Philaé

72 12 7
                                    

La voiture roule sur un chemin de campagne peu fréquenté pour un été. Le tas de ferraille un peu rétro et vernis de rouge semble flotter sur cette route lisse entourée de vert.
La musique danse dans les airs, comme les cheveux d'une rousse qui laisse ses doigts divaguer dans le vent avec un sourire éclatant.
Avec elle, trois autres personnes chantent et sourient au ciel bleu.
Les airs de piano et de la batterie résonnent entre les arbres, et la famille rigole fort, car personne ne peut les entendre.
Et sur ce son entraînant, pendant que l'orchestre s'exprime librement dans l'air, un camion surgit et fait voler avec les oiseaux, la voiture rétro vernis de rouge.
Les vitres s'éclatent avec les notes de pianos, le sang jaillit avec la fin de vie des basses, et pendant que la batterie s'exprime, des os se craquent.

Puis des yeux s'ouvrent.

La respiration qui se fait entendre dans la pièce est saccadée, les draps sont trempés, peut-être du aux tonnes de larmes et de sueur.
La porte s'ouvre, laisse un liseré de lumière qui vient éblouir tout l'espace.

Une main vient prendre celle qui maltraite encore le linceul souillé, et des lèvres à quelques centimètres d'une oreille laissent passer des mots qui flottent dans l'air.

Les respirations se calment, la tranquillité revient en maître dans la chambre. Puis des paupières se ferment, pour peut-être rêver de quelque chose que l'on espère.

Il y a du monde dans la pièce où il est sensé faire bon vivre dans ce centre. Elle est dite, celle où les patients sont le plus heureux d'y être.
Et une jolie brune, peut-être même la plus belle de toutes, se demande en regardant chaque personnes présentes, si c'est vraiment le cas.

« Philaé, vos amis sont là. »

Après avoir presque chanté cette phrase, l'infirmière s'en va, et laisse trois jeunes hommes s'avancer vers la jeune fille.
Elle les regarde, sans vie, puis détourne le regard.

« Hey Philaé, comment vas-tu aujourd'hui ? »

Le décoloré avait été le premier à parler, et définitivement le seul pendant une minute.

« Les infirmiers nous ont dit que tu te portais bien, commença Jin, mais que tu refusais toujours de parler. Même au psy. »

Les regards des deux autres garçons se glacèrent sur leur ami. C'était bien une chose à ne pas dire. Sachant que ça faisait un an que la brune n'avait pas parlé. Ses amis pensaient qu'elle en avait plus la force.

« Yoon avait envie de venir aussi, mais il n'était pas très en forme. Excuse-le. Fit Taehyung

-Chim s'entraîne dur encore pour les spectacles qui vont arriver. Et les parents de Rose ont parlé de divorce. Il serait peut-être temps... » termina Namjoon

Les yeux de la brune sont toujours plongés dans le vide, puis elle lève son regard et scrute le dehors par-delà les grandes baies vitrées.
Le châtain suit son regard puis se fige intérieurement. Que fait-il là ?

« Excusez-moi. »

Après ces mots précipités, Taehyung court pour rejoindre le dehors.
L'air chaud le frappe au visage une fois dans le jardin du centre, puis redécouvre face à lui, ce mystérieux garçon.

Notre protagoniste en est convaincu, il connaît le noiraud qui se tient face à lui. Celui qui n'est jamais très loin.

« Je rêve ou tu me suis ? Lança-t-il franchement

-Ne serait-ce pas toi qui suis tes rêves ? » Répondit le noiraud

Taehyung rigole sincèrement. Il n'avait jamais entendu une répartie comme celle-ci. L'autre le suit, et dévoile un sourire éclatant sous le soleil.

« Qui es-tu ?

-Je peux être tout ce que tu veux. Une personne avec qui parler, une personne avec qui dévaler la ville à vélo, une personne sur qui compter...ce que tu veux pourvu que tu ne m'oublies pas.

-Pourquoi je t'oublierais ?

-Parce que l'oublie fait partie de la vie. »

Le châtain fronce les sourcils. Il n'est pas certain d'avoir tout compris. Mais il se dit que ce n'est pas très grave.
L'autre garçon s'en va, et mystérieusement il ne le retient pas. Car il sait qu'ils se retrouveront.

Alors il retourne dans le centre, retrouve ses amis qui ont un air grave, puis leurs téléphones sonnent.

Un S.O.S de Yoongi.

« Euh...On est désolés Philaé mais... »

Ses yeux bougent, mais plus rien n'a de sens.
Ses amis lui déposent un bisous sur le front et s'en vont.

À part un, qui reste là, lui même ne sait d'ailleurs pas pourquoi.

« Philaé...

-Tu le vois toi aussi. »

La brune a parlé. La brune a parlé et Taehyung reste là, pétrifié. Il n'avait pas entendu le son de sa voix depuis une éternité, mais elle n'a aucunement changé.
Il reste là, les yeux ronds comme des billes, ne sait pas quoi dire.
Puis Seok-Jin et Namjoon l'appellent.

Alors il salut son amie, et part rejoindre les deux autres.
Et en partant de la prison aux murs blancs, Taehyung pense à ce que les paroles de la brune pourraient avoir comme sens.

A nos heures de Dysphorie [Taekook]Where stories live. Discover now