Chapitre 2.2

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Fschhhhhh... Un bruit sourd se fait entendre. On reste tout les trois à l'affût du grésillement. Le son monte crescendo et une flèche se précipite vers nous. Avec ses réflexes, Louane s'interpose en un temps record et la découpe en deux.

<< Tous à terre ! crie-t-elle. >>

Un bombardement de pluies aiguisées s'abat sur nous. Notre aînée nous protège tant bien que mal et on prend l'initiative de se cacher dans l'entrepôt du gymnase.

<< C'est quoi ce bord*l ? Chuchote agressivement Ethan.

- J'en sais rien, répond Louane, qui peut bien nous prendre en joug ?

- Un ennemi ? Un indésiré ? Quelqu'un de l'académie ? je demande.

- Non, l'couvre feu a été établi pour éviter ce genre de confusion. Personne n'est dehors sauf si l'on a une dérogation sous réserve. >>

Des bruits de pas résonnent et se rapprochent de plus en plus. On s'abstient de respirer. Plus un bruit, nos cœurs battent la chamade. Subitement, Louane nous tire de force dehors et on court sans réfléchir dans les chemins du bois. On s'enfonce mais personne n'ose parler. L'air grave, je regarde instinctivement Ethan et je distingue un visage sombre. De l'autre côté, la fille si modeste de tout à l'heure a cédé la place à une étudiante de quatrième en pleine réflexion. Rassemblant tout son courage, elle nous explique la situation.

<< Les gens qui nous ont tiré dessus sont des mercenaires de Abendua, une des 12 familles. Celui qui les paye n'est autre que Benito Abendua. Il a toujours été en conflit avec l'IDK et n'hésite pas à avoir recours à tout les coups bas possibles pour sa propre satisfaction.

- Personne ne l'arrête ?

- Non, il est intouchable, déclare Louane. Sa famille l'épaule et cerise sur le gâteau, il a un esprit-maître qui le protège : Akui, esprit de la sournoiserie. Rare sont ceux qui le défient. Il entre dans le top 20 des plus puissants humains. Mais il a forcément corrompu le système. Seulement, on a aucune preuve contre lui donc il est légalement innocent.

- Et ces mercenaires, ils nous ferons quoi s'ils nous attrapent ?

- Hum... bonne question. Peut être qu'ils nous tortureront ou nous prendrons en otage. C'qui est certain, c'est qu'ils ne nous veulent pas que du bien.

- Par là ! Ils sont allé par là ! cria un des mercenaires. >>

Notre groupe accélère et on fini par se retrouver au bord d'une falaise. Le gouffre est exorbitant.

<< On fait quoi on fait quoi ? >>

Ethan est stressé, moi aussi. Je cherche une solution, une option mais rien. J'ai beau analyser notre situation dans tout les sens, je ne vois pas de sortie de secours. Seul deux possibilités s'offrent à nous : l'abysse ou la confrontation. La sagesse et la sécurité nous diraient de sauter, mais l'hypothèse est trop incertaine. Si on fait front, les statistiques de réussite sont très basses. On a des personnes expérimentées comme camp adverse et pour notre part, deux élèves de sixième et une de quatrième. Combien sont-ils ? 10 ? 20 ? 30 ? Je ne sais pas. Mon sang ne fait qu'un tour. Je me tourne vers Louane et mes yeux parlent à ma place.

<< Calmez-vous, sachez que je suis la meilleure de ma section. Écoutez moi bien. Voici mon plan... >>

5 minutes plus tard...

<< Youuu ouh ! J'suis là ! dit Louane bien fort. Venez me chercher !

- Les gars ! Tous là bas ! répliquèrent les sbires aussitôt. >>

Allez, il faut que je garde mon sang froid. Notre stratagème est réparti en 3 parties : Ethan est chargé de ramener des secours, Louane qui a le plus de pratique et d'expérience endosse le rôle de retenir nos opposants, et moi, je fais mon affaire du bon déroulement des pièges.

Tsing ! Tchlak ! Les coups de son épée croisent le fers avec les armes blanches de nos ennemis. Je regarde la scène abasourdi par l'aisance dont fait preuve ma camarade. Adresse, agilité, habilité et légèreté, le tout dans une harmonie agréable et musicale, la perfection incarnée. Son corps suit son âme à la seconde près et théâtral, il semble nous réciter le Sacre du printemps d'Igor Stravinsky et Vaslav Nijinski. Emporté dans le somptueux ballet, j'en oubli les pièges et...

<< J'en ai un ! Venez m'aider ! aboya mon ravisseur. >>

Je me débats de toutes mes forces mais son emprise est trop puissante. Me soumettant malgré moi, j'examine les alentours et, rien. Plus un homme sur pied. J'observe de nouveau et me rends compte du carnage désastreux. Des corps sans vie jaugent le parterre de sang et de membres broyés, déchiquetés, et au milieu de ce saccage, un monstre. Cette fillette si chétive est à présent devant moi la seule explication à l'horreur. L'homme comprenant la situation se sert de moi comme bouclier mais à peine eut-il bougé que la calomnie le disséqua en deux. Je recule terrorisé et m'effondre d'effroi. Ma détresse me fait perdre toute raison et la créature en face de moi le comprit sans trop de mal.

<< Tu l'savais que j'avais déjà tué des personnes. Pourquoi es-tu si étonné ? >>

Sa phrase estompe mes angoisses et m'apaise étrangement. C'est vrai, lors de notre rencontre, je l'avais repérée par son aura destructrice. J'essaye de me calmer et me lève péniblement. Les buissons tressaillent, je sursaute et des gardes apparaissent. Se sont les renforts. Je cherche parmi eux Ethan mais j'espère inconsciemment qu'il ne soit pas avec eux. Je veux que mon ami reste en dehors de cette boucherie dont je suis le témoin. Soulagé de ne pas le voir, je me détend brièvement et on nous emmène dans l'enceinte de l'académie. Après nous être réchauffé, je suis resté dans le flou pendant toute la soirée. La quatrième fut interrogée et on me laissa tranquille. Les questions remuaient dans ma tête me causant des migraines affreuses. J'eus de la fièvre quelques jours. Qui est cette fille ? Pourquoi les a-t-elle tous tués sans une once d'hésitation ? Est-ce que le futur qui m'attend sera rempli de sang ? Les réponses affluèrent et je continuais à les repousser, idéalisant une vérité mensongère.

2GU : Sur le fil de son destinWhere stories live. Discover now