/29/ Chère couverture entortillée

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*bip bip*

Bazile regarde l'écran de son portable.
C'est un message d'Orion.

-Je n'ai pas aimé la façon dont tu es parti, je m'inquiète. Tu vas bien?

La jeune femme est allongée sur son lit sur le flan droit, sa couette entortillée entre ses jambes le long de son corps pour simuler une présence qu'elle serre entre ses bras.
Ses yeux sont encore piquants et gonflés et son nez irrités et pris.
Elle hésiterait un instant à répondre simplement que oui ça va mais se ravise, ayant trop besoin de ne pas se sentir totalement seule.

-Mes parents m'ont appelée. Ils venaient d'avoir un coup de fil de Laura. Je te laisse deviner la suite...

La réponse est presque instantanée:

-Ils ont pris sa défense?
-Oui évidemment, c'est ce qu'ils ont toujours fait alors pourquoi cela changerai aujourd'hui? Mais ce qui me tue vraiment c'est qu'elle soit allé se plaindre à eux comme lorsqu'elle avait cinq ans. Elle serait devant moi j'aurai envie de la frapper. Réellement. La gifler pour que toute cette colère sorte enfin de moi. Je suis tellement en colère Orion!
-Qu'est-ce qu'ils t'ont dit?
-En résumé: je suis une déception.

Rien qu'en écrivant ce mot une nouvelle envie de pleurer la prend à la gorge mais elle essaye de se retenir le mieux qu'elle le peut.

-Ils ne le pensent pas.
-Bien sur que si. Et je le savais tu sais. Mais qu'ils le disent vraiment, qu'ils osent articuler ces paroles...

Elle ne sait pas comment finir sa phrase et l'envoie comme ça en étouffant un sanglot.
Elle n'attend pas sa réponse et renvoie un autre message:

-J'aimerai que tu me serres contre toi. Pas pour faire l'amour, mais simplement pour sentir ta chaleur et ton cœur battre.
-Moi aussi j'en ai envie Bazile...

Elle aimerait le supplier de venir, mais sa fierté est trop importante pour ça, même face à lui, et s'il ne comprend pas ou ne veut pas comprendre son sous-entendu pour qu'il vienne alors tant pis... Après tout ils ne sont pas mariés, il ne lui doit rien.
Elle verrouille son téléphone, le pose sur sa table de nuit du côté de l'écran et ferme les yeux, serrant cette couverture entortillée entre ses bras et ses jambes comme la seule chose l'empêchant d'entre seule au monde sur cette terre.

Finalement elle s'endort, bercée par ces mêmes phrases qui lui tournent autour sans cesse.

« Tu n'aimes personne d'autre que toi. »
« Tu es une déception. »
« Tu finiras seule. »

Bazile Où les histoires vivent. Découvrez maintenant