22.Agace-moi si tu peux !

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Il aurait été facile de confondre Hermione à une statue de marbre. Tout comme cette dernière, la Gryffondor restait stoïque, le visage fermé à toutes expressions diverses, le regard perdu au loin et ignorant le boucan produit par les étudiants de Poudlard. Tous les élèves s'activaient sur le quai de la gare, impatients de passer deux semaines avec leur binôme, tous frémissaient d'anticipation ou de crainte, mais ressentaient tout de même une once de curiosité. Tous sauf Hermione. Puisqu'elle connaissait exactement sa destination pour la semaine à venir, le sombre et effrayant manoir des Malefoy. Jamais elle ne pourrait oublier ses murs ternes, ses lustres effroyables et son aura terrifiante. Et surtout, jamais elle n'oublierait que c'est dans cette maison qu'elle fut torturée, et que c'est dans cette demeure que Dobby reçut le coup de poignard qui lui ôta la vie. Non, vraiment, bouger et se déplacer pour chercher Drago était au-dessus de ses forces.

- Granger ! Willes nous attends, suis-moi ! tonna une voix forte derrière elle

Dépitée, la jeune fille traîna ses lourds bagages derrière elle et suivit d'un pas lent le garçon blond, ce dernier marchait d'un pas vif, visiblement heureux de retourner chez lui pour une partie des vacances.

« Allez courage Hermione ! La semaine va passer vite, surtout avec la mission à accomplir et les recherches à faire sur le Mangemort ! Et sans même t'en rendre compte, les 7 jours seront passés et hop ! A la maison ! », s'encouragea-t-elle mentalement.

Revigorée par cette petite remontrance personnelle, Hermione s'activa davantage et rejoignit Drago au pas de course, qui s'arrêta devant une grande et somptueuse Berline noire. Un homme plus ou moins âgé, environ la soixantaine, s'en extirpa avec grâce pour porter les valises jusqu'au coffre, puis ouvrit la portière arrière en prononçant quelques mots d'un air contrit et en accomplissant une légère révérence.

- Si Monsieur veut bien prendre place.

Sans un mot ou même un remerciement, le Serpentard prit place dans la voiture. Hébétée, et ne sachant comment réagir, Hermione resta plantée au même endroit, quand le majordome répéta sa phrase en s'adressant cette fois-ci à elle. Quelque peu intimidée par la prestance du vieil homme, mais aussi révoltée par sa condition, elle hésita un moment quand elle entendit Drago crier.

- Bordel Granger ! Bouge un peu tes fesses, je ne compte pas moisir ici durant des lustres !
- La politesse, tu connais ? rétorqua-t-elle méchamment.

Quand finalement, elle se décida à pénétrer dans la voiture, qui, comme elle le pensait, avait été trafiquée. Alors que d'un point de vue extérieur, la voiture semblait parfaitement normale, à l'intérieur, tout était différent. A vrai dire, Hermione avait l'impression d'être dans une immense limousine, qui roulait à une vitesse folle, le paysage sous ses yeux défilant trop rapidement. Oui, il n'y avait pas de doute, cet engin était 100% magique, ce qui ne l'étonnait guère, étant donné que cette voiture appartenait à la maison Malefoy.
Drago semblait, par ailleurs, tout à fait à son aise. Il s'allongea sur une des larges banquettes, faites entièrement de cuir, déboutonna les premiers boutons de sa chemise et se passa nonchalamment la main dans ses cheveux couleur or.

- Je te conseille de te mettre à l'aise Granger. Parce que même à cette vitesse, le trajet risque d'être long, dit-il dans un souffle rauque.
- Pourquoi ne pas y aller en transplanant ? demanda-t-elle, étonnée.
- Parce que ma mère et moi-même avons ensorcelé notre terrain, empêchant quiconque de tranplaner chez nous, répondit-il en fermant les yeux.
- Pourtant le Mangemort a réussi à pénétrer dans ta chambre.
- Un point qu'il faudra éclaircir..., dit-il en baillant ostensiblement.

Cette phrase marqua la fin de la conversation, Drago se couvrit les yeux de son avant bras et Hermione observa le décor filer à toute vitesse. La voiture semblait rouler indéfiniment, et lorsque la jeune fille vit le soleil laisser doucement sa place à la lune, elle comprit que le trajet avait duré de longues heures. Pourtant, dans ses souvenirs, le manoir des Malefoy ne se trouvait pas si loin de Londres, ou peut-être que le fait de transplaner de lieu en lieu lui avait parasité le cerveau ? Le fait est que ce voyage ne paraissait pas vouloir se terminer. Lasse de regarder par la vitre, la Gryffondor posa son regard sur son camarade de classe, pensant qu'il s'était profondément endormi, quand elle sursauta légèrement. Le garçon ne dormait pas, bien qu'il soit toujours allongé sur le dos. Son visage était posé de côté et ses yeux incandescents la fixaient, un léger sourire sardonique peint sur les lèvres, ce qui la fit frissonner.

La rancune d'un serpent [Histoire ancienne - Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant