Point de vue Mouhamed
Je remonte dans la chambre, énervé. J'espère vraiment que Soukeyna n'est pas entrain de faire des bêtises. La chambre m'étouffais donc je suis allé prendre l'air au balcon. J'y suis resté pendant au moins 15 minutes avant que Soukeyna ne revienne. Elle vient me trouver là où je suis.
- « Babe » fait-elle doucement
- « Elles sont parties ? » demandé-je posément
Elle vient sur mettre à côté de moi, accoudé au balcon.
- « Pourquoi tu te mets dans cet état ? Ce n'est pas ta nature » constate-t-elle
- « On parle de Maïmouna. Tu es capable toi d'élever sa propre fille comme la tienne sous notre toit ? Après tout ce qu'elle nous a fait ? » exposé-je
- « Au final, qu'est-ce qu'elle nous a fait ? La vraie responsable on l'a connaît. Oui elle voulait me séparer de toi mais elle sait que notre amour triomphera toujours. Cette petite n'en est pour rien. C'est elle ton ex ou Maïmouna ? Et si c'était ton enfant ? Comment allais tu réagir ? »
- « Sauf que ce n'est pas mon enfant Soukeyna » je réponds du tac au tac
- « Elle pourrait le devenir. Je vais être honnête avec toi. Je ne sais pas où est sa mère et je n'arrive pas à la joindre. Elle a assez confiance en nous pour élever Zahra et sincèrement je regretterai mon choix si je la laisse partir. Ça sera bizarre au début mais je suis sûre qu'on l'aimera comme notre propre enfant »
- « C'est trop me demander pour l'instant. Je suis vraiment désolé mais je n'arrive pas à assimiler la situation. Il me faut du temps » dis-je plus calmement
- « D'accord je comprends. Cependant elles n'ont nulle part où aller, est-ce que ... »
- « Oui elles peuvent rester quelques jours » la coupé-je en devinant la suite de sa question
- « T'es le meilleur, je t'aime. Je sais que tu prendras la bonne décision. Je vais aller me doucher et ensuite préparer le petit déjeuner »
Je hoche la tête avec un demi sourire sur le visage. Elle m'embrasse furtivement avant d'aller dans la salle de bain. Toute la semaine, j'ai hâte d'être à dimanche parce que ma femme fait les meilleurs brunchs. Ma mère en raffole aussi et je sais depuis tout ce temps où elle faisait la tête à Keyna, elle en avait envie. Entre temps, je vais à la terrasse où j'ai installé une pièce qui fait office de bureau. C'est là-bas que je dessine tous mes croquis. J'y vais pour dessiner un peu et me réfléchir à cette décision qui aura un impact sur nous quel que soit l'issu.
Deux heures plus tard, Soukeyna avait déjà fini et je vois que la nounou de la petite l'a aidée. D'ailleurs cette dernière est entrain de dormir dans la chambre de ma mère. En entendant nos voix, ma mère est sortie après que je sois montée et elle a pris Zahra car elle ne voulait plus quitter Keyna. Ma femme m'a affirmé qu'elles se sont vues une ou deux fois mais la petite est déjà proche d'elle.
- « Ndekki bi nekhna, ça m'avait manqué je l'avoue » affirme ma mère
Keyna rigole en guise de réponse. Elle est un peu sur la réserve mais c'est normal. Elle ne peut pas du jour au lendemain oublier ce qui s'est passé.
- « Astou mange bien d'accord » s'exclame-t-elle
- « Oui je mange, tata »
- « Tata ? Magoumala dh, je ne suis pas plus âgée que toi. Appelle moi Soukeyna » fait-elle en rigolant
Je souris aussi parce que Soukeyna avait une de ces têtes. En voyant Astou, c'est qu'elles ont à peu près le même âge.
On mange dans la bonne humeur et on est resté à discuter pendant presque deux heures avant que chacun ne reprenne ses occupations.
Dans la journée, Soukeyna est partie avec Astou faire des courses pour la petite. Je n'en voyais pas la nécessité pour le moment vu que sa nounou est venue avec une valise déjà bien remplie. Mais si ça leur fait plaisir. Je ne comprendrai jamais les femmes et leur besoin de faire du shopping quasiment toutes les semaines.
Heureusement que Amdy est venu quelques instants plus tard. On a directement allumé la PlayStation pour jouer à FIFA.
- « Le nouveau papa » s'exclame-t-il après que je lui ai expliqué la situation
- « Boumaka wakhate dh, ne me le redis plus » dis-je avec un ton ferme
- « De toute façon je sais que tu vas accepter. Tu m'as dit que Soukeyna était déjà sous le charme et tu fais tout ce qu'elle te dit »
- « Déjà tu mens et en plus je ne veux pas faire de favoritisme à l'avenir avec nos propres enfants. Je ne sais pas si j'arriverai à l'aimer comme ma propre fille. Je ne veux pas la blesser à l'avenir» déclaré-je sincèrement
- « Tu racontes n'importe quoi bro. Tu es la personne la plus juste que je connaisse. Seu khol mayoula lolou sakh. Ton cœur est trop pur pour ça. Je sais que tu seras un bon père pour elle et pour tes autres enfants In shaa Allah. Et d'après ce que tu m'as raconté, Soukeyna est très excitée et contente alors qu'elle vient de découvrir toutes les méchancetés de sa mère »
- « Ouais t'as raison et en parlant de ça, elle me fascine. Parfois j'ai l'impression qu'elle garde les choses pour elle mais elle a un juste un très bon cœur. Je croyais qu'elle allait piquer une crise, vouloir tuer sa mère mais non. Enfin pour l'instant elle est plutôt calme » confié-je
- « Vous êtes pareils. Vous vous ressemblez tellement, on dirait des frères et sœurs wallah »
- « Frère et sœur ? Jamais. Khalatoumako sakh, je ne l'imagine même pas »
Amdy se met à rigoler devinant mon arrière pensée. Je couche avec elle presque tous les soirs, je l'emmène au septième ciel à chaque fois et il me parle de sœur ou je sais pas quoi.
- « Wa arrêtons le jeu. C'est la troisième fois que tu gagnes, c'est pas drôle quoi »
- « Ce n'est pas de ma faute si tu es nul hein. Et avec Amina, comment vont les choses ? » demandé-je en déposant la manette et m'installe confortablement dans le canapé
- « C'est compliqué. Elle ne me fait absolument pas confiance et franchement ça me saoule de la courir après. On ira nulle part comme ça » répond Amdy avec un air découragé
- « Si tu as vraiment des sentiments pour elle, ne la laisse pas partir. Mais encore une fois, si tu comptes jouer avec elle sache que c'est moi-même qui te réglera ton compte Amdy » lui conseillé-je
- « Tu joues au grand frère protecteur. Je veux du sérieux avec elle ne t'inquiète pas mais il faut m'aider dans ce cas »
- « Il n'y a pas de problème. Je sais faire avec cette famille » dis-je en rigolant
Point de vue Soukeyna
J'ai dévalisé les boutiques pour enfants. J'ai aussi acheté quelques trucs pour Astou mais nos sacs sont remplis d'affaires pour bébé. J'avais déjà les achats pour bébé quand j'étais enceinte mais j'ai tout donné à Fatima. Même les articles de fille alors qu'elle a un garçon mais je lui ai dit de les garder pour son prochain enfant.
Lorsqu'on était sur le point de rentrer, je reçois un appel de mon père qui me dit passer à la maison et que c'était urgent. Honnêtement je n'ai pas envie d'aller là-bas pour le moment parce qu'il y a de fortes chances d'y croiser ma mère et c'est la dernière personne sur Terre que je veux voir. Mais je n'ai pas le choix et je suis sûre que mon père veut reprendre la discussion qu'on devait avoir.
J'arrive quelques minutes après et étonnamment il y avait la voiture de Mouhamed. On descend toutes les trois. J'entre dans le salon qui est au rez-de-chaussée et il y'avait mon père, ma mère et Momo. J'emmène Astou en haut, dans mon ancienne chambre avant de redescendre. Tous les regards étaient sur moi. Je fais un câlin à mon père et pars m'assoir à côté de mon mari.
- « C'est qui ? » demande mon père faisant référence à Astou et Zahra
- « Je t'expliquerai après. Qu'est-ce qui se passe ici ? Et pourquoi Mouhamed est ici ? » me renseigné-je
- « Je viens d'arriver » dit-il
Je hoche la tête légèrement. Je jette un coup d'œil à la personne qui me sert de mère et je remarque qu'elle a pleuré. Elle fuit mon regard et tant mieux pour elle.
- « Soukeyna je t'ai appelée pour parler des récents événements. Je sais que tu es au courant des coups bas de Aminatou et je suis vraiment désolé. J'ai laissé passer trop de choses. Je n'ai pas été assez ferme pendant qu'elle changera mais la méchanceté coule dans son sang » mon père fixe ma mère qui commençait à sortir ses larmes de crocodile
- « Madou ... » tente-t-elle
- « Ne m'appelle pas comme ça. Ce que j'ai fait hier j'aurai dû le faire depuis des années. Soukeyna j'ai répudié ta mère. Je ne veux plus te voir Aminatou. Dès demain tu vas aller prendre tes affaires qui sont dans mon entreprise et foutre le camp dehors. Concernant cette maison, je te laisse jusqu'à ce soir pour déguerpir est-ce clair ? »
- « Mamadou bouma deff ni, ne me fais pas ça. Soukeyna s'il te plaît parle à ton père. Je regrette. Je te jure que je suis sincèrement désolée. Si je suis devenue comme ça c'est à cause de ton père. Je voulais juste me venger et c'est allé beaucoup trop loin. Je me suis noyée dans mon jeu pendant toutes ces années »
- « Tais-toi. Tu veux lui monter la tête comme d'habitude. Tu es une manipulatrice. Estime toi heureuse que je ne te jette pas en prison et t'humilier devant toute ta famille après ce que tu nous as fait. Tu as failli ruiner ma société »
Je les regardais parler sans pouvoir rien dire. Mouhamed me tenait la main sentant sûrement mon mal. J'avais les larmes aux yeux. Après tout ce que cette femme m'a fait, j'avais pitié d'elle et je ressentais toujours de l'amour pour elle.
- « Et toi alors ? Pourquoi tu ne lui dis pas la vérité ? Tu vas la lui cacher jusqu'à quand ? Jusqu'à quand tu vas garder le secret ? »
- « Aminatou je te préviens que si tu parles, je te ... »
- « Tu vas quoi ? Me répudier ? Oh non c'est déjà fait. Je n'ai plus rien à perdre. Tu lui dis ou je lui dis que je ne suis pas sa véritable mère ? »
- « Quoi ? »
- « J'aurai voulu l'être parce qu'on peut pas rêver meilleure fille que toi mais malheureusement il a fallu que ton père me brise le cœur. Il s'est marié avec ma sœur Soukeyna, ta véritable. Ce n'était pas moi sur la photo, c'était ma grande sœur. Elle est morte en te donnant naissance. Et ton père m'a épousée par la suite car j'étais la roue de secours et il te fallait une mère donc ... »
Je n'entendais plus ce qu'elle disait. J'avais la tête qui tourne et mes oreilles bourdonnaient. J'avais chaudJe ne tenais plus en place et je me suis couchée sur l'épaule de Mouhamed dont j'entendais sa voix en panique de loin. Mes paupières se refermaient et s'ouvraient et je savais que j'étais entrain de faire un malaise.
J'ouvre mes yeux progressivement et je me rends compte que je suis une des chambres de la maison. Je suis toujours chez mon père. Je vois Mouhamed se précipiter vers moi quand il s'aperçoit que je me suis réveillée.
- « Bébé putain tu m'as fait peur » confie-t-il en m'embrassant partout. «Tu te rappelles de ce qui s'est passé ?»
Je hoche la tête.
- « Le médecin a dit que tu as accumulé beaucoup de choses et que tu as besoin de repos. Il t'a donné des calmants aussi »
- « Je crois que je suis encore sous le choc. On m'a menti durant toute ma vie. Je ne vais jamais leur pardonner» affirmé-je en me relevant
- « Ne dis pas ça Keyna. Tu ne sais pas la chance que tu as d'avoir tes deux parents encore avec toi même si Aminatou n'est pas ta vraie mère. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour reparler à mon père ne serait-ce que pour quelques minutes ? Ça va prendre du temps oui mais tu vas pardonner à ton père. Ta mère c'est une autre histoire et je ne m'en mêlerai pas quelle que soit ta décision. Je vais appeler ton père » confesse Momo avec un sourire rassurant
J'aime tellement cet homme que je me surprends à pleurer parfois. De joie, de bonheur bien sûr. Il a toujours les bons mots et il est toujours là quand ça ne veut pas. On s'est séparé durant toutes ces années à cause de ma mère qui a envoyé ce fameux message à l'époque et rien que pour ça, je lui en voudrai toute ma vie.
Quelques instants plus tard, mon père entre dans ma chambre avec une enveloppe dans ses mains. Il me l'a tend avant de s'assoir à côté de moi sur le lit. J'ouvre l'enveloppe et découvre des photos de ma mère, la véritable. Ma mère n'est pas ma mère. Je n'arrive pas à analyser cette information. C'est trop.
- « Elle est très belle » constaté-je
- « Tu l'es encore plus. Si tu savais à quel point je regrette de t'avoir privé de ces photos et des souvenirs de ta maman »
- « Tu as été égoïste. Tu m'as laissée toutes ses années penser que c'était moi le problème. Je pleurais toutes les nuits. Toi tu n'étais jamais là et tous les jours je me demandais pourquoi maman ne m'aimait pas » je confesse difficilement
- « C'est mon plus grand regret. De t'avoir laissée seule durant un moment »
Je hoche la tête sans dire un mot un de plus. Je sais qu'il me laisse du temps pour pouvoir vraiment discuter avec moi et franchement tant mieux parce que je ne suis pas encore prête pour entendre parler de ma vraie mère.