Faîtes bien attention aux indications ! Ce chapitre est un entier flashback, mais le prochain sera de nouveau au « présent », donc ne vous perdez pas ahah !
Bonne lecture <3
Il y'a un an ...
Inspire. Expire.
Tout se passera pour le mieux.
Tout ira bien. Je n'aurais qu'a sourire devant tout le monde, cacher mes cernes grâce à mes lunettes de soleil alors que nous sommes en plein hiver, et relever la tête comme je sais si bien le faire.
C'est juste pour une journée.
Mais c'est aussi la première fois que je remets les pieds au lycée, depuis ce soir-là.
Les cours avaient repris depuis deux semaines. Mais je n'avais pas eu le courage d'y retourner. Pas une seule fois. Mon corps le refusait.
J'étais tombée physiquement malade à cause du froid hivernal qui ne m'avait pas épargné. Mais surtout, je ne dormais plus vraiment depuis maintenant plusieurs jours, et ma santé mentale en avait prit un énorme coup.
Et aujourd'hui, c'est mon retour au lycée.
Tout d'abord parce que les divers appels de notre proviseur avait alarmés ma mère qui était devenue une bombe prête à exploser : ces derniers jours n'avaient pas étés de tout repos, et j'ignore comment j'aurais agis si Jason n'avait pas prit ma défense à chaque fois.
Mon frère a toujours été très protecteur, surtout depuis ma rupture avec Will. Mais je crois qu'il vit très mal le fait de ne pas avoir su me protéger face à Kilian, aussi bien lors de notre relation qu'après celle-ci.
Malgré qu'il ne soit aucunement responsable de ce qu'il peut m'arriver.
Mais surtout, j'avais décidé de retourner au lycée aujourd'hui, parce qu'il y'a bien un moment où je dois me confronter à la réalité. Je ne peux pas rester enfermée dans ma chambre toute ma vie. Je dois simplement continuer de vivre.
Je suis simplement, encore en vie. Mon cœur, et ce malgré le fait que j'ai l'impression qu'il soit entièrement fissuré et meurtri, bat encore.
Il bat. Je suis vivante.
Et de ce fait, la vie continue bel et bien.
Je me regarde une dernière fois à travers le rétroviseur de ma voiture, avant de forcer un sourire à étirer mes lèvres.
- Tu es belle. T'es parfaite. Soufflais-je à moi-même, d'une faible voix. Aller, tu peux le faire.
Tout semble avoir tellement changé. Il y'a encore six mois, quand l'année scolaire venait de débuter, je m'admirais à ce même endroit, un immense sourire radieux aux lèvres, et je me trouvais sincèrement incroyable.
Mes compliments envers moi-même étaient sincères et réels.
Aujourd'hui, j'ai simplement l'impression de ne ressembler à rien, de ne pas arriver à cacher et à dissimuler mon chagrin, comme s'il me suffisait de sortir de ce véhicule pour que tout le monde voit à quel point j'allais mal.
J'avais l'impression d'avoir soudainement perdue toute ma confiance habituelle.
Et je ne ressemble plus à rien. Des énormes cernes trônent sous mes yeux rougis et fatigués et je n'ai même pas pris le temps d'arranger mon visage, ni même de le maquiller.
Un simple chignon décoiffé me fait office de coiffure, et j'ai simplement opté pour un jean large et un énorme sweat, que j'ai encore une fois volé à Jason.
Bref. C'est une énorme catastrophe.
Je soupire une nouvelle fois et quitte enfin mon véhicule, pose mes lunettes de soleil sur mon nez et relève la tête, adoptant ainsi une démarche assurée et fière en traversant le lycée, sans poser mes yeux sur les quelques élèves présents à l'extérieur.
Mais j'ai l'impression de sentir tous les yeux posés sur moi.
Je sais que ce n'est pas le cas. Mais je sais aussi que les rumeurs tournent vite à Constance, et ce qu'il s'est passé durant la soirée du nouvel an ne mettra pas longtemps à se faire savoir.
Et pour une fois, j'aurais préférée passée inaperçue aux yeux de tous. J'aurais préférée ne pas exister. Être l'une de ces élèves auxquels on ne fait pas attention.
J'aurais aimée être invisible.
J'arrive rapidement à la hauteur de Chiara et de Julia, ne voyant ni Charlotte et Hannah, ni même les garçons aux alentours.
Je sais que les filles sont toujours amies avec Kilian, mais je sais aussi qu'elles lui en veulent énormément, et même s'ils ne semblent pas avoir couper les ponts, Chiara et Julia savent qu'être confrontée à Kilian maintenant ne causerait que trop de dégât.
C'est pour cette raison que nous avons recommencer à nous retrouver simplement toutes les trois, comme avant. Puis, Charlotte vient souvent me voir lorsqu'elle n'est pas avec Adam - à qui elle reste collée toute la journée - tout comme Hannah que je croise chez moi quasiment tous les jours de la semaine.
Quant à Lewis et Andrew, ils semblent rester en compagnie de Kilian, en bons meilleurs amis qu'ils sont. Mais ils sont venus me voir plusieurs fois lors de ma période d'hibernation, afin d'être certains que je me porte bien.
Bref, disons donc que notre petit groupe d'amis n'est plus ce qu'il était.
Du moins, pour l'instant.
C'est une question de temps. Tout redeviendra rapidement à la normale, et Kilian et moi agirons simplement comme si nous n'étions que deux parfaits inconnus.
Mais pour le moment, rien que cette idée qui semble fuser dans mon cerveau ne me fait que trop mal au cœur.
Mais je sais aussi que je n'en suis pas fautive, et même si j'aurais aimée que mes amis restent en dehors de cette histoire, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même.
- Wow Nora, tes lunettes de soleil sont incroyable ! Sourit Julia alors que j'arrive en face d'elles. Mais, ce n'est pas vraiment la saison par contre. Finit-elle en fronçant les sourcils d'incompréhension.
Sans un mot, je relève rapidement mes lunettes et repose mes yeux sur mes amies, alors que leurs regards me fixent d'airs à la fois surpris, compatissant, aimables.
Comme si elles avaient pitié de moi.
Mes meilleures amies ont pitié de moi.
- Oh ... soupire Julia, ne sachant que dire.
- On dirait que tu t'es droguée. Termine Chiara, alors que je roule des yeux en reposant mes lunettes sur mon nez.
Puis, je vois Julia lui adresser un regard noir qui se veut menaçant, ce qui fait simplement hausser les épaules à Chiara.
- Depuis combien de temps tu n'as pas dormi une nuit entière, Nora ? Me demande finalement Julia, d'un air doux comme à son habitude.
- J'ai arrêté de compter. Soufflais-je d'une petite voix, tout en posant mon regard sur les élèves autour de nous.
La vérité est que j'avais du mal à trouver le sommeil, depuis presque un mois maintenant.
Je fixais le plafond tous les soirs, et tout un tas de souvenirs resurgissaient dans ma tête. Des paroles. Des images.
Comme un disque que j'avais en mémoire.
Dans ces moments-là, je pensais régulièrement à ma mère. À Will. À lui.
Et le sentiment qui m'animait tous les soirs me paraissait invivable les premiers temps. J'avais l'impression de ne jamais avoir autant souffert de ma vie, et j'ignorais à chaque fois si mon cœur tiendrait le coup.
J'avais l'impression que mes battements cardiaques ne tenaient plus qu'à un fil, et que mon cœur pouvait s'arrêter de battre à tout moment.
Mais, ce n'est que psychologique. La douleur qui m'animait toutes les nuits n'était que purement mentale. Pourtant, j'avais si mal que j'avais l'impression de ressentir physiquement cette douleur que m'infligeait mon esprit.
J'avais putain de mal. Et je me demandais tous les jours quand cette douleur s'apaiserait enfin.
Je ne souhaite qu'être en paix. Je veux que mon esprit cesse de me tourmenter et de me faire subir autant d'atrocités psychologiques.
Parce que mine de rien, le fait de revivre ces moments, qu'ils soient bons ou mauvais, qu'ils soient positifs ou négatifs, qu'ils concernent ma mère, Will, lui. Revivre ces moments en boucle dans ma tête me fait énormément de peine.
Et si je pouvais faire un souhait, je choisirais d'oublier tout ce que j'ai vécue jusqu'ici.
Recommencer ma vie. Redevenir Nora Swan, celle que j'étais il y'a encore six mois, qui se fichait de tout. Celle qui aimait attirer l'attention et qui jubilait de voir tous les regards posés sur elle.
Celle qui n'était entourée que de deux filles et qui n'avait besoin de personne d'autres que ses meilleures amies.
Celle qui se trouvait incroyable, parfaite, si magnifique et tellement unique.
À ce moment-là, je ne pensais pas être de nouveau confrontée à toute cette terrible peine, à toute cette douleur. Je ne pensais pas devoir subir autant d'épreuves en aussi peu de temps.
Il faut croire que la vie est pleine de surprises.
La cloche stridente retentit bruyamment dans nos oreilles, ce qui nous fait à toutes les trois lâcher un long et profond souffle.
- Oh non, on a sport. Soupire Julia tout en adoptant un visage dramatique. J'ai plus d'excuses pour aller à l'infirmerie, j'ai épuisée le stock à force.
Il est vrai que Julia a l'habitude de sécher tous les cours de sport, sans exception. Je crois que notre professeur a vu clair dans son jeu, et pourtant il semble gober son jeu d'acteur à chaque fois.
- J'arrive pas à croire que tu fais partie de l'équipe des cheerleaders alors que tu hais le sport. Lâche Chiara en fronçant les sourcils d'incompréhension.
- Ouais, moi non plus. Se contente-t-elle de répondre tout en sortant une mini brosse à cheveux de son sac. J'aime juste porter la tenue des cheers. Et voir Meghan se casser la gueule. C'est drôle.
Un léger sourire vient fendre mes lèvres, alors que Chiara éclate d'un rire franc tout en approuvant les paroles de notre amie.
Quelles sadiques.
Ouais, mais tu n'en penses pas moins qu'elles.
Nous commençons alors à nous diriger vers le terrain ou se déroulera notre séance de sport, quand j'annonce aux filles les rejoindre afin de passer rapidement aux toilettes.
Simplement parce qu'il faut absolument que j'arrange un minimum ce visage horrible.
Je me dirige alors en direction des toilettes pour les filles, dans lesquels je me poste devant l'un des grands miroirs avant de lâcher un profond souffle face à mon reflet.
Chiara a raison : on dirait que j'ai passée la nuit à me droguer.
Je fais sincèrement peine à voir.
Alors, je détache mes cheveux blonds dans un geste rapide avant de sortir une brosse à cheveux de mon sac et de réaliser une simple queue de cheval, qui donne tout de suite un air moins négligé à mon apparence.
J'allais essayer de dissimuler mes cernes grâce à une touche de maquillage, puis je me résigne directement en voyant que c'est peine perdu : il me faudrait des heures entières et une multitude d'efforts pour que je parvienne à retrouver mon apparence habituelle.
Une apparence que j'arrive à acquérir sans une once de superficialité.
- C'est parti. Soufflais-je en me fixant dans le miroir, avant de rabattre mes lunettes de soleil sur mon nez et de forcer un sourire à naitre sur mes lèvres.
Sans une étincelle de motivation, je sens mes pieds me traîner machinalement hors du bâtiment et je traverse la cour maintenant déserte, afin de retrouver ma classe pour deux longues heures de sport.
Finalement, j'aurais du rester dans mon lit aujourd'hui aussi : je n'ai strictement aucune envie de me rendre en cours, ni même de faire semblant de me concentrer une seconde.
Mais alors que j'arrive presque à destination et que les voix de mes camarades de classe semblent se faire entendre au loin, une nouvelle voix féminine s'élève derrière moi en m'interpellant, me forçant à me stopper dans ma démarche.
Une voix que je ne reconnais que trop bien.
- Qu'est-ce que tu veux, Meghan ? Demandais-je à la rouquine, sèchement.
- J'ai entendu la nouvelle. Sourit-elle mesquinement en arrivant à ma hauteur. Alors comme ça, Kilian Harris t'ajoutes à son tableau ?
Je roule des yeux et plonge mes iris dans les siennes, avant de relever mes lunettes de soleil pour qu'elle puisse réellement me faire face.
Directement, elle fronce les sourcils tout en me détaillant, sans un mot.
- WOW. Souffle-t-elle simplement. C'est clair, t'y es passée. Alors, ça fait quoi de faire partie de tous les cœurs qu'il a brisé ?
Tous les cœurs qu'il a brisé.
- C'est vraiment pas le moment, Meghan. Soufflais-je. Reviens gâcher ma journée demain.
Ce n'est pas comme si j'avais besoin de son soutien pour avoir une journée de merde.
J'allais tourner les talons afin de mettre fin à cette discussion ridicule et dénuée de sens, lorsque la voix de Meghan s'élève une nouvelle fois.
- Tu vois, finalement toi et moi, on est pareilles. Me dit-elle, affichant un léger sourire à la fois supérieur et fier.
Je hausse les sourcils tout en la fixant une nouvelle fois, avant de lâcher un rire à la fois mauvais, à la fois moqueur.
Elle se moque de moi ?
- On est loin d'être pareilles, Meghan. Lâchais-je tout en la regardant sans ciller. Tu sais pourquoi ? Parce que toi, toutes les fois ou il t'a prise pour une conne, t'es retournée en courant vers lui. Tu t'es rabaissée à une moins que rien, juste pour avoir une once d'estime et d'amour de sa part. Et ça, c'est ce qui nous différencie, toi et moi.
- Tu oserais me dire que tu ne retourneras jamais vers lui ? Pas à moi, Nora. Elles l'ont toutes fait. Tu ne feras pas exception à la règle. Poursuit Meghan, d'un air soudainement plus sérieux alors que son sourire fier semble avoir disparu de son visage.
Et pourtant. Je serais cette fois-ci l'exception.
- C'est ce qu'on verra. Haussais-je les épaules. Mais sois certaine que je ne me rabaisserais jamais à un type comme lui, ni à des groupies comme toi.
J'ai déjà tout perdu. Il est hors de question que je me sépare du peu de dignité qu'il me reste.
Alors que mes yeux ne quittent pas une seule seconde Meghan, nous semblons nous défier longuement du regard, dans un silence parfait. Puis, alors qu'elle me détaille longuement, je la vois légèrement plisser les yeux avant qu'un nouveau sourire hautain et mauvais ne prenne possession de ses lèvres.
- C'est dommage. Lâche-t-elle subitement, en adoptant de nouveau son air arrogant. Je ne pensais pas que Nora Swan serait aussi naïve pour tomber dans les bras de Kilian Harris. Et pourtant, je t'avais prévenue. Ce jour-là, au Starbucks, je t'avais dis qu'il te briserait le cœur. Et pour une fois, je ne rigolais pas.
Alors que mes sourcils se froncent d'incompréhension, il ne me faut pas plus de deux secondes pour me rappeler de ce fameux jour, ou j'avais embrassé Kilian devant tout le monde afin de faire taire Meghan et ses réflexions insupportables.
Et la phrase qu'elle m'avait adressée ce jour-là me revient rapidement en mémoire.
" Kilian ne sait pas penser à quelqu'un d'autre qu'à lui et il te brisera le cœur."
Il te brisera le cœur.
Et ça m'en coûte de l'admettre, mais pour une fois dans sa vie, Meghan semblait avoir bel et bien raison au sujet de Kilian.
Elle n'était peut-être qu'un jeu pour lui. Il ne s'est jamais rien passé de concret entre eux, et pourtant elle semble être celle qui le connaît et qui le cerne le mieux.
- Alors, quoi ? Lui demandais-je. Tu jubiles de mon malheur ? T'es contente de voir que je ne vaux pas mieux que toi ?
C'est le cas. Je ne vaux pas mieux qu'elle. Je ne vaux pas mieux qu'aucune des filles à qui Kilian a brisé le cœur.
Je suis juste l'une parmi tant d'autres.
Je fais à présent parti intégrante de ces filles de qui je me moquais auparavant, simplement parce qu'elles versaient des larmes pour un idiot comme Kilian, qui avait oublié leur prénom à la seconde même où elles étaient passées dans son lit.
Elles pleuraient. Elles croyaient aux belles paroles de Kilian. Et je m'étais jurée ne jamais devenir l'une des leurs.
J'avais trop donnée avec Will. Il était hors de question que l'histoire se répète.
Et pourtant ...
- Non. Lâche subitement la rousse face à moi, alors que j'arque une sourcil. Je ne rigole pas de ton malheur, Nora. Crois-le ou non, tu n'es pas la première fille à qui Kilian brise le cœur, et tu ne seras sûrement pas la dernière.
Je ravale difficilement ma salive tout en gardant le silence, tentant de garder un air calme et serein face à elle.
Alors qu'en vérité, j'ai simplement envie de fondre en larmes une nouvelle fois.
Je sais que Kilian m'a brisé le cœur. Mais bordel, l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre, d'une fille tel que Meghan. Ça me donne simplement envie de crier et de frapper dans tout ce qui me tombera sous les yeux.
- Je ne suis pas heureuse de savoir que Nora Swan s'est faite berné, et qu'elle a été aussi naïve que celles qui sont passées avant elle. Poursuit Meghan, d'un air sérieux et calme. S'il y'en a bien une que Kilian n'aurait jamais dû blessé, c'est bien toi. Et pourtant, voilà où tu en es.
Je mords brusquement l'intérieur de ma joue puis ravale difficilement mes larmes tout en soutenant le regard remplit de sérieux de la rouquine face à moi, sans prononcer un son.
Et jamais Meghan n'avait réussit à me faire taire, avant aujourd'hui.
- Je suis simplement contente de voir que pour une fois, Nora Swan n'a pas fait la différence. S'élève une nouvelle fois sa voix, alors que son regard soutient le mien sans ciller. Mais j'aurais jamais pensé qu'une fille comme Lara te détrônerait. Jamais.
Puis sur ces dernières paroles, elle rompt notre échange visuel et tourne les talons afin de se diriger vers notre classe de sport, me laissant ici seule, mon corps immobilisé et incapable de produire le moindre mouvement.
Bordel. Quelle claque.
Pour la première fois de ma vie, Meghan vient de m'ôter les mots de la bouche.
Et pour la première fois, elle m'a parlé d'un sérieux troublant et déstabilisant, comme si elle cherchait plus à me donner une leçon de morale plutôt qu'à se moquer de ma situation.
Je rabats mes lunettes de soleil sur mon nez et suis les pas de la rousse afin de retrouver ma classe, que je vois rapidement sur le terrain de notre lycée, à écouter silencieusement les consignes du professeur.
Je les rejoins discrètement afin de ne pas subir une leçon de morale de la part du professeur, qui pose malheureusement les yeux sur moi d'un regard dur et ferme.
- Meghan et Nora, la prochaine fois que vous arrivez en retard vous ne mettrez pas un pied dans ce cours. C'est clair ? Nous demande-t-il, alors que tous les regards se posent sur nous.
Meghan se contente simplement de soupirer, alors que je hoche silencieusement la tête d'un air lassé, soutenant son regard derrière les verres de mes lunettes avant qu'il ne rompe l'échange visuel et reprenne ses explications.
- Dire que je m'embête à trouver des excuses, alors que je pourrais juste arriver en retard pour ne pas faire sport. Souffle la voix de Julia, ce qui m'arrache un léger sourire.
- Tu vas inventer quoi, cette fois ? Demande Charlotte, sans quitter le professeur des yeux.
Julia se contente de hausser les épaules tout en réfléchissant sans doute à une ruse, puis nous écoutons de nouveau l'homme en face de nous nous expliquer le sport et les consignes du jour.
Il nous annonce alors que nous ferons une séance de hockey aujourd'hui, puis je lâche un nouveau souffle, excédée par cette journée.
J'aurais réellement dû songer à rester chez moi aujourd'hui encore.
Alors qu'il nous annonce que les garçons feront une partie entre eux, avant de nous céder la place, je me dirige sur les gradins aux côtés de mes amies, les yeux rivés sur le sol.
Je sais qu'il est présent aujourd'hui. Comme il l'est dans tous mes cours.
Mais je n'ai encore pas une seule fois croisée son regard. Je le refuse.
Je ne supporterais pas de le voir. Pas ici. Pas maintenant.
Et pourtant, j'ai comme l'impression de sentir ses yeux suivre les moindres de mes faits et gestes, alors que je m'efforce difficilement à garder les yeux rivés face à moi sans jamais les poser sur sa personne.
Les garçons débutent leur match, alors que je me contente de les regarder en silence, perdue dans mes pensées et pas du tout investie dans l'action face à moi.
Soudain, j'entends des cris graves me tirer de mes pensées, alors que je comprends que l'une des deux équipes vient à l'instant de marquer, sous les applaudissements des filles de notre classe, qui se comportent en véritable groupies.
- Putain Kilian, concentres-toi ! S'écrie l'un des garçons, que je reconnais comme étant l'un des membres de l'équipe de football du lycée.
- Oh, ta gueule. Souffle simplement la voix de Kilian, alors que mes yeux se posent sur les siens, automatiquement.
Et là.
Je sens la totalité de mon corps se figer sur le banc, alors que mes yeux ne le quittent plus une seconde, comme si mon corps refusait de m'obéir.
Je le vois passer sa main dans ses cheveux bruns dans un souffle, puis son regard se pose rapidement sur ma personne avant de directement se verrouiller au mien, affichant un air à la fois surpris que j'ose le regarder, à la fois perdu et complètement ailleurs.
C'est comme s'il était présent, sans l'être.
Je ravale difficilement ma salive alors que nos yeux ne se quittent plus et que chacun de nous semble être immobilisé, cloué au sol et incapable d'émettre le moindre mouvement.
- Bon, vous jouez ou pas ? On est pas venus ici pour poireauter trois heures. S'élève subitement la voix aigüe de Lara, me ramenant directement sur Terre.
Rapidement, je cligne plusieurs fois des yeux et détourne les yeux, les sourcils froncés et les battements de mon cœur bien trop rapides pour que ça ait l'air d'être normal.
- Personne t'avait demandé de venir, ni au cours de sport, ni-même à New-York. Souffle la voix de Meghan, alors que mes yeux se posent sur elle. Donc soit tu fermes ta grande bouche, soit tu te casses. Ou même les deux.
J'entends à mes côtés Chiara pouffer, alors que Lara lance un regard assassin à Meghan qui se contente de sourire fièrement et hautainement, comme elle à l'habitude de le faire.
Jamais je n'aurais cru un jour être aussi contente que Meghan ouvre sa bouche pour parler. Il faut croire que certaines choses évoluent.
Finalement, les garçons reprennent rapidement leur partie sous l'agacement habituel de notre professeur, et notre tour arrive quelques minutes plus tard, alors que je me dirige au milieu du terrain sans grande motivation.
- Où est Julia ? Demande Charlotte en cherchant notre amie des yeux.
Mes sourcils se froncent directement en voyant que notre amie n'est plus parmi nous, puis je soupire légèrement lorsque mes yeux se posent enfin sur elle, près du professeur en train de mimer un visage grimaçant de douleur en tenant le bas de son ventre, pliée en deux.
- Elle nous les fera toutes. Souffle Hannah, l'air excédé alors que j'approuve d'un simple hochement de tête silencieux.
Au loin, je vois notre professeur soupirer tout en passant sa main sur son visage, puis il fait signe à Julia d'aller s'asseoir sur les gradins en compagnie des garçons, alors qu'elle se dirige vers ceux-ci en mimant une fausse douleur, avant de nous sourire fièrement.
J'allais ouvrir la bouche lorsque la voix grave de notre professeur s'élève afin que nous commencions enfin notre partie.
J'observe rapidement mon équipe des yeux pour constater que Meghan en fait partie, tout comme mes amies et que nous jouons contre l'équipe de Selena. Et donc celle de Lara.
Et si j'en crois le sourire mauvais et mesquin qu'elle me lance depuis plusieurs secondes, elle n'est pas peu fière de constater mon visage, mon allure et mon état lamentable actuel.
La partie débute rapidement alors que chacune s'amuse à piquer la balle à l'autre équipe, sans manquer de frapper avec la crosse très doucement comme si elles ne voulaient pas se blesser.
Ou même se casser un ongle, par exemple.
Puis, la balle arrive sans que je ne comprenne comment aux pieds de Lara, qui baisse ses yeux sur l'objet quelque secondes, avant de soupirer de désespoir, puis de commencer à courir en agitant sa crosse stupidement et ridiculement.
Alors qu'elle arrive à ma hauteur, je décide de profiter de l'occasion pour la contrer et me place face à elle, avant qu'elle ne relève la tête et ne laisse ses yeux se poser sur ma personne.
- Nora, comme on se retrouve. Sourit elle hypocritement, alors que je m'approche lentement et silencieusement d'elle.
Alors qu'elle me tourne le dos et continue à courir de manière à ce que je ne lui prenne pas la balle, je me retrouve rapidement collée à elle, essayant tant bien que mal de m'emparer de l'objet alors que nos crosses se percutent à maintes reprises.
- Laisses tomber, ma belle. Poursuit Lara d'un ton assuré. Tu n'as aucune chance. T'as déjà perdue.
Et là. Sans pouvoir contrôler quoi que ce soit, je laisse ma crosse percuter violemment sa cheville alors qu'elle tombe à même le sol dans un cri strident, sous mon regard arrogant.
Il est évident qu'elle ne parlait plus du jeu.
- Oups. Souris je faussement. J'ai glissée.
Elle me lance un regard menaçant tout en se relevant enfin, alors que le coach se dirige vers nous de son air froid habituel, puis siffle de nouveau après nous avoir lever son carton afin de reprendre le jeu lorsque Lara lui affirme qu'elle va bien.
Très vite, la situation se réitère et Lara se retrouve derrière moi, profitant du fait que je sois en train de courir afin de marquer le premier but de notre équipe pour reproduire mon action et glisser sa crosse entre mes jambes, ce qui me fait violemment chuter sur le sol et ainsi siffler le professeur qui lève un nouveau carton dans notre direction.
- Je vais être à court de cartons les filles, ça suffit. Soupire l'homme face à nous, alors que je me relève et lance un regard en biais à Lara.
- Et moi, à court de patience. Lâchais-je d'un ton froid en me tournant vers la brune. C'est bon, ça suffit maintenant.
- Mais la partie ne fait que commencer, Nora. Sourit-elle, avant de me tourner les talons de son air provoquant habituel, me laissant lâcher un profond souffle.
Je lance un rapide regard à Julia dans les gradins qui semble dépitée de la situation, puis à Chiara qui fixe Lara d'un air enragé, semblant prête à lui sauter dessus d'un instant à l'autre.
Et cette fois, je ne l'en empêcherais sûrement pas.
Encore une fois, la partie reprend rapidement alors que je clos les paupières quelques secondes et me concentre de nouveau sur le jeu, en évitant de détourner une seule fois mes yeux sur les gradins, où les garçons sont tous en train de nous fixer.
Tous, sans exception.
Et donc. Lui aussi.
Le jeu se déroule calmement durant plusieurs minutes et chaque équipe parvient à marquer un but, ce qui créer des tonnes de hurlements exagérément aigües qui ne me font que davantage mal aux oreilles.
Puis, alors qu'une nouvelle fois la balle revient à mes pieds, je place ma crosse correctement dans mes mains et commence à courir vers les cages de l'équipe adverse, tombant une nouvelle fois sur Lara qui me lance un regard mesquin et remplit de méchanceté, comme jamais je n'en ai vue chez quelqu'un auparavant.
Elle se dirige à grands pas vers moi avant d'arriver à ma hauteur, et elle allait une nouvelle fois tenter de me faire tomber, lorsque je vois une chevelure rousse apparaître dans mon champ de vision, bousculant violemment et sans délicatesse Lara qui perd l'équilibre et s'écroule au sol.
Meghan Turner.
Mais à quoi joue-t-elle ?
Alors que le professeur siffle une énième fois, je crois l'entendre jurer avant que mes yeux ne se reposent sur Lara, feignant d'être blessée au sol et hurlant exagérément de douleur.
Quelle actrice.
- Je crois que je suis blessée. Souffle la brune, alors que je roule des yeux et jette un regard en biais à Meghan qui admire ses ongles manucurés.
- Turner et Swan, dehors. Nous dit simplement le professeur, alors qu'une fille de notre classe se dirige vers nous afin d'aider Lara à se lever et à marcher.
Cette dernière nous lance un bref regard alors que j'aperçois un rapide sourire moqueur fendre ses lèvres, puis elle disparaît de notre champ de vision, me laissant soupirer une nouvelle fois et quitter le terrain afin que la partie ne reprenne enfin.
- Pourquoi t'as fais ça ? Demandais-je à Meghan, tout en la fixant s'emparer de sa bouteille d'eau.
- Parce que je l'aime pas. Hausse-t-elle les épaules, alors que j'arque un sourcil. Quoi ? C'est vrai, il n'y a que moi qui ai le droit de te pourrir la vie, Nora.
Directement, je sens un sourire naître à la commissure de mes lèvres, alors que je secoue silencieusement la tête.
- Ouais, mais on est pas amies. T'es pas censée m'aider. Dis-je finalement.
Elle garde le silence quelques secondes tout en fixant les filles jouer sur le terrain, puis elle reporte ses yeux sur moi.
- Encore heureux qu'on ne soit pas amies. Sourit-elle tout en attachant ses cheveux roux en une queue de cheval. Mais tu sais ce qu'on dit, les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Et je hais Lara plus que je ne t'ai jamais haïs.
- Parce qu'il n'y a pas la place pour deux Meghan dans cette école, pas vrai ? Lui demandais-je, alors que nous prenons nos affaires et marchons loin de notre classe.
- C'est déjà compliqué d'avoir une Nora et une Meghan. Mais une Lara en plus, c'est hors de question. Deux stars à Constance c'est du jamais vu, mais une arriviste a encore moins sa place ici. Me répond-elle, alors que je hoche la tête. Et puis, il n'y a que moi qui avait la permission de te voler Kilian. Alors, disons que ma tâche sera maintenant de lui rendre la vie impossible.
Je hausse les sourcils tout en la fixant silencieusement s'éloigner de moi, puis je la voix hausser les épaules tout en me lâchant un bref sourire qui me fait plisser les yeux, avant de quitter mon champ de vision.
Depuis quand Meghan me sourit autrement qu'hautainement ?
Une nouvelle fois, je soupire légèrement tout en rabattant mes lunettes de soleil sur mon nez, décidant qu'il vaut mieux pour moi que je ne comprenne pas ce qu'il vient de se passer.
Puis sans attendre davantage, je me dirige lentement vers le parking des élèves pour regagner ma voiture et rentrer chez moi, n'ayant aucune envie de continuer cette désastreuse journée.
C'est une évidence. Je n'étais pas prête à revenir ici.
J'arrive rapidement sur le parking et aperçois ma voiture au loin, m'autorisant à lâcher un soupir de soulagement en pensant que je vais enfin regagner mon lit douillet, loin d'ici et loin de tous, lorsque mes yeux se posent sur une silhouette à quelques mètres de moi.
Lewis.
En train de fumer sa cigarette, confortablement assit sur le capot de sa voiture et semblant être totalement ailleurs.
Et surtout, pas du tout au cours de sport auquel il est censé être actuellement.
Je m'arrête quelques secondes, puis après l'avoir longuement fixer je me décide à marcher lentement dans sa direction, alors qu'il relève la tête vers moi lorsque j'arrive à sa hauteur, lâchant un faible sourire à ma vue.
Kilian a beau s'être mal comporté envers moi, Lewis et Andrew n'en restent pas moins des bons amis et il est hors de question que je mette une distance entre nous.
- Nora, ça fait longtemps. Sourit légèrement Lewis, alors que je m'installe en silence sur le capot de sa voiture.
Il tire une nouvelle taffe sur sa cigarette, alors que je le fixe silencieusement recracher la fumée qui s'évapore et s'envole dans les airs. Puis sans un mot, je m'en empare et la porte à mes lèvres, alors que son regard pèse silencieusement sur ma personne.
- Depuis quand tu fumes ? Me demande-t-il, en récupérant son bien alors que je recrache la fumée.
- Depuis maintenant. Dis-je simplement. Mais je viens officiellement de redevenir une non-fumeuse. Grimaçais-je, alors qu'il lâche un léger rire à mes côtés, ce qui m'arrache un faible sourire.
Un silence s'installe entre nous, alors que nous semblons tous les deux réfléchir à quoi dire.
- Alors ... comment tu vas ? Me demande subitement le brun à mes côtés, alors que je ne tourne pas la tête vers lui.
Comment je vais ?
- Je crois que ça va. Soufflais-je simplement.
Menteuse.
- T'as déjà mentis mieux que ça, Nora. Me dit directement Lewis, sans hésitation.
J'ai toujours été une professionnelle dans l'art du mensonge, mais tout comme Chiara, Lewis a un certain don pour reconnaître un menteur.
Et bien malgré moi, Lewis a réussit à me cerner mieux que quiconque en peu de temps.
Je laisse planer un nouveau silence entre nous, alors que Lewis semble simplement attendre que je me décide à parler de moi-même.
- Tu crois que ... ça s'arrêtera un jour ? Lui demandais-je enfin, d'une faible voix tout en fixant l'horizon derrière mes lunettes.
- Quoi donc ? Me demande-t-il, alors qu'il tire une nouvelle taffe sur sa cigarette.
- La douleur. Murmurais-je simplement tout en sentant ma voix faiblir.
À son tour, il garde le silence durant un court instant, semblant réfléchir à ce qu'il pourrait bien me dire.
- J'aimerais penser que oui. Susurre-t-il. Et j'aimerais penser que le temps guérit les blessures, parce que rien ne guérit le passé comme le temps. Mais, le temps ne guérit malheureusement pas toujours la douleur, il t'apprend juste à vivre avec.
Silencieusement, je hoche la tête alors que je sens lentement mes yeux s'imbiber de larmes et ma vue se flouter à travers mes verres, alors que je tente de respirer calmement afin de ne pas me montrer faible face à lui.
- Mais, je pense aussi que ta douleur s'apaisera. Elle ne disparaîtra pas, mais elle s'estompera. Il faut juste que ... tu acceptes ta tristesse, que tu l'apprivoise et que tu vives avec quelques temps. Continue Lewis d'une voix basse et rassurante.
Alors que je tente toujours de contrôler ma respiration afin de ne pas fondre en larmes, un sanglot incontrôlé m'échappe, ce qui fait instantanément poser le regard de Lewis sur ma personne.
Sans un mot, je sens son bras s'enrouler autour de mes épaules alors qu'il me rapproche de lui, délicatement et doucement, comme s'il avait peur de me faire du mal et de me briser.
Plus que je ne le suis déjà.
Puis, je pose mon visage sur son épaule alors que je sens sa main faire des vas et viens dans mon dos en silence, afin de calmer mes larmes qui coulent maintenant à flot sur mes joues.
- Je suis désolé, Nora. Tellement désolé. Souffle Lewis, dans un faible murmure.
Et moi alors ...
- Pourquoi est-ce qu'il m'a fait ça ? Demandais-je faiblement, d'un ton semblant suppliant.
Suppliant d'avoir des réponses.
Parce que j'en ai tellement besoin.
J'ai besoin de savoir pourquoi est-ce qu'il a agit comme ça, pourquoi est-ce qu'il a osé me faire autant de mal et mettre en péril une histoire qui aurait pu être tellement belle.
Notre histoire.
Et pourtant, je sais également que je ne suis pas prête à le confronter, ni même à écouter ce qu'il pourrait bien me dire.
Je ne veux pas. Je ne peux pas entendre ses réponses. Et en vérité, je ne suis même pas certaine qu'il en ait à me fournir. Simplement parce que Kilian Harris n'agit pas toujours pour une raison particulière.
- J'aimerais pouvoir te répondre. Si je le pouvais, je le ferais. Mais il est le seul à pouvoir t'apporter les réponses que tu espères. Souffle une nouvelle fois sa voix, sans s'éloigner de moi une seconde.
Silencieusement et noyée dans mes larmes, je me contente de hocher la tête machinalement, sans prononcer un son supplémentaire.
Kilian Harris m'a brisé le cœur.
Et maintenant, je me dois de le réparer seule.