'un de l'autre.

Je n'eus le temps de réagir que je la sens s'emparer du ballon à mes pieds et rapidement partir dans le sens opposé au mien, après avoir émit un léger rire.

Alors que mon corps s'est totalement stoppé et immobilisé et que mon esprit semble s'être entièrement bloqué sur sa dernière phrase.

« Je ne joue que pour gagner. »

Cette phrase. Elle m'était si familière. Elle était exactement celle que j'aimais tant prononcer pour la provoquer. Lors de ce stupide pari mit en place.

Elle.

- Bah alors, t'abandonnes déjà ? S'élève une nouvelle fois la voix de Camila derrière moi.

Je prends une profonde respiration et cligne plusieurs fois des paupières afin de chasser ce vieux souvenir de ma tête, puis je me retourne enfin vers la petite brune qui semble s'être arrêtée à quelques mètres de moi, jouant de manière insolente et assurée avec le ballon.

- Tu viens le chercher, où alors j'ai déjà gagné ? Me demande une nouvelle fois Camila, avant que je ne secoue légèrement la tête, adoptant un nouveau sourire amusé.

Elle n'est plus là. Concentres-toi sur Camila.

Je m'avance rapidement dans sa direction, alors qu'elle n'attend pas une seconde de plus et me tourne les talons en courant avec le ballon à travers le terrain, en direction des cages opposées afin de marquer un but.

J'accélère alors le pas et commence à courir davantage afin de la rattraper, ce que je fais rapidement.

Camila est très douée, c'est une évidence. Mais je suis bien plus rapide qu'elle.

Alors qu'elle continue à courir, j'arrive très rapidement derrière elle et l'attrape soudainement par la taille, la forçant à s'arrêter alors que je la rapproche lentement de ma personne.

Collant presque mon torse à son dos, alors qu'elle reprend petit à petit une respiration normale tout en rigolant légèrement.

Elle se calme rapidement avant de légèrement tourner son visage sur le côté, comme si elle cherchait à poser ses yeux sur moi tout en restant de dos à ma personne.

- J'ai pas l'habitude d'abandonner. Soufflais-je près de son oreille, alors qu'elle se défait lentement de mon emprise.

Puis, elle me fait rapidement face, nos visages n'étant que plus proches, alors que ses yeux se posent quelques secondes sur mes lèvres, avant de remonter jusqu'à mes iris.

- T'es un tricheur. Souffle la brune près de mon visage. Je ne perdrais pas pour tes beaux yeux, Harris.

J'incline légèrement la tête, alors qu'un sourire joueur naît à la commissure de mes lèvres et que son air assuré ne la quitte pas une seconde.

- Même si je te le demande ? Susurrais-je près d'elle, laissant mon souffle s'écraser sur son visage.

- Il en faut beaucoup plus pour me faire céder. Murmure-t-elle sur le même ton que moi, avant d'enfin s'éloigner et de remettre une distance raisonnable entre nous. À l'inverse de toutes les filles avec qui je te vois le soir dans les bars.

J'arque un sourcil avant de la voir se mordre légèrement la lèvre inférieure, puis elle éclate de rire et roule des yeux face à mon silence.

Comme si c'était vraiment mon genre de sortir dans des bars. Avec des filles.

- Arrêtes de jouer au tombeur, Kilian. Sourit elle tout en arrangeant de nouveau ses cheveux. Je ne serais pas l'une d'elles.

Je hausse les épaules sans cesser de la fixer, alors qu'elle laisse tomber son sourire joueur et regagne petit à petit un air sérieux.

- C'est ce qu'elles disent toutes. Soufflais-je enfin, d'une petite voix. Avant de tomber dans mes bras. Tu feras l'exception ?

- Comptes sur moi. Se contente-t-elle de me dire avant de me lâcher un clin d'œil qui me fait légèrement rire.

Puis, nous rangeons rapidement les ballons éparpillés sur le terrain avant de laisser la place à de nouveaux élèves qui souhaitent à leur tour s'entraîner, tout en marchant silencieusement à travers le campus.

- Tu m'offres un café ? Me demande alors la brune à mes côtés. Il faut absolument que je te racontes mes vacances !

Je secoue légèrement la tête tout en pouffant avant d'acquiescer, puis nous nous dirigeons vers notre café favori alors que j'écoute Camila me raconter ses vacances en Espagne, son pays natal.

Cette fille aime bien trop parler.

Mais j'aime ce côté de sa personnalité. Le fait qu'elle ne se fatigue jamais et ait toujours une chose à raconter me fait sourire. Disons juste que nous n'avons pas le temps d'être de mauvaise humeur en sa compagnie, son sourire et son positivisme étant bien trop contagieux.

Nous arrivons rapidement sur place et nous installons sur nos fauteuils habituels tout en attendant nos cafés, qui arrivent rapidement.

- Et toi alors ? Me demande-t-elle tout en trempant ses lèvres dans sa boisson. T'es resté ici pour les fêtes ? Quel ennui de voir le campus même le jour de Noël.

- Non, je suis rentré chez moi. Avec Lewis. Lui réponds-je alors, dans un souffle.

Aussitôt, elle hausse les sourcils tout en adoptant un air surpris, ce qui me fait quasi directement froncer les sourcils.

- T'es retourné à New-York ? Je croyais que tu n'y mettais plus les pieds. Semble s'étonner la brune, si j'en crois sa voix remplie de surprise et surtout d'interrogation.

Je lâche un profond souffle tout en trempant mes lèvres dans mon café brûlant, alors que je garde le silence quelques minutes sous les yeux curieux de Camila.

En vérité, j'étais partie de New-York avec l'idée de ne plus y mettre les pieds. Mon départ était censé me permettre de prendre un nouveau chemin, de commencer une nouvelle vie et de me consacrer entièrement à ma passion, loin de Manhattan et de ce monde si différent.

J'avais délaissé ma famille en partant.

J'avais laissé derrière moi tous mes amis.

Et surtout, je l'avais abandonné.

J'étais parti rapidement, sur un coup de tête et l'idée de ne plus retourner à New-York me réconfortait dans le fait de ne plus être confronté à mon passé.

- Ma famille me manquait. Soufflais-je finalement tout en plongeant mes yeux dans ceux de Camila. Je suis retourné chez moi quelques jours, pour voir ma mère et ma sœur.

Seulement ma mère et ma sœur.

J'avais pris soin de ne prévenir personne, seul Andrew était au courant de mon retour. Je n'étais retourné voir aucun de mes amis, aucun de mes camardes.

Personne. Pas même elle.

Surtout pas elle.

- Je peux te poser une question ? Me demande soudainement Camila, alors que je hoche la tête. Qu'est-ce qui t'empêche de retourner à New-York ? Où plutôt ... qui t'en empêche ?

Je fronce les sourcils tout en me redressant sur ma chaise, alors que je semble l'interroger silencieusement du regard.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Lui demandais-je enfin, en soutenant son regard sombre et profond.

Quel mauvais acteur.

- On évite pas une ville parce qu'on veut fuir un immeuble ou un parc, Kilian. Me dit Camila d'une voix sérieuse que je ne lui connaissais pas encore. T'as grandi à New-York, il y'a forcément une raison qui t'a poussé à partir et à ne plus y retourner.

Mes yeux se baissent instantanément sur ma boisson encore chaude, alors que j'observe la fumée s'en échapper sans émettre un mot.

Elle savait. Elle avait compris. Il était difficile de cerner la personne que j'étais et pourtant, Camila avait réussit à mettre la main sur un point sensible de ma vie.

Sur ce sujet que j'évitais à tout prix d'aborder depuis quelques mois.

- Peut-être, mais ce n'est pas le cas. Finis-je enfin par souffler, brisant de ce fait le silence entre nous. J'avais envie de découvrir autre chose, de changer d'horizon et de prendre un nouveau départ.

Elle plisse les yeux et me fixe durant quelques secondes, mais ma voix neutre et nonchalante lui fait rapidement hocher la tête avant qu'elle ne boive une nouvelle gorgée de sa boisson.

Elle n'a pas besoin de savoir. Le passé appartient au passé et tout ce qu'il me reste à faire maintenant, c'est avancer sans jamais rouvrir cette page maintenant close.

Un chapitre bouclé. Fermé. Révolu.

En tout cas, c'est ce que je m'efforce de croire.

Rapidement, nous terminons nos boissons et quittons le café dans lequel nous nous trouvions afin de regagner le campus qui se situe à seulement quelques minutes à pieds.

Un nouveau silence s'installe entre nous, que je qualifierais d'apaisant, de chaleureux. Parfois, nous n'avons pas besoin de parler pour se sentir en bonne compagnie et entouré.

Et même si Camila est une fille bavarde et qu'elle ne sait pas souvent se taire, je sais qu'elle apprécie aussi ma compagnie à la fois pour nos instants drôles, à la fois pour tous ces moments silencieux et calmes qui nous apaisent davantage.

On se tient compagnie en silence. On profite d'une certaine solitude, tout en étant à deux.

- On se voit à la cafétéria ce soir ? Me demande Camila une fois que nous arrivons au niveau des chambres du campus.

- Comme d'habitude. Il faut bien que je te vole ton dessert. Souris je en lui lâchant un clin d'œil, alors qu'elle roule des yeux et s'éloigne enfin de moi.

Une fois qu'elle eut quittée mon champ de vision, je me dirige à l'entrée de ma chambre, dans laquelle je trouve Lewis, affalé sur son lit, pianotant sur son téléphone qu'il tient en l'air au dessus de son visage.

Depuis le début de l'année scolaire, je partage ma chambre avec Lewis, ainsi qu'avec un autre gars de l'équipe de football, avec qui nous sympathisons lorsqu'il est présent.

Ce qui est assez rare.

Je crois qu'il passe ses journées sur le terrain, et ses soirées dans les bars où dans les petites boites de nuit de Blairstown à faire la fête.

Je me retrouve donc souvent seul avec Lewis, lorsque nous ne sortons pas le soir et décidons de rester bien sagement dans nos chambres.

Ouais, ce qui est aussi très rare quoi.

- T'es enfin là. T'étais passé ou ? J'étais à deux doigts de mettre en place un avis de recherche. Me dit Lewis tout en levant les yeux de son téléphone, alors que je roule des yeux et m'affale sur mon lit.

- J'étais avec Camila. Dis-je simplement en retirant mes chaussures, ainsi que mon T-shirt.

Directement, mon meilleur ami hausse les sourcils et semble me fixer silencieusement, ce qui m'amène à l'interroger du regard tant je ne comprends pas son air si surpris.

- Quoi ? Lui demandais-je finalement. C'est juste une amie, Lewis.

- Une amie ? Depuis quand t'as des amies, toi ? Me demande-t-il à son tour, alors que je fronce les sourcils ce qui lui fait lâcher un rire moqueur.

En vérité, je n'avais que très peu d'amies au féminin. La plupart des filles que je fréquentais finissaient dans mon lit. Mais bien que ma relation avec Camila soit victime d'ambiguïté, je n'entretenait avec elle que des rapports amicaux et platoniques.

- Les gens changent. Me contentais-je de dire tout en haussant les épaules. Tu parles avec qui ? Lui demandais-je finalement tout en pointant du menton son téléphone.

- Avec Nora. Souffle mon ami, comme si c'était une évidence. On s'est appelé tout l'après-midi. D'ailleurs, je crois qu'elle avait totalement oublié ton prénom.

Aussitôt son prénom prononcé, je sens comme à chaque fois les battements de mon cœur s'accélérer, sous le sourire innocent de Lewis.

- En fait, elle pensait même que t'étais mort. Poursuit-il, sans cesser de me fixer une seule seconde.

Et il le fait exprès, ce connard.

- Tant mieux. Grommelais-je simplement, tout en essayant d'adopter une expression neutre et sereine.

T'as vraiment l'air indifférent, tiens.

Je le suis.

Menteur.

- Bah, je pense qu'elle sera dégoûtée de savoir que t'es finalement encore en vie. Souffle Lewis, tout en adoptant un faux air dramatique et excédé.

Lewis essaie de me faire culpabiliser tous les jours depuis maintenant un an, en me parlant dès qu'il le peut d'elle, sans oublier de me rappeler à chaque fois qu'elle m'a totalement oublié et que je fais à présent parti de son passé.

C'est ce que je voulais. Je voulais qu'elle m'oublie.

Parce qu'elle est mieux loin de moi.

Parce qu'elle pourra vivre pleinement la vie dont elle rêve si je ne suis pas là.

Parce que je ne pourrais pas être un obstacle entre elle et son bonheur.

Mais d'un autre côté, savoir qu'elle a réussit à me rayer de sa vie alors que moi, je continue sans cesse de penser à elle semble parfois me tourmenter. Je sais qu'il n'y a plus d'amour, plus de sentiments. Mais le fait est que je ne parviens pas à effacer entièrement son visage de ma mémoire.

Et savoir qu'elle, elle a réussit à le faire ne me fait que plus de mal.

Oui. Je suis un pur égoïste.

Surtout que t'as pas l'air d'aller si mal.

Mais avant tout, je semble être en putain de contradiction avec moi-même. Et je crois que cette situation ne m'irrite que davantage.

Malgré tout, je sais que j'ai pris la bonne décision en m'en allant, et je sais qu'un jour, elle m'en remerciera.

- Elle te manque, hein ? Me demande subitement Lewis, alors que je repose mes yeux sur lui avant de froncer les sourcils.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Elle ne me manque pas, Lewis. Soufflais-je tout en passant ma main dans mes cheveux bruns. Je ne l'ai pas vu depuis six mois, j'ai tourné la page. Fais de même, et oublies Chiara.

Lewis a beau se mêler de ma relation passée avec Nora dès qu'il en a l'occasion, il essaie de passer outre le sujet Chiara Anderson toutes les fois.

Évidemment qu'ils sont en bons termes, parce que Chiara et Lewis ont pris cette décision d'un soit disant commun accord. Mais je sais aussi que Chiara lui manque, bien plus qu'il ne veut l'admettre.

Rien que le fait d'entendre sa voix au téléphone semble le mettre secrètement dans tous ses états, mais je sais qu'il ne me l'avouera sans doute jamais.

- Chiara et moi sommes amis. Souffle le brun en face de moi à son tour. Et moi, je prends de ses nouvelles. Rappelles-moi combien de fois t'as parlé à Nora depuis notre départ ?

Aussitôt, je lève les yeux au ciel alors que Lewis hausse les épaules face à mon incapacité à répondre, puis il continue de pianoter sur son téléphone en silence.

Zéro fois.

Tu ne l'as jamais appelé. Jamais envoyé un seul message. Tu n'es même pas allé la voir.

Tu as juste fuis. Comme un putain de lâche.

J'ai fuis comme un lâche. Parce que je suis un lâche. Je ne suis rien d'autre qu'un putain d'idiot et un lâche, c'est une évidence.

Mais parfois, fuir est la meilleure solution.

- Je n'ai plus rien à lui dire, Lewis. Soufflais-je simplement, sans m'étaler davantage. Nora et moi c'est terminé depuis longtemps maintenant. Et on était déjà plus en bon terme à mon départ, je ne vois donc pas pourquoi je lui parlerais. On a tous les deux tourné la page.

- Permets moi d'en douter. Murmure-t-il d'une voix à peine audible, davantage pour lui-même que pour moi.

Je ne relève pas ses dernières paroles afin de rapidement clore cette discussion dénuée de sens et me dirige dans la salle de bain attribuée à notre chambre afin de prendre une rapide douche, après ma séance de sport longue et intense.

Je laisse l'eau brûlante ruisseler le long de mon corps ainsi que mon esprit divaguer dans mes pensées, comme toutes les rares fois où je me retrouve seul.

Au début vers toutes les paroles de Lewis. Puis vers Camila. Et rapidement vers elle.

Parce que les mots de mon meilleur ami ne me font que plus penser à elle, à notre histoire, à mon passé. Lewis m'aime et pense savoir ce qu'il y'a en mieux pour moi, mais il ignore qu'en agissant comme il le fait il m'empêche simplement d'avancer comme elle le fait, et comme j'aimerais le faire.

Puis mes pensées divaguent vers Camila. Tout simplement parce qu'elle est celle qui m'aide à me vider la tête et à me rendre d'humeur uniquement grâce à son sourire. Je me sens léger, comme si rien n'était compliqué.

Mais pourtant. J'ai beau apprécier cette petite brune espagnole. Elle ne comble pas le vide que l'américaine que j'ai laissée à New-York a su creuser en quelques mois.

C'est comme si en partant, j'avais laissé avec elle une partie de moi. C'est comme si j'avais posé un morceau de mon cœur près d'elle. Et aujourd'hui, je cherche à combler ce vide, à terminer ce puzzle, tout en sachant que j'ai perdu la pièce manquante.

Elle.

Non. Je ne l'aime pas. Je ne l'aime plus.

Pas par choix. Mais simplement parce que je ne peux pas me le permettre. Je n'en ai pas le droit. Je n'en ai plus le droit.

Pourtant, à chaque fois que mes pensées divaguent vers sa personne, je ne peux pas empêcher mon cœur de se compresser, ainsi que son visage d'apparaître dans mon esprit.

Je ne peux empêcher la colère d'émerger en moi lorsque l'on prononce son nom.

Je ne peux contrôler sa présence dans mes rêves quasiment toutes les nuits.

Bordel. Qu'est-ce que tu m'as fais ?

Est-ce que c'est au moins humainement normal de ressentir un tel sentiment, sans même parvenir à mettre un mot dessus ?

Tu sais ce qu'est ce sentiment. Tu le sais.

Mais je refuses de l'accepter. Pas maintenant. Pas encore. Pas après un an. Une année.

La page devrait maintenant être tournée depuis bien longtemps. Le chapitre est clos, notre idylle est achevée et notre livre est terminé.

C'est une relation qui devrait maintenant être passée à la trappe. Et pourtant, elle hante mes pensées jour et nuit, du soir au matin. Du matin au soir. Tout le temps.

Et j'aimerais simplement qu'elle sorte de ma tête une bonne fois pour toute.

C'est principalement pour cette raison que je ne dois plus être confrontée à elle. Je ne dois plus lui faire face, et de ce fait je dois éviter un maximum de retourner à New-York, au moins le temps que mon cœur et ma tête décident de m'obéir et de coopérer.

Je soupire longuement et éteins enfin l'eau de la douche avant de sécher mon corps afin de simplement enfiler un jogging. Puis, je regagne ma chambre dans laquelle je trouve Lewis, qui ne semble pas avoir bougé de son lit, à la seule exception qu'il est accompagné de sodas et de gâteaux comme s'il n'avait pas mangé de la journée.

- Je suis allé aux distributeurs. J'avais la dalle et tu passes trois heures sous la douche. Me dit Lewis tout en buvant une gorgée de sa boisson. Tu réfléchissais à ta vie ? Parce que y'en a des choses, à penser. Même un psychologue ne saurait plus quoi te dire.

Je roule des yeux tout en lui tirant mon majeur ce qui ne le fait que rire davantage, avant qu'il ne me pointe du doigt une canette, posée sur mon lit.

Je le remercie et m'empare de l'un de ses gâteaux, tant je semble affamé : on dirait que je n'ai pas mangé depuis trois semaines. Pourtant je ne fais que manger toute la journée.

C'est la mauvaise influence de Lewis, ça.

- Alors, il se passe quoi entre Camila et toi ? Me demande mon meilleur ami, après quelques secondes de silence. Tu ne me feras pas croire que vous n'êtes qu'amis.

Je pose silencieusement mes yeux sur lui alors qu'il me scrute en attendant une réponse formulée de ma part, puis je hausse simplement les épaules en soupirant légèrement.

- J'en sais rien. Elle est cool, non ? Lui demandais-je en retour, d'une voix hésitante. Enfin, elle est différente de toutes ces filles que j'ai l'habitude de fréquenter, mais -

- Mais elle n'est pas elle. Me coupe Lewis, alors que je roule directement des yeux.

Je lui lance un regard accusateur, puis il se contente de hausser les épaules alors que son sourire ne s'élargit que davantage.

- Ce n'est pas ce que j'allais dire. Soupirais-je, excédé. Je ne sais juste pas si l'on pourrait vraiment se correspondre, enfin de cette manière.

Mais aussi parce qu'elle n'est pas elle.

Non. Tais-toi.

Lewis me fixe longuement, puis il finit par simplement hocher la tête comme s'il avait compris mes paroles, avant de terminer rapidement son goûter tardif et de se diriger à son tour sous la douche, me laissant alors seul dans la chambre, avec pour simple compagnie mes pensées et mon esprit encore tourmenté.

Je m'allonge sur mon lit en fixant longuement le plafond, avant de m'emparer de mon téléphone afin de traîner un peu sur mes réseaux sociaux, puis j'ouvre ma page Instagram comme tous les jours, avant de directement sentir mes sourcils se froncer et mon cœur battre la chamade.

Lorsque mes yeux se posent sur une photo.

Sur sa photo. Publiée il y'a dix minutes.

Je laisse mon regard parcourir l'image, alors que mes battements cardiaques semblent s'accélérer à la simple vue de son visage et de son sourire éclatant derrière mon écran.

Elle a l'air heureuse.

Elle sourit. Comme si tout allait pour le mieux dans sa vie. Comme si elle était comblée.

Au milieu d'un grand parc dans l'Upper West Side. Elle semble scintiller et rayonner, comme si elle vivait la vie de rêve.

Sans doute est-ce le cas.

Obnubilé par la photo sous mes yeux, je n'entends pas la porte de la salle de bain s'ouvrir, ni même Lewis s'introduire dans la chambre et se diriger silencieusement vers moi, avant de poser discrètement ses yeux sur mon téléphone que je n'eus le temps de verrouiller avant qu'il ne voit ce que je viens moi-même de voir.

- Non. Ne dis rien. Me contentais-je de dire, d'un ton se voulant menaçant.

Il lève les mains en l'air en signe d'innocence avant de se diriger vers son placard, non sans que je ne vois un sourire amusé naître à la commissure de ses lèvres.

Puis, un court silence s'installe de nouveau dans la chambre, alors que je soupire discrètement de soulagement, content qu'il ne s'amuse pas à remettre le sujet sur le tapis.

Il ne manquerait plus que ça, tiens.

- L'amour brille sous les étoile, d'une étrange lumière ... Entendis-je soudain Lewis chanter d'une voix basse, tout en cherchant des vêtements dans son placard.

Je relève les yeux vers lui, avant de froncer les sourcils silencieusement alors qu'il ne me prête pas attention et continue de fouiller dans tous ses habits.

Dîtes-moi que je rêve.

- Je voudrais lui dire je t'aime, mais comment lui avouer ... Poursuit-il de sa voix faussement mélodieuse, avant de se retourner vers moi et de sourire innocemment face à mon regard froid et excédé de ses enfantillages.

- Continue, et je demanderais à Chiara comment cacher un corps. Crachais-je froidement, tout en me dirigeant vers la fenêtre afin d'allumer une cigarette.

- Quoi ? T'aimes pas la chanson ? Me demande mon ami d'une voix enfantine. C'est Le Roi Lion. J'entends souvent Jules la chanter quand je téléphone à Andrew, et elle me rappelle étrangement quelqu'un. Pas toi ?

Alors qu'une étincelle moqueuse traverse son regard, je roule des yeux tout en lui levant une nouvelle fois mon majeur, ce qui lui fait lâcher un rire franc, avant qu'il n'enfile à son tour un jogging et s'étale sur son lit comme une baleine échouée.

- Ils me manquent. Soupire soudainement Lewis, brisant une nouvelle fois le silence installé dans la pièce. J'aimerais bien retourner les voir.

- Alors vas-y. Haussais-je les épaules. Personne t'en empêche.

Je veux prendre un nouveau départ loin de New-York. Mais je n'oserais jamais empêcher Lewis de retourner dans notre ville natale, ni-même de voir nos amis.

Je ne suis personne pour le faire.

- Je veux dire, retourner à New-York. Pour de vrai. Me dit-il subitement, alors que je tourne vivement ma tête dans sa direction.

Quoi ?

- Quoi ? Lui demandais-je alors, les sourcils froncés. Tu veux retourner vivre à New-York ? Depuis quand ? Pourquoi ?

Il soupire longuement tout en fixant le plafond blanc, avant de poser ses yeux sur moi.

- Tu vas me dire que notre vie d'avant ne te manque pas ? Nos amis, nos familles, nos habitudes ? Me demande mon ami, d'une voix calme et sérieuse. J'adore Blairstown, on peut réaliser notre rêve ici, mais je crois que notre ancienne vie commence vraiment à me manquer. Ici, c'est pas chez nous. Et ça, c'est pas nous.

Je garde une nouvelle fois le silence durant quelques secondes, alors que les paroles de Lewis tournent en boucle dans ma tête.

Bien évidemment que New-York me manque. Nous avons grandis dans cette ville, nous la connaissons sans aucun doute comme nos poches, nous avons tout construits dans ce seul et unique endroit.

Partir de New-York était une épreuve extrêmement difficile pour nous deux, mais je sais que c'était la meilleure chose à faire pour moi. J'avais besoin de prendre le large, de faire une pause avec ma vie, avec moi-même, de me retrouver, de me reconstruire.

Mais ça fait six mois ... il serait peut-être temps d'arrêter de fuir ton passé ?

Il y'a forcément un jour où la réalité finira par me rattraper. Un jour ou je devrais faire face à mon passé, celui que j'ai fuis pendant plusieurs mois, afin de le confronter et de pouvoir avancer comme il se doit.

- Alors, qu'est-ce que tu proposes ? Lui demandais-je enfin, après de longues secondes de silence, et surtout de réflexion.

À son tour, il ne prononce aucun mot durant quelques minutes, alors que je semble attendre patiemment qu'il se décide à me répondre clairement.

- Et si on rentrait ?

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