| 03 | - Partie I

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| Six ans auparavant |

La situation ne pouvait pas s'annoncer plus critique...

Le sifflement des balles, et l'écho des cris à l'agonie semblaient presque rassurant à côté de ce silence funeste. Le sourire carnassier qui étirait les lèvres de chacun de leurs opposants avait un pouvoir impitoyable sur leur corps meurtris, glaçant leur sang, les confortant dans ce sentiment de défaite et de détresse imminente.

Dazai jeta un coup d'œil à son partenaire qui se trouvait à une distance beaucoup trop considérable pour qu'il puisse intervenir auprès de lui rapidement si besoin. Lui-même était beaucoup trop entaillé, chaque parcelle de sa peau couverte de balafres plus au moins profondes. Il avait un mal de chien, mais pourtant il ne pouvait se résoudre à se laisser aller à cet abattement, l'esprit beaucoup trop ancré sur l'état de Chûya.

Le rouquin manqua de s'écraser au sol en se redressant. Il essuya le coin de sa lèvre ouverte pour y estomper l'effusion de sang de son visage. Et bien qu'il feinta un sourire triomphal dont lui seul avait le secret, il était terrifié.

La fin était beaucoup trop pesante sur leurs épaules, mais le jeune mafieux se refusait de laisser un tel privilège à leurs ennemis, et encore moins en leur offrant cette expression craintive dont ils semblaient se nourrir avec délectation.

Et dire que Mori avait placé tous ses espoirs en eux pour détruire cette organisation... Les deux jeunes hommes imaginaient déjà sans peine son air indifférent, et à l'inverse, sa voix trahissant sa grande déception à leur égard. Enfin... S'ils parvenaient à rentrer en vie... Le projet du Double Noir n'était peut-être pas d'une si grande fiabilité qu'il aurait pu le penser.

Voilà maintenant seulement trois mois que Dazai et Chûya travaillaient ensemble sur des missions communes sous ce nom, et le parrain s'était permis de leur confier une tâche aussi risquée que celle-là. C'était un véritable suicide.

Pour le coup, Dazai n'éprouva aucun plaisir à cette constatation macabre. Une part de lui ne pouvait se laisser aller à ce poids qui acceptait enfin de l'entraîner dans les bras de la Faucheuse. Pas maintenant. Pas alors que son partenaire continuait de se battre pour eux. Jamais il ne laisserait Chûya chuter avec lui parce qu'il n'avait plus aucune volonté à rester en vie depuis bien longtemps.

- C'est votre dernière chance, répéta la voix antipathique du chef ennemi. Rendez-vous. Vous n'êtes que des gamins, et je n'aimerai pas avoir à vous tuer tous les deux. Je ne vois même pas ce que vous foutez à la Mafia Portuaire, c'est ridicule. Deux adolescents perdus n'ayant pas d'autres passe-temps que de jouer les délinquants.

- Qui est-ce que tu es en train de traiter de gamins, connard...

Leur opposant acheva cette conversation stérile d'un soupir exaspéré, on pouvait presque y déceler une pointe de désolation pour leur ignorance. Ces deux là allaient mourir, ils en étaient conscients, mais pourtant ils se jetaient délibérément dans cette fatalité.

- Je suis désolé pour vous, termina le meneur.

Le son singulier de l'écho d'un claquement de doigts se répercuta contre les murs en pierre fissurée. Le tout dernier son qui pouvait encore leur accorder un moment de sérénité. En moins d'une seule seconde, les hommes accompagnant le leader de cette organisation se précipitèrent à une vitesse démesurée vers les deux membres de la Mafia Portuaire. Ils étaient rapides, déterminés, et ne faisaient preuve d'aucune pitié.

Les coups volaient, et comme pour témoigner d'une garantie du sadisme ultime qui les animait, aucun d'entre-eux ne semblait apte à se raisonner en les exécutant d'une balle dans la tête. Les frappant toujours plus fort en leur arrachant des cris de douleur infâme, ils étaient là à se repaître silencieusement de leur souffrance malsaine.

Adversité Ambiguë [ Bungo Stray Dogs / OS Soukoku ]Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum