29. Trop calme

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-• Tony •-
Amara. Ma première petite amie, celle que j'aurais tout fait pour garder, était face à moi présentement.

Bien sûr, c'était avant la tragique histoire d'amour qui avait transformé mon coeur en pierre, mais elle avait tout de même été très importante pour moi. Une pointe de nostalgie me parcourt quand j'encre mes yeux dans les siens.

J'avais l'impression de revenir dix ans à l'arrière, au secondaire, quand elle m'avait attaché à son lit. Ce n'est pas du tout dans le même contexte, mais il faut dire qu'elle m'a encore attaché. Je n'avais aucune connaissance de son existence dans le monde criminel et j'aurais préféré que cela reste ainsi.

- Tu vas bien mon chou? Rit-elle.

Elle avait toujours été un peu flippante, mais en ce moment elle était terrifiante. Je me rappelle encore à quel point elle était jalouse de mes amies du sexe opposé. En dernière année, l'une de mes amies m'a prêté un stylo pour le cours de maths, et laissez-moi vous dire qu'elle l'a regretté. Amara avait trouvé approprié de lui écrabouiller la main sous une pile de livres, laissant mon amie avec un doigt détruit pendant quelques semaines. Elle m'a dégagé peu de temps après, mais c'était assurément pour le mieux.

- Mieux que jamais. J'aurais dû m'en douter, il n'y a que toi pour me faire un coup pareil.

Elle battit des cils comme une vraie poupée et enroula une mèche de cheveux autour de son doigt, geste que j'aurais pu trouver mignon à l'époque mais qui me rendait inconfortable à présent. C'est fou comment les gens changent, et leurs goûts avec.

À quelques mètres de nous, Jasmine plissait les yeux. Même sans la connaître on pouvait deviner qu'elle était agacée. Reste plus qu'à savoir pourquoi. Elle n'est pas très intimidante en ce moment, mais je suis sûre que si on lui donnait le temps de se préparer, elle pourrait avoir l'air un peu plus féroce. Bref, tout cela pour dire qu'elle est plus mignonne qu'autre chose quand elle fait sa moue agacée.

Malheureusement, notre bourreau s'en rendit compte aussi. Un sourire malsain se faufila sur ses lèvres rougies en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ou le penser, c'est vous qui voyez.

Les deux jeunes femmes se jaugeaient du regard devant mes yeux depuis déjà quelques secondes, sans dire un mot. La situation me mettait lentement mal à l'aise, de plus que je n'avais aucune idée de ce qui se tramait.

C'est Amara qui finit par détourner le regard, sûrement lassée de jouer à ce jeu enfantin. Jasmine se redressa, fière de sa minime victoire. Encore une fois, elle ne faisait pas très peur.

- C'est ça, salope, baisse les yeux, mais pas ta culotte quand même. Chuchota la petite garce.

Malgré ma conscience qui me hurlait que c'était totalement puéril et que ça n'aiderait en rien la situation, j'éclatais de rire. La tigresse n'avait pas la langue dans sa poche.

Bref, c'est ainsi qu'elle se mérita une baffe si forte que la bague d'Amara en laissa une marque boursoufflée. Celle-là, elle ne la laisse pas couler.

-• Aaron •-
- Va.

La grande brune aux pointes bleues se relève doucement, me laissant une belle vue sur sa silhouette refaite. Ce n'est pas exactement mon type, mais elle a un perçage sur la langue, ça balance le tout.

- Tu m'appelles quand tu veux beau gosse. Ou peut-être bien que je t'appellerai moi même.

Elle a beau utiliser sa voix la plus mielleuse, ça ne fonctionne pas sur moi. C'est moi qui la rappellerai, pas le contraire. Je me manifeste d'un bref signe de tête et la regarde s'éclipser.

À mon tour, je remets un à un mes vêtements et sors de la pièce. La pause est terminée. De retour dans la salle d'armement, je sermonne mes hommes. Pendant mon court départ, ils devaient s'occuper des armes et me rejoindre au fourgon. Quand j'analyse la pièce, je vois que toutes les armes ainsi que les hommes m'attendent avec patience.

- On a pas que ça à faire, qu'est-ce que vous foutiez?

Ils eurent un air choqué sur le visage, comme si je ne leur avais rien demandé. Parfois, je me demande quelle sorte de mecs je laisse Tony engager.

- Amenez le nécessaire. Soupirais-je.

On voit pourquoi ce n'est pas moi qui entraîne les nouveaux. J'ai tellement peu de patience que si je passais une pleine journée avec eux, on aurait plus assez de gars pour faire ne serait-ce qu'un échange.

Si j'attrape le fils de pute qui a volé mon deuxième moi, je le bute.

Suivi d'une horde d'idiots, je prends place dans le premier fourgon. Rien de plus intimidant qu'un chef de gang enragé au volant et en tête de son propre assaut.

Apparemment, un petit gang dans le sud de la ville a décidé de voler ma propriété. s'ils voulaient la guerre, c'est sûr qu'ils vont l'avoir. Je n'ai pas l'habitude d'être clément, et ça se sait. Je suis encore surpris qu'un aussi petit gang ose me faire une chose pareille.

Nico, il s'en balance. Ils sont quand même assez puissants de son côté donc il pourrait se donner le droit si ça l'intéressait. Je le soupçonne d'avoir un certain intérêt pour Jasmine; ce n'est pas son genre de demander une danseuse en échange de came. Lui aussi, je dois le garder à l'oeil.

- On va leur montrer ce que ça donne, nous voler quelque chose. Vocifère Kay, le remplaçant temporaire de Tony.

Il est fort physiquement, mais bon dieu ce qu'il est stupide. Je l'ai déjà vu tabasser un gars parce qu'il pensait qu'il lui avait volé les chaussures qu'il avait dans les pieds. Ce n'est pas nécessairement le meilleur choix, mais avec si peu de temps, on fait avec ce qu'on a.

En plus d'être astronomiquement stupide, il parle de Jasmine comme si elle nous appartenait à nous tous.

Je ne sais vraiment pas d'où lui vient cette idée, parce qu'elle est à moi et à moi seul.

Laisse moi partir 1Where stories live. Discover now