24. Trop près

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-• Omniscient •-

Le duo s'éloigne nonchalamment du corps inanimé du hacker. Le chef de gang range son arme sans se douter qu'il vient d'enlever la vie à une personne importante. Il n'a pas l'habitude de faire face aux conséquences de ses actes. Après tout, quand on dirige un gang comme le sien en plus de quelques organisations criminelles, on peut se permettre de déléguer les tâches et de pointer du doigt.

Son équipier reste tout de même silencieux. Un mauvais pressentiment le gagne, lentement mais sûrement. Il lui arrive d'avoir la gâchette facile, il le sait, mais quand on fait affaire à un hacker, il faut toujours se méfier. Ces génies informatiques sont souvent employés par beaucoup de gens à la fois.

Sans plus de cérémonies, ils se dirigent vers la demeure des Amber. C'est complètement à l'opposé de la ville de New York, dans un quartier familial.

Bien qu'il n'en laisse rien paraître, Tony est anxieux. Que va donc penser Jasmine quand elle le verra aux côtés d'Aaron? Après qu'il lui ait dit de s'enfuir de lui? Si elle retrouvait la mémoire, elle comprendrait qu'il essayait de la sauver. Sinon, elle pourrait penser qu'il lui mentait sur toute la ligne.

Le jeune homme éloigne ces pensées de son esprit et se concentre sur la route. Avec ces innombrables bouchons, il va leur falloir des heures pour trouver leur danseuse.

À mi-chemin, ils traversent une rue bondée de restauration. Ni l'un ni l'autre ne remarque la magnifique femme marchant tranquillement vers un restaurant japonais.

Cette dernière fouille désespérément dans son sac à mains à la recherche de son baume à lèvres. Ses cheveux caressés par le vent doux brillent au soleil, découvrant des reflets roux. Ses longues jambes sont mises à la vue de tous dans sa jolie robe mauve, la même qu'elle portait lors de sa première soirée. Mais ça, elle l'ignore.

D'une main assurée, elle pousse la porte du restaurant japonais. Aussitôt, des images semblent se mettre en place pour former un morceau de puzzle, un souvenir.

Oui, elle était déjà venue ici. Cependant, était-ce assez pour qu'elle retrouve la mémoire? La jeune femme pensait que non. Elle sentit une fois de plus la frustration s'accumuler, formant une boule au creux de son ventre. Elle voulait plus. Pas seulement se rappeler de l'endroit, elle voulait se rappeler de ce qu'elle commandait, avec qui elle était, combien de fois elle y était allée. Elle voulait tout savoir, elle avait besoin de tout savoir.

Elle se posa à une table sur le bord de la fenêtre, contente de pouvoir regarder la vie à l'extérieur. Les gens heureux, les familles chaotiques, les gens indépendants.

- Une soupe du jour et des gyozas? Comme d'habitude? Lui demanda un serveur souriant.

Jasmine senti l'espoir renaître à l'entente de cette phrase. Son passé se trouvait réellement ici. C'est donc rayonnante de bonheur qu'elle répondit au serveur vaguement familier.

- Bien sûr.

Il ne prit même pas la peine de noter sa commande, ce qu'elle remarqua en une fraction de seconde.

- Cela faisait longtemps que tu n'étais pas passée. J'ai bien cru qu'il t'était arrivé quelque chose. Avoua-t-il, un peu gêné.

Jasmine se mordit la lèvre. Elle voulait tant se rappeler de son passé. Elle lui aurait dit ce qu'il lui était arrivé, à voir la sincérité dont sa petite bouille triste faisait preuve.

- Je suis désolée. Elle fit une pause, tentant d'empêcher sa bouche de dire son secret. Il m'est arrivé quelque chose, mais j'ai perdu la mémoire. C'est un peu compliqué.

Voilà, c'était dit. Elle se sentit tout de suite stupide. Ça se trouve, il essayait juste d'être poli et elle lui raconte déjà ses problèmes de vie. Le serveur lui fit signe d'attendre et partit en cuisine. Quelques secondes plus tard, il revint avec un biscuit qu'elle devina être aux dattes. Ses préférés.

- À chaque visite, tu t'assois à cette table puisque la vue des gens sur la rue t'apaise. La plupart du temps, tu nous visitais deux fois par mois, quelques fois plus quand ta semaine avait été éprouvante. C'est toujours une soupe du jour, mais une fois sur deux, c'est accompagné de gyozas ou de sushis. Avant de partir, la propriétaire te donne un biscuit aux dattes parce que tu es sa cliente la plus reconnaissante. Je m'appelle Lee et je suis ton serveur préféré du monde entier. Finit-il en ouvrant les bras.

Elle ne su plus quoi dire. La gentillesse du serveur, le fait qu'il connaisse ses habitudes par coeur, qu'il n'a pas hésité à lui en faire part, cela l'a émue.

Quant à lui, il s'est emmerdé sans sa meilleure cliente. Il baisse les bras en attente d'une réaction de sa part. « Ça se trouve, je lui ai fait peur », se dit-il.

Se moquant d'être appropriée ou non, Jasmine lui prit les mains. Sans même avoir à le lui dire, elle su qu'il a compris que c'est un remerciement. Elle ne sait pas pourquoi, mais cet homme lui aspire confiance. Elle n'a aucune peine à croire ses paroles.

Une cloche retentit, interrompant leur moment de tendresse. Le serveur sourit avant de détacher ses mains des siennes.

- Bon appétit.

- Toi aussi.

Elle pose sa main sur sa bouche, pouvant à peine croire qu'elle eut vraiment dit cela. En réponse, Lee éclate de rire.

- T'as pas changé, je te l'assure.

Cette phrase la rassure sur quelque chose qu'elle ne savait même pas qu'elle devait être rassurée.

Le plat fumant devant elle est familier. Elle se voit très bien venir ici un vendredi soir après une semaine de travail acharné. Ou venir manger ses émotions avec Pam qui s'est fait larguer par son idiot de service.

Un sourire radieux prend place sur ses lèvres quand elle réalise qu'elle se souvient. Qu'elle sait qu'elle venait ici.

À l'autre bout de la ville, une heure plus tard, le chef de gang se stationne chez les Amber. Il n'y a pas de voiture dans la cour, signe que la voie est libre.

Avant de sortir de la voiture, les deux hommes empoignent leur arme et la chargent. On ne sait jamais.

- S'il n'y a personne, on se stationne chez le voisin pour l'attendre. On sera discrets. Dit Aaron en jetant un coup d'oeil à sa voiture de luxe.

Il aurait du louer une voiture commune comme il l'avait pensé un peu plus tôt. Tony suit son regard et pu par lui même comprendre le problème. On ne peut pas cacher une Aston Martin devant la maison de quelqu'un qui travaille au salaire minimum.

Aaron se maudit intérieurement avant de hausser les épaules à l'intention de son équipier. Le message est clair, ça va devoir faire l'affaire.

Comme de gentils citoyens, ils sonnent avant d'entrer. Comme prévu, pas de réponse. D'un coup dans la porte ils réussissent à l'ouvrir.

En voyant les dizaines de photos de Jasmine aux quatre coins de la maison, les mecs sourient. Ils ont tapé en plein dans le mille.

Laisse moi partir 1Where stories live. Discover now