/84/ Flashbacks

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-Allo?... Orion?... J'entends ta respiration réponds moi!...

Les secondes sont si lentes. Elles s'étirent à l'infini. Tout se déroule au ralentit dans l'esprit de Bazile, et paradoxalement elle a la sensation que tout va trop vite.
Elle entrouvre alors la bouche, ne sachant pas quoi dire, ne voulant prononcer qu'un « allo ».

Mais alors, elle sent le téléphone lui glisser entre les doigts. Elle se retourne aussitôt et se retrouve face à face avec Orion, debout, tout aussi nu qu'elle, le téléphone dans sa main.

Sans lâcher son regard il pose le téléphone contre son oreille et dit simplement:

-La réunion s'est prolongée, je suis désolé, je rentre dès que je peux...

Et il raccroche aussitôt.

Bazile sent sa poitrine être comprimée, elle n'arrive presque plus à respirer.
Et tandis que ses yeux sont plongés dans ceux d'Orion, d'insupportables flash-back lui reviennent en mémoire comme des gifles inévitables.

-Et bien voilà. C'est tout ce que c'est. « Pour avoir la paix ». Notre mariage ce n'est rien d'autre que ça.
-Je ne comprends pas...
-Notre mariage n'a rien de vrai ou d'authentique. Je connais Béatrice depuis le lycée et nous avons toujours été très amis. Nous avions le même problème: nos familles. Nous voulions tous les deux voyager, elle continuer ses études tout aussi bien que moi, et nous voulions être libres sans avoir la pression de nos familles. Quand j'ai dit que je te respectais parce que toi tu t'en foutais tu ne peux pas imaginer à quel point je le pense. Tu es courageuse. Nous non.
-Attends... Orion tu es en train de me dire que...
-Oui. Béatrice et moi ne sommes qu'amis. Des amis très proches, ça n'en doute pas, mais dont la relation est tout à fait platonique. Nous marier nous a permis de voyager, comme voyagerai deux bons copains ensembles, et de nous libérer de cette pression sociale. Mais surtout nous sommes libres de vivre nos vies chacun de notre côté. Moi avec les femmes et elle... avec les femmes aussi.
-Qu...quoi?! Béatrice est lesbienne?
-Tu comprends pourquoi je te disais que les enfants étaient loins d'être d'actualités. Et aussi pourquoi il était impossible pour elle d'assumer son homosexualité au grand jour avec sa famille...

Tous ses beaux discours, ses belles paroles, leurs sois-disant arrangements.

-... On s'est mis d'accord pour faire chacun notre vie de notre côté et je ne lui en dis pas plus qu'elle m'en dit, on trouve ça mieux comme ça.

Cette accentuation qu'il mettait à son honneur et à son respect pour elles deux.

-Tu peux lui mentir.
-C'est vrai je pourrais, mais il y a une différence entre ne rien dire et mentir ouvertement. Je la respecte bien trop pour choisir cette deuxième option.

Cette manière dont il avait de retourner la situation, et la façon dont Bazile a plongé la tête la première dans ses mensonges, sans même douter une seconde.

-Qu'est-ce qui te prend d'appeler sur son téléphone? Si tu continues elle va se douter de quelque chose et elle me tuera d'avoir trahit notre secret. Même si elle t'aime beaucoup, tu n'en restes pas moins la sœur de Laura et la belle sœur de son frère.
-Moi aussi je l'aime beaucoup, et jamais je ne la trahirais, néanmoins je pense que toute façon c'est mieux qu'elle ne sache pas que je le sais, cela l'inquièterait pour rien. Néanmoins je n'avais pas le choix, tu ne voulais pas me répondre.

Tous ces mensonges. Tous SES mensonges!

-Bazile je te l'ai déjà dit. Je sais très bien garder les secrets...

Bazile Où les histoires vivent. Découvrez maintenant