Mais le guerrier était plus rapide que le vieil homme et lui enfonça impitoyablement son épée dans le ventre.
-Nooooon ! s'écria Kit horrifié. Il cria si fort qu'il attira l'attention de Rose, qui partait maintenant avec Bertrand des écuries.
-Putain d'anglais ! s'écria Ada, furieuse de voir la douleur et la souffrance sur le visage de Russell.
Elle attrapa le poignard que Russell tenait quelques instants auparavant et se jeta sur l'homme pour lui planter l'épée dans le cœur.
-Ada ! Kit ! cria Rose en courant vers eux.
Elle était stupéfaite de voir Russell blessé.
-Non... Non, s'il te plaît ! dit Rose en se jetant à côté du vieil homme.
Ne bouge pas ! S'il te plait Russell, ne bouge pas ! Elle sanglota en couvrant l'énorme blessure où coulait le sang de son vieil ami.
Ada ne pouvait ni parler ni bouger.
Elle regarda juste les mains ensanglantées de sa sœur et la douleur sur le visage de Russell.
-Je vais chercher de l'aide ! cria Bertrand en disparaissant de là.
-Rassurez-vous les filles, murmura le vieillard, le front trempé de sueur.
Ne vous inquiétez pas, je ne ressens aucune douleur.
Et il perdit l'éclat de ses yeux.
Les Highlanders reviendront, nous vous avons appris tout ce que nous savions, et j'espère juste...
-Nous te ramènerons à la maison et prendrons soin de toi, murmura Rose, les yeux pleins de larmes.
Mais une série de convulsions secoua le corps du vieil ami et il mourut.
Le cœur brisé, Rose se pencha et embrassa tendrement le vieil homme qui les avait tant aidé.
Essayant de ne pas pleurer et ne regardant pas directement Kit, elle demanda :
-Où est grand-père ?
-Comme Russell, murmura Kit.
-Quoi ?! gémit Ada, incapable de respirer.
-Là-bas, pointa le garçon d'un air perdu.
Rose courut jusqu'à la colline alors que des larmes coulaient sur son visage.
Elle trouva son grand-père Daniel abattu, mort comme Russell.
Horrifiée, elle s'effondra sur son grand-père et, désespérée, se mit à pleurer et à crier.
Elle perdit la notion du temps, quelqu'un se pencha à côté d'elle et la serra dans ses bras.
C'était Béatrice, qui avait été alertée par les gardes du château et, malgré le danger, avait couru vers le village, ne rencontrant que destruction et horreur.
-Rose, murmura-t-elle en la serrant dans ses bras, incapable de retenir ses larmes alors qu'elle voyait Daniel mort devant elles.
-Grand-père... Béatrice ...sanglotait Rose, angoissée.
Grand-père et Russell sont morts... à cause de moi.
-Par tous les saints ! rugit Ellis quand il vit ce qu'il s'était passé.
Les villageois coururent follement autour des maisons qui brûlaient, et ils ne pouvaient qu'attendre que le feu dévore le peu qu'ils avaient.
Les soldats de Robert réussirent à achever les assaillants, qui avaient causé tant de désolation cette nuit-là.
Certains villageois commencèrent à montrer que les filles étaient responsables de tout ce qu'il s'était passé.
Ils ont dit qu'ils avaient entendu ces Anglais poser des questions sur les petits-enfants de Daniel.
-Écoutez ! s'écria Ellis, extrêmement triste, avec Kit dans ses bras.
-Tout est de ma faute, murmura Rose.
Tout est de ma faute...
-Ce n'est pas de ta faut Rose.
Ce n'est pas de ta faute, murmura Anna.
Levant les yeux, Rose vit Ellis étreindre Kit et Anna accueillir Ada.
Ils avaient l'air d'être en état de choc.
Certains voisins, ceux qui semblaient les avoir accepté, leur tournaient le dos.
-Edmond ! Je veux que plusieurs hommes aident notre peuple à éteindre le feu, et d'autres à récupérer les corps de Daniel et de Russell pour leur donner un enterrement décent, ordonna Ellis, prenant une profonde inspiration et évaluant d'un coup d'œil les dégâts causés au village.
-Le reste du peuple et les blessés, dit Anna en regardant Edmond.
Qu'ils aillent au château.
Là, ils seront pris en charge.
-Mais Milady, au château, on ne peut pas...intervint Edmond.
Mais Anna, furieuse et indignée, ne le laissa pas finir.
-Fais ce que je te dis, dit elle enragée, laissant Ellis sans voix.
Que tout le monde parte au château.
Et je veux que deux guerriers partent tout de suite à la recherche de Robert et lui fassent savoir ce qu'il s'est passé.
-Très bien, Milady, accepta Edmond.
Tandis que certains éteignaient le feu, d'autres ramassaient les corps sans vie, et deux hommes partaient à la recherche de Robert.
-Très bien, Anna, reconnut Ellis.
Vous serez une bonne dame pour ces terres.
Elle hocha tristement la tête en signe d'accord.
-Allez Rose, dit Béatrice, remarquant qu'il y avait du sang sur les vêtements et les cheveux de ses amis.
Tu es blessée et je dois m'occuper de toi.
-Dehors, sassenachs ! cria une voix méconnaissable dans l'obscurité.
-Arrêtez la personne qui a dit cette barbarie ! rugit Ellis de colère.
Plusieurs guerriers cherchèrent la source de la voix, mais l'obscurité les en empêcha.
-Retournons au château, murmura Anna, tenant Ada, silencieuse.
Une fois là-bas, Libby, la cuisinière, lava les filles et le garçon.
Il n'avait plus ouvert la bouche et était trempé de sang mais n'avait qu'une petite coupure au cou.
Ada avait plusieurs coupures au bras et plusieurs bleus.
Rose, en plus des coupures sur ses bras, avait des brûlures aux mains dues au sauvetage des chevaux dans l'écurie, et une petite ouverture sur son front.
Anna ordonna d'apporter une aiguille et du fil et s'assit patiemment devant elle pour refermer la plaie.
-Je vais essayer de bien faire les points de suture, pour qu'il n'y ait pas de grosse cicatrice, dit Anna, observant la douleur dans les yeux des sœurs.
-Je m'en fiche, marmonna Rose épuisée.
Russell et grand-père sont morts, les gens nous détesteront pour avoir détruit le village et exigeront que nous partions.
Où irons-nous Anna ? Où puis-je emmener mon frère et ma sœur pour les rendre heureux ?
Le désespoir de Rose la fit trembler, Béatrice essayant de la réconforter, la serra dans ses bras.
Pendant un moment, les deux pleurèrent les vies perdues, et quand Rose se calma, Béatrice retourna s'occuper de Kit.
-La première chose que tu dois faire est de te calmer, demanda Anna.
Quand Robert reviendra, nous essaierons de résoudre ce terrible échec.
Mais Rose répéta :
-Les gens demanderont à ce que l'on parte demain.
-Personne ne part d'ici ! rugit Béatrice en mettant un linge froid sur le front de Kit. -Ces hommes, dit Ada en s'asseyant à côté de sa sœur. Ils étaient derrière nous, ils ne nous laisseront jamais seuls.
-Ils ne voulaient pas nous tuer, expliqua Rose.
Ils voulaient nous emmener chez Sir Rufus et Sir George .. Au même moment, plusieurs domestiques entrèrent dans la pièce.
Et avec eux, Bertrand.
-Vous allez bien ? demanda-t-il, s'approchant de Rose et pâlissant lorsqu'il vit Anna lui coudre le front.
-Oui, répondit Rose avec un sourire triste.
Tout le monde remarqua que l'homme portait quelque chose dans ses mains.
-J'ai réussi à sortir ces quelques affaires de votre maison, dit-il en tendant un sac devant elles.
-Merci Bertrand, dit Ada quand elle vit qu'il y avait des vêtements, des pots en argile et rien d'autre.
-Je suis désolé de n'avoir rien pu sauver d'autre. Mais le feu... Rose le regarda.
Elle voulait le remercier, mais l'émotion ne la laissait pas parler.
-C'était un très beau geste, sourit Anna. Maintenant, je vous serais reconnaissante de partir pour que je puisse continuer ce que je faisais.
Hochant la tête, l'homme partit, ils étaient maintenant seuls.
-Regarde Rose, murmura Ada en attrapant des vêtements.
Bertrand a réussi à sauver notre tenue préférée, dit-elle en lui montrant les pantalons en cuir, les bottes et les chemises en lin qu'elles avaient confectionné.
Et la couverture de grand-père.
Rose sanglota, la prenant avec amour.
-Ne bouge pas, Rose, murmura Anna, essayant de recoudre la blessure.
Mais ce dont Rose se souciait le moins, c'était sa blessure.
La seule chose qu'elle voulait, c'était se venger, et elle dit d'un ton menaçant :
-Maintenant, je vais m'en prendre à eux. Ils vont payer pour la mort de grand-père et de Russell.
-Tu veux dire « nous », fit remarquer Ada en regardant sa sœur.
Béatrice prit le sac de ses mains et le mit de côté.
-Ne dites pas de bêtises, personne ne part d'ici jusqu'au retour de Robert, reprocha Anna, surprise de voir comment elles se regardaient.
-La seule chose que je demande, c'est que tu t'occupes de Kit en notre absence, dit Rose en prenant la main d'Anna.
Et s'il nous arrive quelque chose, par Dieu, fais en sorte qu'il devienne un bon guerrier écossais.
En entendant cela, le cœur d'Anna s'accéléra.
-J'ai dit que personne ne part d'ici avant l'arrivée de Robert, rugit Anna, élevant la voix et attrapant le regard de Béatrice.
As-tu entendu ce que j'ai dit ? -Oui, Anna, dit Rose en hochant la tête.
-Mais promets moi de prendre soin de Kit s'il nous arrive quelque chose à ma sœur et à moi ?
-Que va-t-il t'arriver ? demanda Anna avec irritation, rangeant le fil et l'aiguille.
-Promets-moi, s'il te plaît ! supplia Ada.
-D'accord, vos têtes sont dures ! dit Anna, abandonnant.
Je vous le promets. Mais comme il ne t'arriveras rien, il ne me sera pas nécessaire de tenir cette promesse absurde.
Les filles poussèrent un soupir de soulagement.
-Madame, appela Edmond à l'entrée.
Certains blessés ont besoin de votre aide là-bas.
-Je vais y aller tout de suite, dit-elle en hochant la tête et en ramassant ses affaires de couture.
Béatrice reste ici avec elles et ne les laisse pas sortir.
-Rassurez-vous belle-sœur, dit Béatrice en la voyant disparaître par la porte.
Quand les trois furent seules, elle regarda ses amies et dit : Si vous voulez partir, vous devrez passer au dessus de mon cadavre.
Avec les premiers rayons de soleil qui pointaient à l'horizon, tout le monde pouvait voir l'épave causée par les assaillants.
Ellis vit que plusieurs maisons avaient été incendiées et que son peuple avait été moralement endommagé.
Au milieu de la matinée, accompagnés d'Ellis, d'Anna, de Béatrice et de quelques villageois, Rose, Ada et Kit enterrèrent Daniel et Russell et pleurèrent à nouveau leur terrible perte.
Trois jours plus tard, alors que les villageois tentaient de reprendre leur routine quotidienne et que les guerriers reconstruisaient les toits des maisons incendiées, Rose et Ada discutaient avec Béatrice assise sur la colline.
-Vous resterez au château jusqu'au retour de Robert.
Ne craigniez rien, dit Béatrice en voyant les deux femmes regarder l'endroit où il y a quelques jours avait été leur maison.
-J'en ai marre d'avoir peur, dit Rose.
Je pense que le plus sage est d'aller à la recherche de celui qui nous poursuit.
-Kit restera avec Anna et toi.
Nous avons besoin que vous vous occupiez de lui pendant notre absence, ajouta Ada en comprenant sa sœur.
-Vous êtes folles ! Vous ne pouvez pas y aller seules.
Vous ne comprenez pas ? répondit Béatrice. Rose ne la regarda même pas.
-Ce que nous ne pouvons pas faire, c'est continuer comme ça, dit Ada.
Les gens finiront par nous détester, que se passera t-il si un villageois meurt la prochaine fois ? Pense tu qu'ils nous pardonnerons ? Qu'on le veuille ou non, nous serons toujours des sassenachs ici.
-Ne dis pas ça, murmura Béatrice. Ils savent aussi bien que moi que vous êtes responsable de rien.
-Ils ne nous laisseront jamais seules.
Tu vois comment ils nous regardent ? Pour tous, nous représentons un danger, souligna Rose.
Béatrice, tu tiens à nous autant que nous nous soucions de toi, mais nous devons faire quelque chose pour Kit et ces gens.
Lui et les autres méritent de vivre sans peur.
Et tant que nous serons ici, ce sera impossible.
-Qui a dit que je ne comprends pas ? répondit Béatrice.
La seule chose que je dis c'est que seules, vous ne pouvez pas faire grand-chose.
-As-tu une autre solution ? demanda Rose.
-Mariez-vous ! intervint Anna, s'approchant au même moment.
Cela empêchera les damnés anglais de venir vous chercher.
En entendant cela, les sœurs la regardèrent.
-Un mariage ! Quelle bonne idée ! fêta Béatrice en applaudissant la suggestion de sa belle-sœur.
Cela vous assurerez, en plus d'un homme pour vous, beaucoup de sécurité.
-Quelle terrible solution ! protesta Rose, d'ailleurs, quels Highlanders épouseraient-ils deux femmes mi- anglaises, mi- écossaises ?
-C'est vrai. Qui nous épouserait ? murmura Ada.
-Je ne sais pas, dit Anna en s'asseyant.
Nous devrons peut-être demander un peu pour savoir quels hommes s'intéressent à vous.
Bien que je puisse penser à deux d'entre eux.
Quand Rose vit Anna et Béatrice sourirent et se regarder, elle se tendit.
Étaient-elles folles ?
-Quelle bonne idée, sourit Béatrice en regardant sa belle-sœur.
Peut-être que quand Robert reviendra, nous pourrons... -Non ! s'exclama Rose.
Si vous pensez à Niklaas McCartney, ce n'est pas mon genre et je ne suis évidemment pas son genre.
Je ne supporte pas les gens qui croient que tout le monde devrait les aimer.
C'est insupportable.