Chapitre 3.3

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Je me faufile précautionneusement vers la source en prenant soin d'éviter les nombreuses créatures. Juuga contre son gré me protège en détournant toute l'attention sur lui. Comme je le pensais, une sorte de monstre reine reste en dehors. N'ayant toujours pas détecté ma présence, j'en profite pour l'anatomiser. Elle ressemble d'avantage à un zombie qui perd ses membres. Difficile à décrire, je risque de faire des cauchemars pour le restant de mes jours. Mon but ultime est de la détruire le plus vite possible. D'après ce que j'ai vu tout à l'heure, elle est composée de matière bel et bien physique. Elle réagit comme les trucs dont Juuga s'occupe donc si je m'approche, elle risque de me déchiqueter avec ses membres détachés où bien de rappeler ses compatriotes. Il faut que je l'attaque à distance. Mais comment ? Je n'ai pas vraiment appris les armes de jet. Tout à coup, je me rappelle l'une des leçons de Juuga :

<< Liya, quand tu places de l'énergie dans un objet, c'est comme si tu y plaçais ton âme. Il faut que tu réagisses en te disant que c'est une extension de tes doigts. Manier l'objet comme les doigts de la main. >>

Merci monsieur le prof, votre aide me sera d'une grande utilité pour ce combat car je viens de trouver ma stratégie. Je rassemble des branches mortes et en fait mon arsenal. Voici mes armes, les pantins de bois ! Enfin, ce ne sont que des bout de bois mais ça fera largement l'affaire, ou pas. Le problème majeur qui se pose est qu'au moment où je déclencherai mon énergie interne, ma présence sera découverte. Il faut que je sois prête car je ne pourrai plus faire marche arrière. En plus, je mettrai ma vie en jeu et celle de Juuga. N'y pensons pas et concentrons nous. D'abord mettre de l'énergie constante dans les branchages et après, les guider comme des marionnettes sur ma cible. Je ne l'ai jamais fait avant mais j'espère que ça marchera. Il le faut à tout prix !

J'attends le moment propice et... là ! Je me lance. Imbibés de mon énergie, les bouts de bois volent dans tous les sens en direction de la reine. Ils la trouent de tous les côtés et l'attaquent sans arrêt. Je fatigue mais c'est supportable. Contrôler autant de pions en même temps n'est pas facile du tout. Il ne faut pas que je relâche ma concentration. L'adversaire se défend plutôt bien et pourtant, il semble cacher sa véritable force. Je continue de l'attaquer avec plus de branches et il finit par céder. En un instant, il rassemble tout ses compagnons pour n'en faire qu'un. Pareil à une colline, il englouti toute la matière qu'il peut et grandi à vive allure. J'active alors mon plan B.

Je suis Liya Azaroa, jamais je ne me lance sans plan de secours. Les bâtons coincés dans son antre ont maintenant leur vrai rôle : exploser ! Je me jette à terre et le sol se met à trembler. De fortes secousses ravagent le bois et détruisent tout sur leur passage. Mon concentré d'énergie brûle la bête de l'intérieur et la fait disparaître dans un cri d'agonie. Des multitudes de nuages de fumées englobent le lieu où je me trouve. Un brouillard m'enveloppe telle une couverture. Des ouragans balayent la forêt de fond en comble n'épargnant aucun endroit. Quand les détresses cessent, j'inspecte du regard les alentours. Un no man's land a remplacé les beaux arbres. Il ne reste plus rien. Au loin, j'aperçois une silhouette. Juuga ! J'ai oublié Juuga ! Heureusement pour lui, il s'est protégé à temps avec une barrière magique. Il m'aide à me mettre debout tout en me noyant d'une montagne de questions :

<< Non mais qu'est-ce qui t'as pris ?! Je t'avais dis de rester à l'abri ! Et c'était quoi ça ? C'est toi qui a fait ça ? Ils sont où les monstres ? Aaah, bref, rentrons à la maison d'abord, tu as intérêt à t'expliquer plus tard et de me convaincre que c'était la bonne solution. >>

En dépit d'être fâché, Juuga fut content et soulagé de me voir saine et sauve. Il me porta comme une princesse jusque chez nous. Papa arriva paniqué et me réprimanda sévèrement. J'expliquai le plan que j'avais mis en place pour détruire mon ennemi et ils restèrent bouche bée.

<< Tu as dirigé une trentaine de bouts de bois ! s'exclama Juuga.

- Ma fille est un génie, ajouta papa.

- Tout à fait d'accord, renchéri Juuga. >>

La soirée prit fin pour moi et je suis allée me coucher. Il est quand même plus d'une heure du matin ! Juuga et papa restèrent à discuter longtemps après. Ils ont dû se coucher à pas d'heure.

Le lendemain, on vit une foule de monde devant la porte. Des hommes en costume noir nous attendaient. Papa et moi fûmes convoqués par des supérieurs dont j'ignore le nom et la profession. J'imagine que ça a un rapport avec le petit incident d'hier soir. Enfin, incident tout cour.

<< Monsieur Juuga Jakintsua, dit l'un des hommes, vous êtes aussi demandé pour votre prochaine mission. Veuillez nous suivre sans résistance. >>

C'est vraiment une drôle de vie que je mène.

2GU : Sur le fil de son destinWhere stories live. Discover now