Chapitre 5.1

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Les hommes en costume noir nous emmenèrent à Paris. Quelques secondes suffirent pour la téléportation. Ils nous conduisirent devant un sublime bâtiment richement décoré de miroirs.

<< C'est par là, déclara l'un des hommes. >>

Moi et mon père, on les suivi à l'intérieur. Une vielle dame nous attendait de pied ferme.

<< Mon petit Marcel ! dit-elle de sa voix chevrotante, pourquoi ne viens-tu pas me voir plus souvent !

- Ce n'est pas l'envie qui me manque, répondit mon père. >>

Là, il ment. Facile à décerner les deux tonalités. La pièce dans laquelle se déroule l'entretien est immense, les fenêtres donnent sur l'avenue principale et des lustres apportent plus de lumière. On se croirait dans un château. Les objets modernes cassent l'ambiance impériale pour nous ramener à une réalité plus sobre. Les deux vieux amis discutèrent longtemps et je me sentis un peu à part. Je me demandais vraiment ce que je faisais là. J'en profitai pour dévorer la salle des  yeux. Des portraits affirmaient chacun différentes personnalités. Je reconnu des présidents et certains ministres. L'un des tableaux attira mon attention. Il montrait une photo de groupe où l'une des personnes était cachée par du feutre. Je regardais attentivement quand soudain, un voile noir s'enroula autour de moi et me fis perdre connaissance. J'entendais au loin les voix de mon père et de la vieille dame qui m'appelaient, puis tout s'estompa.

Quelque part dans une caverne...

<< Salut ! >>

Je sursaute et dévisage la personne à côté de moi. Un homme. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me rappelle vaguement ma rencontre avec Juuga. J'ai vraiment la poisse pour attirer les gens bizarres.

<< Euh, salut. Est-ce que c'est toi qui m'a amené ici ?

- En effet, c'est bien moi. Je suis l'homme que tu regardais passionnément sur la photo.

- Sérieux ?

- Hum hum, mon nom est Yuki Korudo. Je travaillais comme espion pour la vieille dame mais j'ai commis une faute grave. Déchu de mon poste, j'ai lancé un dernier sort sur le tableau avant de disparaître dans cette somptueuse caverne. >>

Et allez et allez, voilà qu'il va me raconter sa vie. C'est une habitude qu'ils ont tous où quoi ?

<< Tu es un vrai ermite, Yuki.

- Hum hum, passons les détails, je reprends. Donc, je suis allé dans cette caverne et j'ai attendu longtemps. Et voilà ma chère héritière qui apparaît enfin devant moi ! >>

Héritière ? Il se prend pour qui cet ermite ? En fait, la grotte est plutôt pas mal. Il fait ni trop froid, ni trop chaud. L'humidité ne me dérange pas beaucoup et la grotte  est remplie de cristaux magiques.

<< Tu m'écoutes ?

- Bien sûr monsieur l'ermite, je suis toute ouïe ! >>

Bouuuuuh ! Qu'est-ce que c'est encore ? On dirait des pleurs d'enfant.

<< Nous sommes dans une ancienne fosse aux morts, dit Yuki. Les Einsatzgruppen étaient des unités de police politique militarisées du IIIᵉ Reich, créées dès l'Anschluss et chargées, à partir de l'invasion de la Pologne lors de la Seconde Guerre Mondiale, de l'assassinat systématique des opposants réels ou supposés au régime nazi, et en particulier des Juifs. Ici reposent des milliers d'âmes perdues et hantées. Ma chère nouvelle disciple, voici ta première mission : amener la paix pour ces âmes. >>

Quoi ?! Mais pour qui il se prend pour me donner des ordres ! À peine j'eus tournée le dos qu'il disparut dans un nuage de fumée noire. Attend, il me laisse toute seule ? Des dizaines d'âmes furieuses affluèrent dans ma direction. Aucune possibilité de fuite, je ne connais même pas de magie de transport. C'est vraiment de la malchance qui s'abat sur moi. Mais comparé au monstre reine que j'ai affronté hier soir, c'est une toute autre affaire. Réfléchissons, le fameux gars bizarre m'abandonne comme un lâche. Il veut donc que je me débrouille. Mes adversaires sont des esprits, le physique ne les atteint pas. Je m'élance. Mes balles d'énergies les dispersent mais pas assez pour en sortir vainqueur. Je continu mes rafales et réfléchis à un plan d'urgence. Les âmes sont de plus en plus énervées et semblent gagner en force. Théoriquement, plus on s'enfonce dans le sol, plus il y a d'énergie. Mais oui ! Si il y a autant de cristaux rares, c'est que ces âmes sont à l'origine de la source d'énergie de cette caverne créant un lieu idéal pour la culture de ces cristaux. Je stop mon combat. Je viens de comprendre le réel but de cette épreuve. Mes adversaires ne sont pas mes adversaires, ils ne sont qu'une illusion créée de rage et de colère.

<< Mon nom est Liya Azaroa, dis-je. Je suis peut être égoïste ou avare, mais j'aimerais avant tout vous offrir la paix qui vous revient. Je ne peux certes comprendre votre douleur, c'est pour cela que je suis prête à partager votre fardeau. >>

Fardeau, encore ce mot. Quand arrêtera t-il de me suivre partout ? J'ordonne votre libération !

<< "Yin" espirituaren izenean, askatasuna agindu dut ! >>

*<< Au nom de l'esprit "Yin", j'ai ordonné la liberté ! >>*

Une lumière blanche éclaira toute la caverne. La souillure disparue peu à peu et les âmes pures entrèrent dans ma tête. Un immense chagrin m'envahit. Des morceaux de souvenirs déroulèrent devant moi, des étouffements me firent verser d'innombrables larmes et un poids très lourd s'abattit sur moi. La peur, le chagrin, la colère, toutes ses émotions ressenties par ces êtres innocents me firent perdre connaissance. Leur visage, leur nom, je jure de protéger leur identité.

Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, mais assez pour avoir les jambes et les bras tout engourdis. Des tourbillons de pensées affluèrent dans mon cerveau. Leurs souvenirs se sont mélangés aux miens. J'ai l'impression d'avoir vécu 3 000 vies en même temps.

<< Seul un diamant peut en polir un autre. Moi, Yuki, je m'engage à te polir, ma chère.

- Toi ? Ne me parle même plus !

- Dis donc, c'est la première fois que je vois une humaine engloutir des milliers d'âmes en même temps. En général, les gens meurent ou font une crise cardiaque. >>

Ah ben merci, c'est gentil de me prévenir seulement maintenant. Je ne sais pas quelle mouche l'a piqué mais il ne m'inspire pas du tout confiance.

<< Dis, tu comptes me ramener chez moi quand ?

- Bonne question, quand tu auras réussi les épreuves que je t'ai concocté ! Congratulation pour la première ! >>

Je suis vraiment un aimant à soucis, paix à mon âme ou plutôt mes âmes...

2GU : Sur le fil de son destinWhere stories live. Discover now